Fréquentations contre-natures, déraillement total de ma vie

[n0ze]

Bonjour,

4 ans que je ne suis pas venu ici, le temps passe si vite. Je me suis totalement éloigné des homos, même si je le suis toujours, m'entourant uniquement d'hétérosexuels, c'est peut-être une erreur finalement. Ce forum m'a bien aidé par le passé. J'espère, je souhaite qu'il le fasse encore. Je suis remonté un peu dans mon historique et je me rends compte qu'il y a 4 ans déjà, j'avais des problèmes similaires à ceux de maintenant. Je n'ai pas appris de mes erreurs, et au contraire, à chaque changement dans ma vie, elles se répètent encore et encore.

Je me joins à vous dans l'espoir d'avoir quelques visions extérieures face à une situation que je qualifie de « sans-issue ». En effet, ma vie en ce moment est un vrai désastre. J'ai toujours été un adepte de l'idée que « les problèmes se règlent avec le temps », mais voilà, je suis malheureux depuis 3 mois et je suis sur le point d'imploser.

Pour vous remettre dans le contexte, j'ai décidé à la suite de mon Bac il y a 2 ans de poursuivre mes études dans une école d'infographie 3D. Mon but était de me rapprocher du cinéma en autre, pour lequel j'ai toujours eu un intérêt. Toute ma scolarité, j'ai été à part des autres, dans le sens où j'avais facilement du recul, de la lucidité et une certaine capacité de réflexion sur moi-même et sur les gens qui m'entouraient. Ça m'a coûté beaucoup, il y a eu de nombreux moments où je me suis dit que j'aimerais être comme la masse, pour que la vie soit plus simple. Mais on échappe pas à son destin... Sans compter que j'avais ce terrible fardeau qu'était mon homosexualité, je n'avais pas d'autre choix que de le cacher étant donné que j'étais en internat dans un lycée professionnel. J'avais quelques amis tout de même, qui heureusement m'appréciaient pour ce que j'étais, certains d'entre eux étaient au courant pour ma sexualité. Je ne souffrais pas de grande solitude malgré que j'étais incompris par la majorité. À la fin du Bac, je me suis dit : je démarre une nouvelle vie, je vais devenir semi-indépendant (c-à-d en appartement étudiant), je vais vivre dans une grande métropole à proximité de tout, hors de question que je me cache comme avant.

La première année, je n'ai pas réussi à m'intégrer dans ma classe. La peur du rejet a pris le dessus et j'ai dû reconsidérer mes projets. J'avais quelques fréquentations pour m'accompagner à la pause café, mais je n'avais de réel lien avec personne. Je n'avais rien en commun à partager, je n'avais aucun sujet de conversation pour me rapprocher des gens. J'avais l'impression d'être un ovni, une fois de plus. Cette fois, j'étais totalement solitaire. J'ai passé mon année de cette façon là, à rester avec des gens pour ne pas être seul, mais seul au plus profond de moi.
Parallèlement, plus j'avançais dans mes études, plus je m'éloignais de mes amis du lycée par manque de temps. Chacun avait ses projets professionnels, chacun évoluait de son côté, il était de plus en plus difficile de se voir.

La deuxième année, j'ai décidé de remédier au problème. Je me suis dit que si les gens me connaissaient un peu plus, peut-être qu'ils s'intéresseraient à moi. J'ai commencé à parler, à déconstruire le mur qu'il y avait entre moi et le monde, à raconter des anecdotes sur ma vie. Personne ne relevait ce que je disais, personne ne m'écoutait, ou alors, quand on m'écoutait c'était pour rire de moi. J'ai décidé de prendre ça ironiquement.
Ma deuxième démarche était de partager des activités en commun pour me rapprocher d'eux. Je me suis inscrit à la salle de sport, à réaliser des projets de groupes en cours. Je les ai invité à quelques soirées chez moi. J'étais impliqué, et malgré mon action je ne ressentais toujours aucune complicité avec personne. Le parfait étranger, l'ovni. Je n'avais toujours rien à raconter, je cherchais quoi raconter, et plus le malaise s'agrandissait, plus mon comportement était étrange. Les gens voyaient que je n'étais pas naturel avec eux. Ils ont commencé à me charrier un peu plus. C'est à ce moment que ma vie est entrée dans une spirale infernale.

Étant impliqué dans le groupe, je ne pouvais pas faire machine arrière. Je ne me voyais pas rompre des liens au risque de me tourner à dos une partie de la classe. Et puis, malgré cette solitude, malgré cette incompréhension, il m'arrivait de passer de bons moments avec eux, de me contenter d'être effacé et d'apprécier la situation comme elle était.

