Les 3 Meilleurs Albums De La Décennie

La section des mélomanes mais aussi des fans de Farmer.
MachineGun
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Les 3 Meilleurs Albums De La Décennie

Message par MachineGun »

Voici une autre décennie qui s'achève, et avec elle une décennie musicale ultra riche et passionnante.
Les années 90' étaient pauvres, musicalement, selon moi (bien que des artistes extraordinaire y sont "nés" et autres artistes plus anciens qui, eux, ont continué leur route). On avait assisté à la naissance et à la mort de la Pop Boys-Band/Girls-Band -esque. La Pop cul-cul la praline était reine. Les années 2000' n'ont pas forcément bien commencé, toujours selon moi, si on prend les choses dans un sens très général: le Hip-Hop était beaucoup trop présent (bien que j'adore le Hip-Hop, c'était vraiment trop). Empêchant ainsi le développement de tout autre style. Ou du moins, empêchant la diffusion générale de ces genres. Bien heureusement, Internet a changé la donne: on a assisté à ce que j'appelerai "la mondialisation musicale". Car en effet, une multitude de nouveaux genres, et surtout de mélanges de genres, ont vus le jour. La musique s'est beaucoup "undergroundisé", et est devenue beaucoup plus alternative, offrant ainsi à chacun la possibilité de s'épanouir (musicalement). Bien sûr, tous les "anciens" genres/styles sont toujours présents. Et c'est tant mieux, car on a besoin de musique commerciale, autrement la musique underground/alternative serait devenue commerciale, par la force des choses. Et surtout, cela permet de maintenir cette richesse musicale. Bien sûr, certains abusent de ces nouveaux genres et se disent artistes en utilisant, par exemple, de l'Electro. très maladroitement, et en donnent une image super négative ou trop commerciale.
Je suis vraiment optimiste pour la musique de la nouvelle décennie à venir, surtout avec ce qui nous attend déjà en début d'année 2010 (Roisin Murphy, Goldfrapp, Gorillaz, MGMT, The Streets, Erykah Badu, Royksopp, ... et autres nouveaux).


Voice mon Top 3:


1)

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Kala de M.I.A.
Année: 2007
Styles: Hip-Hop Alternatif / Electronique / Dance Alternative / Socca / Urumee Melam / Banghra

1. Bamboo Banga
2. Bird Flu
3. Boyz
4. Jimmy
5. Hussel (Feat. Afrikan Boy)
6. Mango Pickle Down River (Feat. The Wilcannia Mob)
7. 20 Dollar
8. World Town
9. The Turn
10. XR2
11. Paper Planes
12. Come Around (Feat. Timbaland)


Quand on parlait de mondialisation musicale, je ne pouvais pas trouver mieux pour exemple. Le 2ème album studio de l'artiste Britannique M.I.A. (née Sri Lankaise) est une merveille, un bijou à garder ultra précieusement.
Après avoir tué tout cliché musical (et après nous avoir tué nous, auditeurs) avec son 1er album, Arular (2005), M.I.A. avait placé la barre ultra haute. Elle avait déjà signé l'un des meilleurs albums de 2005. Déjà résolument sarcastique et engagée (pour la paix et une mondialisation correcte et équitable), elle revient en 2007 avec une furieuse envie d'illustrer ses opinions politiques et sa culture.
L'album porte le prénom de sa mère, Kala (c'était la suite logique, après un 1er album appelé Arular, le prénom du père). Et il est définitivement plus féminin, avec des sonorités plus dansantes et uptempo. Il n'est pas seulement plus féminin pour sa musique, mais aussi par rapport au message général véhiculé: «comment travailler, nourrir les enfants, les élever et leur donner le pouvoir de l'information». La musique, dite "plus lourde", avec l'omniprésence des percussions, des voix et des sons fut produite durant ses voyages à travers le monde. Elle dit de l'album qu'il est «so outsider». Elle le décrit comme contenant «des formes, des couleurs, l'Afrique, la rue, le pouvoir, la prostitution, le nouveau monde et la bravoure». Toujours aussi sarcastique et militante, la jeune artiste a encore prouvé que la mondialisation peut se faire dans un sens positif et que rien n'arrêtera son combat.
Moi, mes oreilles s'extasient lorsque j'écoute le travail fournit et la qualité de l'album. Et quand je parle de travail fournit, je parle d'un VRAI travail, de vraies difficultés à produire cet opus. Elle était très limitée dans le temps et l'espace. Elle n'avait pas obtenu de visa pour se rendre aux Etats-Unis histoire de travailler avec quelques producteurs, alors elle a entrepris un voyage autour du monde, sans vraiment trop savoir ou aller. Résultat: l'album le plus multi-culturel, mélangeant tous les styles énoncés dans la description (avec d'autres encore), qui puisse être. Et tout cela nous rappelle surtout à quel point devenir un VRAI artiste est compliqué.

Moi, je n'ai plus que 2 mots à dire: Chapeau, l'artiste.



