Comme le besoin de parler

Pour eux.
Draper
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Comme le besoin de parler

Message par Draper »

Je crois que je suis parti pour écrire un long pavé. Je me demande même si ce n'est pas un peu ridicule sachant que je dois être inscrit sur ce site depuis 10 minutes et que mon seul post est un sujet où je me présente... Enfin bref. J'ai envie de faire part un peu de mon vécu, même si je ne crois pas qu'à 18 ans on peut vraiment parler de vécu, et en même temps avoir quelques conseils...

Je vais commencer par la manière dont j'ai découvert ma sexualité. Je devais avoir 13 ans, j'ai mis 2 années avant de pouvoir l'assumer entièrement. Je ne voulais pas l'admettre, je me disais que j'étais juste un pré-ados qui découvrait des choses et que c'était tout à fait normal de ressentir ça... Sauf que mon attirance pour des garçons n'est jamais parti. Ca m'attriste de me dire que j'ai perdu 2 ans à refuser ça, alors que maintenant je vois pleins de personnes de mon âge l'assumer facilement. Je ne sais pas si je devrais dire qu'ils ont de la chance, car peut-être que si je n'avais pas grandi dans un milieu homophobe j'aurais pu l'assumer facilement... Je ne sais pas. Je ne suis même pas sûr que je vis dans un milieu homophobe, est-ce vraiment de l'homophobie si mes parents ont grandi dans un monde où l'homosexualité ne doit pas exister ? Je ne suis même pas sûr qu'ils sachent vraiment ce que cela signifie réellement.

Enfin bref, j'ai été 2 années entière à ne pas l'assumer. Finalement, un matin, je me suis réveillé et, j'ai réalisé que je ne pouvais pas me voiler la face éternellement. Pourtant, j'ai continué de le cacher. Je suis tombé amoureux, d'hétéros malheureusement et j'ai eu une courte histoire avec un ami de l'époque... Si l'on peut appeler ça "courte histoire", nous n'avions pas de sentiments l'un pour l'autre, il était curieux et moi, j'étais seul.

J'étais au collège, et j'ai continué ma vie de collégien à tomber amoureux d'hétéros et de me cacher, petit à petit j'ai commencé à me confier, à le dire à des amis... Jusqu'à ce que je devienne victime de discriminations, heureusement, c'était la fin de l'année, je n'en ai pas souffert longtemps. A chaque fois que je me rapprochais de mes amis, je trouvais un moyen de tout détruire... De manière horrible... Vraiment horrible, j'ai fait des choses qui me dégoûtent aujourd'hui, je me sens monstrueux quand je pense à ça. J'avais peur d'avoir des amis car j'ai passé mon enfance à être seul, non pas que j'étais timide ou associable... Je crois que j'étais (et que je suis) trop sensible, les choses m'affectent plus qu'elles ne le devraient. En tout cas, j'ai été obligé de consulter un psy... Mais je n'ai pas l'impression que cela m'ait apporté quelque chose.
J'ai commencé alors à m'extérioriser. Je suis ensuite parti au lycée, où je ne connaissais strictement personne, en internat.
Ca me paraissait étrange, j'ai fait une dépression pendant les grandes vacances entre la fin du collège et le début du lycée. Je m'étais rendu compte que tout avait une fin, ça m'a vraiment touché de devoir tourner la page d'une partie importante de ma vie. J'étais sans doute un gamin immature à cette époque, mais j'avais quand même vécu des choses qui m'avaient permis d'évoluer.

