un petit racontage de vie....
Par koloss, le
J'ai envie de raconter comment se sont passés mes semblants de coming out (vous comprendrez le pourquoi du mot "semblants" en lisant).
Préambule
Je n'ai jamais eu de relation amoureuse, ni hétéro, ni homo, ce qui fait que je ne peux rien affirmer à 100% sur mes penchants, ils restent à l'état de pensées, de désirs, d'envies.
Le tout premier
à une amie de prépa (on l'appelera C.) qui a intégré la même école que moi cette année. On était dans le train Paris-Nancy après la Toussaint. C'est elle qui une semaine avant avait lancé le sujet des relations, de ses envies de se trouver un copain (ce qui m'a d'ailleurs surpris de sa part, non pas qu'elle cherche, mais qu'elle en parle !) et qui m'a retourné la question, ma hantise, parler de mes sentiments ! Je n'ai pas su quoi dire et je me suis demandé toute la semaine précédant le retour si je devais lui dire ce qui me passait par la tête, je l'ai finalement fait en relançant la conversation interrompue une semaine avant et en espérant qu'elle me retourne de nouveau la question ! La conversation était entrecoupée de nombreux blancs (elle était quelque peu surprise !). Je ne lui ai pas dit "je suis homo/gay", parce que j'arrivais pas à le dire (c'est bête je sais mais j'y arrive pas, sorte de blocage), j'ai dit que "je m'interrogeais". Depuis on n'en a pas reparlé beaucoup de vis-à-vis mais plus souvent par msn, je ne la sens pas très à l'aise avec le sujet, même si c'est une très bonne amie avec qui je m'entends très bien.
Le deuxième
à mon meilleur ami que je connais depuis la primaire. J'étais rentré un week-end de novembre chez moi et on s'était vus, je mourrais d'envie de lui dire mais j'y suis pas arrivé (peut-être parce que j'avais un petit faible pour lui et puis on ne parle pas forcément de nos vies sentimentales quand on se voit). Je lui ai donc parlé par msn quelques jours après être rentré sur Nancy sous forme de jeu questions/réponses (essayer de deviner ce que j'ai à lui dire, comme ça j'ai rien à faire, juste à dire oui ou non). J'espérais sans doute inconsciemment qu'il me dise que lui aussi "s'interrogeait" comme moi mais j'ai vite senti que ça n'était pas le cas car il a mis un temps pas possible à trouver la solution du petit jeu et n'a envisagé l'homosexualité que quand je lui ai dit d'imagner la chose la plus farfelue. Là encore, j'ai esquivé un peu en disant que "je m'interrogeais" plus qu'autre chose. Il m'a bien fait comprendre que lui il préférait les filles (dommage !) mais qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce qu'on aborde le sujet et que ça ne changeait rien pour lui (je ne lui ai pas dit que j'avais un petit faible pour lui quand même). Cela dit, sa dernière phrase m'a fait rire : "finalement, on est tous les deux aussi seuls l'un que l'autre !". Malheureusement, comme je suis ici et lui là-bas, on ne s'est revus que deux après-midi pendant les vacances (quand je rentre en fait), on n'en a pas reparlé. Mais il y a de bonnes chances que cet été, on puisse discuter, vu qu'on se voit beaucoup à cette période.
