A cause d'un garçon

Pour eux.
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sandoval

A cause d'un garçon

Message par sandoval »

Mes interrogations du moment...c'est un peu long...

Tout pourrait prendre naissance au pied d’un rêve. Un sommeil sans parachute, les effacements du minéral. Mais c’est la réalité tout simplement.

A cause d’un garçon. Le genre de garçon que vous ne connaissez pas. Il évolue dans votre propre fac, vous ne le connaissez pratiquement pas. Le genre de garçon qui vous fait tourner la tête, une migration de tentacules, une anicroche démembrée.

Plus sérieusement, voilà ce qui me préoccupe, et voilà la personne qui occupe mes pensées, en permanence, tout le jour et même la nuit.

L’origine

C’était il y a un an et demi, peut être deux. J’étais en licence, je passais mes rattrapages. Pas de chance, je ne devais pas rater ces examens sinon mon année était cuite. Je ne sais plus quel jour c’était. J’arrive devant l’amphi. Je me dirige vers les affiches, pour savoir quelle unité je repasse. Jusque là tout va bien, si ce n’est que je passe tout près d’un garçon.

Le garçon-hélice, celui que vous percevez en diffracté, il se révèle à vous. Je me poste en face, sans savoir, pour attendre le début des épreuves. Et il commence à me regarder…à m’observer doucement avec un petit quelque chose dans les yeux qui me fait tilt immédiatement (comme lorsque l’on ouvre une canette d’Orangina, un soir d’été, tchac !).

En un instant, je sais qu’il est homo. Il est mignon. C’est un garçon châtain, aux yeux bleus très profonds, et au sourire déjà craquant. Gêné d’être observé, je fais mine de m’éloigner. On entre pour passer l’épreuve, et je remarque qu’il se retourne plusieurs fois vers moi. Je trouve ça agréable, mais je suis dans mes épreuves. Le temps passe.

La zone insondable des couloirs

Je le croise souvent dans les couloirs. Je ne sais même pas dans quelle UFR il se trouve. Il fait très masculin, je lui trouve un charme certain. Ses yeux surtout, bleus, durs et tendres à la fois. Il m’observe à chaque fois, et je le regarde secrètement. Puis ce petit manège (d’agités en bois, de petits soldats empaillés) dure. A chaque fois qu’il me croise il me regarde avec un air qui semble être intéressé. Je n’ose pas trop le regarder, au début. J’ai surtout l’impression qu’il ne sait pas que je suis homo, et qu’il me lance ses regards en toute simplicité. Sans savoir.

L’été approche, soleil bourdonnant aux tempes, mouches et volières prêtes pour les parfaits décollages. Je le croise encore un peu. Il a les cheveux très courts, il a un air très dur, parfois renfrogné, mais il commence à susciter en moi un intérêt.

L’été frappe chaque hémisphère de nos corps. J’avoue l’avoir un peu oublié pendant les vacances.

Les choses répétées, plaisent, c’est selon

L’année dernière. Je continue mes périples quotidiens au sein de la fac, avec un Master I qui presse, que je dois rédiger. Et dans le bal de mes inconnus de la fac, oui, l’ensemble des garçons qui frappent mon œil (éclat d’iris), il devient vite un incontournable.

Sa manière de s’habiller, quelque chose qui tient de l’arrogance et du voyou chic. Il fait parfois semblant de ne pas me regarder lorsqu’on se croise. Je commence à le chercher du regard quand je l’aperçois dans la fac. Il a beaucoup de charme. Son crâne presque rasé le rend sec et obtus, mais c’est cela que j’apprécie.

Pas certain qu’il connaisse mes préférences, du moins, je le crois à cette époque.

Puis je batifole avec moi-même, les tracas, les sorties avec des amies, les soirs d’espérance et de grands gouffres humides et nauséeux. Il vit trop loin dans mon esprit, il est trop loin dans le temps, et il est surtout trop charmant pour moi.

L’année passe, avec ses regards parfois plus appuyés, parfois avec indifférence (feinte ?).


La rentrée, grande goule ouverte (pour avaler les cas désespérés)


Cette année, à la rentrée. Préparation d’un concours, poursuite du Master, tout est bon pour faire oublier les égarements, les petites imperfections. Pourtant. Pourtant, il est toujours là, et nos rencontres de présence-absence se feront désormais à la bibliothèque de la fac. Pas de contact direct, juste les yeux.

J’ai pris l’habitude de m’installer à un endroit particulier, dans la bibliothèque et je remarque avec joie, que le garçon, s’y rend souvent pour étudier. Alors, je suis là, je l’observe, comme l’épieur, dénudé, guettant dans les ronces, le délicieux charme du garçon.

