Pffiouh dur dur... 3

Pour eux.
spécimen
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Message par spécimen »

Une parole crue n'est convaincante/efficace que si elle est fondée... et non insultante/péremptoire Brutal...
Commence, peut-être, par régler tes problèmes avant de te montrer agressif en voulant régler ceux des autres... tu n'en seras que plus crédible... et sans doute moins blessant!
Pirlouit
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Message par Pirlouit »

Bonjour Specimen,

Je ne me sens pas capable de réagir à l'intégralité de la discussion. Elle a été tellement dense et mouvementée. Je vais essayer de te dire ce que ton premier post m'inspire. Pardon, s'il y a des redites avec les posts d'autres forumeurs ou bien si je développe des idées auxquelles tu as déjà répondu.
Je sais que je suis un petit con âgé de 21 ans. Je n'ai jamais eu de vie hétéro dite "normale". Je n'ai pas une famille qui me harcèle pour que je me marie et que j'ai des enfants. Pourtant, je pense avoir le droit de répondre. Tu demandes des réactions et même si je prévois que mes idées ne te plairont pas, j'ai quand même envie de les écrire. C'est le risque lorsqu'on demande des conseils. Parfois ceux-ci ne vont pas dans le sens que l'on souhaiterait. Enfin, honnêtement, t'attendais-tu à obtenir la bénédiction des forumeurs, particulièrement de ceux qui ont eu un passé hétéro? OU alors, mais je tombe sans doute dans la psychologie de comptoir, ce que tu venais chercher inconsciemment c'était justement un électrochoc te permettant de réagir.

Plusieurs choses m'interpellent.

Déjà, tu parles de choix et de la nécessité de prendre en compte notre entourage lorsque l'on fait ses choix. C'est tout à ton honneur de penser cela. Cependant, j'ai le sentiment que ta vision des choses est caricaturale:
- Soit j'assume mon homosexualité. Conséquence: ma famille sera malheureuse, je serai exclu de la société. Donc, si je le fais, je suis un égoïste.
- Soit j'enfouis mon homosexualité. Conséquence: je fonderai une famille; je serai pleinement intégré dans la société. Donc, j'aurai fait le bien autour de moi et j'aurai apporté le bonheur à mes proches. Je suis formidable, je suis altruiste!
Franchement, tu ne penses pas que tu pourrais trouver un juste milieu?

Je vais te dire les choses un peu brutalement. Mais, j'éprouve autant de pitié pour les gens vivant uniquement pour eux que pour les gens vivant exclusivement pour les autres. Vivre d'après les schémas imposés par la société afin d'être bien vus par ses proches, ses collègues, ses amis et M. tout le monde, c'est se soumettre au diktat du Qu'en-dira-t-on. Si personne n'avait osé remettre en cause cette chape de plomb que représente la bonne petite morale de la société, les droits des femmes n'auraient jamais avancés, l'avortement n'aurait pas été légalisé, etc, etc Que penses-tu que l'on disait des femmes qui tentaient de s'émanciper en travaillant? En prenant de l'indépendance vis-à-vis de leur mari? Que disait-on d'elles dans la rue? On les accusait d'être égoïste, de penser à elles avant de penser à leur famille, de ne pas se soucier de l'opprobre qui ne manquerait pas de s'abattre sur leur foyer. C'est sûr, au début ces femmes étaient mal vues mais si elles agissaient de la sorte, c'est bien parce qu'elles étaient malheureuses dans la situation antérieure. Je mélange peut-être un peu tout mais ce que je désire te montrer, c'est qu'agir en fonction du regard d'autrui, ça a des limites. Recevoir la bénédiction de la société pour sa bonne conduite, ça ne suffit pas à rendre heureux un Homme.

Par la suite, tu parles bcp de ton père et tu dis que c'est pour lui que tu fais tout cela.
Pourrais-tu nous parler plus de ton père? Si tu le désires, bien entendu.
Tu nous dis qu'il espère beaucoup de toi, notamment sur la question des petits enfants.
Mais, que te dit-il en dehors de cela? Insiste-t-il régulièrement sur ton célibat? Veut-il que tu te maries au plus vite? T'a-t-il parlé de ce qu'il espérait pour toi? Que pense-t-il de l'homosexualité? De l'hommoparentalité?
Depuis le début, tu nous dis que voir son fils vivre sa vie d'homo le décevrait beaucoup. Mais sur quels arguments te fondes-tu pour dire cela? Est-ce une crainte rationnelle?

