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Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : mer. déc. 22, 2010 11:44 pm
par Joker
Petite histoire sur mon passé.

Il fut un temps où je fus à une époque fils prodige de classe moyenne, avec 133 de QI, balancé dans une classe d'intellos précoces, pas mal de bourges, pas mal de gens qui avaient sauté des classes (dont moi)...

Il fut un second temps où je redoublais (peur du lycée, tout ça tout ça), problèmes suicidaires à la mode pour mon age, vagabondages d'une classe à l'autre dans l'indifférence intellectuelle la plus totale, hormis un goût grandissant pour le cinéma

Il fut un troisième temps, le lycée, amusements et pures folies à chaque seconde, je me proclamais roi du rire, sorte de Peter Pan qui ne voulait pas grandir, qui plaisait à tout le monde et savait s'entourer d'amis.


Il fut un temps où tout fut un leurre. J'ai lu un livre, puis un autre, ma passion pour l'art (le septième) s'était décliné à la littérature, philosophie, etc. Je commence un peu à snober (ce qui était déjà le cas envers les amis postant du akon et autre sous merdes en tout genre sur facebook).

Je me met à toucher à tout, visant un éclectisme intellectuel, et surtout un concours à bac+3 pour école de journalisme.

Aujourd'hui, j'en suis où, je suis devenu homme de raison, j'ai oublié les souffrances du coeur sous un tas de livres, me suis mis à gouter à l'économie, politique et autre, j'ai laissé mon suicide psychologique vacant sur le côté, prêt à ressortir à chaque mauvais pas d'un autre envers moi.

Aujourd'hui, mes amis se comptent sur le doigt de la main, aujourd'hui, je passe 6h par jour à la bibliothèque pendant les vacances à réviser et lire (la lecture n'est pas que pour le concours, au fond ça me plaisir de me sentir de plus en plus intelligent au fil des lectures, donc je les enchaine à grande vitesse). Aujourd'hui france culture est mon ami qui me parle, arte mon ami de divertissement intellectuel, bien que je lui cède parfois mon coeur avec france 2.

Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir retrouvé la voie de l'intelligentsia à laquelle j'étais dévoué depuis tout petit, mais au prix de tout. La société m'a rongé, je lui pardonne en me disant que j'ai bien profité de mes capacités jusque là sans bosser. Aujourd'hui ma vie est un vide vacant, total, sur tous les plans.

Ma réussite de mon futur est quant à elle, pas gagnée non plus, puisque mes lectures se font sur mes intérêts qui sont ceux de la société du 20ème et 21ème siècle, or en fac d'histoire faut remonter dans le temps à grande reprise. Je base peut-être un peu trop tout sur mon concours dans 3 ans, en oubliant un peu qu'en attendant il me faut un bac +3

Bref, aujourd'hui le travail est mon meilleur ami, et quand je me cultive pas l'espace d'une seconde, j'ai le sentiment de perdre mon temps, résultat la moitié de mes amis ne sont plus présent puisque :
Dans le bus je lis
Quand j'ai du temps c'est la radio intello
Quand j'ai encore du temps c'est lecture, voire maintenant documentaires et films ou écoutes d'albums

J'aime le peu de gens très intelligents que j'ai rencontré, mais ils sont partis (pour le travail), j'ai perdu mon mentor intellectuel bac +7 qui m'a amené où j'en suis, qui m'a dis que "j'irai loin" (si seulement). Parfois je vois un ami par un (jamais des groupes, je n'en ai pas), parfois je croise des anciens gens que j'apprécie et qui m'apprécie, mais y'a plus de volonté à se voir et passer du temps ensemble. Et je n'ai donc plus grand chose d'autre. Courage, bientôt je n'aurai plus rien du tout.

