Saigo a écrit : Cette histoire, que j'estime close, m'a laissé un goût amer. Je pense que je m'attache trop facilement aux gens, ce qui peut me mettre dans tous mes états et je n'aime pas ne pas avoir le contrôle sur mes sentiments. Je suppose que c'est le lot commun des humains. Ces derniers temps, je commence à m'intéresser à la spiritualité, qui était le cadet de mes soucis jusqu'à présent. Je m'intéresse notamment au bouddhisme, une religion sans dieu, qui affirme que toute vie n'est que souffrances, et qui propose des solutions pour atténuer ou supprimer ces souffrances. En tout cas, j'espère que ce coup de blues que j'ai en ce moment n'est que passager
Saigo, je te comprends...
Allez, hop,

un câlin, déjà (les câlins j'ai remarqué que ça résolvait quand même pas mal de choses dans la life).
Minimiser ce que tu ressens en ce moment ne servirait pas à grand chose. Certes, on peut toujours se comparer à son voisin, trouver pire que son sort, et se forcer à cesser de se morfondre. Mais bon, ça, c'est pas toujours efficace. On pourrait aussi tout simplement accepter que la vulnérabilité est notre lot commun (c'était la phrase philosophique du jour). Face à cette donnée de la nature humaine, certains se blindent et s'empêchent de tomber amoureux ou de se faire des amis. Mais je suis très sceptique face à cette solution, comme l'indique ce charmant smiley que nous appellerons Bébert.
Bébert et moi, nous croyons aux attachements, et comme quand on croit aux attachements, il faut accepter aussi les détachements, eh bien, Bébert et moi acceptons les détachements, sans essayer de masquer sous une carapace bétonnée que les moments où les choses "se rompent" sont pas roses. Bébert ici présent

et moi pensons néanmoins que grâce à cette capacité que tu as d'être touché (pas de jeux de mots seskuels siouplaît) par une beauté, par un accent, par une fraîcheur au milieu d'un autobus où la plupart des gens ne voient que du feu, tu as tout à fait les moyens d'être heureux.
Je suis un peu comme toi, Saigo, je m'attache rapidement aux gens, je noue des amitiés complices très rapidement, et j'ai aussi une certaine facilité à tomber amoureuse. J'ai beaucoup essayé de lutter contre ça. Mais aujourd'hui je suis convaincue que cette sensibilité, c'est la chance de ma vie. C'est grâce à elle qu'arrivent toutes les choses bonnes que je vis. Apprends à connaître ta sensibilité, ça ne peut être que bénéfique. Bien sûr qu'elle est synonyme de vulnérabilité, mais c'est cette même vulnérabilité (que tu expérimentes ces jours-ci dans la souffrance) qui est synonyme de perméabilité aux choses joyeuses. Quand on a un palais sensible, pour prendre un exemple parlant, certes on remarque tout de suite le chocolat dégueu qui a un goût de carton et on en pâtit plus que d'autres. Mais d'un autre côté, on est beaucoup plus apte à savourer les Leonidas, ça crée une foultitude de sensations plus riches en nous. Essaie de te concentrer sur ce côté-là des choses, le côté aptitude décuplée à goûter les Leonidas. Y a des gens tu leurs sers un vin piteux et un grand vin c'est du pareil au même, ça leur fait rien, ils gardent toujours la même tronche. C'est cool pour eux, c'est un mode de vie comme un autre, mais puisque toi Saigo, tu n'es pas comme ça (pour le vin je ne sais pas, mais pour les garçons en tout cas), profite de ce que tu as "en plus"' au lieu de voir ce que tu as "en moins". Une capacité à être affecté, ce n'est pas une incapacité, c'est bel et bien une capacité. Encore faut-il que tu trouves la meilleure manière de mettre à profit cette capacité. Cela se fera, sans aucun doute, avec le temps. Tu préférerais ne jamais rien ressentir et avoir une capacité émotionnelle de plante verte ? honnêtement ? Ce n'est pas pour rien qu'on parle d'intelligence émotionnelle. La capacité à être affecté est bien l'une des manifestations de cette intelligence.
Un jour, j'étais en plein chagrin d'amour, en plein "j'en pâtis", et j'ai écrit un mail un peu désespéré à une amie. Elle m'a répondu quelque chose qui m'a à la fois surprise et fait beaucoup de bien, et qui a coupé court à mes humeurs bilieuses. Je pense que ce n'est pas valable seulement pour moi (loin de là), mais que c'est valable pour tous les gens sensibles qui s'enchantent facilement (et tombent facilement en amitié ou en amour, pour des choses ou pour des gens, comme toi).
Donc je te copie-colle ça, prends-le pour toi :
on se connaît, et c'est une des choses que j'ai apprises sur toi : tu te reformes et tu survis, tu ne revis pas de tes cendres comme le phoenix parce que le phoenix, lui, brûle jusqu'à s'anéantir et mourir, pas toi. Toi tu pousses comme la queue d'un lézard, comme un foie, comme une hydre ! Tu n'as pas que neuf vies comme les chats. Tu t'en sors parce que tu inventes (mais la création est de mèche avec la destruction, gros gros scandale), Darwin et Bergson seraient tout excités je pense. C'est ça ton pouvoir. C'est beau et monstrueux. Et très amoral pour notre culture judéochrétienne je pense, cette façon de cesser de souffrir, de ne pas s'affaiblir. Ne te fais donc pas de souci.
Edit : tiens, deux chansons qui me mettent toujours de bonne humeur. Un peu de Brésil et ça repart. Maria Gadu et Leandro Léo :
http://www.youtube.com/watch?v=84iC0Y-9qkg et Paulinho da Viola :
http://www.youtube.com/watch?v=xKkEYx2SoxU Paulinho chante qu'il était dégoûté, qu'il se traînait un vilain chagrin d'amour, que dans son coeur qui avait "la manie d'aimer", la marque des désillusions pesait lourd, qu'il en avait marre que l'amour soit si difficile à trouver... Et paf, le voilà qui rencontre la bande de Carnaval "Portela" et d'un coup, ce nouvel amour (pour la samba, donc) est un fleuve qui le soulève et le fait revivre, la joie revient, et son corps est pris dans la danse. Et son amour pour la samba efface les marques des tristesses laissées par les autres amours. Je l'écoute chaque fois que j'ai un coup de blues, c'est très efficace sur moi.
Pour finir, un dernier
June, pour le gang des chaudoudoux.