Vivre au RSA

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Eustache
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Re: Vivre au RSA

Message par Eustache »

OFF-Topic :
En fait moi je suis content que le système actuel aille mal, y a des chances que ça change en profondeur, c'est cool. Après, malheureusement, ça va pas se faire dans les papillons et les licornes, hein.

Puis le glissement vers le régime autoritaire je disais pas ça pour les violences policières, plutôt pour l'absence de séparation - enfin j'exagère un peu, plutôt les séparations très très ambigües - entre les pouvoirs, la surreprésentations des intérêts privés en politique (via le lobbying ou les pots-de-vin notamment) ou les médias (qui en France appartiennent en grande partie à des grands groupes industriels), la fracture énorme entre la vision des choses de la classe dirigeante et le reste des gens (y a qu'à voir les réponses à côté de la plaque que fournissent Philippe ou Macron aux Gilets Jaunes)... plus le fait évidemment que l'Etat contrôle toutes les forces armées, ce qui arrange pas forcément les choses dans ce contexte. Mais ça fait des années et des années que ça augmente, c'est pas le monopole du dernier président.

Enfin bon, je vais arrêter avec ça parce que ça n'a absolument rien à voir avec le sujet du thread. Désolé. :ninja:
Caïn Marchenoir
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Re: Vivre au RSA

Message par Caïn Marchenoir »

Bon, Norma, je sais me remettre en question pense qu'il y a une grande une part de vrai dans ton second message (même s'il est cash).

Je dis ça après avoir fait quelques trucs qui m'ont permis de prendre du recul (dont boire du vin :) ).

Ce matin j'ai fait une sortie avec mes élèves, évidemment vu mon état d'esprit j'appréhendais énormément et bien ils sont très différents en extérieur, c'était sympa et certains m'ont beaucoup surpris de manière favorable. Et le côté personnel revient dans ces situations, vraiment il faut libérer du budget pour l'éducation nationale pour qu'on emmène plus souvent nos élèves en sortie et qu'ils ne conçoivent pas le lycée comme une prison mais comme un lieu de transition ouvert sur le monde.
Je crois que le fond du problème ce ne sont pas les élèves en tant que personne, c'est l'école comme institution qui les rend agressifs et blasés et ils se "vengent" en faisant le bordel dans les cours des profs les moins sévères.

Pour mon état dépressif, oui sûrement et depuis longtemps mais pour moi c'est complètement confondu avec un tempérament artistique justement, c'est ce que j'essayais d'expliquer.

Pour moi artiste, c'est plus un état d'esprit qu'un métier, c'est une faculté (et d'un certain point de vue une malédiction) à voir le monde et à ressentir les phénomènes sous un certain aspect qui n'est pas celui du commun des mortels. Et pour moi ça ce n'est pas juste avoir des idées ; comme tu disais, tout le monde a des idées.
La question de la production et de gagner sa vie est très secondaire. Beaucoup d'artistes très connus n'ont été reconnus que posthume et ne vivaient pas de leur art. J'avais vu l'exposition Henry Darger qui m'avait beaucoup touché il y a deux ou trois ans, bouleversante, et pourtant, de son vivant, il créait dans le secret.
Beaucoup d'écrivains vivaient aussi dans la misère.
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Re: Vivre au RSA

Message par »

Norma a écrit :Ceci est une parenthèse qui ne concerne pas directement le message de Caïn mais qui répond au micro-débat Gé/Sevenken/Eustache.

"Nya nya nya on va tous crever"
Sauf mon respect, vous faites chier un peu avec ce discours.

Oui il y a des batailles politiques à mener, oui y a des choses qu'on pensait à tord acquis mais qui sont remis en cause par d'autres camps politiques.
Oui, la montée de l'extrême droite et ses soutiens Russes m'inquiètent, et va falloir être sacrément pas con pour gérer l'intensification des flux migratoires liés au climat et sauver ce qu'on peut du réchauffement climatique.