2)

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Vespertine de Björk
Année: 2001
Styles: Ambient / Electronique / Musique Minimaliste / Alternatif

1. Hidden Place
2. Coccon
3. It's Not Up To You
4. Undo
5. Pagan Poetry
6. Frosti
7. Aurora
8. An Echo, A Stain
9. Sun In My Mouth
10. Heirloom
11. Harm Of Will
12. Unison

[désolé pour le manque de vidéos, mais il y a des restrictions, apparement]


Après l'artiste au sang chaud et sa musique hyper entraînante, voici la simple antithèse: Vespertine.
Björk avait déjà fait monts et merveilles avec des albums comme Post ou encore Homogenic (qui sont deux des meilleurs albums des années 90'). Après le côté colérique (insoupçonné, d'ailleurs, même si des indice laissaient prévoir cela, comme le fan qui s'est suicidé ou l'attaque du journaliste) d'Homogenic, il était difficile de s'imaginer un album aussi paisible et introverti de la part de Björk. Et comme à son habitude, elle trompe et surprend tout le monde. Je pense que la période Dancer in the Dark l'a calmée.
Concernant Vespertine, pour faire court: c'est un monde glacé, froid. Des rayons de lumière sont entrevus ici et là. Et l'ensemble des chansons illustre bien le titre de l'album, les "Vêpres". Il n'y a pas une chanson qui n'est pas au moins très bonne, à vrai dire, elles sont toutes excellentes à l'exception d' "Heirloom" qui semble vraiment pâle à côté du reste, mais je précise bien, à côté du reste.



3)

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Late Registration de Kanye West
Année: 2005
Styles: Hip-Hop

1. Wake Up Mr. West
2. Heard Em' Say (Feat. Adam Levine)
3. Touch The Sky (Feat. Lupe Fiasco)
4. Gold Digger (Feat. Jamie Foxx)
5. Skit #1
6. Drive Slow (Feat. Paul Wall & GLC)
7. My Way Home (Feat. Common)
8. Crack Music (Feat. The Game)
9. Roses
10. Bring Me Down (Feat. Brandy)
11. Addiction
12. Skit #2
13. Diamonds From Sierra Leone [Remix] (Feat. Jay-Z)
14. We Major (Feat. Nas & Really Doe)
15. Skit #3
16. Hey Mama
17. Celebration
18. Skit #4
19. Gone (Feat. Cam'Ron & Consequence)
20. Diamonds From Sierra Leone
21. Late



Oui, vous avez bien lu. Il s'est fait très souvent remarqué pour ses innombrables frasques, mais il reste pas moins très talentueux. Son arrogance lui donne du caractère, et donne à l'album une substance insoupçonnable. En gros, il n'y a pas une chanson moyenne dans cet opus, ce qui est vraiment difficile quand celui-ci fait 21 chansons (dont 1 Intro, 4 "Skits" et une sorte d'interlude). A vrai dire, c'est un des seuls albums aussi long qui est écoutable du début à la fin, sans interruption ni saut dans les pistes. Musicalement, c'est parfait (ou alors ça s'en rapproche, vraiment très près).
Franchement, il n'y a pas grand chose à dire. Mis à part qu'il a sauvé le Hip-Hop (commercial) de la noyade avec cet album et que tout est de très bon goût.



3)

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Third de Portishead
Année: 2008
Styles: Electronique / Krautrock / Experimental / Trip-Hop

1. Silence
2. Hunter
3. Nylon Smile
4. The Rip
5. Plastic
6. We Carry On
7. Deep Water
8. Machine Gun
9. Small
10. Magic Doors
11. Threads


