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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les asexuels

Par Prométhée, le

C’est quoi un asexuel ?

Il n’existe pas de définition exhaustive de l’asexualité, il y a à peu près autant de manières de vivre son asexualité qu’il y a d'asexuels. Le seul point commun qu’il y a entre les asexuels, c'est que nous ressentons pas d’attirance sexuelle pour les autres.

Attention cela ne veut pas dire que les asexuels sont incapables d’aimer ou d’être attirés par quelqu’un. Il peut s’agir d’une attirance intellectuelle, sentimentale, esthétique, une envie de mieux connaître une personne, de partager ses expériences, passer du temps ensemble… tout sauf une envie de sexe. Pour la plupart des gens, exprimer son amour requiert l'usage du sexe. Les asexuels ne font pas ce lien entre l'amour et le sexe. Ils ressentent qu'ils peuvent montrer leur amour et partager leur intimité sans aucune activité sexuelle.

Être asexuel ne veut pas dire non plus que l’on est pas capable d’avoir des relations sexuelles. Pour la plupart d’entre nous tout fonctionne très bien. Nous pouvons ressentir du plaisir dans l’acte sexuel mais nous n’en avons pas envie. Ce plaisir ne nous fait pas plaisir si vous voulez… Certains se masturbent, d’autres pas, mais la masturbation se fait alors de manière mécanique, sans penser à rien de particulier. Comme pour tout le monde c’est moyen de libérer certaines tensions.

Cela ne signifie pas non plus que l’on a peur du sexe ou que l’on en est dégoûté, la plupart des asexuels ont une attitude tout à fait neutre à propos du sexe. Pour nous le sexe c’est un peu comme se brosser les dents, ce n’est ni un plaisir ni une corvée, si il faut le faire alors on le fait.

Contrairement à l’abstinence, l’asexualité n’est pas un choix. Innée ou acquise, elle s’est imposée à nous de la même manière que votre attirance pour les hommes ou les femmes. Nous ne ressentons donc pas de frustrations, nous n’avons aucuns manques. Cependant c'est un mythe de penser qu'il existe une supériorité des asexuels parce qu'ils sont libres et ne sont pas "distraits" par de l'attirance sexuelle, leur libido ou leur sexualité. Les asexuels ne sont pas meilleurs ni pires que les autres personnes, ils sont seulement différents.

Les asexuels sont peu nombreux, les rares études qui ont été faite tendent à montrer que cela concerne entre une personne sur cent et une personne sur mille. Personnellement, de ce que j’ai pu observer, j’aurais tendance à dire que c’est encore moins.

Les orientations.

Bien qu’il n’y ai pas d'attirance sexuelle, certains asexuels ressentent une attirance sentimentale qui peut être dirigée vers chacun des deux sexes ou les deux. Quelques asexuels s'identifient donc comme des asexuel(le)s gay ou lesbiennes, tandis que d'autres s'identifient comme hétéro asexuels. D'autres se fichent du sexe de leurs partenaires potentiels, et d'autres encore ne sont intéressés par des relations sentimentales avec personne.

Il est intéressant de noter que la proportion de personnes bi ou homo chez les asexuels semblent être plus grande que chez les autres (les sexuels). Peut être que le fait d’être asexuel permet de contourner les tabous relatifs aux orientations qui existent encore dans notre société.

Les relations avec les autres.

Pour être honnête, ce serait mentir de dire que tous les asexuels le vivent bien. Beaucoup ont peur de vivre seul à cause de leur asexualité. Du fait de la faible proportion d'asexuels, il est rare de trouver la personne qui nous correspond parmi les asexuels. Bien entendu, il est possible d’imaginer une relation entre un sexuel et un asexuel mais la tension entre les attentes du partenaire sexuel et les besoins du partenaire asexuel peut être difficile à gérer dans certaines relations, et beaucoup d'asexuels considèrent la réussite d'une telle relation si peu probable qu'ils préfèrent totalement éviter de sortir avec des sexuels. Mais de telles relations mixtes réussies existent. Certaines sont complètement dépourvues de sexe, dans d'autres la personne asexuelle fait des "compromis" en ayant des relations sexuelles pour faire plaisir à son partenaire. Dans d'autres cas, les deux partenaires expérimentent un comportement plus ou moins sexuel et trouvent ce qui marche pour eux. Comme dans tout problème de compatibilité, la clé est d'établir une excellente communication, de façon à ce que les deux partenaires sachent et respectent la situation de l'autre.

Les asexuels peuvent être plus que de "simples amis" et même être plus proches que des amants. Les relations asexuelles sont une 'table rase'. Il n'y a aucune règle dictant comment l'amour non sexuel est exprimé. Beaucoup d'entre nous pensent que leurs relations sont en dehors de notre culture. C'est à nous qu'il appartient de créer les mots pour décrire nos liens avec les autres. Il n'est pas simple de définir et de mettre en place des relations sans cadres prédéfinis, il y a toujours un risque de mauvaises interprétations des intentions de l'autre, avoir constamment l'impression de naviguer entre amour et amitié. Et d'ailleurs pourquoi devrions nous quantifier nos sentiments?

