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Le mariage, et la suite.

Par zphyr, le

Ainsi nous avons gagné : en France, tous les couples, homos ou hétéros peuvent dorénavant se marier et adopter un enfant. Cette victoire, pour heureuse qu’elle soit, ne parvient pas à faire oublier ces six mois où les paroles et les manifestations homophobes se sont déchaînées, relayées et amplifiées par une machine médiatique irresponsable. Nous voilà donc partagés entre la joie et l’amertume d’autant que certains combats sont tombés sous la déferlante, et l’égalité des droits n’est pas encore atteinte : La PMA reste réservée aux femmes hétérosexuelles, quant aux personnes trans, elles sont priées de faire comme d’habitude : attendre pour leurs droits et rester discrètes voire invisibles, pour ne pas en rajouter une couche.

Il ne faudra pas nous endormir sur nos luttes et continuer à revendiquer, mais plus encore, à exister. Car l’euphorie de la victoire peut nous leurrer sur l’état du monde : coup sur coup, deux pays viennent de tomber dans la répression violente des homosexuels en criminalisant leur nature : le Nigéria vient de voter une loi permettant d’emprisonner jusqu’à quatorze ans une personne au motif de son orientation sexuelle, mais aussi toute personne qui, connaissant l’homosexualité de quelqu’un, ne l’a pas dénoncé aux autorités ! Tout récemment, la Russie, malade de son petit tyran en quête de virilité, vient de voter une loi criminalisant les «relations sexuelles non traditionnelles». On voit avec effroi que l’euphorie s’arrête aux frontières.

Alors il faut nous montrer : des couples de même sexe à la sortie des mairies sous des jets de riz, des kiss’ins ou juste deux hommes qui se tiennent par la main, deux femmes qui se font un câlin, c’est tout cela qui nous a permis de faire tomber les discriminations et installera notre légitimité dans l’esprit de tous. Et puis marcher : le mois de juin dévolu aux marches des fiertés, nous permet en défilant dans une ambiance de fête, de dire combien il est bon et primordial d’être libre, libre d’aimer, la plus belle des libertés. Nos amis hétéros qui entrent dans le cortège avec nous ne s’y trompent pas : en ces temps inquiétants de tentations totalitaires, de normes insinueuses et de surveillances accrues, les espaces de libertés que sont ces manifestations, sont des garants de démocratie et d’acceptation. Si l’on hésite à se montrer dans les cortèges, n’oublions pas que ceux qui sont en détresse parce que leur entourage est homophobe, en voyant marcher ces gens heureux, simplement heureux d’être libre d’aimer comme ils l’entendent, peuvent commencer à accepter leur identité et orientation sexuelles non plus comme une chose terrible, mais comme une possibilité de bonheur. La fierté de marcher n’est pas celle d’être homo, bi ou trans, mais d’être libre, état immensément précieux, en témoigne la hargne tapageuse des dogmatistes qui ont tout fait pour nous en empêcher.

Je vous souhaite de très heureux défilés.