Tout semble s’accélérer comme dans un film. Pas de télécommande pour faire barrage, pour rattraper les fraudeurs, les espiègles désirs.

Je le regarde tout le temps, et cela devient un jeu. Je te regarde, tu m’observes. Je baisse la tête, gêné et rougissant. Il en fait autant. Il est avec des amis, maintenant, et je sens que son regard se transforme, devient dur, lisse, et contrôlé, je crois. Quand il est seul, il se laisse aller à la dérive.

Je sais que je lui plais au moins un peu.

Une fois, montant dans la bibliothèque, il se retourne directement sur moi, alors qu’il était de dos. Une de ses amies lui a indiqué ma présence. Comme elle le fera pour un autre garçon, serais-je donc un « flash » pour lui, comme mes garçons-inconnus que j’aime épier et croiser dans les couloirs. Cela me rassure.

Il laisse pousser ses cheveux. Sa barbe est naissante (comme la mousse, au matin, sur les pavés d’un jour sans équilibre) et je trouve cela plus que charmant. Il devient séduisant, attirant, craquant. Je commence à le chercher tout le temps lorsque j’arrive à la bibliothèque, je choisis mes heures, j’essaie de connaître son prénom.

J’observe secrètement ses sourires, ceux que je capte sont d’une rare intensité (lorsqu’il discute avec des amis), et son air sauvage, me fascine. Tout devient prétexte à le voir. Mon cœur s’agite vite lorsque je l’aperçois, et quand la distance s’amenuise, je ne sais s’il faut que je regarde, ou que je baisse le regard, embarrassée.

J’essaie de voir autrement. C’est une année qui me frappe, une année sombre encore, et mon aventure avec N. (un garçon rencontré sur internet) dure un temps. Un temps, car je me rêve dans les bras de cet Inconnu disjoint, qui me semble si loin (si près de ma cage thoracique, soulevée, pulsations, lorsque je le croise). Et je songe à lui tout le temps. Il devient une drogue lente et puissante.

Je discute avec des amies, et lorsqu’il passe dans le couloir, je perds le fil de la discussion, je bredouille.

Les derniers jours

C’était il y a deux semaines. Il a commencé à neiger très fort. Dans la bibliothèque, il était là, avec ses amis, avec un nouveau pull, un peu décalé, trop grand pour lui, charmant, pourtant, toujours. Et j’ai osé le regarder, dans les yeux, surmontant ma timidité meurtrière, pendant une seconde ou deux secondes, une éternité au dessus d’un gratte-ciel. Je crois qu’il a compris que j’étais homo.

C’est l’accumulation des rencontres visuelles qui trouve son apogée. Il me regarde, et fait mine de chercher un livre tout près de moi, en me lançant des petits regards, auxquels je n’ose pas répondre, trifouillant dans mes cahiers, terriblement gêné, le cœur en vrille.

Il me cherche du regard, on se cherche. J’ai le cœur qui bat. Il neige et je dois y aller, et on se croise à nouveau et on se regarde.

Je suis fourbu. Fourbu d’avoir trop couru dans mon propre élan d’inutilité. Je me connecte, et cherche sur Facebook, et je tombe sur son profil. J’enregistre son image, comme convulsé de bonheur, je peux mettre un prénom sur ce visage si charmant.

Il s’appelle Benoît (prénom fictif). Je suis fiévreux et décide de lui envoyer un message sur Facebook. J’ai mis du temps, j’avais le cœur fou, je tremblais et j’ai envoyé. Je n’ai pas su trouver les mots adéquats, car mes mots dérapent, chutent un peu, j’essaie, tout bonnement, et je me lance lorsque j’appuie sur « envoyer ».

Je ne dors pas. 8h du matin, je fonce à mon ordinateur. J’allume, je vais sur ma messagerie. Vide.

J’ai bien consulté une vingtaine de fois ma messagerie le lendemain. Vide.

Evidemment, il n’habite dans ma ville, il n’a peut être pas la connexion tout le temps, il n’a pas encore vu mon message.

J’attends, une horrible attente. Une attente mêlée d’angoisse, le nœud au ventre, la vipère dans le cœur qui mord avec ses petites dents de sorcière effrontée, et lui, l’effronté, celui qui brise les joncs, qui paralyse mon quotidien, son sourire, ses yeux, la manière dont il rougit.

J’attends. Je le croise le surlendemain, sans savoir s’il a lu ou non mon message, et détourne la tête, trop gêné.