Je n'ai pas pu résister à l'envie de mettre le 3ème opus du groupe de Bristol, en 3ème position, égalité avec Late Registration. Je sais que ce n'est pas très intelligent de ma part, surtout quand je dis le Top 3, mais comme je l'ai dit (en-dessous), le choix était plus que cornélien. Donc, essayez de ne pas faire comme moi. ^^
Anyway... Le groupe britannique était revenu après pas moins de 10 ans d'absence. Autant d'années de supplices pour les amoureux de Trip-Hop. Mais Portishead n'est plus Trip-Hop, ou du moins, plus totalement. Bien que j'aie adoré et chialé des litres et des litres sur leurs deux premiers albums studios, Dummy et Portishead, je dois dire que j'espérais qu'ils reviennent avec autre chose que du Trip-Hop pur. Non pas que je n'aime plus, mais parce que le genre est quasiment mort, et ceux qui ESSAYENT de le remettre au goût du jour, se plantent lamentablement. Non, en gros, ils sont revenus avec une sorte de musique extraterrestre, vraiment différente et encore plus innovatrice que le genre qu'ils avaient eux-mêmes lancés (le Trip-Hop, bien sûr) 14 ans avant, avec d'autres groupes comme Massive Attack. Un subtil et profond mélange d'Electronique pure et dure, de Krautrock et de musique experimentale. Avec, bien sûr, quelques touches de Trip-Hop; histoire de ne pas oublier à quel point ils marqué les esprits avec leur musique de génie.
Certains ont beaucoup critiqué la pseudo faiblesse de la voix actuelle de la chanteuse, Beth Gibbons. Pour ma part, je trouve qu'elle donne un côté encore plus dramatique à chaque morceau. And Goddamn it, ça marche à fond! La miss elle peut te faire chialer sur un mini-morceau ukulele ("Deep Water"). Dans ce bijou musical, il n'y a pas que la voix qui enchante, prenons simplement l'originalité stylistique, l'ordre des pistes et les arrangements vocaux et instrumentaux. "Silence" est une intro vous disant en portugais (avec accent brésilien): "Tu n'obtiens que ce que tu mérites" et la musique part avec et te transporte dans un monde fait d'urgences et de faiblesses. La musique illustre bien toute cette angoisse. Suite des réjouissances avec "Hunter". Dites-moi... Quand pour la dernière fois une mélodie vous a-t-elle autant hanté? "Nylon Rip" est un peu la chanson moyenne de l'opus. Bien que ça aurait été d'une efficacité déroutante dans un autre album, là, ça n'avait pas une immense valeur. Mais l'effort est franchement appréciable. "The Rip" est dans la même veine que "Hunter", mais elle se distingue par sa montée uptempo à partir du milieu de la chanson avec le synthé. Un titre absolument fabuleux, qui ne demande pas à l'auditeur d'être dans un état d'esprit particulier. Et là demeurre la nouvelle grande force de Portishead, il n'est plus nécessaire de se mettre en condition. Bien sûr, le groupe hante toujours les esprits, mais plus exactement pour les mêmes raisons. "Plastic" est extraterrestre dans son genre. Tout le long, il y a comme un bruit de bâton contre une planche en bois, donnant l'effet sonore d'un hélicoptère. Le rythme est un peu saccadé, mais la musicalité est impressionnante. Le refrain est lourd, ultra lourd (dans le bon sens), hyper profond. "We Carry On" est une sorte de marche tribale avec un son psyhchédélique. Il faut s'accrocher, comme le titre le suggère. Il peut paraître assez répétitif au début, mais patience, le bijou dévoilera sa beauté. Le son électronique en fond sonore disparaît, bien que toujours présent. C'est un peu comme si on te forçait à ne plus écouter ce qui est "inutile". Piste 8, "Machine Gun". J'ai beau l'avoir écouté 300 fois au moins, je ne m'en lasserai jamais. Je veux dire... *Poum Schak Ta ta ta ta ta ta ta ta* tout le long, ça devrait fatiguer. Mais pas du tout, c'est un peu le même effet que sur "We Carry On", sauf qu'on a pas envie d'oublier le son de cet Electric Drum qui tambourre dans la tronche. Et cette fin! Mon Dieu, cet arrangement au synthé, digne d'un film de Science Fiction ultra hopé. La fin n'est que pure merveille musicale, et se termine avec un gros son répété, style un énorme paquebot annonçant le départ.
Urgent et Grandiose, je vous le dit. Quand la musique rencontre l'Art...




Autres prétendants:

Alopecia de Why?
Arular de M.I.A.
Felt Mountain de Goldfrapp
Fever To Tell des Yeah Yeah Yeahs
Gorillaz de Gorillaz
In Rainbows de Radiohead
Le Fil de Camille
Medúlla de Björk
Oracular Spectacular de MGMT


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Et vous, quel est votre Top 3?
Dernière modification par MachineGun le mar. déc. 22, 2009 9:34 am, modifié 4 fois.
Olivier
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Message par Olivier »

Tu as osé lancer ce topic!


J'en ai déjà 2 (Portishead et Thom Yorke), je reviens quand j'aurais le troisième.
edogawa
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Message par edogawa »

Je suis en train de préparer un top 100 pour un autre forum. :oops:
Je le mettrai ici si j'arrive à le finir. :roll:
MachineGun
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Message par MachineGun »

Olivier a écrit :Tu as osé lancer ce topic!


J'en ai déjà 2 (Portishead et Thom Yorke), je reviens quand j'aurais le troisième.
J'ai tellement hésité avec "Third" de Portishead, en 3ème position. C'est mon groupe préféré et l'album est génialissime.
Kenny
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Message par Kenny »

+1 pour Kanye West dans les artistes de la décénie. Par contre j'hésiterais à mettre late registration comme album. Il lui manque tout de même un Jesus walk un new workout plan, ou un flashing lights. Son premier album est plus inégal mais avec des morceaux tout de même assez énormes (rien que pour Jesus Walk je dirais qu'il est meilleur que Late registration). Et puis gold digger (qui a le mieux marché) j'aime pas du tout. Par contre je suis tout à fait d'accord quand tu dis que l'album peut s'écouter en boucle, tous les morceaux sont tout de même des gros calibres( Petite préférence pour Drive slow)
MachineGun
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Message par MachineGun »

Voilà, j'ai pas pû résister à la tentation de mettre Third de Portishead en 3ème position avec Late Registration de Kanye. L'envie était déjà grande avant que l'album ne soit mentionné, mais je me suis senti obligé de le mettre dans ce Top 3 quand Olivier l'a mentionné.
Bref, tout ce que j'en pense y est écrit.
Ninja3000
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Message par Ninja3000 »

Mon top a moi :

Numero 1 :
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Faut aimer.
Beaucoup ecoute. Le CD presque trop use. Faut aimer les ambiances dark et les mood suicidaires. Les lyrics make no sense, mais la charge emotionnelle est carement intense. Puis y'a plein de tubes dessus.


Numero 2 :
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J'ai honte, mais je kiffe graffe Lady Gaga. C'est mon "guilty pleasure" supreme".