J'ai commencé à perdre le goût de la vie. J'avais de moins en moins de motivation pour venir en cours, je commençais à être distrait, me focalisant sur mes maux plutôt que sur les matières enseignées. Forcément, j'ai commencé à rencontrer quelques difficultés pour faire correctement mon travail. Ils en ont profité pour me rabaisser, il y avait des jours où j'avais l'impression d'être pris pour un con. Et plus on me rabaissait, plus j'étais sujet à faire des gaffes, à être maladroit. C'est comme ça que je fonctionne, je me comporte souvent de la manière dont on me perçoit. C'est malheureux, je sais, j'aimerais pouvoir être moi-même tout le temps, savoir me maitriser, mais je ne suis qu'un être humain...

J'ai commencé à douter de mon orientation. Est-ce que j'étais réellement fait pour l'infographie 3D ? C'est un milieu où la concurrence est le mot d'ordre. Les gens n'hésitent pas à se rabaisser, à s'écraser pour se sentir plus fort. Ils estiment qu'ils sont trop bien pour les autres. Si tu ne suis pas la tendance, si tu ne connais pas le dernier jeu vidéo à la mode, si tu ne connais rien du langage geek, tu te fais lyncher. Moi, je suis venu pour le cinéma, pas pour les jeux vidéos.
Si tu n'écoutes pas Eminem, si tu n'as pas les mêmes goûts musicaux, tu es à côté de la plaque, tu n'es rien. Les professeurs ne valent pas mieux, ils sont là pour encourager les élèves dans leur égocentrisme, ils sont eux-mêmes égocentriques.
Est-ce que je ne devais pas changer d'école ? De diplôme ? Impensable. Mes parents, mes grands-parents se sont sacrifiés pour moi, je suis déjà endetté à 14 000 €.

J'ai perdu la motivation, alors que j'ai toujours fait de la créativité l'un de mes principaux centres d'intérêts. J'ai juste envie de partir loin, de faire machine arrière, de tout recommencer à zéro, de me cacher pour qu'on m'oublie. Mon rêve étudiant vire au cauchemar, il me reste 1 an et demi au minimum avant de terminer mes études, je suis pieds et poings liés à cause de l'argent, à cause de mon âge aussi. J'ai 21 ans, je ressens de plus en plus le besoin d'avoir un revenu régulier, de travailler. Je ne me vois pas redémarrer de nouvelles études maintenant.
J'ai l'impression de passer à côté de ma vie, je ne profite plus de rien, je ris de moins en moins, mes seuls plaisirs sont solitaires. Le plaisir de me faire un petit repas copieux, que je mange seul le soir devant mon ordinateur. Le plaisir de m'acheter des vêtements, seul. Le plaisir de regarder une série, et de ne pas pouvoir en parler. Même mon quotidien est devenu morose. Mes amis sont loin, je ne les vois que trop rarement. Mes relations amoureuses ce sont soldées par un même constat : je suis incompris, je ne me retrouve pas dans les mecs que je fréquente. J'ai 21 ans, je suis seul, incompris, et je gâche ma jeunesse.

[Glacius]

Tu as plein de présupposés qu´il va falloir que tu déconstruises.
D´abord il faut savoir qu´etre homosexuel amène à une certaine solitude .
Ton erreur, il me semble, est que tu cherches à créer des liens avec des gens avec lesquels tu n´as pas d´affinité.
Or ce n´est pas ça l´amitié. L´amitié, c´est avoir des liens privilégiés avec des gens avec qui on s´entend bien.

Comment savoir si on a trouvé un ami ?
Si on sent qu´on a un vrai feeling avec la personne. Si tu ressens de l´indifférence de la part de cette personne, a priori c´est mal barré pour qu´elle devienne ton ami. Donc ne cherche pas à etre ami avec ces gens qui t´empoisonnent la vie, laisse les completement tomber, concentre toi sur tes études, fréquente tes VRAIS amis et ta famille.

Ensuite, ce problème est distinct des études. Ne te laisse pas noircir ta vie par des gens.
Sache que les gens qui réussissent leurs études sont des gens qui ont un mental fort, et qui ne se laissent pas distraire par des gens avec qui ils n´ont pas d´affinité.

[n0ze]

Je pense que le problème est plus profond que ça… Je sais très bien ce qu'est l'amitié, pour avoir de très bons amis.
J'ai essayé de me rapprocher de ces gens car je pensais que le problème venait de moi si je n'arrivais pas à créer d'affinités dans ma classe actuelle. Le problème vient de moi, effectivement, pas parce que je suis à part, mais parce que j'ai forcé les fréquentations en m'insérant dans un groupe qui n'avait rien en commun avec moi. En voulant éviter le problème, je l'ai créé. Seulement, je ne sais pas comment m'en sortir étant donné que je suis impliqué dans des projets pour de nombreuses semaines encore. Ils ne sont pas méchants, ils m'ont proposé d'eux-même que j'aille au sport avec eux, etc. Je ne me vois pas me barrer comme ça du jour au lendemain. Même si cette situation me bouffe, clairement.

Et puis, comment m'en sortir dans mes études sachant que tout l'intérêt du diplôme c'est de travailler en équipe ?

Je suis actuellement dans une mauvaise dynamique, je me sens persécuté, je ne suis pas rationnel, je n'ai pas envie d'avoir des réactions démesurées envers ces gens.