Je suis donc arriver au lycée. Je me suis rapidement fait des amis, chose étrange car j'ai toujours eu du mal avec ça. Je n'ai même pas eu de difficultés à dire que j'étais homosexuel, les gens l'acceptaient et les choses avaient plutôt l'air d'être parfaite, sauf que ma déprime apparaissait physiquement : fatigue, perte d'appétit, plus aucun intérêt pour ce que j'aime faire.. Du coup, j'ai loupé mon année et je ne sais même pas comment j'ai fait pour passer en 1ere.
Je suis tombé amoureux de la seule personne qui m'aidait correctement, ça a détruit notre amitié et ça s'est très mal fini. Je me suis disputé avec beaucoup de monde, j'ai détruit ma relation avec mes parents... J'ai tout détruit avec tout le monde, tout ce que j'avais construit, tout le travail que j'avais fait sur moi. Aujourd'hui, j'en suis à un stade où j'ai du mal à accepter ma sexualité, alors qu'avant je pouvais le dire sans difficultés.
J'ai donc recommencer à consulter un psy, mais ça ne m'aide pas...

Cette année, je crois que c'est l'année où j'ai le plus souffert. J'ai passé mon année entière seul, à essayer de me rattraper auprès de tout le monde, mais à chaque fois que j'essayais de retrouver mon amitié avec mes anciens camarades, ça devenait encore pire qu'avant. J'ai donc passé mon année entière presque seul, à pleurer presque chaque jour, mes notes ont chuté de manière impressionnante et si je ne me réoriente pas, je n'irais pas où je veux plus tard. Sauf que si je me réoriente, je passe 2 années encore à être seul et ça me fait terriblement peur. Quelques personnes ont été la pour m'aider. Finalement, en fin d'année, j'ai réussi à retrouvé mon amitié d'antan avec tout le monde... Pourtant, j'ai constamment l'impression que ces personnes me parlent juste car elles ont pitié de moi.


En plus, j'ai 18 ans et je n'ai toujours pas eu de relations amoureuses. J'ai l'impression de ne pas être comme "les gays de mon âge". Ceux que je connaissent cherchent à se faire remarquer en criant leur homosexualité partout, comme si c'était un motif pour être "populaire". Ils adulent Lady Gaga, ne parlent que de série comme Glee et ajoutent des noms de famille de la série Gossip Girl dans leur pseudo (je crosi que ça vient de cette série, pas sûr).
Et, j'ai pas envie d'être le genre d'ados qui crient partout qu'il est gay pour se faire remarquer et ainsi faire des rencontres, je veux pas être comme ça... Et je ne le suis pas, je ne veux pas jouer un rôle.

Enfin, je pourrais continuer comme ça car il y a pas mal de choses à raconter mais je vais rester sur ce que j'ai raconté là, surtout que le reste concerne beaucoup moins ma sexualité donc...
marfield
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Re: Comme le besoin de parler

Message par marfield »

Pour commencer, respire, je pense que tu en as besoin. :gentil:

Si j'ai bien compris, tu as peur des relations avec les autres donc tu les fuies ou fais en sorte de tout détruire pour ne pas à avoir à en souffrir. Le soucis, c'est qu'en faisant ça, c'est toi que tu détruis. Eux, s'en sortent et toi, étant sensible, tu ressens les choses avec plus d'ampleur que tu ne le devrais.
Essaye de faire la part des choses, ce qui t'es arrivé au collège, ça fait partie de toi, c'est encré en toi, mais c'est du passé. Maintenant, tu es au lycée et ça serait dommage de continuer dans cette voie. Les mentalités ont évolué, et toi aussi. Regarde le présent et ne tiens pas compte du passé. C'est ce qui a fait ce que tu es devenu aujourd'hui mais rien de plus.

Tu sais, je suis aussi passée par là, le collège, les mentalités à la con, toute la classe qui s'est retournée contre moi (et encore, moi c'était au tout début de l'année contrairement à toi, mais j'ai changé de collège pour l'année d'après). J'en ai souffert, vraiment beaucoup, mais ça n'empêche que je m'acceptais totalement comme j'étais mais vis-à-vis des autres, c'était pas encore ça. J'ai appréhendé la suite et puis j'ai laissé mon passé de côté, j'ai avancé avec des personnes différentes. J'ai fais attention à ne pas trop en dire sur moi et le reste du collège s'est bien passé. J'ai mis quelques personnes très proches au courant de ma sexualité et toutes avaient bien réagit. Et là, j'ai commencé à m'accepter vis-à-vis des autres. Ensuite, au lycée, tout le monde était au courant et je n'ai jamais subit de moqueries ou quoi que ce soit d'autre depuis.