Numero 3 :
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Je sais pas trop pour celui la, mais il m'a fait pas mal progresser a la guitare dans tous les cas :D
edogawa
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Message par edogawa »

Bon comme je n'ai vraiment rien d'autre à faire :roll: , je mets ici mon top 100 de la décennie que j'ai commencé à la fin du mois de décembre. J'ai mis des commentaires pour les 25 premiers (plus pour quelques autres), j'aurais aimé faire plus mais ça prend vraiment beaucoup de temps (pour pas grand-chose :lol: ).
C'est bien sûr éminemment subjectif. Voilà. C'était assez agréable à faire, ça m'a permis de réécouter une multitude d'albums. En bref, c'était une décennie bien agréable somme toute, un peu folle, partant dans tous les sens.

Bon ben c'est parti :

100. Little Brothers : The Minstrel Show (rap)
Retour au hip-hop old-school. “The Minstrel Show”, sorti en 2005, est le deuxième album de Little Brother. Ca fait parfois penser au hip-hop positif d’A Tribe Called Quest ou de De La Soul. Album rempli de soul (comme devraient l’être TOUS les albums), il a longtemps tourné sur ma platine lorsque je l’ai reçu (et s’invite encore régulièrement).

99. Robert Wyatt : Cuckooland (rock-progressif)

98. Aphex Twin : Drukqs (electro)

97. Johnny Cash : American III – Solitary Man (folk)

96. Macy Gray : The Id (nu-soul)

95. Plant Life : The Return Of Jack Splash (funk)
L'un des albums les plus fun de la décennie. Jack Splash, chanteur et principal compositeur de Plant Life, produit une sorte de funk bubble-gum hédoniste et jouissif. Il faut imaginer des basses vrombissantes, des guitares qui couinent, des coupes afro flamboyantes et c'est tout bon : vous y êtes.

94. Taraf De Haïdouks : Band Of Gypsies (world/Roumanie)

93. Sunn O)))/Boris : Altar (metal-doom)
Un peu de drone-doom, ça vous dit ? Sunn O))), étrange formation classée au rayon metal en général (mais alors un metal pour le moins expérimental) croise le fer avec les Japonais de Boris (combo orienté noise). Résultat : des titres lents, lourds et bruitistes qui prennent leur temps, installant une atmosphère malsaine à souhait.

92. Fauve : Fauve (pop)

91. Aldo Brizzi : Brizzi Do Brasil (world/Italie)

90. Q-Tip : Kamaal The Abstract (rap)
Une merveille rap-jazz! Q-Tip (ancien A Tribe Called Quest) invite quelques musiciens de renom (Kurt Rosenwinkel, Kenny Garrett) et pose son flow de canard groovy sur des compos toutes plus réussies les unes que les autres.

89. Anouar Brahem : Le Pas Du Chat Noir (jazz)

88. Paul McCartney : Chaos And Creation In The Backyard (pop)
Sacré Paulo. A soixante ans passés, après avoir composé quelques-uns des plus grands tubes du vingtième siècle, il se permet, en cette année 2005, de nous balancer treize perles aux mélodies divines, avec une fraicheur et une verdeur que de nombreux jeunes musiciens peuvent légitimement lui envier.

87. Bill Frisell : The Intercontinentals (jazz)

86. Jim Black : Splay (jazz)
Fans de jazz et de rock (mais pas de jazz-rock!), cet album est pour vous. Jim Black, merveilleux batteur de la scène new yorkaise (il joue notamment avec le génial sax expérimental Ellery Eskelin), sort régulièrement (en quartet : batterie, guitare, basse, saxophone) des albums entre énergie rock et improvisations passionnantes. Ce disque est constamment créatif et – me semble-t-il – tout à fait accessible.

85. Common : Electric Circus (rap)
L'album expérimental du charismatique Common. Ici le rock, la pop, la soul, le funk et j'en passe sont passés à la moulinette hip-hop pour un résultat passionnant : chaque titres est une petite bombe à la personnalité bien affirmée, les flows sont divins, quelques voix soul (Erykah Badu notamment) viennent épicer magistralement le tout.

84. Rocé : Identité En Crescendo (rap)

83. Charlie Haden : Not In Our Name (jazz)

82. Sparklehorse : It's A Wonderful World (folk)
Le dépressif Mark Linkous nous balance une collection de chansons belles à pleurer. C'est souvent lent, parfois un peu bancal mais l'émotion fait constamment mouche. Aux dernières nouvelles, cet album passerait régulièrement en rotation lors des veillées funèbres.

81. Abbey Lincoln : Abbey Sings Abbey (jazz-vocal)

80. Ellery Eskelin/Andrea Parkins/Jim Black : Arcanum Moderne (jazz)

79. Missy Elliott : Under Construction (rap-nu-soul)

78. Joni Mitchell : Both Sides Now (jazz-vocal)

77. Lambchop : Nixon (folk)
Des cowboys de Nashville s'essayent à la soul pour un résultat divin : Curtis Mayfield est ressuscité et pour le coup c'est un miracle tout ce qu'il y a de plus réel!

76. Matthew Shipp : Equilibrium (jazz)

75. Bohren & Der Club Of Gore : Dolores (doom-jazz)
Bohren c'est lent, lourd, sombre. Sorte de croisement entre le jazz et le doom, cette musique neurasthénique contient pourtant, sur ce « Dolores », quelques rayons de lumière bienvenus. Tout à coup, au détour de quelques notes de saxophone, une blancheur semble soudain irradier l'espace : c'est l'extase.

