Poudoum, poudoum ?

[yellowfaith]

Ouais, mais je ne me projette pas .
C'est difficile à expliquer...
Mais croyez moi, je ne me projette pas.

[Drlrleu]

Yo, toutes et tous,

Merci d'avoir répondu à quelques lignes pondues dans un soupir triste, rare, et maladroit.

En premier lieu, je ne doute pas de l'amour de ma fille. Yellow machintruc, qui a la grande chance de ne pas aimer son père, ne pourra sans doute pas comprendre le malheur qu'a ma fille d'aimer le sien. Peu importe. J'aime ma fille aux grands yeux et elle me renvoie insolemment la balle. A aucun moment, je ne doute de cette toute petite, immense, certitude. C'est juste facile, sweet, sweet, sweet. De la flotte fraîche dans un désert de doutes.

Ensuite ? Ensuite, la très chère enfant sait très bien que j'aime les garçons. T'as raison, Grump up the volume. Parce qu'on se parle, elle et moi, avec des mots d'adulte à l'enfant. Je les trouve doux comme de la soie, les garçons, je ne m'en cache pas à qui j'aime : comment et pourquoi le ferai-je ? A moins de quatre ans, elle comprend très bien qu'il n'y a rien à comprendre et tout à sentir.

Ce que je voulais dire, dans un presque cri, est plus difficile, plus délicat : en fait, je me demande ce que ma fille pensera d'un père qui n'assumait pas parfaitement sa condition. Car c'est un fait : j'ai longtemps tourné le dos à mon coeur (de dos, lui aussi). Je ne vois pas en elle un oracle ; elle est un enfant, et je la pousse plus que tout à se contenter d'être un enfant. Elle est très heureuse comme ça. Je le lui rend bien. On rit pour dix ou vingt. Mais je suis à peu près sûr qu'elle sera un adulte un jour et qu'elle se demandera ce qui a bien pu pousser son père à se nier aussi longtemps. Elle aura bien raison : je n'en sais rien.

Si je m'assume réellement aujourd'hui, je reconnais en même temps avoir longtemps été longtemps lâche. Nier un peu plus n'est pas une solution, c'est un repli. Je le sais ; je connais la tentation, je connais l'issue (forcément positive et heureuse, et tout, et tout, s'entend). Je voulais juste en écrire la douleur un rien complexe. Dans un moment de sincérité coupable et maladroite.

Et au milieu ; pire, au centre, de tout, ça, il y a la culpabilité en miroir que me renvoie l'amour de sa mère. Et l'amour que j'ai pour elle. Vous imaginez ? Je n'ai jamais autant aimé quelqu'un que cette quelqu'une, et qu'elle, juste elle ; moi qui aime les hommes. Sans pouvoir lui donner tout ce que j'éprouvais, comme une évidence trop évidente. C'était réel. Tous mes rêves aussi. Elle y est triste, et moi donc.

Tu sais, Zphyr, ma fille a la place qui est la sienne aujourd'hui, comme tes enfants ont la leur. Je dois juste revenir quelque part dans ma vie, pour l'habiter, à côté du père que j'ai été presque trop facilement. Toi, tu sais, et pour les compliments, mieux qu'en MP, je viendrai te les faire dans la Nièvre.

J'ai confiance, avec des amis comme ça.

Ma confession maladroite, brève expression d'un malaise durable, aura eu un mérite : de baisser les armes et de vous lire, j'ai ressenti une sincérité et une douce gentillesse que je feignais depuis longtemps d'ignorer. Franchement, ça fait du bien -et pleurer, aussi et enfin.

Merci réellement.

[Lexto]

Drlrleu,

D'abord, tu écris divinement bien. Vraiment. C'est un régal de te lire !
Bon ça c'était pour cirer les pompes, c'est fait.

Concernant, ton interrogation à propos de ta fille grandissant, je ne vois pas vraiment où est la tâche complexe de lui expliquer que tu t'es "re-trouvé" (éternelles guillemets...) tard... mais je ne dois pas y être... Voyons.
Je crois comprendre... Serait-ce le fait d'avoir en quelque sorte briser un foyer dans lequel il y avait de l'amour mais où tu ne te retrouvais pas ? Ou pire, le fait de te dire que l'existence de ta fille est une preuve de ta non-acceptation initiale ? Mr Dreleuleu ! Surtout pas ! Une route est une route peu importe le chemin que l'on emprunte. Direct l'autoroute... So Easy !
Je ne pense vraiment pas que le fait d'avoir un enfant ait un quelconque rapport avec le fait de ne pas s'être assumé un temps... Et en quoi ne pas s'être assumé relève t-il de la lâcheté ? Non, non, non.. C'était ton chemin, ton désir de l'époque et quoi qu'il en soit aujourd'hui, il était vrai à ce moment. Not guilty

[MachineGun]

(Très belle façon d'écrire; mais ça, je le savais déjà)

You have cleaned the dust.
- Breathe now.