Je ne pense pas que ton homosexualité soit la cause de tes problèmes mais plutôt une acceptation de toi globale puisque tu as bien réussi à te faire des amis en leur ayant fait un coming-out. Tu as le droit d'être sensible, ce n'est pas un défaut. Je pense même que tu pourrais essayer de cultiver cette force (si je puis dire) et la renforcer peut-être dans l'art, la musique, le relationnel et tout plein d'autres domaines ! C'est vraiment quelque chose que j'aurai voulu avoir comme trait de caractère mais c'est pas le cas. :euh:

La solitude n'est pas un mal non plus. J'étais bien heureuse en maternelle quand personne ne m'adressait la parole. Jusqu'au jour ou une bande de trois sont venus se foutrent de ma gueule parce que je n'avais pas d'amis. La société dans laquelle on est veut qu'on soit en permanence entourés de personnes, qu'on ait la tchatche, qu'on soit extravertis, sociables et tout ce qui va avec. Je ne suis pas comme ça, je n'aime pas parler et ça se ressent quand je ne suis pas à l'aise avec une personne. Il m'a fallut du temps pour accepter cette facette de moi mais après quelques livres lus et quelques séances chez un psy, c'est chose faite. Après, si tu en souffres et que tu ne veux absolument plus être "la risée", il faut que tu te bouges, que tu essayes vraiment d'arrondir les angles avec tes amis sans te prendre la tête ou du moins, pourquoi pas aller à la rencontre d'autres lycéens.

Lors de l'acceptation de son homosexualité, chaqu'un réagit différemment. Certains ont besoin de choquer, de crier partout qu'ils le sont, de faire le cliché à 200%. D'autres le prennent plus sereinement et au final, ils sont beaucoup moins faciles à repérer, ce sont des "Monsieur, Madame tout le monde", ils se fondent dans la masse quoi. Le fait que tu n'écoutes pas Lady Gaga, que tu n'aies pas de manières et que tu ne regardes pas des séries de pédés ne font pas de toi un gay pas normal pour ton âge. Tu es mature, tu te définis pas par ta sexualité et c'est pas le cas de tout le monde. Non pas que je sois contre les clichés, il en faut partout, mais pour moi, ils n'ont pas tant de personnalité que ça.

Gros pavé pour moi aussi... Je te souhaite bon courage ! :copain:
aesoper
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Re: Comme le besoin de parler

Message par aesoper »

Salut,

j'avoue je ne peux pas comprendre complètement les problèmes relationnels que tu as eu, donc je te conseillerai comme tu le fais, d'aller voir ton psy, surtout si tu as eu des effets physiques de ta dépression, j'espere que tu étais suivis à cette époque, parce que dans ces cas une aide médicamenteuse peut être souhaitable. Ensuite si tu trouves que le psy ne t'aides pas vas en chercher un autre, cherche aussi un psy gay si tu penses qu'il peut mieux te comprendre. C'est dur à trouver mais tu peux appeler des psy par téléphone leur demander s'ils sont capables de bien te comprendre, ils pourront t'aiguiller vers un collègue.

Pas de problème d'arriver avec un pavé, souvent on débarque ici pour un soucis bien particulier et le besoin de s'exprimer :)
Ensuite tu n'as pas perdu 2 ans entre 13 et 15, les gens mettent plus ou moins de temps à se découvrir et s'accepter. Franchement s'accepter à 15 ans, je dirai que c'est tôt :)

Tu dis avoir détruit ta relation avec tes parents ? Dans quelle mesure ? Tu ne vis plus chez eux ? Tu leur parles encore ? Tu as des frères et soeurs ? Qql peut il t'aider à renouer le contact ?

