On a beau être un routard du C.O....
On a beau être un routard du C.O....
Non, j'exagère, mais des CO j'en ai fait pas mal : toute ma famille, tous mes amis, presque tout mon village, j'en suis très heureux....
Restait un point noir : les collègues au Lycée. Je ne sais pas pourquoi ça bloquait.
Le prof de mécanique est un type assez extraordinaire, très débonnaire et nous avons sympathisé (d'abord à l'occasion d'un projet commun, puis sans). Alors, il y a deux mois, j'ai vraiment eu envie qu'il sache, parce que devenant un ami, ça me permettait de casser cette vitre infernale : cacher ma "nouvelle" homosexualité" (surtout que la plupart des profs ont vu mes enfants naître, donc c'est très facile !) au travail. Peur que les élèves l'apprennent, qu'il faille gérer la situation...(l'expérience de tkf ne m'a pas vraiment encouragé !)
Bref, je me décide, et très malin, je décide de l'inviter manger à la maison, comme ça, je serai bien obligé de lui dire avant qu'il ne le découvre sur place !
Et là, le sort s'acharne, me torturant de façon machiavélique : impossible de trouver une date (sa femme est quiropractice et bonjour le temps libre !) enfin, quand on en trouve une, on s'aperçoit un peu plus tard que c'est le samedi des portes ouvertes du Lycée, puis encore une décommande... Et l'angoisse commence à naître, teintée de paranoïa genre : "et s'il n'avait pas vraiment envie ???"
Enfin, la semaine dernière, on fixe une date, je tente de me lancer dans la foulée, les élèves sont dans le couloir, je flippe et ... Je reste bloqué, muet !
Je le revois une deuxième fois, mais là encore, bloqué ! Très en colère contre moi-même, je commence à paniquer : je ne voudrais pas qu'il découvre mon copain comme ça, à chaud (c'est arrivé à un couple ami et j'ai senti le malaise de la surprise : donc plus jamais ça !).
Ce matin, je vais le voir pour préciser mon adresse et la salle des profs d'atelier était remplie. Mais j'étais au pied du mur, et je trouve la ruse 124bis : "t'as un papier et un crayon ?" ce qui nous oblige à nous isoler dans l'atelier. Ouf ! Je lui explique le chemin, et collé à la dernière phrase :" Ah et puis je préfère te prévenir : j'ai refait ma vie avec un homme."
Ca y est je l'ai dit, ça y est je l'ai dit ça y est je l'ai dit !
Et puis un malaise comme une peur stupide de le décevoir ! Merde ! Toujours pas débarassé de cette sorte de culpabilité à la con !!!!
Et lui :" Oui, et alors ???"
C'est beau la vie, non ?
Restait un point noir : les collègues au Lycée. Je ne sais pas pourquoi ça bloquait.
Le prof de mécanique est un type assez extraordinaire, très débonnaire et nous avons sympathisé (d'abord à l'occasion d'un projet commun, puis sans). Alors, il y a deux mois, j'ai vraiment eu envie qu'il sache, parce que devenant un ami, ça me permettait de casser cette vitre infernale : cacher ma "nouvelle" homosexualité" (surtout que la plupart des profs ont vu mes enfants naître, donc c'est très facile !) au travail. Peur que les élèves l'apprennent, qu'il faille gérer la situation...(l'expérience de tkf ne m'a pas vraiment encouragé !)
Bref, je me décide, et très malin, je décide de l'inviter manger à la maison, comme ça, je serai bien obligé de lui dire avant qu'il ne le découvre sur place !
Et là, le sort s'acharne, me torturant de façon machiavélique : impossible de trouver une date (sa femme est quiropractice et bonjour le temps libre !) enfin, quand on en trouve une, on s'aperçoit un peu plus tard que c'est le samedi des portes ouvertes du Lycée, puis encore une décommande... Et l'angoisse commence à naître, teintée de paranoïa genre : "et s'il n'avait pas vraiment envie ???"
Enfin, la semaine dernière, on fixe une date, je tente de me lancer dans la foulée, les élèves sont dans le couloir, je flippe et ... Je reste bloqué, muet !
Je le revois une deuxième fois, mais là encore, bloqué ! Très en colère contre moi-même, je commence à paniquer : je ne voudrais pas qu'il découvre mon copain comme ça, à chaud (c'est arrivé à un couple ami et j'ai senti le malaise de la surprise : donc plus jamais ça !).
Ce matin, je vais le voir pour préciser mon adresse et la salle des profs d'atelier était remplie. Mais j'étais au pied du mur, et je trouve la ruse 124bis : "t'as un papier et un crayon ?" ce qui nous oblige à nous isoler dans l'atelier. Ouf ! Je lui explique le chemin, et collé à la dernière phrase :" Ah et puis je préfère te prévenir : j'ai refait ma vie avec un homme."
Ca y est je l'ai dit, ça y est je l'ai dit ça y est je l'ai dit !
