pfioulàlà.bon.
Déjà, merci pour vos réponses
Vous semblez tous être d'accord sur le fait qu'elle s'en doutait, ce qui pour moi n'était pas concevable. Je ne pense pas qu'elle pouvait réellement s'en douter, mais c'est sûr que l'idée l'avait déjà effleurée, d'où ce manque de surprise de sa part.
Après, au moment où j'ai sorti la phrase fatidique, j'étais plus en train de me dire "rolala-c'est-pas-vrai-je-suis-en-train-de-dire-ça-moi" que d'épier son visage et ses réactions, donc j'ai très bien pu manquer un petit éclair de surprise dans ses yeux. Mais peut-être aussi qu'il n'y a eu aucun éclair de surprise. Bref.
Zeish a écrit :une solution légerement, disons..brute, mais qui marcherait dans ma famille où l'on ne communique pas du tout non plus, serait d'à partir de maintenant, prendre pour acquis qu'elle le sait, et ne pas "reengager la conversation", simplement en parler aussi normalement que possible, sans prendre de pincettes.
J'y ai pensé, mais je ne crois pas que j'en suis capable. C'est vrai que c'est un bon moyen pour ne pas avoir à stresser à nouveau quand je voudrai reprendre cette conversation qui n'a jamais vraiment commencé, mais je ne me vois pas du tout faire comme si de rien n'était, comme si la conversation avait vraiment eu lieu. Je crois que justement ce serait l'occasion pour elle de se braquer complètement, et pour moi de m'énerver.
lulu galipette a écrit :A ta place, je prendrais le tout avec philosophie, et je conclurais, "ha ben... ok. Je n'ai pas besoin de plus que cette acceptation neutre et implicite pour faire mon chemin dans la vie et vivre heureuse comme je l'entend"
Je ne sais pas vraiment d'où vient ce manque de communication dans ma famille, mais ce qui est sûr c'est que ça doit être génétique!
Mon oncle, le frère cadet de ma mère, qui est gay lui aussi, est exactement dans cette situation. Il n'a jamais fait de CO (ce que je n'ai appris qu'il y a peu, j'avais toujours été persuadée que tout était clair le concernant), et pourtant tout le monde sait qu'il habite avec un mec, et qu'ils sont ensemble. Lui a toujours plus ou moins nié, parlant de son "coloc" plutôt que de son copain, alors que presque toute la famille a déjà été chez lui et vu qu'ils ne possèdent qu'une seule chambre avec un lit double! Mais rien de concret n'a finalement été dit.
Au final on ne voit presque jamais son copain car il ne se sent pas à l'aise dans la famille, même s'il n'a jamais été rejeté, et on évite concienscieusement de parler d'eux.
Je ne veux pas que ça se passe comme ça pour moi. C'est vrai, c'est ma vie, après tout je vois pas pourquoi je devrais faire des grands discours pour la mettre à plat devant tout le monde, mais maintenant que j'ai fait un pas en avant, je ressens quand même le besoin de continuer à avancer.
Même avant de recevoir cette réaction de ma mère, j'appréhendais vraiment de lui en parler, et si je savais que de toute façon sa réaction n'allait pas être de me prendre dans ses bras en me disant que ça ne changeait rien pour elle et qu'elle m'aimait toujours autant, c'est que je connais ses positions par rapport à l'homosexualité. Elle n'est pas homophobe, loin de là. Elle respecte les gays, s'insurge devant des propos homophobes, côtoie pas mal de trans dans son boulot (elle est endocrinologue), et ça ne lui pose aucun problème (encore heureux vous me direz).
Mais.
Elle est très élitiste. Extrêmement élitiste même. Et je pense que pour elle, avoir une fille lesbienne va à l'encontre de son code "mes enfants = les meilleurs du monde". Et mes réticences à avoir des conversations sérieuses avec elle viennent probablement de là aussi. Il faut quand même mentionner le fait qu'en 5e je m'étais cachée au fond du jardin parce que je n'osais pas lui dire que j'avais eu 12 à mon devoir commun de maths! Et plus récemment, quand je me suis aperçue à la fin de mon année d'hypokhâgne que la khâgne ne m'intéressait pas, que je savais ce que je voulais faire et que je préférais aller à la fac, j'ai mis des jours avant d'oser lui en parler.
Je pense donc qu'elle a fait comme si elle n'avait rien entendu pour préserver en quelque sorte l'image qu'elle a de moi. Elle veut continuer à croire que je suis "parfaite" (ce qui est loin d'être le cas, mais comme je ne lui dit rien ou presque de ma vie, elle ne peut pas le savoir), et ne pas avoir à se poser de questions.
Donc oui Védra, je pense que j'ai énormément de choses à dire à ma mère. Des choses que je suis sûrement incapable de dire à l'oral. Enfin ça c'est pas nouveau, je suis bloquée de la parole, je ne sais absolument pas m'exprimer à l'oral, même si ça ne se voit peut-être pas au premier abord.
Je pense que je vais peut-être essayer l'idée de la lettre. Bien sûr que j'ai envie que ma mère finisse par bien le prendre, qu'elle me dise que ça change rien, et qu'au final je puisse ramener hybride chez mes parents sans que ça pose problème. Mais d'abord j'ai l'impression que j'ai besoin de me libérer moi. C'est égoïste, c'est vrai. Mais je suis une sale égoïste
et j'ai envie de pouvoir dire tout ce que j'ai à dire sans risquer d'être interrompue au milieu ou de faire un blocage comme ça m'arrive si souvent.
Après c'est vrai, rien ne me dit que ça marchera mieux, et j'ai quand même encore le risque que la lettre ne la sorte pas de son mutisme. Et là j'avoue que je ne saurais pas comment réagir...