Tu as 18 ans et rien n'est perdu, tu as le temps de te réorienter, de faire des études interessantes, et bien le temps d'avoir des relations amoureuses. Il y a bcp de gays qui n'en ont pas eu bien après cet age, les choses sont faites de telle manière qu'il est moins évident de se rencontrer (même si c'est moins vrai maintenant), il n'y a aucune honte à avoir.
Et je te rassure tu es totalement comme les gays de ton age. Tu penses que les gays sont tous caricaturaux, cela est faux, ceux la tu les remarque parce qu'ils correspondent aux clichés, ainsi tu sais qu'ils sont gays, mais plein d'autre gays comme toi et moi (et plein d'autre ici), que tu ne remarques pas ne sont pas clichés. C'est un biais de sélection. Il y a aucun mal d'être cliché, mais il n'y a aucun mal de ne pas l'être, si cela ne te correspond pas tant mieux pour toi :) ne change pas pour ressembler à ce que tu n'es pas.

Sinon fais du sport, essaye de renouer avec des amis si tu te sens capable, sors prendre le soleil quand il y en a, et bon courage :)
Darkel
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Re: Comme le besoin de parler

Message par Darkel »

Es-tu sûr de bien accepter ton homosexualité ? A priori, ta vision des homos est assez "restreinte", et c'est pê ça qui te fait peur (ce que je peux comprendre).

Pour te donner un contre-exemple, si ça peut t'aider : j'ai pris conscience mon homosexualité à 18 ans, après des années de dénis, j'ai eu ma première (et seule) relation à 20 ans, je déteste lady gaga, je ne connais pas gossip girl, je suis moyennement convaincu par glee. Alors certes je ne suis plus un ado, mais bon ça n'aurait pas été très différent si j'avais été ado maintenant (ça date pas de si longtemps que ça :mrgreen: ).

Enfin tout ça pour te dire que d'une l'acceptation réelle de son homosexualité peut être plus ou moins longue (on croît que tout va bien, et puis sans savoir pourquoi on fait une crise existentielle, en ayant honte de ce que l'on est etc....), et de deux, il y a autant de diversité parmi les homo que dans n'importe quelle autre catégorie de la population. Comme partout, les plus visibles ne sont pas forcément les plus représentatifs de cette diversité. Ne cherche pas à te fondre dans un moule qui ne te convient pas, reste comme tu es et tu trouveras ton équilibre. Et si tu es bien dans ta peau, pê que ça ira mieux aussi avec ton entourage.

Courage :wink:
Draper
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Re: Comme le besoin de parler

Message par Draper »