J’attends le week-end. Je suis comme absent. Mes parents se demandent quoi. Je broie du noir, une fleur muette, un escabeau en sourdine, j’ai le courage du bègue, la chevelure taciturne, je tourne en rond en attendant sa réponse. Il ne répond pas.

Le week-end, la semaine suivante, jusqu’à, aujourd’hui. Il n’a pas répondu.

Dans mon message je lui avais mis « tu n’es pas obligé de répondre…. ». Et bien voilà, la claque, la chute libre, du verglas à la minute, l’inconfort, le malaise, la tempête, la mousson qui vient frapper mes joues. J’ai envie de pleurer, je me trouve ridicule, moche, empêtré, incapable d’aller le voir, de lui parler.



Aujourd’hui


Je l’ai revu. Bien décidé à oublier ce garçon, ce Benoît des rancunières averses, ce diable d’étang qui a perturbé mon ordinaire petite vie. Je fais mine de l’ignorer, et ça me fend le cœur de ne plus le regarder. Il semble détaché. Aucune réaction de sa part, rien. Je peine à me rappeler du regard, d’une infinie douceur, qu’il m’avait porté, le premier jour de notre rencontre-inondée.

Et pourtant. Et pourtant, il continue de me regarder. Il continue de baisser les yeux et de rougir quand il passe près de moi. Tout à l’heure encore il s’est retourné sur moi…me cherchant…

Que faire ? Le voir ? (j’en meurs d’envie) A-t-il peur lui aussi ? Pourquoi tous ces regards encore ?
Pourquoi me montrer encore de l’intérêt s’il ne veut pas de moi ?

Voilà où j’en suis aujourd’hui. Voilà où j’en suis ce soir.

Si vous êtes arrivés jusque là, vous avez du courage. Je suis perdu. Je reste persuadé qu’il n’a pas lu ce message.

J’ai failli aller lui parler avant-hier mais je n’ai pas osé.

C’est un peu long, je sais, mais j’avais envie de coucher cela sur le clavier.
Kliban
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Message par Kliban »

(je t'en supplie : va le voir. Doucement. Comme une neige. Va le voir. Sois brusque s'il le faut. Dis-lui d'un mot, d'un papier glissé, la danse du silence qui t'a saisie depuis plus d'un an.

Sors des liaisons virtuelles - ce ne fut que cela jusqu'ici - ou décide de les assumer, parce qu'aussi elles peuvent être belles - mais ce n'est pas cela qui te retiens aujourd'hui. Brise cette coque d'un mot réel. Je t'en supplie.

Cesse de penser, au moment où. Laisse le vent du dedans défaire le cercle des attentes. Ne lui parle pas, si le corps refuse. Écrit-lui. Ailleurs que sur un facebook où l'on se donne une image publique et lisse. Papier rapide : "tiens, pour toi". Au moins tu sauras.

Please. Ne reste pas comme cela.)
Lexto
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Message par Lexto »

C'est une histoire trés joliment racontée.
Et (comme bien souvent) je suis d'accord avec Mr Kliban...

Plein de courage à toi!
Moo
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Message par Moo »

Outch
Un conseil : "Lance toi", simple à dire mais dur à faire, je sais mais si ce garçon t'obesède/ait autant, ça veut dire qu'il y avait quelque chose :) !
Après comment .... c'est une autre question :D
Pavasaris
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Message par Pavasaris »

Les semaines, les mois passés à être obsédé par quelqu'un, je ne les connais que trop pour ne pas te conseiller de l'aborder. Soit, si tu es trop timide, tu lui écris un petit papier de ta plus belle plume, soit, ce que je te conseille, tu saisis le prétexte le plus banal possible pour lui parler. Que dis-je, pas besoin de prétexte! Tu vas le voir, tu lui demandes comment il s'appelle, dans quelle discipline il étudie et tu essaies de prolonger la discussion en disant les premières banalités qui te viennent à l'esprit. Ca, c'est pour établir le contact, pour pouvoir lui dire "bonjour" la prochaine fois que tu le croiseras. Je ne sais pas trop comment continuer, étant moi-même un professionnel de l'auto-dépréciation et de la timidité maladive, mais essaie à tout prix d'établir un contact. Tu verras bien s'il y a une ouverture de sa part, et s'il n'y en a pas (ce qui est peu probable : même si quelqu'un que tu ne connais pas et qui ne t'attire pas spécialement venait faire connaissance avec toi, au minimum tu répondrais à ses questions, non ? eh bien, ce sera la même chose pour lui!), tu seras triste un moment plus ou moins long et tu passeras à autre chose.