74. Portishead : Third (trip-hop)

73. Art Ensemble Of Chicago : Tribute To Lester (jazz)

72. David S. Ware : Threads (jazz)

71. Zap Mama : Supermoon (nu-soul-world/RDC)

70. Wu-Tang Clan : The W (rap)

69. Meshell Ndegéocello : Comfort Woman (nu-soul)

68. Ghostface Killah : Supreme Clientele (rap)
Celui-ci bastonne! Ghostface Killah, armé de ses rimes analphabètes, éructe comme un damné et défonce tout ce qui lui passe sous la main. Les beats, de leur côté, se font régulièrement funky. Jouissif!

67. Radiohead : Kid A (pop-rock)
L'album de Radiohead le plus électronique et le plus cotonneux. Ca fourmille de sons passionnants, Thom Yorke à la bonne idée de moins geindre qu'à l'habitude et les chansons sont toujours aussi bonnes. Rien à jeter.

66. Sainkho Namchylak : Stepmother City (world/République de Tuva)

65. Missy Elliott : So Addictive (rap-nu-soul)

64. Getatchew Mekuria/The Ex : Moa Anbessa (punk-world/Ethiopie)
Le groupe de punk The Ex croise le fer avec le grand saxophoniste éthiopien Getatchew Mekuria (quel son sur son instrument!) pour un résultat pétaradant : ça gicle dans tous les sens, c'est puissant comme un tsunami et ça groove méchamment. Cerise sur le gâteau, la mélodie n'est jamais oubliée.

63. Keziah Jones : Nigerian Wood (world/Nigéria)

62. Mary J. Blige : No More Drama (nu-soul)

61. Oxmo Puccino : Lipopette Bar (rap)

60. Seu Jorge : Cru (world/Brésil)
Le troubadour brésilien à la belle gueule nous balance des titres entre bossa et samba, le tout saupoudré de quelques arrangements pop-rock. Mais là n'est pas le meilleur (même si déjà d'un haut niveau). Le meilleur, il se trouve à la fin, sur une poignée de ballades folk bouleversantes où sa voix rocailleuse fait des merveilles.

59. Dave Douglas : Mountain Passages (jazz)

58. Billy Bang : Vietnam – Reflections (jazz)

57. Meshell Ndegéocello : The Spirit Of Jamia – Dance Of The Infidel (jazz)

56. Jaylib : Champion Sound (rap)
Tout est dans le titre! L'immense et regretté J Dilla s'associe avec le génial Madlib pour un duo de producteurs tout simplement monstrueux. L'invention sonique à chaque instant.

55. Raphael Saadiq : Instant Vintage (nu-soul)

54. Tom Zé : Santagustin (world/Brésil)

53. Arve Henriksen : Cartography (jazz)
Fascinant. Voilà le mot qui me vient à l'esprit à l'écoute de cet OMNI (Objet Musical Non Identitifé). Le trompettiste Arve Henriksen produit une sorte de musique ambiante qui fourmille de détails parfaitement maitrisés. Après une première écoute qui peut sembler un peu monolithique, on se rend compte en fait que cet album grouille de vie.

52. Avishai Cohen : Aurora (jazz)
Le grand contrebassiste Avishai Cohen, en état de grâce, compose des titres à la perfection formelle pour le moins impressionnante. Entouré de magnifiques musiciens, il les arrose ensuite de parties de basse à la beauté sidérante. Il s'essaye même au chant – avec réussite – sur de nombreux titres.

51. Mal Waldron : One More Time (jazz)
Dernier album de Mal Waldron, immense pianiste de jazz qui, de Billie Holiday à Archie Shepp en passant par Steve Lacy, a joué à peu près avec tout le monde. Ici pourtant, ce qui compte surtout, c'est lorsqu'il se retrouve seul face à son piano. Aux portes de la mort, il propose (entre autres) une version à chialer jusqu'à la sècheresse du sublime « All Alone ».

50. Masada : Live At Tonic (jazz)
John Zorn (saxophone alto) et son mythique quartet (Dave Douglas à la trompette, Greg Cohen à la contrebasse, Joey Baron à la batterie) donnent ici un concert de feu, où chaque solo est constamment inspiré, où chaque musicien semble doté du don de télépathie. Magistral!

49. Max Richter : The Blue Notebooks (electro)

48. Vinicius Cantuaria : Vinicius (world/Brésil)

47. ESG : Keep On Moving (electro-funk)

46. Otomo Yoshihide : Dreams (jazz)

45. Bebel Gilberto : Tanto Tempo (world/Brésil)
Premier essai pour la fille du grand João et coup de maître : cet alliage de bossa-nova et de musique électronique fait mouche à chaque coup. Une douce mélancolie s'installe petit à petit pour ne plus quitter l'auditeur qui en redemande. Le titre « August Day Song », irrémédiablement, m'emmène pour un voyage dans les tréfonds de mes souvenirs où je retrouve, pour un instant, les rêves de mes vingt ans.

44. La Musica Della Mafia : Il Canto Di Malavita (world/Italie)

43. Mike Ladd/Vijay Iyer : In What Language (rap-jazz)

42. Outkast : Stankonia (rap)

41. K'naan : The Dusty Foot Philosopher (rap)

40. Melingo : Maldito Tango (world/Argentine)
Du tango buriné! Melingo, sorte de Tom Waits des bas-fonds de Buenos Aires, enfile les perles de sa voix cassée, fatiguée. Il en fait trop parfois et c'est parfait : c'est exactement ça le tango!