Mais on est pas en train de passer dans un état autoritaire, sérieux.
On est dans une démocratie dans laquelle quelqu'un qu'on aime pas a gagné, et on est dans un cas très pourris où des gens inexpérimentés manifestent sans savoir faire correctement leur sécu (et en acceptant à leur cortège des identitaires puis en s'étonnant ensuite qu'ils soient violents), qui savent pas quitter une manif à temps, qui refusent de faire un cortège comme tout le monde alors que c'est plus facile ainsi pour éviter les dérives, et face à des CRS qui ne savent réagir à ces violences inhabituelle qu'à ça qu'en fonçant dans le tas.
Quand dans une manif t'as des gens qui balancent des pavés dans la gueule des CRS, montent des barricades et incendient des voitures c'est pas méga surprenant qu'en face y'ait une réaction non plus.
La réaction violente n'est clairement pas le bon choix, ça fait plus de mal que de bien, mais ce n'est pas le signe d'une dérive autoritaire, c'est le signe de manifs mal organisés et complaisantes avec ses éléments violents qui se heurtent à des agents de l'ordre mal formés.

Ca fait de belles situations de merde aevc de la violence policière (et de manifestants) mais on est pas dans un "régime autoritaire" qui réprimerait ses manifestants sciemment, non plus. Faut arrêter le délire.

Les accros aux droits qu'on voit (interdictions de manifester abusives, fichiers S) y'en avait tout autant sous Chirac, sous Sarko, sous Hollande, on a déjà gueulé à l'époque, plusieurs fois, à croire qu'on a la mémoire courte ...

La "crise économique" qui se prépare ?
Pire ou moins bien que 2007, 93, 78 ? On a l'habitude.
On est la sixième économie mondiale.
Au pire du pire, pendant une crise, on se retrouvera avec le niveau de vie du Danemark ou de la Belgique.
Allez, du Portugal en cas de grosse grosse crise.

Alors certes ça va faire dissonance avec cette image de plein emploi et d'opulence que se sont (et nous ont) mis en tête les baby boomers, on pourra pas tous se manger se côte de boeuf plaqué or chez salt bae, mais n'est-ce pas indécent quand on vit déjà mieux que 90% de la population mondiale de se plaindre d'avoir peur de vivre un peu plus comme tout le monde ?

L'épuisement d'un certain nombre de ressources : bin oui, c'est prévu, y'aura plus de pétrole. Et c'est anticipé, ça fait des années que les ingés bossent sur le renouvelable pour être au point attend, et on a encore assez d'uranium pour faire la transition.
Plus de pétrole = plus de plastique, vue comment on en fout partout ce sera pas plus mal.
Les terres rares utilisées dans les smartphones qui risquent de manquer ? Ce ne sera un problème que pour les pays où les smartphones sont vraiment nécessaire, comme en Afrique sub-saharienne. Les autres on s'en remettra.

Y'a actuellement dans le monde + d'égalité H:F que jamais, + de pays ne discriminant pas les LGBT que jamais, des mouvements en cours sur quasiment toutes les minorité de libération et de fierté, la fin du tabou sur les maladies mentales est amorcé, à côté de ça, partout dans le monde, le plus bas taux ever de mort en couche, de mort des enfants en bas âge, de mort prématurée de manière générale. De plus de plus d'accès à l'eau potable, de moins en moins d'illétrisme, de moins en moins de pauvreté extrême.

C'est une question de points de vues, on ne peut raisonnablement pas justifier son pessimisme globale par des évènements extérieur alors qu'autant si ce n'est plus pourraient nous faire tendre vers l'optimisme !

Pour en revenir au travail, il y a des problèmes sérieux de burn out causés par certaines techniques de management généralement tout droit importé des USA ou du Japon et qui sont très très en vogue dans les grands groupes, surtout ceux côtés en bourse. Et il faut d'urgence agir là dessus !

Mais cela ne résume pas tout le monde du travail !

L'ambiance est TRÈS différente que tu sois dans un grand groupe, fonctionnaire régie par le Ministère A ou le ministère B, dans une PME, dans une TPE, à ton compte, etc, etc.