Et puis un malaise comme une peur stupide de le décevoir ! Merde ! Toujours pas débarassé de cette sorte de culpabilité à la con !!!!
Et lui :" Oui, et alors ???"
C'est beau la vie, non ?
Comment çà mon expérience t'as découragé ? Qu'est-ce qu'il y a de décourageant dans mon expérience ? Il y a bien quelques moments où c'est un peu chaud (avec certains élèves que je ne connais pas en général, les miens pas de problèmes), mais sinon pas de problème, c'est cool, et avec les collègues génial. Tu peux précisez ce qui t'as découragé dans mon expérience ?
Je n'étais déjà pas très chaud, et dans ton histoire (remets peut-être le lien) tout se passe bien au début, et puis les difficultés arrivent doucement puis s'accumulent et on sent que tu as eu une période un peu chaude comme à la barre d'un navire chahuté, même si tu t'en es sorti avec brio et sérénité. Bref, je m'en sentais pas capable !tkf a écrit :Comment çà mon expérience t'as découragé ? Qu'est-ce qu'il y a de décourageant dans mon expérience ? Il y a bien quelques moments où c'est un peu chaud (avec certains élèves que je ne connais pas en général, les miens pas de problèmes), mais sinon pas de problème, c'est cool, et avec les collègues génial. Tu peux précisez ce qui t'as découragé dans mon expérience ?
ok, je viens de relire le topic enseignement et homosexualité (partie débat) pour essayer de comprendre tes appréhensions. J’imagine que c’est ce que j’ai dit p. 11 et 12 qui t’as refroidi. Mais bon, çà reste assez isolé, c’était un élève qui posait problème (et encore, même pas réellement frontalement), lié a deux incidents, mais qui ne doivent pas être généralisé. D’ailleurs, honnêtement, je n’y pensais même plus avant de relire ce topic, c’est dire si finalement cela m’a marqué que momentanément.
Et puis, tu sais, çà fait un an que ce topic n’a pas reçu de nouveau post, et pourtant il s’en est passé des choses depuis (tiens, d’ailleurs, ton post correspond à ce topic qui aurait mérité de remonter pour le coup avec ta contribution). C’est vrai que je participe moins au forum en ce moment, je viens plus pour jouer maintenant (c’est pour cela que je ne participe plus aux conseils aux forumeurs en détresse).
Je sais que cela fait des mois que je dis que je dois faire un compte rendu de ce qui se passe dans mon collège, notamment avec mon cours sur l’homophobie avec une classe très réactionnaire, religieuse, musulmane, et au début homophobe (mais pas fait, par fainéantise). Faut vraiment que je le fasse finalement pour montrer les aspects positifs car vraiment j’ai gagné le respect de ces élèves avec mon coming-out auprès d’élèves homophobes, et d’ailleurs avec eux désormais j’ai moins de problèmes. On ne peut absolument pas parler de cumulation de faits négatifs (malgré ce que peut laisser penser mes propos datant d’un an) ni de débordements.
Bon, je ne dis pas que c’est idyllique : mon collège est devenu très chaud cette année, avec un pic en février, a tel point qu’on a tellement menacé de faire grève qu’on a obtenu une demi-journée banalisée pour parler de tous les problèmes, alors que l’inspection académique ne voulait rien lâcher (C’est pour cela d’ailleurs qu’on est très mobilisé dans les grèves en ce moment, on a été parmi les premiers à le faire dans notre bassin et on a progressivement embarqué les autres établissements avec nous hi hi). C’était une montée des violences et de l’incivilité, des perturbations, et une progressive montée de l’insécurité (réelle et/ou ressentie). A ce moment là je me suis fais traité de pd trois ou quatre fois par des élèves inconnus que j’étais incapable d’identifier parce que je les délogeais du couloir ou des escaliers qu’ils squattent pendant les heures de cours (eh oui, on est même en ce moment obligé de faire le boulot de surveillants). Mais c’était un mouvement général de montée de l’irrespect envers tous les adultes du collège (voir provocation physique – ils ont de moins en moins peurs ces marmots). Moi j’avais droit à pd parce qu’ils savaient pour moi, c’est tout. Si cela n’avait pas été pd, cela aurait été une insulte raciste. C’est dingue d’ailleurs, je n’avais jamais été victime de racisme ou d’homophobie avant d’enseigner là-bas (alors qu’ils se plaignent aussi du racisme
). Mais bon, cela s’est calmé depuis. C’était très lié à l’ambiance du collège (d’ailleurs, en ce moment on n’arrête pas de faire des conseils de discipline pour essayer de calmer tout çà tant bien que mal).
Je t’assure que le côté positif l’emporte très largement sur le côté négatif, assez isolé en fait.
N'ayez pas peur les enfants, faites votre C.O
Et puis, tu sais, çà fait un an que ce topic n’a pas reçu de nouveau post, et pourtant il s’en est passé des choses depuis (tiens, d’ailleurs, ton post correspond à ce topic qui aurait mérité de remonter pour le coup avec ta contribution). C’est vrai que je participe moins au forum en ce moment, je viens plus pour jouer maintenant (c’est pour cela que je ne participe plus aux conseils aux forumeurs en détresse).
