Et si je n'étais pas homo ?

Pour eux.
Kliban
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Re: Et si je n'étais pas homo ?

Message par Kliban »

zigomio a écrit :
Donc : pas de panique, il y a des gens qui aspirent aux mêmes choses que toi -
le problème c'est que ces gens la sont considéré " monstres " ( désolé pas trouvé d'autre termes pour qualifier se que je ressent ) pasqu'on ne rentre pas dans leur moule et c'est ca qui me désole
Je crois que certain mien ami serait... surpris peut-être d’entendre qu'on le prend pour un monstre :D . Mais ton désarroi est compréhensible, mais il me semble qu'il ne peut pas être dépassé si tu ne te laves pas de cette impression que tu sembles avoir intériorisée d'être "différent", "monstrueux", etc.

Deux choses, à te lire.

D'abord, c'est comme si tu t’attachais à des groupes où tes aspirations ne peuvent être comprises et facilement acceptées. Du coup, cela te renvoie une image de marginal, de bizarre, de différent, de pas à sa place, de malade peut-être. C'est assez toxique, comme environnement , à la longue. Je sais que ce n'est pas facile de se détacher des groupes où l'on a ses habitudes, mais parfois, il le faut. Se détacher ne signifie pas abandonner, mais juste trouver d'autres lieux de sociabilité qui te correspondent mieux. Il y en a très certainement - et-alors en partie peut répondre à ce besoin.

Ensuite, la confiance en nos valeurs s'étaye souvent de leur étayage avec des gens qui les partagent. C'est lorsque cette confiance est atteinte que l'on peut affronter les groupe qui ne les partagent pas - parce qu'on est assez fort en soi-même pour affronter l'incompréhension sans qu'elle se transforme en remise en cause de soi.

Car tu n'es pas monstrueux ! Tu fais juste l'expérience d'une marginalité supplémentaire - il y a être homo - et il y a ne pas être "gay". Et c'est ça, il me semble, qui t'est renvoyé et que tu reçois - c'est assez normal ! - de façon douloureuse. Casser l'image dépréciée qui vous est renvoyée du fait d'être placé dans une marge est une chose importante, qui exige des stratégies. Et sur et-alors, on n'est pas si mal pour en élaborer tranquillement.

Enfin aussi, l'important est d'être au clair avec tes désirs, de savoir ce que tu veux, et si ce que tu veux te donneras bien ce qui doit te combler. Mais là, bon, c'est un autre sujet.
Juuune
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Re: Et si je n'étais pas homo ?

Message par Juuune »

Vous lire, Jimbo et Kliban, me rappelle un peu un article lu récemment dans Les études gay et lesbiennes (Colloque du Centre Georges Pompidou 23 et 27 juin 1997), dont je ne peux m'empêcher de vous recopier quelques extraits, les plus significatifs, sur cette notion (controversée) d'identité gay. Peut-être que les passages en gras éclaireront certaines dimensions du problème...
L'identité gay après Foucault
David M. Halperin

« Je vis dans un monde où plein de choses que
je pensais impossibles sont possibles. »
Guillaume Dustan, Dans ma chambre