marfield a écrit :La société dans laquelle on est veut qu'on soit en permanence entourés de personnes, qu'on ait la tchatche, qu'on soit extravertis, sociables et tout ce qui va avec. Je ne suis pas comme ça, je n'aime pas parler et ça se ressent quand je ne suis pas à l'aise avec une personne. Il m'a fallut du temps pour accepter cette facette de moi mais après quelques livres lus et quelques séances chez un psy, c'est chose faite. Après, si tu en souffres et que tu ne veux absolument plus être "la risée", il faut que tu te bouges, que tu essayes vraiment d'arrondir les angles avec tes amis sans te prendre la tête ou du moins, pourquoi pas aller à la rencontre d'autres lycéens.
Disons que ma première année en tant que lycéen, j'aimais être seul parfois et je l'ai souvent été. Mais pourtant, je n'avais pas peur d'aller vers les autres et j'avais beaucoup d'amis. Et cet année, petit à petit, les gens se sont éloignés de moi sans raison apparente.
Je vais déjà commencer par les personnes dont j'étais le plus proche. Il y a eu une fortes disputes, qui s'est suivi directement de messages de leur part disant que c'était pour moi, qu'ils m'aiment malgré tout. Et puis, finalement, ma relation avec eux a été difficile jusqu'à la fin de l'année. En fin d'année, je trouve le moyen de parler à une de ses personnes en lui disant ce que j'ai vécu, ce que je ressens. Ca change tout et tout revient à la normal... Tout se passe bien, aucun problème... Et en l'espace d'une minute, j'ai ressenti une atmosphère bien plus froide. Il y a eu quelques moments où l'on rigolait ensemble, et d'autres moments où l'ambiance était étrange et dur pour moi... C'est assez vexant d'être dans une conversation à 5 personnes, deux d'entres elles parent et les deux autres décident donc de faire comme si tu n'existais pas. Ou alors d'aller vers ses personnes et qu'elles s'éloignent de toi en faisant quelque chose genre : " Attends, partons de notre côté j'ai quelque chose à te dire"... C'est très très blessant. Déjà, le niveau est peu élevé et ridicule (venant de personnes de 17 ans, quand même) et ça rend les choses d'autant plus humiliante pour moi. Et maintenant je ne sais pas quoi penser car la dernière conversation que j'ai eu avec la personne dont j'étais le plus proche a été de me dire quelque chose comme : "On sait que tu as vécu une année difficile, et sache qu'on sera toujours là mais il faut que tu fasses en sorte de t'en sortir etc.". Du coup, je suis perdu, car quand j'étais dans des moments vraiment difficiles je sais que j'ai pu compter sur ces personnes, mais en même temps, elles sont sans doute l'une des causes de mon mal-être à l'heure actuel et elles ont souvent été dures avec moi... Le problème c'est qu'à chaque fois que je pense à mon année précédente, je me rends compte qu'avoir ces personnes en tant qu'amis et certains moments que j'ai vécu avec eux ont été les meilleurs que j'ai connu dans mon adolescence. Et je ne comprends pas comment les choses ont pu changer. Je ne comprends pas pourquoi il se passe certains moments sans aucuns problèmes et d'autres où je suis totalement rejeté. J'ai l'impression d'être parano.
Et mon année a un peu été comme ça avec tout le monde. Aller manger à une table et voir tout le monde changer de table parce que je suis là...
J'ai eu beau me remettre en cause des centaines de fois, je me suis posé des tonnes de questions, je me disais que si tout le monde me faisait subir ça c'était sans doute qu'il y avait une raison... Et à chaque fois que j'essaye de comprendre, je découvre juste des réponses du genre : "On en a marre d'être avec toi"... Motif : inexistant. Je ne comprends vraiment pas. Et je crois que j'aurais pas passé une année aussi horrible si je n'avais pas subi ça, surtout de personnes avec qui je m'entendais parfaitement bien quelques mois auparavant.
aesoper a écrit :Tu dis avoir détruit ta relation avec tes parents ? Dans quelle mesure ? Tu ne vis plus chez eux ? Tu leur parles encore ? Tu as des frères et soeurs ? Qql peut il t'aider à renouer le contact ?
Disons que ma mère a découvert mes problèmes et depuis, elle a déprimé à cause de ça et ne cesse de se poser des questions, veut que j'abandonne certaines choses, m'empêche de me laisser aller quelque part par peur que je fasse quelque chose de mal.
Et mon père ne comprends rien du tout à ce qu'il se passe. Enfin, dit comme ça ça peut paraître comme rien du tout, mais en le vivant au quotidien c'est dur aussi.
Darkel a écrit :Es-tu sûr de bien accepter ton homosexualité ?
Je ne sais pas trop. J'arrive à le dire, je ne le cache pas forcément. Enfin, si on me demande (après ça dépend qui me le demande bien sûr) je le dirais... Pourtant, j'ai pas l'impression de l'accepter, ou du moins je ne pense pas être à l'aise avec mon homosexualité même si je l'accepte.
Caleb
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Re: Comme le besoin de parler

Message par Caleb »