Tu nous parles ensuite des malheurs qu'a vécus ton père au cours de sa vie et tu t'appuies sur ces tragédies pour motiver ton choix de refouler l'homosexualité. Je me trompe peut-être mais, tu sais, je crois que les malheurs ne rendent pas forcément plus fragiles les gens, au contraire ça peut les pousser à avancer, à se construire, à se consolider. Ce que je veux dire, c'est que si ton père a traversé toutes ces épreuves sans se perdre, il en aura retiré une grande force. Par conséquent, si tu lui annonces ton homosexualité, son attitude ne sera pas forcément de se dire "Mon Dieu un malheur de plus dans ma vie". Bien au contraire, il prendra peut-être conscience du fait que tu es heureux, que tu vis bien et qu'il est préférable de te garder auprès de lui homosexuel et heureux plutôt que de te perdre au sens propre ou au sens figuré. Je sais bien qu'actuellement tu prétends pouvoir être heureux, totalement heureux dans une hétérosexualité. Je m'interroge tout de même. Si c'était vraiment la seule dimension de ton bonheur, pourquoi n'es-tu pas déjà passé à l'acte? J'en déduis que l'homosexualité te travaille et que tu te demandes si elle ne ferait pas aussi partie de ton bonheur. Je reviens donc à mon idée de départ. Je pense que des parents normalement constitués (décidément nous n'échapperons pas au débat sur la norme) préfèreront toujours voir leur enfant heureux qu'elles qu'en soient les conditions plutôt que de le voir malheureux. Mon point de vue est sans doute biaisé par mon expérience personnelle. Néanmoins, une des choses que ma mère m'a dite après mon coming out et après que je lui ai dit avoir rencontré un garçon, c'était il y a un an, c'est qu'elle était très heureuse de me voir épanoui et que ce qu'elle avait craint pour moi auparavant, c'est que je sois tout seul et malheureux. En clair, ce qui compte pour les parents, c'est que l'on soit heureux, qu'on éprouve quelque chose et pas du tout que ce quelque chose qui nous rend heureux réponde à un schéma social particulier. D'une famille à l'autre, cette prise de conscience peut prendre plus ou moins de temps mais je crois que lorsque les parents aiment leurs enfants, on y revient toujours.

Voilà, je doute que ces quelques mots correspondent à tes attentes mais j'avais envie de te les adresser. J'espère ne pas t'avoir blessé et j'espère surtout que tu réussiras à être heureux.
fred67
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Message par fred67 »

Bonsoir, je me trompe peut-être, mais je crois que jusqu'a présent, tu n'a pas encore eu d'avis d'une personne hétérosexuelle.
Maintenant, ça va être chose faite...
Moi aussi je suis peut-être une petite idiote de vingt trois ans, mais je peux juste te dire une chose, en faisant ce que tu t'aprête a faire, je rejoins les autres, tu ne seras jamais totalement heureux, j'en ai une preuve justte au-dessus de chez moi.
Mon voisin, est gay. Oui, mais a envviron vingt ans, il s'est marié, il savait bien qu'il l'était, mais il voulait enfouir tout ça, il a eu une filleet au final, il s'est passé ce que pas mal de forumeur t'ont dit, il a divorcé et tout a explosé autour de lui, ses parent ont sans doute été plus choqué que s'il s'était décidé a le dire tout de suite.
Il a eu vraiment de la chance que sa femme l'ait bien pris parce que je peux te dire que si cela m'arrivait, j'essairai de comprendre mai je ne garantie pas, malgré ma grande ouverture d'esprit de comprendre.*$
ah, au fait, une dernière chose, tu dis, l'homosexualité est une anormalité, euh je serai tenté de dire, mai, c'est quoi la normalité, ça existe ça?
et enfin, comme te l'a dit un autre forumeur, l'homosexualité, ça n'est pas un choix on ne décide pas du tout qui l'on va aimer, non, pas du tout.
Pour finir, j'ai oublié de préciser, que j'ai une petite fille et franchement si elle était lesbienne, je préfèrerai qu'elle vive son homosexualité au grand jour plutôt que de prendre un petit minet pour me faire plaisir.
voila, en espérant ne pas avoir été trop violsente, trop cru...
zphyr
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Message par zphyr »

A ceux qui liront ce fil en diagonal je recommande la lecture intégrale du post de Pirouit, qui est un chef-d'oeuvre de clarté et d'intelligence.

Réaction au post de specimen me concernant : ce n'est pas parce que mon cas est ambigu qu'il faut faire pareil ! (et je te fais remarquer que j'ai connu, aimé et fait l'amour à plusieurs femmes avant de comprendre mon homosexualité et qu'en plus, j'ai pris mon pied ! :P )
captain
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Message par captain »

spécimen a écrit :Une parole crue n'est convaincante/efficace que si elle est fondée... et non insultante/péremptoire

Spécimen, encore une remarque : (j'espère que tu ne vas pas te vexer !)