Je sais que cela fait des mois que je dis que je dois faire un compte rendu de ce qui se passe dans mon collège, notamment avec mon cours sur l’homophobie avec une classe très réactionnaire, religieuse, musulmane, et au début homophobe (mais pas fait, par fainéantise). Faut vraiment que je le fasse finalement pour montrer les aspects positifs car vraiment j’ai gagné le respect de ces élèves avec mon coming-out auprès d’élèves homophobes, et d’ailleurs avec eux désormais j’ai moins de problèmes. On ne peut absolument pas parler de cumulation de faits négatifs (malgré ce que peut laisser penser mes propos datant d’un an) ni de débordements.
Bon, je ne dis pas que c’est idyllique : mon collège est devenu très chaud cette année, avec un pic en février, a tel point qu’on a tellement menacé de faire grève qu’on a obtenu une demi-journée banalisée pour parler de tous les problèmes, alors que l’inspection académique ne voulait rien lâcher (C’est pour cela d’ailleurs qu’on est très mobilisé dans les grèves en ce moment, on a été parmi les premiers à le faire dans notre bassin et on a progressivement embarqué les autres établissements avec nous hi hi). C’était une montée des violences et de l’incivilité, des perturbations, et une progressive montée de l’insécurité (réelle et/ou ressentie). A ce moment là je me suis fais traité de pd trois ou quatre fois par des élèves inconnus que j’étais incapable d’identifier parce que je les délogeais du couloir ou des escaliers qu’ils squattent pendant les heures de cours (eh oui, on est même en ce moment obligé de faire le boulot de surveillants). Mais c’était un mouvement général de montée de l’irrespect envers tous les adultes du collège (voir provocation physique – ils ont de moins en moins peurs ces marmots). Moi j’avais droit à pd parce qu’ils savaient pour moi, c’est tout. Si cela n’avait pas été pd, cela aurait été une insulte raciste. C’est dingue d’ailleurs, je n’avais jamais été victime de racisme ou d’homophobie avant d’enseigner là-bas (alors qu’ils se plaignent aussi du racisme

Je t’assure que le côté positif l’emporte très largement sur le côté négatif, assez isolé en fait.
N'ayez pas peur les enfants, faites votre C.O
Bon ben moi je dirais juste félicitations zphyr.
Et oui, on a beau être un "vieux routard" du CO, les appréhensions sont toujours là au moment d'en faire un
- surtout quand c'est auprès de personnes que l'on apprécie ou qui comptent particulièrement pour nous.
Et en plus ça s'est très bien passé, donc je suis ravi pour toi
.
Et oui, on a beau être un "vieux routard" du CO, les appréhensions sont toujours là au moment d'en faire un

Et en plus ça s'est très bien passé, donc je suis ravi pour toi

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- Messages : 2112
- Inscription : lun. août 13, 2007 12:42 pm
Et ben tiens ! Je sais pas si c'est l'effet GP, mais hier, à la réunion de la préparation de la rentrée scolaire on a monté un projet d'information et de lutte contre les discriminations et on parlait de l'homophobie (c'est moi qui m'en charge, figurez-vous ! Sur les traces de tkf ! Dans pas longtemps, tout Cosne-sur-Loire va savoir que j'ai viré ma cutie Qu'elle est con cette expression ! )
Et là un prof d'électricité très sympa, me branche dessus ("Ah bon ? Il y a beaucoup de jeunes homos qui se suicident ?") comme c'était la fin de la réunion, innocement je le pousse un peu dans le couloir et quand nous fûmes seuls, je lui dit :
"-Tiens, puisqu'on en parle, moi je le suis devenu !"
- devenu.. homo ?
-Ouais ! (grand sourire)
-Ben dis-donc, tu le vis super-bien ! Mais comment tu fais dans la Nièvre ?"
Là j'apprend que ses voisins du Cher (on est à la frontière) eux m'auraient accueilli à coup de fusil !
Et de deux ! Mais c'était facile, ce coup-là ! Aucune émotion genre marteau-pique-coeur ! Tout simple !

Et là un prof d'électricité très sympa, me branche dessus ("Ah bon ? Il y a beaucoup de jeunes homos qui se suicident ?") comme c'était la fin de la réunion, innocement je le pousse un peu dans le couloir et quand nous fûmes seuls, je lui dit :
"-Tiens, puisqu'on en parle, moi je le suis devenu !"
- devenu.. homo ?
-Ouais ! (grand sourire)
-Ben dis-donc, tu le vis super-bien ! Mais comment tu fais dans la Nièvre ?"
Là j'apprend que ses voisins du Cher (on est à la frontière) eux m'auraient accueilli à coup de fusil !
Et de deux ! Mais c'était facile, ce coup-là ! Aucune émotion genre marteau-pique-coeur ! Tout simple !