J'ai eu un peu les mêmes préoccupations que toi. Pas au même moment, j'étais beaucoup plus jeune au moment de la dépression.
Jusqu'à il y a un peu plus d'un an, je ne me sentais pas à l'aise par rapport à mon homosexualité, même vis à vis de mes proches et de ma famille qui l'acceptent. J'avais l'impression que sans le dire, les gens ne faisaient que "cautionner" à contrecœur. Je comprends que tu ressentes cela de manière exacerbée si tu as subi des moqueries. Dis toi que les adolescents sont très cons la plupart du temps, et ce n'est pas par malveillance mais souvent par incompréhension qu'il rejettent ceux qui ne leur ressemblent pas. Ce genre d'attitude finit par disparaître.
T'as aussi la pression parce que tu vis autour de toi des gays qui s'assument. Mais les gays maniérés et colorés qui sont souvent la référence quand on est ado ne sont pas les seuls qui existent. Ils sont juste les plus visibles, d'où la confusion.
Je me reconnais beaucoup dans ce que tu dis, j'ai aussi vécu une période très étrange, où malgré le fait que tout le monde m'acceptait, moi je n'y arrivais pas.
Disons que ma mère a découvert mes problèmes et depuis, elle a déprimé à cause de ça et ne cesse de se poser des questions, veut que j'abandonne certaines choses, m'empêche de me laisser aller quelque part par peur que je fasse quelque chose de mal.
Tu considères que être gay est un problème et que avoir une relation avec un garçon serait quelque chose de mal. Dis toi que tu ne fais rien de mal en suivant ton cœur. Tu as le droit d'être heureux comme tout le monde, juste d'une manière différente.
Pirlouit
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Re: Comme le besoin de parlerff

Message par Pirlouit »

Bonjour Draper,

Mes camarades ont déjà fort bien répondu.
Je vais donc me contenter d'aller dans leur sens.

La solitude de l'adolescence est effectivement un difficile moment à passer. On n'est tous, à des degrés divers, passé par là. Tu pourras me rétorquer que ça te fait une belle jambe de savoir que d'autres l'ont vécue. C'est vrai. Faut se dire que ce n'est pas éternel et que tu vas vers le mieux même si ça te paraît lointain en ce moment.

Laisse-moi ensuite te rassurer sur ton supposé retard. N'avoir jamais rien vécu à 18 ans, ça n'a rien d'exceptionnel. De ce que tu dis, je peux même t'affirmer que tu as sans doute déjà vécu plus de chose que je n'en avais vécu à ton âge en matière de sentiments et de sexualité. Et quand bien même, ça n'a rien d'inquiétant. De la même façon que chez les jeunes hétéros, tu pourras avoir l'impression que certains garçons sont ultra précoces parce qu'ils se vantent de leurs exploits, chez les jeunes gays, tu verras avant tout ce qui se montrent. Ca ne signifie pas que tous en soient au même point. Tu n'es pas le seul à ne pas ressentir le besoin d'affirmer ton homosexualité de cette façon-là. Il n'est pas besoin de chercher à juger cette façon très démonstrative d'affirmer son homosexualité. Ca n'est ni un modèle à suivre pour tous les jeunes gays, ni un exemple à ne pas reproduire. Chacun s'affirme et se révèle aux autres comme il en ressent l'envie. Ca ne te correspond pas. Point final. Tu n'as pas à le regretter. Et encore moins à te forcer à adopter ce mode de fonctionnement s'il ne te convient pas.

Concrètement que faire?
C'est difficile de te donner des conseils en matière de relations humaines. Ce sont des choses qui bougent lentement et qui bougeront d'elle-même à partir du moment où tu seras plus à l'aise. Tu peux essayer de trouver des choses qui te motivent (sport, activité artistique) et qui, en outre, te socialiseront. Tu peux aussi tenter de rencontrer d'autres jeunes homos de ton âge. Je ne sais pas dans quelle ville tu te situes mais il y a sans doute une association dans laquelle tu pourrais discuter. Ca peut aider pas mal à s'accepter et à gagner aussi en assurance et en confiance en soi.