[Œil-de-nuit]

Mouais. J´ai quand meme furieusement l´impression que tu fais un complexe d´inferiorité:

J'ai essayé de me rapprocher de ces gens car je pensais que le problème venait de moi si je n'arrivais pas à créer d'affinités dans ma classe actuelle

Ce n´est pas normal que tu aies pu penser ca!! Si ces gens que tu frequentes sont des connards et te considerent comme le boulet qui les fait bien rire en soiree, alors il n´y a qu´une solution: couper tout contact avec eux. Immediatemment. Ils ne t´apportent rien de bon et tu ne leur dois vraiment rien, mais alors rien du tout. Pense a toi. Bon courage.
Des vrais amis, tu en trouveras peut etre en dehors du cadre de ton ecole. Et ce n´est absolument pas grave. L´essentiel etant d´en avoir des vrais.

[Serber]

D´abord il faut savoir qu´etre homosexuel amène à une certaine solitude .

Ah bon ? Et en quel honneur
Je ne suis pas d'accord avec ça...

[Glacius]

"Je n'avais toujours rien à raconter, je cherchais quoi raconter"

Moi , de ce que je lis de toi, effectivement, on dirait que le problème vient de toi.
Car tu te juges, et tu te juges tres séverement.
Non, tu n´es pas bizarre. C´est cette impression, d´etre bizarre, qui te bouffe. Alors que, par définition, tout le monde est un peu bizarre à sa façon.
De plus, tu te plains que les autres te "charrient", mais d´un autre coté tu aimes leur compagnie.
Quand on est dans un groupe d´amis, il y a toujours ceux qui se font charrier un peu plus que d´autres, et tu en fais vraisemblablement partie.
Sache que les gens qu´on charrie le plus ne sont pas forcément les moins appréciés, loin de la.

[n0ze]

Je me suis construit sur ma différence, sur ma manière de penser, ça m'a beaucoup aidé durant l'adolescence pour sortir la tête de l'eau et me valoriser un peu. J'ai toujours été complexé, et c'était une manière pour moi de me dire que je n'avais pas à me considérer inférieur aux autres parce que j'avais une capacité de réflexion en moi que tout le monde n'avait pas. Aujourd'hui, c'est d'ailleurs la seule chose à laquelle je pense quand on me rabaisse, je me dis "on me rabaisse mais je sais ce que je vaux, je sais de quoi je suis capable, eux non, je n'arrive juste pas à montrer ce que je suis réellement".

Aujourd'hui, ça me bouffe, c'est clair. Il faut plus que ça pour s'affirmer dans la vie, garder enfoui ce dont je suis capable et montrer aux gens les pires facettes de moi-même, ce n'est pas la solution. J'en suis conscient. Je ne trouve juste pas le déclic pour m'émanciper de mon identité et trouver ce qui fera que j'arrive à pleinement m'épanouir dans ma vie. Je sais que mes échecs dans la vie ont un rapport avec ça.

Et concernant les gens de ma classe, de toute façon je suis condamné à les fréquenter pendant encore 1 an et demi au minimum… La solution n'est pas de les envoyer chier, je vais me fermer des portes. Durant toute ma scolarité je suis rentré en conflit avec des gens parce que je ne supportais pas d'être mal perçu. Il faut que je commence à choisir un autre destin…

[Glacius]

"quand on me rabaisse,"

Donc il y a bien une violence, au moins verbale, exercée par certaines personnes.

"La solution n'est pas de les envoyer chier, je vais me fermer des portes"

Effectivement, il n´est peut etre pas adroit de clasher ces gens, ni de vous couper d´eux totalement... Par contre, vous pourriez peut être essayer de vous faire plus rare, plus discret.

[irvel]

Je suppose que tu as des passions, des intérêts, assume les, ceux qui les partagent se rapprocheront naturellement de toi. On dirait que ta démarche n'est pas naturelle, que tu te dévalorises en essayant d'assumer les comportements d'autres personnes.
Sois fier de ce que tu es, d'autres se rapprocheront de toi sans que tu sois obligé d'avoir des comportements artificiels.

En assumant tes passions, tes rêves tu pourras certainement devenir une locomotive pour d'autres plutôt qu'un suiveur mal à l'aise.

[Norma]

Moi je me demande aussi si ta perception n'est pas biaisé.
Tu dis que les gens de ta classe te rabaissent, t'humilient, se moquent de toi.
T'es sur qu'ils te rabaissent ou y'aurait pas moyen qu'ils te charrient comme ils charients tous leurs potes sans que ce soit méchant, mais que tu prennes les choses très à coeur ?

J'ai aussi l'impression que parce que tu t'es construit comme le mec un peu seul mais qui pense beaucoup, tu as dans l'idée que les gens sociables autour de toi ne pensent pas et sont méchant, et quoi qu'il fassent, tu liras leurs actions dans ce prisme.

C'est une piste, je ne dis pas que j'ai la vérité infuse, mais c'est l'impression que j'ai à te lire.