À l'âge de 17 ans, je quittais mes parents pour aller vivre à 600km de chez moi avec mon copain du moment. Novembre 2008. L'idylle a pris fin en septembre 2009, peu après mon 18ème anniversaire. Un an à vivre avec une personne, à m'enfermer dans le couple, à me couper du monde. Nul étonnement quant à ma désorientation quand, à la rupture, je retournai chez mes parents, changeai d'université, revins à ma campagne d'origine.
Dépaysement. Petit isolement. Les amis de l'ancien temps, tous enfuis... Ceux qui restent n'ont pas grandi aussi vite que j'ai l'impression de m'être développé.
Mi-novembre 2009, une connaissance refait surface sur MSN. Il ne s'est pas trop éloigné géographiquement et nous lions quelques liens ambigus qui se décideront un peu plu tard, courant décembre 2010. Nous n'attendons rien de vraiment particulier, nous avons l'esprit léger ; si ça marche, tant mieux, sinon, tant pis...
Samedi 23 janvier, première fois que nous nous voyons en tant que "couple" (précision : nous avons entretemps repris contact dans la "vraie vie"). J'ai un mot d'ordre et il dit simplement avoir le même : non, pas le premier soir. Mais...
La soirée chez lui est un désastre, nous sommes tous deux exténués de nos journées respectives. Nous allons nous coucher vers minuit. Je lui dépose un baiser, puis je me fais une place confortable pour dormir. Quand il se tourne et commence à m'embrasser le cou.
Ce n'est pas déplaisant et même si je ne réponds pas par des gestes autres que tendres -pas sexuels- il continue. Jusqu'à se montrer plus entreprenant. C'est à ce moment-là que j'ai commencé de prendre peur. Il se met à me dévorer littéralement le cou, me passe dessus, se frotte... Et même si une réaction physique de mon corps peut être prise comme une réponse positive de ma part, je n'en ai pas envie du tout. Là, je suis comme tétanisé.
Dès lors il glisse sa main à l'endroit que tout le monde devinera. Je dis non. Je répète que non. Mais on dirait qu'il n'entend pas, il semble épris d'une fougue, d'une furie... Puis je ne parviens pas à me faire comprendre. Lorsqu'il s'aperçoit que je n'irai pas au bout de ce qu'il veut faire, il se remet sur mon cou, plus fort. Je manque de peu l'évanouissement par trois fois, tant j'ai mal.
Impossible de le repousser, impossible de crier, je suis réduit. Et quand je ferme les yeux, j'ai sans cesse la même image qui tremble : un cercle parfait pris au piège au départ d'un labyrinthe (cf. illustration ci-après). Je suis rien d'autre qu'un pantin entre ses mains. Il se finit, puis se recouche, me tourne le dos et s'endort. Moi, je reste là et j'attends l'aube.
Le lendemain, je n'existe plus. On dirait qu'il est tout seul dans son appartement. Il a une répétition de danse, moi un train à prendre. Au métro, il se rue sur la seule machine en service, achète un ticket qu'il me tend sans me regarder. Pas un mot, rien du tout. Nous nous séparons à un changement de ligne... Pas un "au revoir", rien du tout. Je n'existe pas. Le soir-même, je le retrouve connecté sur MSN, il m'annonce que notre histoire ne mène à rien et qu'il me quitte -chose prévisible, et je l'aurais quitté une ou deux heures plus tard de toute façon.
Depuis, je ne dors plus ; je tombe dans le sommeil, puis les cauchemars (visions de cette nuit-là, réminiscences de l'image) me font sursauter en sueur au bout de vingt minutes. Je sens encore sa main posée sur moi, les marques qu'il m'avait laissé au cou (suçons de 20cm x 22cm à gauche, 18cm x 20cm à droite) qui ont désormais disparues après avoir légèrement saigné pendant trois jours. Depuis, j'ai de plus en plus de mal à me concentrer sur mes cours, et je perds peu à peu le goût à mes loisirs, jusqu'à ma passion la plus intime, à savoir la littérature...
Nous avons des amis en commun, et nous nous sommes "revus" à deux occasions depuis cette nuit-là, en compagnie de ces dits amis ; je ne peux pas demeurer dans la même pièce que lui, et quand bien même je contiens avec difficulté les cris et les larmes qui sommeillent en moi, il a cette attitude, comme si rien ne s'était jamais passé, et je n'existe toujours pas. Je n'existe plus.
Plus le temps passe et plus je me sens vidé. J'ai beau feindre la joie et le bonheur de vivre en société, je n'arrive plus à rire au fond de moi (ce vers illustre bien mes états d'âme : "Je ris sans rire, je vis, je fais n'importe quoi" - A quoi je sers, Mylène Farmer). Et les pensées noires qui vont de pair...
J'en ai jusque là parlé à deux amies proches ; la première m'a promis son soutien et sa disponibilité, tandis que la seconde m'a conseillé de venir en parler sur ce forum.
"Je pense donc je suis", mais j'ai, bien au contraire, l'intime sentiment de penser, de coïter même, sans pour autant être proprement. J'ai sur moi comme son odeur putride et terrifiante. Seul je pleure, je hurle, je panique. Puis je ressens et je revis tout cela plusieurs fois par jour et par nuit.
J'avoue que je l'avenir n'est plus concevable et que je me perds...
(Voici l'image que j'ai vu et que je vois encore par le biais de cauchemars et qui m'obsède même éveillé)
Il faut imaginer que l'image est en proie à des secousses continues et que le cercle -en plus de voir ses teintes varier en nuances rouges, rosées et violacées- est projeté d'une paroi à une autre. De toute évidence, ce cercle ne peut passer par la brèche à gauche, d'autant plus que toutes les formes sont solides.
