Une gaypride à San Francisco
Par Shael Neih, le
À peine arrivé à l'aéroport international de San Francisco, à peine descendu de l'avion, je file droit vers les guichets où, suite à une attente d'une vingtaine de minutes, une personne me demande la feuille verte complétée. Elle l'observe, me pose quelques questions "deux mois ici, pour quoi faire ?". Un peu agressive la nana, je garde mon calme, mon sang-froid "I'm here in order to improve my english level". Un peu inquiète, elle m'ordonne de montrer mon billet de retour. Quelle paranoïa !
Bref, j'arrive enfin à sortir de ce petit bordel pour arriver enfin à l'endroit où nos bagages arrivent. Grâce à des étiquettes supervisibles, je les retrouve en deux clins d'oeils et sort en courant de cette station infernale. Mon amie, accompagnée par son mari s'approchent de moi, me souhaite la bienvenue. "Enfin sur le territoire !". Après plus de 15h de transports, un gros stress à l'aérogare de Franckfort, le bien-être m'envahit ! Et pourtant, ma tronche carrement détruite par les deux coups en atmosphères, laisse transpirer les pores de peau d'une sueur encore inconnue aujourd'hui !
Bref, direction la maison, direction la douche, direction ensuite San Francisco. En deux clacs, nous rejoignons la gaypride, en deux clics nous sommes dans la foule. L'heure ? Il est 15h ... les chars commençaient le matin pour se terminer aux alentours de midi. Les journaux locaux parlent d'un réel succès, d'une démonstration de la puissance homosexuelle, et surtout de son besoin de s'exprimer. Un bon point pour eux. Le San Francisco Chronicles a d'ailleurs préparé durant toute la semaine le terrain pour son article "gay will win" !
Une fois arrivés sur place, nous trouvons de tout : des personnes habillées en cuir, d'autres complètement nues, des punks, des hippies, et aussi ... des européens venus assister aux différentes représentations ! Car oui, la gaypride à San Francisco ne se regroupe par autour que d'un seul et unique concert mais plutôt autour d'une dizaine dispatchée dans les différentes rues perpendiculaires, parallèles. Tout le monde semble s'amuser, prendre du plaisir, c'est un peu ça la GayPride là-bas, la fierté d'être naturellement gay a finalement investi l'intégralité de la ville qui sous la musique des concerts s'anime d'un mouvement humain.
La partie la plus émouvante fut la fin du défilé de mode (vous m'excuserez l'omission des noms / prénoms, n'ayant pas dormi plus de 48h, il m'est incapable de m'en souvenir), un député a marié la styliste à sa femme. Un bisous de lesbiennes pour couronner le tout de la gaypride suivi par de la musique type house histoire de bouger le corps.
J'avoue que pour une première gaypride j'ai aimé, j'ai même adoré. En dansant comme un fou, un homme typé africain (j'aime pas le côté "raciste du terme", sachez juste que je ne pense pas à une discrimination au contraire !) s'est approché de moi. Nous nous sommes amusés ensemble, faisant des mimiques, adoptant différentes expressions faciales. Oui, je me suis amusé comme un fou, spécialement avec lui. Il avait cet allure, ce petit côté "je veux jouer" assez intéressant. Il enlevait ses lunettes, j'enlevais les miennes, on se regardait dans les yeux, mes mains effectuait un "non" qui s'accompagnait du son de la bouche. Alors, il changeait son expression en une autre histoire de montrer sa surprise. Intéressant le garçon. Dommage, je n'avais pas encore de téléphone à l'époque (une vraie arnaque, vous payez aussi lorsqu'une personne vous appelle).
J'avoue que pour une fois, et pour une fois seulement, je suis fier d'être gay. Pourquoi ? Tout simplement parce que je fais partie d'une différence qui fera grandir ce monde.
Reversible ?