Cette manie de mettre des alternatives/choix partout est une manière de dire à tes lecteurs "choisissez le mot qui vous convient", en clair tu donnes aux AUTRES le choix d'imaginer ce que tu penses, et c'est EXACTEMENT ce que tu veux faire avec ta vie, tu laisses aux AUTRES (en l'occurence ton père) la responsabilité de choisir pour TOI, à TA place.

Ne serait-ce point pour toi une confortable façon de te déresponsabiliser ?
comme, le dit René Char :"Il faut trembler pour grandir".

[Ce post a été partiellement modéré par La Noiraude]
ExMembre L

Message par ExMembre L »

alors la captain je n'analyse pas du tout la chose de la même façon... mais il y a sans doute des deux. pour moi il y a tant d'incertitude que la panoplie de mots enchainés reflète une volonté de se barricader derrière une surenchère d'adjectifs qui renforcent le propos. : si j'ai autant de mots pour le dire, je ne peux plus avoir tort, j'ai tout bien muré mon raisonnement il n'y a plus de faille possible.

Mais maintenant que tu le dis effectivement cela laisse aussi l'opportunité du choix pour le lecteur, et donc la réponse. C'est assez fascinant dans tous les cas et cela interroge cette manière récurrente d'utiliser la langue!
Paranoiattack
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Message par Paranoiattack »

Désolé si je suis flemmard (et à la bourre pour mes examens), je n'ai pas lu tout ce topic à rallonge qui, semble-t-il, crée des conflits...

Est-ce que quelqu'un peut expliquer de quoi ça parle en gros et pourquoi on a modéré Brutaldeath? :roll:
anonymeB

Message par anonymeB »

Je réponds juste à la deuxiême question: comme d'habitude, j'ai dit les choses un peu trop cruement pour les âmes sensibles :mrgreen:
Je suis parfaitement capable d'être fin et psychologue s'il le faut, mais y'a des fois où il faut arrêter de tourner autour du pot.

Même si dans ce cas précit, y'avait une raison, une réaction attendue. C'était pas pour foutre la merde, bref...
spécimen
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Message par spécimen »

captain, raté, tes [remarques] ne font pas avancer le problème... je te rejoindrais dans ton analyse si, en effet, mes slashs encadraient des mots à la signification antagoniste, ce qui n'est pas le cas! Car, bien souvent, je les utilise pour accoler des synonymes, mais dont la nuance qu'ils revêtent m'apparaît importante. C'est sans doute un détail pour toi, cela a toute son importance pour moi...

Je ne laisse pas le choix au lecteur d'interpréter ou choisir et, par là me déresponsabiliserait (je te cite), je tiens seulement à préciser/accentuer ce que je veux exprimer, pour ne laisser justement aucun doute!

[Partiellement modéré par La Noiraude]
Adyton
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Message par Adyton »

En gros, je ne pourrais de réécrire ce qu'a écrit Pirlouit, alors que je dois avoir le double de son âge, comme quoi rien ne sert de courir...

Pour résumer, je crois qu'on ne peut pas aimer les autres sans une estime de soi-même, on ne peut pas s'aider en aidant seulement les autres, nous vivons en grande partie des interactions puisque nous sommes en société (ça me va bien de dire depuis ma maison très isolée qui m'oblige à prendre la voiture pour voir quelqu'un d'autre que ma moitié) mais on vit à la base pour soi-même, ce qui n'empêche pas, bien au contraire, d'aimer d'autres personnes. Je sais que je fais des choses qui peuvent ne pas plaire à ma famille, mais les conforter serait au prix de ma propre vie, et chacun sait qu'on n'en a qu'une. C'est dur de faire mal, mais au final chacun doit acquérir suffisamment d'autonomie pour accepter que chacun vive d'abord pour soi-même, ce qui ne fait que renforcer l'intérêt des relations avec les autres, sans les diluer dans les compromis et les habitudes. Je sais que ça peut choquer, mais j'ai encore des rêves à explorer et je ne pourrai pas le faire en me contentant de compromis.

Un autre truc qui me fait réagir : l'anormalité de l'homosexualité. Cette idée ne me choque pas, il faut accepter d'être anormal, ce qui signifie stricto sensu qu'on n'est pas dans la norme, c'est-à-dire statistiquement parlant représentatif d'une certaine majorité. Les gays sont minoritaires, la belle affaire ! Ils sont statistiquement anormaux, pas de quoi en faire un plat. Les problèmes surgissent quand on considère que chacun doit rentrer dans le même moule, qui sera naturellement (suivant les lois de la nature) hétérosexuel. On mesure peut-être l'évolution d'une société à son acceptation de l'anormalité, c'est-à-dire de la diversité. Si on doit bannir l'anormalité, on élimine aussi les juifs, les gauchers, les noirs... Oui, c'est vrai, on a déjà essayé, avec les résultats qu'on sait. Anormal, je suis prêt à le revendiquer ; à rejeter, je battrai contre cette idée.
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