Le troisième
à une très bonne amie qui était dans ma classe de la 2nde à la Tle, par msn encore et toujours (on discute beaucoup sur msn car on ne se voit pas souvent à cause de l'éloignement). C'est tout récent, ça date de la mi-mars, depuis le deuxième coming out je n'avais rien fait d'autre, mais j'a découvert LE forum : et-alors, ce qui m'a aussi aidé dans mon cheminement (on dirait un enfant qui fait sa communion et chemine vers dieu... moyen comme comparaison). Bref, j'hésitais à lui parler car j'ai cru comprendre par des amies communes lors de son anniversaire de ses 18 ans qu'il se pourrait qu'elle ait éventuellement voulu sortir avec moi (ce dont je ne suis pas sûr d'abord et que le cas échéant je n'avais pas senti parce que ce n'est pas elle qui "m'intéressait" dans ma classe..., en terminale, c'étaient plutôt deux gars fort charmants qui me plaisaient). Ce qui m'a décidé à lui dire, c'est qu'elle a rencontré quelqu'un et qu'à chaque fois elle me disait "et toi alors, t'as toujours personne ?", ce à quoi je répondais en général "héhé", ce qui évitait toute discussion. J'ai trouvé ça très drôle de lui dire. D'abord, comme on se connait depuis plus longtemps que C., elle m'a dit que ça ne l'étaonnait qu'à moitié parce que je ne parlais jamais de filles (mais ça peut aussi s'interpréter en tant que timidité alors ça n'est pas vraiment une preuve à mon sens). Et puis surtout, j'ai eu droit à une phrase hillarante : "mais quand tu vois une fille à poil dans un film, ça te fais pas d'effet ?". J'ai beaucoup ri à ce moment là et j'ai répondu en langue de bois que si c'était un gars, ça me ferait plus d'effet. Je crois que ça nous a vraiment rapprochés et que ça m'a débloqué et soulagé de lui dire, j'avais un peu peur de sa réaction (ce qui est bête parce que je savais pertinamment qu'elle réagirait bien). Et je dois dire que pour ce CO, même s'il était encore sur msn (d'où ce "semblants" en début de sujet), je n'ai pas dit que je "m'interrogeais", j'ai dit que "je préférais les garçons", peut-être un début d'assumage ?
Le quatrième
à une amie rencontrée ici à Nancy, encore une fois par msn (ouais ça aide msn). C'était fin mars, donc c'est vraiment très récent. Là, j'avais vraiment envie de lui dire en face. Mais je n'ai pas trouvé le moment ni le courae sans doute de le faire avant que ça n'intervienne par msn. Le truc, c'est que l'on avait prévu d'aller voir "la vie des autres" un samedi après-midi ou soir avec d'autres amis. Or, le soir, j'avais prévu depuis longtemps d'aller voir "boy culture" qui traite de l'homosexualité, mais seul parce que je ne voulais pas trop le crier sur les toits. Quand je lui ai dit que j'avais un truc le soir et que c'était mieux l'après-midi pour voir "la vie des autres", elle m'a trituré pour savoir ce que je devais faire le soir. J'ai donc décidé de lui dire et du même coup elle a compris que soit j'étais très ouvert et elle ne voyait pas le problème de ne pas lui dire ce que je voulais faire le soir, soit j'étais concerné par le sujet sans m'assumer vraiment et là ça expliquait tout (perspicaces les filles parfois !). Là aussi ça nous a rapprochés je dois dire et la semaine dernière, on a eu plusieurs discussions msn sur nos vies sentimentales respectives (ou leur absence plutôt pour moi !).
Cela dit, les amis, je trouve ça simple ! Mes parents, ça sera autre chose ! Ils ne s'imaginent sans doute même pas que je puisse avoir une sexualité (ma mère m'a un jour remis un formulaire pour un sondage que faisait la sécu sur la santé des jeunes en me disant "il y a même une partie sexualité, mais bon, c'est pas pour toi" et en rigolant derrière, euh... j'ai pas su comment le prendre à ce moment là). Pour mon frère qui a trois ans de moins que moi, ça sera moins difficile que ms parents mais plus qu'à mes amis, d'abord parce qu'il a trois ans de moins que moi et qu'on ne parle jamais de nos vies sentimentales (c'est pas vraimentle truc chez moi ça). Cependant, je sais que ça se passera très bien parce qu'une fois je l'ai vu défendre bec et ongles devant un cousin le mariage et l'adoption homosexuels, avec des arguments très ouverts et respectueux. Quant à ma soeur, elle a sept ans de moins, donc là j'ai vraiment pas envie de la mêler à mes périgrinations de la découverte de moi-même.
Voili voilou. Ca fait bien plaisir de pouvoir écrire tout ça, ça me permet de voir que déjà j'ai évolué dans ma façon de dire les choses et par la même occasion dans ma façon de me voir aussi sans doute.