39. Kanye West : 808s &Heartbreak (rap)

38. John Greaves : The Trouble With Happiness (jazz-vocal)

37. John Cale : Hobo Sapiens (rock)
Le lugubre John Cale sort son meilleur album de la décennie avec « Hobo Sapiens ». Il fait s'entrechoquer rythmes électronique, violon et instrumentation plus classiquement rock (guitare, basse, batterie). Là-dessus, il pose sa voix flippante, unique, entre paranoïa et folie (il faut écouter le terrifiant « Magritte »!). Ca peut fiche la trouille mais qu'est-ce que c'est bon!

36. Anja Garbarek : Briefly Shaking (pop)

35. Alain Bashung : Bleu Pétrole (chanson française)

34. Caetano Veloso : Noites Do Norte (world/Brésil)
Avec « Noites Do Norte », Caetano nous propose une sorte de best of qui ne contiendrait que des titres nouveaux. Tout est bon sur ce disque, véritable leçon de songwriting dont tous les petits jeunes devraient s'imprégner.

33. Rokia Traoré : Bowmboï (world/Mali)

32. Groundation : Here I Am (reggae)

31. Sophie Hunger : Monday's Ghost (folk)

30. Gnarls Barkley : The Odd Couple (pop-rock)

29. Vic Chesnutt : North Star Deserter (folk)

28. J Dilla : Donuts (rap)

27. Roy Hargrove : Hard Groove (jazz-nu-soul)

26. 16 Horsepower : Folklore (folk)
L'album le plus « roots » de 16 Horsepower, ainsi que le dernier. David Eugene Edwards, de sa voix de possédé, nous balance des ballades hallucinées. Ca ne rigole pas franchement, c'est même carrément sombre, ça nous confirme une fois de plus que le blues ou le folk primitifs peuvent être mille fois plus extrêmes que n'importe quel groupe de metal casse-burnes (au hasard).

25. Joe Henry : Tiny Voices (folk)
« Tiny Voices » se situe entre le folk et le jazz. Ce qu'il y a de fascinant ici, c'est la place que Joe Henry laisse aux improvisations au coeur même de ses morceaux. Ornette Coleman était déjà venu disperser quelques notes de saxophone bouleversantes sur le meilleur titre de l'album précédent, mais là c'est tout le disque qui atteint ce niveau. Hanté.

24. Magic Malik : Saoule (jazz)
Toujours plus de maîtrise pour le flûtiste-chanteur Magic Malik. Ce « Saoule » de 2008 contient non seulement un souffle libertaire de dingue, mais aussi des compositions enfin à la hauteur du talent du bonhomme. Cette musique aux excellentes vibrations devrait être remboursée par la sécu!

23. Amy Winehouse : Back To Black (soul)
« Back To Black », « Rehab », « You Know I'm No Good », « Me & Mr Jones » notamment sont des titres monstrueux, parmi les meilleurs de la décennie. Le reste – les frasques, la drogue, l'alcool – n'a que peu d'importance.

22. Bill Laswell/Jah Wobble : Radioaxiom – A Dub Transmission (dub)
Un superbe album bien sombre où la basse est mise en avant : les deux papes underground de la quatre cordes (Bill Laswell et Jah Wobble) croisent donc le fer sur ce disque cauchemardesque, véritable odyssée pour un lieu de fin du monde, dévasté, ravagé, disloqué. Un groove nauséeux nous accompagne tout au long de cet étrange périple.

21. Secret Chiefs 3 : Book Of Horizons (rock-metal)
De la surf-music au death-metal! Trey Spruance (leader de Secret Chiefs 3) ratisse de plus en plus large. Ce disque est une totale réussite : derrière une multitude de styles, il y a une véritable identité. Cet album a l'avantage d'être aussi créatif que du Mr. Bungle et de faire l'économie de la voix souvent insupportable de Mike Patton.

20. Spring Heel Jack : Masses (jazz-electro)
Le clash entre le (free) jazz et la musique électronique. C'est un véritable affrontement. Les instruments se cognent contre les machines, ça crisse, ça racle, ça pétarade puis tout à coup c'est quasiment de la musique ambiante. C'est un fascinant (et passionnant) voyage aux multiples couleurs et textures.

19. Meshell Ndegéocello : The World Has Made Me The Man Of My Dreams (nu-soul)
Une nouvelle merveille de la part de Meshell (qui ne sait faire que ça de toute façon). Ca groove à certains moments, c'est éthéré à d'autres, la voix est toujours terriblement sensuelle. Ce disque contient quelques passages un peu plus expérimentaux peut-être. Je retiendrai avant tout la ballade folk « Shirk » avec la chanteuse malienne Oumou Sangaré et les deux derniers titres, « Solomon » et « Relief : A Stripper Classic » qui nous emmènent direct dans la stratosphère.

18. Tom Waits : Blood Money (rock)
Sorti le même jour que « Alice », « Blood Money » est plus rythmé, plus rock que celui-ci. Il n'y a quasiment que des grands titres, je retiendrais personnellement la perfection de « All The World Is Green ».