« On pourrait dire que l'une des dimensions les plus caractéristiques de la culture gay a été sa critique constante et la réévaluation permanente de ce que cela signifie d'être gay. L'identité gay est surtout une identité discutée, contestée, réfléchie – une identité autocritique.
En France, l'expression intellectuellement la plus remarquable de cette tradition critique et autocritique se trouve dans les travaux de Michel Foucault. »
« Foucault a clairement précisé que le but d'une critique de l'identité gay n'était pas de la disqualifier, ni de se débarrasser de toute identité sexuelle, ou de proposer une sorte de suspension avant-gardiste de toute signification sexuelle et de toute catégorie sexuelle. L'objectif de cette critique était plutôt d'ouvrir la voie à la formation de nouvelles multiplicités des identités gay, des multiplicités que l'insistance sur une identité gay unique, univoque, déjà établie et définie, sert à empêcher. « L'homosexualité est une occasion historique de rouvrir des virtualités relationnelles et affectives », déclarait Foucault dans une interview publiée dans Gay Pied en 1981. Il voyait l'homosexualité non pas comme une espèce humaine singulière, une catégorie spéciale d'êtres sexuels nouvellement libérée, mais comme une position marginale, stratégiquement bien placée, à partir de laquelle il serait possible d'inventer de nouvelles formes de rapports à soi-même et aux autres. « Être gay, c'est être en devenir », expliquait-il en 1982 : « Il ne faut pas être homosexuel, mais s'acharner à devenir gay, se placer dans une dimension où les choix sexuels que l'on fait sont présents et ont leurs effets sur l'ensemble de notre vie. Ces choix sexuels doivent être en même temps créateurs de mode de vie. Être gay signifie que ces choix se diffusent à travers toute la vie, c'est aussi une manière de refuser les modes de vie proposés, c'est faire du choix sexuel l'opérateur d'un changement d'existence. »
L'homosexualité, en d'autres termes, n'est pas une condition psychologique que nous aurions à découvrir mais une manière d'être que nous mettons en pratique afin de redéfinir la signification de ce que nous sommes et de ce que nous faisons – et afin de rendre notre monde et nous-mêmes encore plus gay. Au lieu de traiter l'homosexualité comme une occasion d'expliciter la vérité secrète de nos propres désirs, Foucault nous invite à nous poser la question : « Quelles relations peuvent-être, à travers l'homosexualité, établies, inventées, multipliées, modulées... Le problème n'est pas de découvrir en soi la vérité de son sexe, mais c'est plutôt d'user désormais de sa sexualité pour arriver à des multiplicités de relations. » Foucault insistait donc sur le fait que « l'homosexualité n'est pas une forme de désir mais quelque chose de désirable. Nous avons donc à nous acharner à devenir homosexuels et non pas à nous obstiner à reconnaître que nous le sommes. »
L'homosexualité n'est donc pas une forme déterminée de vie psychosexuelle ou une catégorie d'êtres érotiques – c'est-à-dire qu'elle n'est pas une positivité sexuelle – mais une situation marginale et une forme de résistance à la régulation sexuelle – c'est-à-dire une positionnalité sexuelle non-normative. »
« L'effet ultime de l'intervention de Foucault est de nous mettre en garde contre l'acceptation de l'identité gay comme un fait accompli – comme s'il s'agissait d'une chose positive, réelle, déjà existante – et de nous inciter à la voir plutôt comme quelque chose de désirable qui reste à créer et recréer, un signifiant flottant, une quantité algébrique, dont la fonction est de tenir la place d'une identité future qui est encore à construire. »

« Et il ajoute : « Que l'interrogation sur l'identité se fasse au nom même de l'identité qu'elle entreprend d'interroger, témoigne de l'importance de ce double mouvement qui consiste :
- d'une part, à résister à toute tentation de réserver un espace prédéfini pour une identité gay qui serait fantasmatiquement cohérente et reconnaissable parce que totalisée et prématurément refermée,
– et, d'autre part, à continuer d'affirmer les énergies – toujours porteuses d'un potentiel de résistance – qui peuvent être mobilisées par les actes de nomination des gays par eux-mêmes, énergies qui maintiennent leur capacité subversive en refusant d'offrir aucune vérité déterminée sur la nature et sur l'usage de la sexualité gay. »
sampa
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Re: Et si je n'étais pas homo ?

Message par sampa »

Et si tu allais à un meating de EA? Car les et-aloriens sont tout sauf des clichés comme tu as pu en décrire au début de ton topic.
Katy Mini

Re: Et si je n'étais pas homo ?

Message par Katy Mini »

sampa a écrit :Et si tu allais à un meating de EA? Car les et-aloriens sont tout sauf des clichés comme tu as pu en décrire au début de ton topic.
Tu dis ça parce que tu as raté le moment où on était tous en train de mater le dernier numéro de Butt en sirotant une vodka-fraise sur fond de Lady Gaga remixé par David Guetta. D'ailleurs qui a piqué la page 14 avec la nageuse allemande? :evil:
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