Et bien sur, quand on voit un problème, on peut s'allier pour le résoudre, plutôt que fuir le milieu concerné !
:amour: :amour:
Caïn Marchenoir
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Re: Vivre au RSA

Message par Caïn Marchenoir »

Je viens de voir le message de Faucon Pélerin et je me demande si AVS ne me correspondrait pas mieux qu'enseignant car j'adorais les cours particuliers et j'ai eu des dizaines et des dizaines d'élèves différents avec tous leurs spécificités, j'aimais tisser des relations particulières, ça me faisait du bien, c'était bien moins invasif et bien moins difficile à gérer que le groupe, par contre j'imagine que le salaire est assez maigre non?
Sarablue
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Re: Vivre au RSA

Message par Sarablue »

Je reviens d'entre les morts pour répondre à un sujet d'il y a 3 mois mais c'est pas grave.
Alors, AVS c'est quand même le bas de la chaine alimentaire, les très bas étant les AED (les assistants d'éducation).
Un AVS (Auxilliaire de vie scolaire) est payé à temps plein moins que le smic.
Par exemple, celles qui bossent dans mon école sont payées 24h à un peu plus de 500€.
Là où leur statut est plus enviable que celui des AED, c'est que l'an dernier, les AVS ont eu enfin le droit d'être CDisés au bout de 6 ans de CDD là où les AED font 6 CDD et bye bye (toujours pas de pérennisation du statut à l'horizon...)
Les AVS peuvent être amenés à agir dans 2 cas différents :
1 : avec un seul enfant dont ils sont l'AVS majeur ou qu'ils partagent avec un autre AVS (un temps plein est de 24h en école primaire par ex...)
2 : en classe ULIS, c'est à dire qu'ils assistent l'enseignant auprès de tous les élèves (une classe ULIS comporte en moyenne 10/12 enfants).
Dans tous les cas, c'est un métier difficile car ce ne sont pas uniquement des élèves en en difficulté scolaire mais des élèves ayant des pathologie pouvant aller de la plus légère (dyslexie, dysprasie) à la plus lourde (trisomie, maladie mentale...)
Il faut avoir beaucoup de patience, beaucoup d'endurance mais ça peut être un métier intéressant.
Mais pas rémunérateur. Clairement pas. Et sans évolution de salaire jamais (à part le point d'index du smic).
Les seules personnes que je connais qui font ce métier sont soit des étudiants, soit des femmes mariées qui veulent un complément de salaire ou des personnes très peu diplômées ne pouvant aspirer à mieux.
Tout ça pour dire que des AVS il en faut, clairement, ça manque terriblement, mais il ne faut pas se lancer dans ce métier sans avoir bien pris en compte tous les tenants et les aboutissants car ça reste un métier moralement et physiquement éprouvant à la longue.

Bon courage en tout cas pour la recherche d'un nouvel équilibre.

Bon dans la foulée, j'ai lu tout le fil (hein tant qu'à faire) et alors voilà ce que j'ai à en dire (pour ceux que ça intéresse :D)
Jusqu'à récemment, mon expérience du boulot était hyper négative. J'avais eu des boulot qui me plaisaient mais qui ne payaient pas, des boulots qui payaient mais dont l'ambiance était horrible, des collègues à la noix ... Et puis la fatigue, le trajet ... Bref quand je me suis retrouvée au chômage en août 2016 (fin de CDD non renouvelable) j'étais vraiment prise le cul entre deux chaises.
D'un côté le besoin économique de me maintenir, d'un autre mes principes de vie qui ne cadraient clairement pas avec la société qui nous veut absolument productif.
J'ai vivoté aux assedics pendant 1 an, j'ai passé quelques entretiens, répondu à quelques annonces, pour le principe. Je postulais en priant pour ne pas trouver :lol:
Et un jour, une copine m'a dit qu'un poste se libérait dans son boulot. Qu'elle pouvait mettre mon cv dans la pile avant même que l'annonce ne paraisse (et après à moi de jouer...)
Je n'ai pas osé refuser parce que quand on est au chômage, on n'a surtout pas le droit de refuser du boulot, malheureuse !!
J'ai été appelée.
J'ai passé l'entretien.
J'ai été rappelée.
J'ai repassé un second entretien.