Mais il ne faut surtout pas rester dans ce type de situation fantasmatique où on attend avec anxiété les regards d'une personne et où on cherche à interpréter les moindres de ses gestes. C'est une situation qui confine à l'obsession dans la mesure où on peut aller jusqu'à reconstituer l'emploi du temps du garçon en question pour être sûr de croiser son regard au moins une fois dans la journée. Tant que tu ne lui auras pas parlé, tu auras peur du contact, et lui aussi. Et même si tu lui dis des choses qui te paraîtront a posteriori ridicules, tu ne regretteras pas de les avoir dites, l'important est juste que tu ne sois pas un étranger à ses yeux. Après, savoir s'il est intéressé par toi ou si c'est toi qui as tout inventé, c'est un autre problème, qui ne se résoudra qu'après...

Crois-moi, c'est par expérience que je parle (je n'ai pas d'expérience en matière sexuelle et amoureuse, mais j'en ai beaucoup en ce qui concerne les amours cachées :oops: ).

Bonne chance!
Dernière modification par Pavasaris le jeu. févr. 19, 2009 8:49 pm, modifié 1 fois.
zphyr
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Message par zphyr »

Ben oui, t'as peur de quoi ?? Qu'il te traite de sale p*dale ??? :shock:
Tempérance
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Inscription : lun. août 13, 2007 12:42 pm

Message par Tempérance »

Trop de souffrance, beaucoup trop de souffrance Sandoval :?

Visiblement, lui parler est difficile, prenons l'hypothèse ou il n'a pas lu le message que tu as écrit, quand bien même, et si, tu te laissais une dernière chance, genre, tu te présentes comme toujours à la biblio, tu le repères et là, tu te mets pas trop loin de lui, tu restes décontracté, tu ne le fixe pas, (limite tu fais celui qui ne l'a pas vu), tu vis ta vie à côté, et si par inadvertance, vos regards se croisent, tu lui fais un signe de tête, léger, un bonjour muet et puis tu vaques à tes occupations (sans paraître gêné, c'est juste une connaissance que tu salue).


Et tu recommences la fois d'après et la fois d'après en lui murmurant un bonjour du bout des lèvres, muet ou parlé mais, là, tu vois, tu enclenches une communication, jusqu'au jour où, tu lui diras vraiment bonjour et si ça se trouve, c'est lui qui se lancera à te dire le bonjour :D

Il est très difficile pour deux personnes qui se croisent très souvent dans le même genre d'endroit de se limiter à ce "bonjour" formel (par un signe de tête), à la longue, l'un de vous, naturellement, trouveras l'occasion de prolonger ces 10 premières secondes où vous vous saluez. Tu auras tout simplement créer un espace pour vous, un espace ou vous pourrez vous parler vraiment au delà de cette convenance.
Dernière modification par Tempérance le jeu. févr. 19, 2009 8:54 pm, modifié 1 fois.
edogawa
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Inscription : jeu. juin 30, 2005 2:51 pm

Message par edogawa »

J'en rajoute une couche mais : je suis toujours bluffé par ta plume. Tu n'as jamais pensé à écrire un bouquin (à tenter tout du moins) ?

Bon sinon je te dirais de suivre les conseils de Kliban. Maintenant j'ai conscience que ça demande un certain courage.
floridjan
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Message par floridjan »

Oui, c'est vrai que c'est très joliment raconté. Tu décris à merveille le doux frisson de l'attirance, du désir enfoui au fond de soi et que jamais on imagine avouer un jour à celui qui capte nos regard et captive nos sens...

Je ne sais quel conseil te donner. Si ce n'est de guetter un moment où il sera seul et de prendre ton courage à deux mains pour lier connaissance avec lui. Dur, dur. Surtout si tu es timide.
sandoval

Message par sandoval »

Merci de vos réponses :)

Le pire dans tout ça, c'est que j'ai eu plusieurs fois eu l'occasion de l'aborder, mais je suis un timide chronique.

Si j'ai crée ce sujet c'est pour m'obliger à vous donner des nouvelles, donc m'obliger à le voir, et lui dire bonjour au moins. Car je reste persuadé qu'il espère, ou n'ose pas comme moi, j'en suis persuadé au vu d'aujourd'hui...

Je vais essayer d'y aller demain...Ou la semaine prochaine.

Mais dès que je m'approche de lui, ma respiration s'emballe!

@ Edogawa : j'y ai déjà bien pensé, mais, j'attends le moment venu....
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