:) Amis du soir, bonsoir :D


EDIT : Je ressens de plus en plus un gouffre culturel et intellectuel entre mes parents et moi en plus, je leur en veux limite de ne pas être né dans un milieu bourgeois, qui m'aurait permis d'arriver plus facilement à mes buts peut-être. Je me rêve en petit Zemmour, carrière critique ou rédactionnelle, mais dans la presse. Le fossé se creuse de tous côtés, et je n'ai plus d'intellectuels autour pour avoir encore l'impression d'exister :(

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : mer. déc. 22, 2010 11:55 pm
par Erual
OFF-Topic :
T'as raison, le mot éclectisme est à la mode, faut surtout le mettre partout :lol:
Mise à part les parties où tu te lances des fleurs tout seul, j'ai juste une question à te poser. Est-ce que tu préfères passer tes jours dans les bouquins pour "paraitre intelligent" ou est-ce que tu ne préfèrerai pas plutôt vivre à la rencontre des nouveaux gens, en apprenant dans l'échange avec autrui ?
Enfin, ce que je veux dire c'est qu'à mon avis, surtout si tes intérêts intellectuels sont proches de notre époque, tu apprendra beaucoup mieux en discutant avec des gens soit de ton âge, soit autres, que tu rencontres un peu partout.
Les livres, c'est bien, mais franchement, ça te fait perdre le sens de la vie, et surtout, surtout, tu ne sera pas lassé au bout d'un moment ? Tiens, un sujet philo, à quoi te sert d'être "intelligent" ? - donne le sens que tu veux à intelligent -

Et sinon, c'était pourquoi ce topic ? Pour qu'on te dise que c'est super ce que tu fais et qu'tu vas être le plus intelligent, et vive toi ?
:^^:

T'inquiètes, t'as déjà l'air hautain de Zemmour, c'est tout benef pour la suite de ta carrière.

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : mer. déc. 22, 2010 11:57 pm
par Joker
non non, je voulais savoir si y'en a qui ont bossé comme ça et pour qui ça a payé

et puis c'était ma petite déprime du moment


le truc sinon c'est que je sais pas/plus vivre, j'ai jamais fêté mon anniv en dehors de la famille, à nouvel an je suis toujours seul etc etc

mais j'aime bien aller dans des bars, ce genre de choses, j'ai juste perdu l'habitude d'être heureux

wou c'est beau :mrgreen: :mrgreen:


et puis non je m'en lasse pas... que faire d'autre ? faire les magasins seuls ? yahou... me balader seul ? yahou...

l'échange avec autrui, j'aime, mais j'ai l'impression qu'on m'apprécie de moins en moins, je suis pas si chiant et antipathique que je le montre là, mais je sais pas, on me répond pas à un sms et j'ai l'impression que tout s'effondre et que j'ai plus d'amis


enfin bon, je fais face à la réalité

et quand je ferai fac à l'échec de tous ces sacrifices entrepris.... wow, ça risque d'être dur d'en revenir si ça arrive

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 12:00 am
par Erual
C'est chouette parfois de se balader seule, ça laisse rêveur et penseur ! Mais, ouille, attention au poteau.
Et puis... pour rencontrer des gens, t'as les mEAtings, pourquoi pas essayer ?

Oui, mais je te comprends pour la vie sociale, tes amis tout ça. Ce que tu racontes dans ton deuxième post. Je suis un peu pareille.

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 12:01 am
par Joker
bof
je suis timide... très sociable mais timide quand même

j'aime pas rencontrer des inconnus, et surtout un meating d'et alors j'en vois pas l'intérêt je connais pas grand monde et la moitié de ceux que je connais me supportent pas :mrgreen:

et puis je vagabonde jamais en train et autre :ah: je suis de nature peureux de faire les choses seuls... bien que je me met de plus en plus à devoir y faire face du coup

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 12:04 am
par Erual
OFF-Topic :
Putain, mais arrête de dire des choses que j'aurai pu dire, j'vais commencer à me détester encore plus. >_<
Ah, mais si tu t'mets des blocages aussi !
Essaie de reflechir à ce que tu aimes vraiment, ce que tu veux faire, et ce dont tu as envie, seulement après tu pourra te donner la possibilité d'y arriver. On a souvent les outils pour plus proche de soi, suffit de savoir les attraper.