J'ai eu le poste.

Je démarrait le mois suivant (vacances scolaires obligent).
J'étais vraiment mal. A la fois soulagée et en même temps inquiète (ne pas être à la hauteur car il y avait plein de tâches qui m'étais inconnues (c'était un poste que je n'avais jamais occupé auparavant, pas du tout ma formation...), beaucoup de responsabilités, de polyvalence... et puis ce manque de motivation (39h/semaine !! mais je vais être crevée, je vais pas tenir blablablabla).

Bon.
Bientôt 2 ans plus tard : j'adore mon boulot. Je suis brillante à ce que je fais. Je n'ai que des éloges.
J'ai une équipe absolument adorable. Une cheffe vraiment géniale.
Je suis souvent crevée car le rythme peut être soutenu mais je crois que c'est un peu pareil pour tous les gens qui ont des boulot comme le mien.
J'ai démarré une dépression en début d'année 2019.
Je vais toujours mal. C'est très dur.
On a dû m'arrêter 1 semaine. J'ai pleuré car je voulais continuer d'aller bosser.
Je pense que je peux vraiment dire que mon boulot me sauve la peau en ce moment.
Je n'aurais JAMAIS cru dire ça et pourtant c'est vrai. Là, je suis en congés et j'en chie des barres.
Il me faut continuer à travailler avec mes médecins et avec moi-même pour retrouver mon équilibre personnel. Mais si je n'avais pas eu mon boulot comme dérivatif, mon équipe pour me soutenir, je ne sais pas ce que j'aurais fait.
Du coup, j'ai balayé certains de mes principes.
Oui, on est dans une société qui nous presse comme des citrons, les burn out sont légion et de plus en plus.
Mais, il y a encore, quand même des oasis, des lieux de travail qui échappent à ça et qui restent humains.
J'ai la chance énorme d'avoir trouvé ça. Mais je pense que ça doit exister (alors après c'est peut être rare, je dis pas) mais je pense qu'il ne faut pas hésiter à chercher, à postuler ici et là, parce que mon boulot ne doit pas être unique et qu'on peut réussir à aller bosser sans avoir envie de se pendre (bon après j'ai un salaire un peu nase mais j'ai une partie des vacances scolaires donc c'est mon choix d'avoir d'avoir accepté).

Bon courage donc.
Caïn Marchenoir
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Re: Vivre au RSA

Message par Caïn Marchenoir »

Suite à un rendez-vous annulé, je néantisais un peu au café et je suis retombé sur ce fil écrit il y a grosso modo un an (11 mois en fait).

J'ai finalement fait EXACTEMENT ce que j'avais proposé ici et ça me convient. C'est-à-dire qu'aujourd'hui je ne suis pas dans l'éducation nationale ,officiellement depuis le 31/08/2019 et je vis effectivement des minima sociaux, à mon rythme...et heureux.
Enfin, en tout cas plus heureux que lorsque j'étais dans l'éducation nationale car je préfère la précarité à la souffrance et à l'humiliation quotidienne. Je me souviens de l'état d'esprit dans lequel j'étais lorsque j'ai écrit ce texte!

J'ai redonné quelques cours particuliers et refait passer quelques élèves en session d'entraînement à l'oral du bac de français dans des lycées privés environnant (sans trop forcer puisque je ne suis que de passage pour ces petites missions temporaires) ce qui me permet d'avoir aussi la satisfaction de gagner mon propre argent et de ne pas reposer que sur les aides, même si cela fait diminuer le montant de mon indemnité chômage (car je suis déclaré), au moins je repousse la fin de mes droits.

Alors, certes, ce n'est pas une situation idyllique d'autant moins qu'il y a quand même la pression régulière des rendez-vous pôle emploi avec des conseillers qui me poussent machinalement à repasser un concours de la fonction publique (ce que je ne souhaite pas) mais c'est quand même une forme de vie beaucoup plus agréable que celle de l'année dernière car les rendez-vous ne sont pas trop réguliers, heureusement.