Les possibilités d'intimité non sexuelle sont vastes. Certains asexuels apprécient la proximité physique, peut-être les câlins et les caresses, avec leur partenaire. Quelques asexuels expriment leur intimité par la parole, peut-être partageant leurs peurs et secrets les plus intimes, ou par l'humour. D'autres vivent les relations intimes d'autres façons très personnelles, peut être unique.

Certains asexuels, au lieu d'établir des relations sentimentales avec une seule personne, préféreront se joindre aux gens autour d'eux dans un cadre basé sur une intimité plus ouverte sur la communauté, établissant une intimité émotionnelle avec d'autres (incluant des sexuels) sans exclusivité sexuelle ou émotionnelle. Pour les asexuels qui sont à l'aise avec ce type de situation, la tension née d'un couple mixte standard peut être soulagée (parce que les besoins de la personne sexuelle peuvent être comblés ailleurs).

Pourquoi en parler?

Le mouvement asexuel est apparu récemment lors de la fondation d'AVEN en 2001 par David Jay. Bien entendu, il y a toujours eu des asexuels mais avant la révolution sexuelle, ils se fondaient très bien dans la masse, au contraire c'était même plus facile pour eux. Depuis les asexuels essayent de comprendre comment vivre dans un monde qui donne tellement d'importance à la sexualité et aux relations sexuelles, d'où la nécessité de se regrouper pour partager nos expériences et faire entendre notre voix.

Comme c'est un sujet peu connu il y a encore énormément d'asexuels qui s'ignorent, qui ne comprennent pas ce qu'ils sont et qui en souffrent. Il est donc de notre devoir d'en parler autour de nous pour faire progresser la visibilité asexuelle.

Les gens ne réagissent pas toujours bien à l'annonce de l’existence de l'asexualité. Certes personne ne va jamais nous jeter des pierres ou nous condamner à mort parce que nous n'avons pas de désir, mais il curieux de voir à quel point certaines personnes sont fermées au sujet, même parmi les autres minorités sexuelles. On nous dit que ce n'est pas normal de ne pas aimer le sexe, qu'on n’a pas trouvé la bonne personne, que cela est dû à un traumatisme durant l'enfance ou encore qu'il s'agit d'une maladie. C'est cette dernière remarque qui est sans doute la plus blessante, car à l'heure actuelle, l'asexualité est toujours considéré comme une maladie mentale par la médecine. Notre principale revendication est d'ailleurs de la faire retirer du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) lors de sa prochaine révision en 2012.

Quelques reportages:

Un petit reportage de 5 minutes qui est passé sur Arte:

https://www.youtube.com/watch?v=L3ltYweKoO8

Une courte interview de Peggy Sastre, auteur du livre No sex, Avoir envie de ne pas faire l'amour. Elle répond à quelques questions classiques sur l'asexualité (je précise qu'elle n'est pas asexuelle) :

https://www.dailymotion.com/video/xdpt4s_vous-avez-interviewe-peggy-sastr...

Voila une vidéo que je trouve intéressante dans le sens où elle présente tous ce que ne sont pas les asexuels. Il s'agit d'un des premier reportage réalisé sur le sujet et les journalistes mélangeaient tout, il colle vraiment aux clichés que l'on peut avoir sur les asexuels et ces reportages sont loin de nous avoir aidés.

Alors non nous ne sommes pas des grenouilles de bénitier (Je dirais même au contraire pour certains). Il ne s'agit pas de dépit et surtout nous ne sommes pas cette personne coincée qu'ils présentent comme un vrai asexuel et qu'ils sont allés chercher je ne sais où.

https://www.youtube.com/watch?v=_gNf7Jv_vDU

Voici le témoignage le Lydie, une jeune femme souriante et pleine de vie. Je précise qu'en plus d'être asexuelle elle est aussi aromantique (c'est à dire qu'elle n'éprouve pas de sentiments amoureux), ce n'est pas le cas de tous les asexuels loin de là.

https://www.youtube.com/watch?v=Kr97Ajeh8DA

Un reportage de France 24 cette fois:

https://www.france24.com/fr/20100829-2010-08-29-1143-wb-fr-sante

Un reportage de direct 8. Il s'agit du témoignage de Capucine et Dimitri, deux asexuels qui sont en couples. Ils ont fait un super boulot, ils présentent vraiment bien tous les aspects de l'asexualité. A travers le reportage on ressent bien le fait que la famille et les amis restent parfois sceptiques sur le sujet. Vraiment je vous invite à le regarder, c'est un peu long (20 min) mais ça vaut le coup.

https://www.dailymotion.com/video/xf6s90_asexualite_lifestyle

Et encore un mon préféré.

https://www.youtube.com/watch?v=NSDnnMUAOEA&feature=related

Voici un petit sketch "Tout donner pour les asexuels" C'est une simulation de casting pour recruter des asexuels, ils abordent avec humour pas mal de côté de l'asexualité, j'ai trouvé ça très sympa. C'est un moyen comme un autre de soulever des questions.

http://www.youtube.com/watch?v=fpooIKGjtiE