17. Santogold : Santogold (pop-rock)
Cet album contient des tubes à la pelle. Chaque titre, à un moment donné, est devenu mon préféré de l'album. Ca mélange rock, reggae, soul, ska, new-wave, pop, funk, electro et j'en passe, ça représente merveilleusement ces années 2000 pour le moins débridées!

16. Azzddine : Massafat (world/Maroc)
Comment définir la musique de ce disque ? J'oserai ici le très pompeux ethno-trip-hop. Azzddine, musicien aveugle marocain, compose des titres folkloriques à la qualité mélodique évidente, sur lesquels viennent se greffer des bidouillages électroniques en tous genres. Sa voix habitée fait le reste. A noter que cet album est produit par le gourou Bill Laswell, qui distille ici et là (mais pas trop) ses lignes de basse poisseuses, limite glauques (ce qui n'est pas pour me déplaire).

15. Steve Coleman : Lucidarium (jazz)
On n'est pas là pour rigoler. Steve Coleman, accompagné par une vingtaine de musiciens de très haut vol, nous balance des titres complexes, barrés, cérébraux. Je conseillerai en priorité les écoutes du rappé « Egypt To Crypts In Hieroglyphs », tout en accélérations et décélérations, et surtout du monstrueux « Kabbalah », véritable cathédrale de groove à la beauté foudroyante.

14. Wayne Shorter : Beyond The Sound Barrier (jazz)
Imaginez un poteau. Entourez-le de quatre élastiques (qui représentent chacun les quatre instrumentistes du quartet de Wayne Shorter). A partir de là, chaque musicien, tout à tour ou en même temps, va tourner son élastique autour du poteau, va l’allonger à l’extrême limite de la rupture sans que jamais il ne casse cependant. La probabilité de se trouver deux fois exactement au même endroit est pratiquement impossible. Et pourtant les quatre musiciens, liés qu’ils sont à leur poteau commun, sont toujours en osmose. Ma métaphore est bien maladroite pour tenter d’expliquer ce que je ressens à l’écoute de ce disque live passionnant. Wayne Shorter (saxophones), Danilo Perez (piano), John Patitucci (basse) et Brian Blade (batterie) produisent une musique insensée, d’une liberté inouïe, d’une intensité affolante, d’une émotion quasiment palpable. C’est tellement subjuguant que l’on entend parfois le public rire de jouissance!

13. Erykah Badu : World Wide Underground (nu-soul)
Pas l'album de la Badu le plus connu, et pourtant c'est celui que je préfère (et de loin). J'adore ce mélange de rythmes électroniques (limite expérimentaux parfois) et d'instruments organiques, sans oublier la géniale voix gorgée de soul de la diva. Sept ans après sa sortie, des titres comme « Bump It », « I Want You » ou « Danger » continuent à tourner en boucle chez moi.

12. D'Angelo : Voodoo (nu-soul)
Le grand album nu-soul de la décennie. Celui que chacun essayera d'égaler en vain durant les neuf années qui suivront (l'album est sorti en 2000). Le son, les compos, la voix, tout est parfait sur ce disque. D'Angelo lui-même ne s'en remettra pas, plongeant dans la drogue peu après. La suite se fait malheureusement toujours attendre.

11. Jacques Coursil : Clameurs (jazz)
Jacques Coursil, après trente ans de silence (et après avoir joué, durant les années 60, sur quelques-uns des albums de free jazz les plus extrêmes), invite quelques poètes martiniquais à venir déclamer des textes sur l'esclavagisme. Dans les parties essentiellement instrumentales, il soliloque avec sa trompette, avec un son époustouflant, d'une pureté inouïe, qu'il a mis trois décennies à obtenir. Une contrebasse, quelques percussions viennent parfois le soutenir. C'est juste bouleversant.

10. Tom Zé : Jogos De Armar (world/Brésil)
Tom Zé est fou! Il invente ses propres instruments de musique, il bidouille tous les sons qui lui passent sous la main et compose, surtout, de petites vignettes passionnantes (car le bougre, comme la plupart des Brésiliens, compose des chansons comme l'on se mouche). Sur cet album du début des années 2000, le génial lutin nous balance une mini-symphonie de klaxons, sample des bribes de phrases « volées » à des mômes de rue atour desquelles il bâtit un titre bouleversant, et tant d'autres chose encore. C'est engagé et rempli d'humour.

9. Camille : Le Fil (chanson française)
Je l'ai usé jusqu'à la corde (jusqu'au fil), celui-ci. A peine plus d'une demi-heure de musique mais rien à jeter. Des titres comme « Assise », « Baby Carni Bird », « Pour Que L'Amour Me Quitte », « Vertige » et « Pâle Septembre » me touchent toujours autant. Et puis il y a une petite pointe de naïveté, d'imperfection sur celui-ci qui me plait tout particulièrement (et qui disparaîtra complètement sur le très pro et froid « Music Hole »).

8. Tom Waits : Alice (rock)
L'album le plus triste de Tom Waits. Après les chtarbés « Bone Machine » et « The Black Rider », après le presque trop sage « Mule Variations » (sortis dans les années 90), le vieux freak nous balance une série de ballades à crever de beauté. Sa voix est toujours plus rocailleuse, ses titres s'approchent toujours plus de la perfection. Le morceau « Alice » est peut-être ce qu'il a écrit de meilleur.