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 12:06 am
par Joker
bah j'aime bien moi faire ce que je fais, et puis j'ai cette maladie : paranoia

je me sens toujours en retard, du genre :
minceee les bolcheviks et le liberalisme c'est quoi déjà tout ça, hann je pari que tous ceux de mon âge savent, hop 40 livres à rattraper histoire de prendre de l'avance
:content: le sens de la compétition intellectuelle

en plus étant un pessimiste, j'entrevois la mort de l'art, ma propre mort si je ne trouve pas un métier intellectuel (bah oui, la crise tout ça, besoin de fric :mrgreen: ) etc etc

je me vois finir derrière une caisse ou une machine, à bosser 50 ans jusqu'à en crever
quoique je me serai déjà foutu en l'air d'ici là, surtout si le vide intégral dans ma vie continue et qu'au final je dois faire face à l'échec professionnel, domaine sur lequel j'ai tout entrepris et sacrifié

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 1:13 am
par Hypnos
C'est pour ça que j'ai toujours été contre le fait de sauter des classes. J'ai été diagnostiqué à 142 de QI après que ma mère ait paniquée lorsque ma prof de CE1 lui a déclaré que je devais être déficient mental et m'ait envoyé chez un spécialiste. J'ai une amie qui a un QI qui est probablement bien plus élevé, même si elle reste discrète à ce niveau-là, elle a un esprit logique qui frise l'indécence. Cela dit, elle a sauté deux classes, souffert énormément de ça, perdu un an en pleine dépression suicidaire, et s'en est à peine sortie grâce à la lecture. Pour ma part c'est à peu près similaire. Je suis dépressif depuis à peu près l'âge de sept ou huit ans, lorsque j'ai commencé à me rendre compte de ce qui se passait autour de moi. Comme les trois-quart des trucs de ce genre, c'est cyclique, ce qui est gênant parce qu'on croit que c'est fini et que ça revient d'un seul coup. J'ai trouvé un refuge temporaire dans la lecture, qui m'a évité de me suicider à un moment où je n'avais absolument plus rien que mes livres. La conclusion, c'est que l'intelligence rend triste. En premier temps.

La misanthropie, quand on est pas trop bête, c'est probablement le refuge le plus simple et le plus "normal". Déjà les gens sont souvent pas très malins. Ceux qui sont intelligents peuvent très bien s'avérer être très cons (malheureusement l'un n'empêche pas l'autre), et on s'attire très facilement l'inimité d'adultes lorsqu'on les remet à leur place. Il est également impossible qu'ils nous voient comme des égaux, et ceux de nos âges sont le plus souvent assez limités. Pour ma part j'ai traversé le collège sans même m'y arrêter, et je suis passé par tout hahaha, homophobies, harcèlement sexuel, maladie originale mais handicapante socialement etc. (ouais je raconte ma vie, ça fait du bien aussi et ça t'aidera probablement de voir quelqu'un dans une optique à peu près similaire. Et de voir les choix, qui sont différents, peut t'aider à relativiser sur les tiens), et j'ai fait plusieurs crises d'hystérie (au sens "cinématographique" du terme, pas scientifique), incapable de me contrôler. Ensuite je me suis gelé, j'ai petit à petit coupé tous les liens qui me reliaient aux autres pour sombrer dans l'indifférence. De même j'ai cessé de me cultiver pour au contraire m'abrutir au maximum, avoir un minimum de pensés pour ne pas souffrir. J'ai également fait un énorme travail sur ma mémoire, pour la rendre aussi mauvaise que possible. Je ne m'en suis rendu compte que récemment, mais j'avais une excellente mémoire petit, à un point assez effrayant (connaître ses livres par coeur paraît que c'est pas normal), et je suis parvenu à la juguler complètement pour ne jamais me souvenir de ce qui me fait souffrir, et quand tu n'as de repos nulle part, ni chez toi, ni à l'école, ni jusque dans ton lit, tu finis par te dire que vivre dans le vide, c'est préférable. Et rien n'est pire que l'indifférence à mon sens, c'est ce qui fait le plus souffrir. Je suis resté dans cet état pendant quelques années, jusqu'à ce que les injures et les coups me laissent de marbre. Et ensuite je suis passé au lycée. Là j'ai peu à peu réussir à m'ouvrir aux autres. J'ai tissé à nouveau des liens, mais faibles, ténus, prêts à casser à tout moment. Je suis cependant tombé sur des gens qui ne tenaient pas à ce qu'ils se cassent, et ils se sont renforcés, jusqu'à ce que je finisse par les considérer comme des membres de ma famille. C'était ma première chance. Ensuite passage à la fac. Passage éclair en droit, avant de changer en cours d'année pour les Lettres. J'aime lire, j'écris, l'équation est faite. Je rencontre des gens que j'apprécie, qui deviennent des amis. Puis une particulièrement. Étrangère, intelligence indécente, caractère si similaire au mien que c'en est étrange. On devient les meilleurs amis du monde, plus personne ne peut se passer de nous. Elle se voit bi ascendant lesbienne, je suis un homo mal assumé. Tout se passe pour le mieux.
Je lui trouve l'homme de sa vie, elle m'abandonne à peu près à ce niveau là, et je la vois trois ou quatre fois l'an alors que nous vivons dans la même ville. Triste, mais c'est comme ça. Je l'ai vécu comme une trahison, mais c'est une preuve d'immaturité de ma part (je suis plutôt gamin comme garçon, immature, naïf, relativement con et mal cultivé (l'intelligence diagnostiquée par nos chers médecins est le sens logique, ce qui est bien, mais ne fait pas tout. Et malheureusement ça ne protège pas de la connerie chronique dont je suis atteint et qui me pousse à rédiger un message si long qu'il découragera les plus téméraires !)).