Bonus hyper appréciable pour moi car j'adore ces activités : le droit d'entrer gratuitement dans toutes les piscines et dans tous les musées nationaux (sauf quelques uns mais c'est rare) avec mon attestation PE!

J'ai bien conscience que Macron veut éradiquer les personnes comme moi mais je pense pouvoir tenir longtemps avec peu. J'essaie même de mettre quelques petits sous de côté avec mon mode de vie actuel. Dans tous les cas, cela fait beaucoup de stress et de souffrance en moins.

A longue échéance, je me pose des questions si un travail de Geek (avec aucun contact social) ne me conviendrait pas mieux, genre : testeur de logiciel informatique, c'est accessible justement avec une simple formation pôle emploi. La seule condition est d'avoir un niveau bac+4/5 dans n'importe quel domaine. Ce qui est largement mon cas.
Si c'est faisable à domicile, je pense que ça peut me convenir.
Je viens tout juste d'entrer dans la trentaine et je fais le bilan de ma vie : je suis un mec plutôt asocial et c'est un euphémisme. La preuve la plus évidente de ceci : je ne me reconnais dans aucun groupe.
C'est aussi la marque d'une grande souveraineté ceci dit. Mais les vrais rois sont des mendiants dans un monde comme le nôtres.

Je ne désespère pas de trouver quelque chose qui me convienne (même "à peu près") comme l'intervenante précédente mais clairement je pense que tout ce qui est métier dans le social, ce n'est pas fait pour moi. Mon intelligence se déploie mieux dans la solitude, je ne pense pas pouvoir être un enseignant brillant un jour (même en "allant mieux").
Dalia
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Re: Vivre au RSA

Message par Dalia »

« No man is an island entire of itself,
Every man is a piece of the continent,
A part of the main »…


John Donne, 1624

Ce qui donne : « Aucun homme n’est une île, un tout complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ».

Et comme le poète a toujours raison : tu trouveras à employer ton intelligence, d’une façon ou d’une autre, peut-être dans la geekitude lucrative - je ne connais rien à ce domaine - ou peut-être dans une activité que tu n’as pas encore testée. Il n’y a pas d’urgence. Si je peux me permettre, puisque tu es un intello, prends en considération les activités/métiers manuels, parfois c’est un décalage qui fait vraiment du bien.
Caïn Marchenoir
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Re: Vivre au RSA

Message par Caïn Marchenoir »

Merci beaucoup,

Ce qui m'énerve, c'est que les gens me disent des trucs du genre : "avoir autant de diplômes et être au chômage", "tes études n'ont servi à rien ni ton beau classement au concours" (comme si j'avais fait des études et passer ce concours pour l'argent! Si ils savaient qui je suis à l'intérieur...)
et je les corrige : "au chômage avec activité, je gagne entre 350 (bon là c'est à cause des grèves et de l'impossibilité de me rendre en mission de nombreuses fois) et 900 euros par mois avec mes prestations"
et là : "ce n'est pas une vie, pour quelqu'un qui a fait autant d'études!"
Plusieurs masters, reçu au concours de l'enseignement dans le 1er décile (dans la matière où il y a le moins de postes) et même un doctorat entamé. Et alors?

Cela m'insupporte que les études soient assimilées à l'argent et rien que ça, c'est une bonne raison d'avoir quitté l'éducation nationale.

Ils ne peuvent pas accepter que je suis marginal et que je suis plus heureux en gagnant peu mais en vivant mieux et à mon rythme!

C'est pénible quand même ce diktat de ce qu'on doit faire dans nos vies.


J'avoue que je vis modestement : je consacre en moyenne un budget de 8 euros par jour pour manger et j'essaie d'économiser sur tout.

Je vais même m'engager dans des associations bénévoles en dépit de mon mode de vie "pauvre".