Quant aux parents, c'est compliqué de parvenir à leur faire comprendre ce que l'on ressent, surtout lorsque ceux-ci ont tendance à s'inquiéter en voyant qu'on ne va pas bien. J'aurais donc tendance à te dire qu'il n'est pas forcément opportun de discuter de cela. Le psy est un bon interlocuteur pour déverser ce que tu as à exprimer. Peut-être qu'essayer de retrouver des activités à faire avec ta mère ou ton père permettrait de recréer un lien. C'est plus facile à dire qu'à faire, j'en conviens. Mais, ça peut aussi évoluer avec du temps tout ça. Si le dialogue ne passe pas, essaie de passer par des actions.

Je m'aperçois qu'il n'y a rien de bien concret dans tout ce que j'écris, je te prie de m'en escuser! Je ne sais pas trop si ça t'avance à grand-chose, du coup. N'hésite pas à continuer à venir parler ici, en tout cas. Le forum sert à ça!
Kliban
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Re: Comme le besoin de parler

Message par Kliban »

Bonjour Draper,

J'ai connu ça.

Mais ça a été moins pire. Parce que je n'en suis sorti à peu près qu'à 25 ans :mrgreen: et que je n'ai rencontré la dépression que vers wow je sais plus 19 ans ? Et encore elle était petite.

Mais l'impression de n'être intéressant pour personne, de fatiguer tout le monde, d'être à côté de la plaque, d'être trop sensible... je vois bien.

Pour répondre précisément à tes "pourquoi ?" il faudrait être à tes côtés, voir comment tu agis et réagis avec les autres, qui tu fréquentes, ce qu'ils attendent de leurs relations, ce que tu peux leur donner, etc. Mais ça fait en moi comme un foutu sentiment de "j'ai déjà connu ça...". Je vais donc sacrément parler de moi, pas par plaisir de m'étendre sur moi-même mais pour voir si ça fait résonance chez toi.

Pendant des années - oui oui - j'ai fait fuir autour de moi, parce que j'avais mis en place tout ce qu'il fallait pour rester isolé, pour me protéger des intrusions. Comme la tienne, solitude d'enfance - et pourtant, j'ai un frère (poverino).

Une solitude profonde, longue et marquée a des effets très forts sur les relations que tu entretiens à autrui. Surtout quand elle trouve sa source dans une sensibilité trop forte... Les résultats en sont très très pénibles. On s'est tellement isolé qu'on passe des années à comprendre comment fonctionnent les autres, je veux dire les autres dans leur dimension sociale - et pour tout dire, je ne comprends toujours pas très bien.

Du coup, il y a comme un petit tout petit symptôme d'autisme. C'est comme si on était désaccordé par rapport à ce que les autres attendent de nous, comme si on n'arrivait pas à les lire. Tout en ayant désespérément envie et besoin d'être en contact. L'homosexualité là-dedans n'ajoute qu'une nuance. C'est la solitude qui est terrible. Même en leur compagnie. On ne sait pas pourquoi on est un boulet. Mais on sait qu'on en est un.

Il faut pas mal de temps, des gens bienveillants (fussent-ils rudes !) qui nous aident à saisir à quel point on est, dans ce cas, enfermés dans une coquille qu'on a fini par secréter, pour ne pas être trop affectés par les choses. A voir vraiment la carapace dans laquelle on vit, à commencer à goûter ce qu'on s'interdit. Ce qu'on s'interdit ? De ressentir certaines choses. De se laisser aller. Parce qu'au début, c'est douloureux, les réactions des autres nous affectent énormément. Et il nous est impossible de comprendre pourquoi ils ne le ressentent pas, pourquoi ils sont, eux, aussi insensibles. Et on ne comprend pas pourquoi on leur pèse.

Bref, je ne sais pas si c'est ton cas. Mais ce que je sais c'est que ça y ressemble beaucoup. Jusqu'à l'ambivalence qui te fait faire faire des choses "vraiment horribles". Mal accordés - trop accordés, en fait, trop en prise sur les autres, trop à fleur de nos émotions, trop "sensibles". Et l'homophobie du milieu n'aide pas, mais pas du tout - ce qui m'a sauvé sans doute : mes parents n'étaient pas franchement homophobes.

