J'ai 23 ans. A cet âge, je devine que je dois être dans le « passage » étroit de l’adolescence juvénile à l’âge adulte. Et ce passage, chacun de nous doit l’effectuer seul. Il s’agit pour moi de confronter le monde idéal que je me suis construite au cours des étapes préalables de mon évolution, au monde réel qui me fait brutalement face. Ce passage est un véritable parcours initiatique dans lequel je dois abandonner mes anciens repères pour m’en approprier de nouveau, qui me sont encore inconnus.
Il y a trois ans, soit quelques jours après mon vingtième anniversaire, une rencontre inattendue a bouleversé ma vie ! Il n’a fallu que quelques secondes pour que tout bascule et que ma vie emprunte un autre chemin. Une histoire qui a semé le doute en moi et aujourd’hui encore je n’ai de réponse à la seule et unique question qui me hante chaque jour « Suis-je une femme qui aime les femmes ? ».
Un regard a suffit pour tomber complètement amoureuse d’elle. J’ai appris à la connaitre depuis, mais malheureusement cet amour impossible et non-réciproque n’a donné suite aux espérances que je m’étais donné. Elle est la seule à savoir dans ce monde… ou presque !
Je crois que tout le monde sait que je suis lesbienne, non pas par les stéréotypes physique puisque je ne suis pas dans la caricature de la lesbienne « rainbow » mais plutôt la lipstick de base qui se fond dans la masse. Mais je crois bien que mes attitudes m’ont trahi depuis bien longtemps. Ma famille, mes amis, mes parents savent !
Je devrais pouvoir m’assumer pleinement non ? Je suis consciente de la chance que j’ai d’avoir des parents ouverts d’esprit et prêt à accepter avant que moi-même je ne m’accepte. Ma mère me l’a encore redit il y a tout juste un an « Tu sais si tu venais à aimer une fille, tu me le dirais hein ? » et moi comme une pauvre lesbienne refoulée je lui réponds en souriant « Mais maman pourquoi tu me dis ça, je suis hétéro !!! ». Trop nulle, je suis trop nulle !! En fait je me mens à moi-même sans cesse… c’est dingue !
Depuis que j'ai découvert que je n'étais pas complètement Hétéro enfin… je dois même le dire que je n’étais pas du tout hétéro, mais loin de moi à l'idée de confirmer, de tenter, je crois que j'ai trop de fierté et beaucoup trop peur pour me montrer du coup je me suis barricadée à un point vous ne pouvez même pas vous imaginez.
D'un côté, il y a cette crainte d'être jugée, que les gens de mon entourage ne comprennent pas après l’avoir tant caché et de l'autre, c'est moi. Oui en fait le vrai problème dans tout ça c’est MOI !!!
Mon entourage est en partie gay, mes meilleurs amis le sont, la plupart de mes collègues aussi (90% de mecs). Vous pouvez me voir chaque fin de semaine dans le Marais, dans des boîtes gays parisiennes… j’ai une véritable culture gay donc je connais assez les problèmes que certains homosexuels peuvent rencontrer. Moi je n’ai pas tous leurs problèmes et j’arrive à être malheureuse, c’est frsutrant. Aux yeux de tous je reste l'hétéro gay-friendly (un peu lesbienne sur les bords certes !). Je m’invente une vie d’hétéro affirmée, je joue à la jeune fille de 23 ans recherchant son beau prince charmant mais avec du recul je remarque qu’il manque une chose essentielle à ma vie. Une paire de couilles pour oser dire tout haut ce que je pense très fort tout bas. J’ai tellement l’habitude de laisser des fausses pistes un peu partout et de bien gérer mon image que je pense éloigner les doutes de mon entourage, même les plus proches.
Mais souvent la vérité me rattrape et le soir quand je rentre chez moi, la honte et la tristesse s’empare de moi. Je n’ose pas enfin crier qui je suis, J’AI PEUR PUTAIN !
J'ai compris il y a peu de temps que là où est caché mon bonheur, c'est dans le cœur d'une fille qui ne viendra peut-être jamais si je continue à ne pas m'accepter. En fait pour le moment, je crois que je suis en mode frustrée refoulée, incapable de s'accepter telle qu'elle. Je crois aussi que le blocage vient du fait que je sois encore très amoureuse de cette fille. Trois ans d’attente, d’espoir, de souffrance… Il faut que je tourne vite la page et le jour ou je tomberai amoureuse d’une fille qui m’aime pour ce que je suis, je pense que le déclic se fera à ce moment là… La seconde chose qui me bloque je pense, c’est l’acceptation dans le milieu dans lequel je travaille. Le milieu professionnel me fait énormément peur. J’ai des craintes je ne sais pourquoi…. j'ai peur, j'ai peur, j'ai peur !
Voilà vous savez tout de moi
Je suis une fille qui aime les filles ! Tout le monde le pense… mais rien d’officialisé !