7. Zap Mama : Ancestry In Progress (nu-soul-world/RDC)
Le groove de la nu-soul associé la liberté de la world-music (de la République Démocratique du Congo plus précisément). Cet album est très positif, très chatoyant, ça fourmille de mots, de bruits de rue, de sons divers. Chaque est titre est un véritable bonheur. Et puis il y a la cerise sur le gâteau : ce « Bandy Bandy », duo entre Marie Daulne et Erykah Badu, que j'élis meilleur titre de la décennie!

6. Femi Kuti : Day By Day (afro-beat)
Quel chemin parcouru pour le fils du grand Fela Kuti. A chaque album, on a l'impression qu'il gravit un nouvel Everest. Celui-ci touche à la perfection : chaque titre a sa propre couleur, sa propre personnalité. Les paroles sont toujours aussi engagées, le groove est phénoménal et le son sidérant : on a l'impression de se faire écraser par un troupeau de rhinocéros en pleine course tellement les cuivres (notamment) sont puissants.

5. Meshell Ndegéocello : The Anthropological Mixtape (nu-soul)
L'album le plus engagé de Meshell. Son album le plus rap également. Il y a un souffle assez hallucinant sur celui-ci. Les titres s'enchaînent les uns aux autres, les parties de basse sont toutes plus inventives les unes que les autres. La belle voix grave de Meshell porte toujours les deux mamelles de la liberté en elle, à savoir la révolte et le sexe. A noter que le grand Gil Scott-Heron vient poser quelques mots douloureux sur un titre.

4. Antony And The Johnsons : I Am A Bird Now (pop-rock)
Celui-ci est un sommet d'émotion. La voix d'Antony semble hors sexe, hors temps, elle flotte parmi les instruments, insaisissable. S'il n'y avait que ça, ça serait déjà pas mal, mais les morceaux sont également tous d'une très grande qualité. Je citerai ici « Hope There's Someone », « For Today I Am A Boy », « Spiralling » et « Bird Gehrl ».

3. Outkast : Speakerboxxx/The Love Below (rap)
Celui-ci est un double CD, l'un composé par Big Boi, l'autre par Andre3000, les deux membres d'Outkast. Le premier est un excellent album de rap, assez classique, je n'ai pas grand-chose à ajouter. Le deuxième, par contre, est une véritable partouze musicale! Andre3000 fait s'entrechoquer rap, jazz, soul, funk, rock, pop, country, musiques électroniques dans une véritable orgie sonore. Chaque titre est une véritable perlouze. Il faut bien sûr TOUT écouter, mais avant tout cette reprise complètement maboule du « My Favorite Things » de John Coltrane.

2. Common : Be (rap)
« Be » est un album simple, direct (aucun interlude) et soulful en diable. Le flow et les lyrics de Common sont à leur sommet, Kanye West à la production n'est pas encore dans ses délires electro. Tous les titres sont énormes, du merveilleux « Be (Intro) » à la contrebasse au génial « It's Your World (Part 1 & 2) » qui se termine dans le calme et la volupté avec quelques notes de piano et la belle voix grave du maestro qui vient nous chuchoter quelques dernières phrases à l'oreille. Outre les deux titres cités, « Go! », « Faithful », « Chi-City », « Real People » et « They Say » ont ma préférence. Peut-être l'album que j'ai le plus écouté cette décennie.

1. Alfredo Triff : 21 Broken Melodies At Once (world/Cuba)
Le voilà donc, mon album de la décennie. Alfredo Triff est assez méconnu malheureusement, c'est un violoniste cubain, et il a sorti, en 2001, cet ovni dont je ne me suis jamais remis. Ce disque est une sacrée expérience. Chaque titre a sa propre couleur, sa propre texture. En quelques secondes, on passe d'une musique limite bruitiste à une musique quasi ambiante. Les instruments se marient admirablement (on entend le violon bien sûr, mais aussi beaucoup de percussions, une basse ici ou là, un saxo de temps à autre et une voix, sur quelques titres, sensuelle en diable, que l'on doit à une dénommée Xiamara Lougart). Le son du disque est peut-être ce qu'il y a de plus fascinant : tour à tour, on a l'impression qu'Alfredo Triff et sa clique jouent dans notre oreille, à d'autres qu'ils s'éloignent toujours plus loin jusqu'à disparaître. Il y a aussi des collages parfois, qui rajoutent à l'atmosphère onirique et étrange de ce disque (qui me rappelle parfois les films de Lynch). Bref je crois que je vais m'arrêter là, le mieux c'est encore d'écouter cette merveille (encore faut-il la trouver).
Fade Out
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Message par Fade Out »

edogawa tu es complètement dingue... de musique, et c'est pour ça qu'on t'aime. :P
J'imagine même pas le temps que tu as du consacrer à ce top.

Bon je m'en vais de ce pas écouter certains des artistes que tu cites et qui m'intriguent. Et aussi ce que conseillent les autres. j'aime beaucoup ce topic qui est ma petite session de rattrapage musical de l'année :P
captain
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Message par captain »

OFF-Topic :
mode chiant :

la décennie n'est PAS finie.

on compte de 1 à 10, pas de zéro à neuf ! on changera de décennie en 2011 !
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