C'est fou comme on ne pense qu'à l'argent et à quel point le mode humain est oublié dans nos vies contemporaines.

En tout cas, on a tout fait pour me pousser dans le système. A 30 ans, je déclare âme et corps que je n'essaierais plus jamais d'y entrer (c'est-à-dire faire partie de la fonction publique par exemple).

Je me bats pour ma liberté donc pour ma part toute cette agitation autour des retraites me passe un peu au-dessus de la tête car je sais que je n'aurai droit qu'au minimum vieillesse pour ma part.

C'est assez révélateur : les gens sont prêts à souffrir toute leur vie mais veulent une contrepartie dans leurs "vieux jours" (c'est compréhensible et je soutiens les grévistes) mais pour ma part c'est dès aujourd'hui que j'ai envie de vivre. Pourquoi devrait-on vivre un calvaire toute sa vie en espérant une retraite confortable?
Cela me paraît anti-vitaliste.


Métiers manuels? Mouais, j'y ai pensé (en tout cas, plus jamais l'éducation nationale classique) mais j'avoue que je veux rester libre pour écrire et non aliéné à rien donc je ne veux pas de métiers à temps plein, ni trop prenant et fatiguant. Donc vivre très modestement mais avec beaucoup de temps libre me convient mieux.
En fait, j'ai vraiment besoin d'écrire (et cela suppose une certaine temporalité).
YuriSab
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Re: Vivre au RSA

Message par YuriSab »

Je viens de lire ton post et tu as tout mon soutien!

Je suis dans "le système", je l'ai quitté à une période mais j'y suis revenue (l'argent...).
Donc quand je te lis, je vois que tu as eu l'envie, que tu l'as fait et que tu l'assumes, je dis chapeau!!

Mon ex m'avait posé une question similaire : travailler pour des cailloux (elle utilisait ce terme) ou être au chomage/RSA, être libre et avoir le temps pour écrire. Je l'ai encouragé à prendre la 2ème solution sans hésiter !

Être bien dans ses baskets ça n'a pas de prix, après ce n'est pas donné à tout le monde non plus (responsabilité, crédit, engagement, pression familiale ou de l'entourage etc).

Donc profite et "kiff ta life" :)

Et si en plus tu en donnes aux plus démunis ;)
Caïn Marchenoir
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Re: Vivre au RSA

Message par Caïn Marchenoir »

Merci.
J'ai tellement souffert dans l'éducation nationale que je ne vais pas culpabiliser.

Et oui, je me dirige naturellement vers des choix humains (des associations pour enfants handicapés et malades essentiellement).

J'aime bien les missions d'enseignement (dans une certaine mesure) mais ça me tape vite sur le système quand on me surcharge de copies ou d'oraux. En fait j'aime bien à petites doses.
Du coup j'avoue refuser des missions, mais au profit de la qualité de celles que j'assure. Je sais que tout le monde n'en a pas le luxe et il y a aussi des gens pour qui l'argent est important.

Si j'étais un acharné du travail, je pense que je pourrais me faire un SMIC à l'aise(voire un peu +) rien qu'en corrigeant des copies, en faisant passer des oraux et avec quelques cours particuliers (1 ou 2 par semaine)...et comme les organismes se multiplient, c'est toujours un rempart contre la précarité si un jour pour X raison, j'ai besoin d'argent (mais il faut être en forme pour travailler à cette cadence car ça suppose vraiment de corriger beaucoup, ces entreprises paient un peu au lance-pierres).

Mais j'aime trop errer et écrire (pour moi les deux vont ensemble) et je m'y suis remis récemment à la faveur de cette temporalité.

Bon, on est toujours rattrapé par les obligations : là par exemple j'avais mailé un de mes boss pour dire que je n'irai pas travailler la semaine prochaine en raison de la grève des transports et il me propose carrément de m'emmener au travail en voiture. Difficile de refuser...alors que je pensais consacrer cette journée à ce qui me plaît.
Il y a toujours la conscience de l'obligation quand on s'est engagé. J'avoue que ça m'ennuie haha... :lol:
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