Première année sur Paris : Pas de famille. Pas d'amis. Incapable de lire suite à un blocage. La fenêtre devient une porte de sortie qui me rassure. Et du quatrième étage, être rassuré par une fenêtre c'est moyen. On tombe dans l'alcool facile et la baise à tout va, histoire de savoir qu'on plaît. Ça remonte l'estime de soi et étouffe le complexe d'infériorité en réveillant le complexe de supériorité (dieu pourquoi ne pas se sentir égal aux autres, mais toujours inférieur ou supérieur ?). On se ressaisit. On découvre qu'on peut se faire des amis parmi les gens de sa classe, et même s'ils glissent parfois sur nous et que certes, on les apprécie, mais qu'on ne se voit pas partager plus que cela avec eux, il y en a qui deviennent exceptionnels. La pression des concours se fait plus présente. La solitude également. La fenêtre redevient une amie. Dans le cas où le suicide devient une échappatoire, ça devient assez dangereux. Rationaliser évite généralement aux personnes intelligentes de sauter le pas. Je fixe une date, si ça ne s'est pas arrangé, je fais le grand saut le 21 juin. Ça me laisse quelques mois. Je rate mes concours, pas faute du travail fourni, faute de ma personnalité, je suis toujours aussi seul. Mais au fur et à mesure et bien des liens se tissent avec d'autres gens, c'est fragile, il faut les entretenir, mais c'est quelque chose de fantastique.

Parenthèse nombriliste finie (après relecture, en fait non), j'espère que ça te sera utile de voir que t'es pas seul dans ce cas.

Tu parles de sacrifice. Tu sais probablement le poids de ce mot, et ce n'est pas anodin de l'utiliser. Si tu sacrifies quelque chose, tu le regretteras un jour. Il faut que tu trouves l'équilibre qui te permette de t'épanouir tout en continuant à te cultiver.
Je suis contre l'idée bouddhiste de l'absence de sentiment contre une absence de souffrance. Nous sommes des êtres sensibles, et même si la rationalisation peut rendre nos émotions assez complexes, elles sont toujours présentes. C'est ce qu'un ami dresse en étendard pour cacher sa peur d'être blessé par les autres. Et le refus d'une chose laisse une incertitude, l'incertitude est la mère du questionnement, qui est le frère du regret.
Et les regrets te rongent. Les éviter autant que possible c'est ce que je tente. Peut-être parfois au coût d'un certain ridicule. Courir après quelqu'un qui ne laisse pas vraiment de signes. Insister auprès d'un ex pour être sûr de ne rien pouvoir rattraper. Toujours s'attacher à des gens qui finissent par vous ignorer. Se perdre parfois dans des études qui ne nous mèneront à rien. Tenter. Je suis un grand angoissé, et le poids du regret est probablement ce qui est le plus lourd à porter pour moi, c'est un coup à me flinguer la santé. Comme si je n'étais déjà pas suffisamment névrosé (mon côté soccer mom je suppose).