Je te jure, ça, ça finit par se transformer en bien, mais il faut absolument y prendre le temps. Je confirme le conseil qu'on t'a donné : un psy gay-friendly, si tu dois en trouver un. Les autres, pour ce type de cas, sont des nuisibles, le plus souvent.

Quant à la question d'une sexualité qu'on assume jeune, puis plus à 18 ans, tu n'es pas le premier à en parler, je crois que ça va de soi, ce n'est pas ça le plus important. La sexualité, ça va ça vient. Ca change avec le temps, beaucoup. On se fixe dessus un moment puis ça passe, puis ça revient, etc. Non, le hic c'est le rapport aux autres. Enfin c'est comme ça que je reçois - dans cette résonance si forte - ce que tu écris.
Draper
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Re: Comme le besoin de parler

Message par Draper »

Caleb a écrit :Citer:
Disons que ma mère a découvert mes problèmes et depuis, elle a déprimé à cause de ça et ne cesse de se poser des questions, veut que j'abandonne certaines choses, m'empêche de me laisser aller quelque part par peur que je fasse quelque chose de mal.

Tu considères que être gay est un problème et que avoir une relation avec un garçon serait quelque chose de mal. Dis toi que tu ne fais rien de mal en suivant ton cœur. Tu as le droit d'être heureux comme tout le monde, juste d'une manière différente.
Par problèmes, je ne parlais pas du fait d'être gay. Même si elle l'a découvert par la même occasion, du moins je pense qu'elle sans doute. Pour être honnête, j'écrivais ces choses mais à chaque fois que je parlais de ma sexualité je le faisais de manière sous-entendu car je connais ma mère et je sais qu'elle fouille dans mes affaires. Du coup, je ne sais pas si elle a vraiment compris. Je sais qu'elle ne l'a jamais re-mentionné. Et je n'espère pas, car notre relation est assez court-circuiteuse, notamment à cause de ceci.

Quant à cette histoire de gays de mon âge, j'ai du mal m'exprimer. Je sais très bien que toutes les personnes gays de mon âge ne sont pas forcément des efféminés qui écoutent Lady Gaga, etc. Mais ça représente les 90% des ados gays de mon entourage, et j'ai même un ami qui est exactement comme ça. Ca me dégoûte un peu de l'admettre, mais d'une certaine manière je suis assez jaloux, car vu qu'ils s'affirment totalement, ont confiance en eux et plus important n'ont pas la même sensibilité que j'ai... Ils ont moins de mal à faire des rencontres, à se faire des amis. Pourtant, je sais que les gens me remarquent, je dois dire que j'ai la chance d'attirer l'attention sans chercher à le faire comme ces personnes de mon entourage le font. Dans un sens, ça me plaît de me dire que je peux attirer l'attention sans chercher à ce que ce soit le cas, car je sais que ces personnes de mon entourage ne pourrait pas si ils ne cherchaient pas à se faire remarquer. Même si j'ai un sentiment de frustration par rapport à tout ça. Heureusement, j'ai aussi fait des rencontres différentes de ces personnes, et je pense que c'est ces personnes qui m'ont le plus aidé.

Pourtant, je ne pense pas que mon mal-être soit forcément dû à ma sexualité. Bon, ce serait mentir de dire que ça ne joue pas, pourtant depuis que je parle de mon mal-être je me sens plus à l'aise avec ma sexualité, alors que pourtant ce n'est pas forcément un sujet que j'aborde. Surtout que je me suis senti pas mal obligé de parler il y a peu... J'avais totalement perdu goût à tout, heureusement, c'est grâce à quelques amis que je m'en suis sorti. J'ai eu de la chance de rencontrer quelques personnes biens et assez matures pour comprendre mon mal-être, ou du moins pas forcément le comprendre mais m'aider à gérer les choses.
Et ça me fait du bien de savoir que j'ai pu rencontrer des personnes qui seront là pour moi.

Je ne sais pas si cette réponse répond justement à tout ces précédent messages, je ne savais pas trop que répondre. En tout cas, je tiens quand même à vous remercier pour ces messages.
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