C'est tout ce que je peux te dire.

[floridjan]

Courage, j'ai toujours dis que tu étais un mec bien malgré le démon que tu feins d'être

Ta fille a 3 ans, tu es l'Homme de sa vie, elle est a un âge où elle te met sur un pied d'estale, tu es son Dieu, c'est normal que ça te fasse flipper, que tu crains de ne pas répondre à ses attentes, et, revelons le suspens direct : tu n'y répondras pas. Car tu n'es pas un Dieu (même pas le Dieu du mal suprême ! ). Tu n'es qu'un homme. Ce que ta fille réalisera avec l'âge. Mais ce qu'elle retiendra surtout, je pense, c'est la manière dont tu te seras conduit avec elle, tout ce que tu lui donnes : ton temps, ton amour, ton attention, ton respect aussi. Tu es disponible pour elle, à l'écoute, tu veilles à son éducation, tu lui donnes un foyer. C'est tout cela qui pesera dans la balance. A toi maintenant d'oser avancer dans la direction qui te fait peur mais que tu ressens comme la seule valable pour toi. N'aie pas peur de ta petiote, elle te demande juste d'être un père. Ce que tu es.

Bizz à toi.

[ExMembre L]

Un truc est bizarre. Tu devrais voir ton choix et la vie future comme un soulagement et un grand bonheur, et la vie que tu laisses derrière toi, comme un soulagement et un immense bonheur.

Au lieu de cela l'avenir te semble douloureux. Ta façon de l'envisager est en tout cas passablement torturée, alors qu'une série d'actes simples pourraient t'émanciper, te guider et te porter.

Du coup ceci me laisse comme le sentiment que ... le problème est ailleurs, la souffrance aussi.

Comme si tu avais dévié le cours de ta souffrance pour la faire baigner cet aspect de toi même qu'est l'homosexualité.

Etrangement, je pense que ton mal être n'a peut-être qu'un lien vague avec ce détour de ton existence qu'est l'homosexualité. Finalement c'est un passage de ta vie ni plus ni moins compliqué que ce précédent passage qui t'a guidé dans les bras d'une femme et qui a fait naitre ta fille....de cette étape naîtra autre chose qui par toi sera bon, qui te ressemblera, ou qui au contraire, par toi sera triste et te fera souffrir....et qui te ressemblera. Bref des questions quelles réponses, des passages, quels chemins?

[Drlrleu]

Un truc est bizarre. Tu devrais voir ton choix et la vie future comme un soulagement et un grand bonheur, et la vie que tu laisses derrière toi, comme un soulagement et un immense bonheur.

Au lieu de cela l'avenir te semble douloureux. Ta façon de l'envisager est en tout cas passablement torturée, alors qu'une série d'actes simples pourraient t'émanciper, te guider et te porter.

Du coup ceci me laisse comme le sentiment que ... le problème est ailleurs, la souffrance aussi.

Comme si tu avais dévié le cours de ta souffrance pour la faire baigner cet aspect de toi même qu'est l'homosexualité.

Etrangement, je pense que ton mal être n'a peut-être qu'un lien vague avec ce détour de ton existence qu'est l'homosexualité. Finalement c'est un passage de ta vie ni plus ni moins compliqué que ce précédent passage qui t'a guidé dans les bras d'une femme et qui a fait naitre ta fille....de cette étape naîtra autre chose qui par toi sera bon, qui te ressemblera, ou qui au contraire, par toi sera triste et te fera souffrir....et qui te ressemblera. Bref des questions quelles réponses, des passages, quels chemins?

Une fois n'est pas coutume, Lulu, je vais être sérieux comme une galipette : ce que tu dis dégage indubitablement le parfum désagréable de la vérité. Cependant, je dois reconnaître que si je renifle le vrai sous tes pensées comme le cochon la truffe sous l'humus, il m'est bien difficile de le toucher du bout de l'intellect. Oui ; seul, c'est difficile.

Je vais jeter les prétextes par la fenêtre et filer analyser tout ça à grands renforts de sophrognologie.

Amitiés.

[Kliban]

(oui)

[floridjan]

Une réponse aussi concise de ta part, Kliban, il va tomber de la neige en juillet !!!

[Kliban]

(probable)