Deux parents homos
Par GrayWolf, le
Bonjour à tous, puisqu'on me l'a demandé, je vais faire un petit article sur ma situation assez peu banale, il est vrai.
Revenons tout d'abord 10 ans en arrière, environ. J'avais 8-9 ans. Mes parents ont divorcé, après une dizaine d'années de vie commune. Ma mère a quitté mon père pour une femme. Sur le coup, mon frère, ma soeur et moi l'avons très mal vécu. Notre père nous a monté contre ma mère, et finalement c'est elle qui a eu le mauvais rôle, qui nous avait soit-disant abandonné.
A ce moment, j'entrais au collège (c'est loin...). Forcément, peur du regard des autres. En 4è j'ai changé de collège, puis je me suis dit que finalement, je me foutais bien que les autres sachent que ma mère était lesbienne, au pire ça ne "me concernait pas vraiment" et d'un autre côté, c'était une sorte de défi que je lançai (du genre "ose dire quoi que ce soit"). Comme tous ceux à qui je l'ai dit l'ont bien accepté, j'ai fini par dédramatiser.
Tout est resté plus ou moins statique pendant quelques années, j'ai fini par pardonner à ma mère et tout est plus ou moins rentré dans l'ordre. J'ai grandi, et mon père a commencé à avoir moins d'influence sur nous trois. Après avoir cassé du sucre sur le dos de ma mère pendant des années, et fait se retourner de nombreuses personnes contre elle, mon père nous a avoué qu'il était "coupable" de la même "faute" que ma mère, c'est à dire qu'il sortait avec un mec. A partir de là, il a perdu toute crédibilité, mais c'est un autre sujet.
Certains d'entre vous se diront "génial, comme c'est facile de s'accepter après ça". Pas vraiment. Vu l'image que j'avais de mon père, très négative, je cherchais (et cherche toujours) à ne pas lui ressembler, ne pas faire les mêmes erreurs que lui. En pleine découverte de mon homosexualité, évidemment, j'ai refoulé complètement. De plus, j'étais très amoureux (il y a en gros un an et demi) d'un garçon fort charmant et hétéro. Pas facile de se mentir, et surtout très douloureux. Avec le stress d'une prépa math, je vous laisse deviner le résultat. J'ai craqué. Je me suis détruit complètement, en petit morceaux. J'ai dû me reconstruire de zéro. Heureusement, j'ai été soutenu par mes amis, indispensables dans ces cas là, ainsi que ma cousine, puis ma soeur. Je me suis refait petit à petit.
Aujourd'hui j'assume complètement mon homosexualité, je commence même à m'outer à la fac.
Malgré tout, je n'ai pas encore parlé à ma mère de tout ça. Je ne compte pas le faire maintenant. Je ne sais pas pourquoi. Mon père, il en est hors de question, et j'ai mes raisons pour ça. Reste mon frère, qui est tombé il y a une heure sur ce forum, que j'avais laissé ouvert sur mon PC... On verra...
Pour résumer, l'homoparentalité n'est pas toujours facile à vivre, d'une part à cause du regard des autres (que je ne subis pas pour ma part) mais aussi parce que ça peut rendre difficile l'acceptation (dans mon cas, peut être pas pour tout le monde).
D'autre part, avoir une mère et une femme d'un côté et un père et un homme de l'autre, ce n'est pas très bon pour l'équilibre. Quoique la copine de ma mère compense habilement le manque de testostérone du mec de mon père... Mais c'est une situation peu agréable. Je donnerais beaucoup pour avoir une famille "normale" composée de parents hétéros, même si le coming out devait être plus dur. Au pire, lorsque je ferai mon coming out, ça sera sûrement presque banal. Un "Ben c'est bien" et puis c'est tout. Vous penserez sans doute que je suis exigeant? Possible. Que je ne connais pas mon bonheur? Si, bien sûr. Il n'y aura pas de crises de larmes, rien, pas de disputes avec les parents, enfin rien de méchant, ni de doute. Rien.
Je ferai un article là dessus, après, mais mon frère n'avait pas grillé pour le forum ouvert dans Mozilla. Lol. Ce n'est pas le sujet, celui là sera dans la rubrique coming out.
En bref, l'homoparentalité, je la vis avec indifférence, mais pour être franc, ça m'ennuie un peu. L'avantage, c'est que ça m'a appris à être tolérant. Je ne suis ni fier ni honteux d'avoir des parents homos. Ça n'a aucun avantage, à part celui d'enseigner la tolérance. Remarquez, c'est déjà beaucoup...
Merci à ceux qui auront pris la peine de tout lire, c'était un peu fouillis, pardonnez-moi...