Ma conclusion (quelle prétention). Tu n'es pas à l'aise avec toi-même en ce moment, ou du moins c'est l'impression que j'en ai par tes messages. Alors la première chose, ce serait de commencer à te lier à d'autres gens (encore de la prétention ?!). Avec un QI de notre niveau, c'est franchement pas dur. Peut-être qu'on a eut des facilités, mais y'a rien du génie incompris et incompréhensible, désolé de briser l'image romantique du surdoué, mais l'intelligence ne me semble pas être ton problème, ce serait peut-être la misanthropie ou alors un narcissisme exacerbé qui fait que tu attends des autres un comportement que tu refuses de donner (là je juge pas, j'énonce une possibilité, alors te sens pas visé). Ensuite tu pourras te rendre compte si cela t'est nécessaire ou non. Histoire de pas vivre dans ce regret du sacrifice plus tard (vu que tu sembles déjà hésiter et te demander...). Gère ton temps (c'est moi qui parle, M. Procrastination en personne), tu es parfaitement capable de faire et l'un, et l'autre, surtout avec une telle intelligence. Ménage toi des sorties, quitte à les garder culturelles. Va à une expo avec quelques connaissances de ton école, et ensuite un café. Invite quelqu'un à manger chez toi de temps en temps. Arrête de regarder les gens de haut. A la limite rencontre des gens sur internet si tu t'es brouillé avec toutes les personnes de ta classe. Ce serait une solution à ton problème, si tu n'as pas un peu exagéré dans ton message plus haut. Ah, ça et arrêter d'être imbuvable avec les autres. Je sais pas pourquoi mais je sens que tu dois être le genre de garçon assez sec et cassant (oui je juge sans te connaître le moins du monde, mais qui sait si je vise juste et si je ne me critique pas moi-même au travers de toi ?)

Maintenant... C'est un avis personnel mais il me semble que lire dans l'angoisse tout le temps, c'est un peu s'abrutir dans la culture, comme je l'ai fais dans la néant à une époque. Et ce n'est peut-être pas la solution... peut-être. Peut-être qu'il faudrait commencer à ré-affronter le monde, quitte à en souffrir, et putain oui ça fait mal quand on se rend compte qu'on aime quelqu'un plus qu'il ne vous aime. Quand on se rend compte que telle personne est indifférente à notre existence.

La douleur, pour moi c'est une partie intégrante de la vie. Je suis né d'une manière très traumatisante, j'ai multiplié les problèmes de santé dans l'enfance, et je me suis tapé mon lot de douleurs psychosomatiques d'angoissé et de véritables problèmes non traités "parce que t'es un garçon, mais faut devenir un homme" (et courir sur une jambe cassée pour faire plaisir aux autres, et bien ça te marque un peu au fer rouge pour le reste de ta vie). Et ouais, la douleur physique ça aide à relativiser sur la douleur mentale, mais on ne peut pas la nier. Ouais dès qu'on touche aux relations sociales, on se trouve dans les plaisirs et dans les douleurs. Quelle est la chose la plus importante alors ? Le plaisir, la douleur ? Pour ma part je ne juge ni l'un ni l'autre, et je n'attends ni l'un ni l'autre. Je pars du principe que lorsqu'on vis une histoire avec quelqu'un, quelle que soit l'histoire, il y aura une fin. Elle sera douloureuse. Qu'il s'agisse d'une dispute, de l'indifférence, de la mort. Mais est-ce que le chemin pour y arriver n'en vaut pas la peine ? Pour moi c'est ce parcours qui est important.

En bref, ce message plein de plaintes narcissiques et de conseils prétentieux n'aurait qu'un but, que t'essaies de t'écouter toi. Au fond tu connais la réponse à la question que tu poses ici. Tu veux juste la lire de la main de quelqu'un d'autre. Je te donne ce qui pour moi est la réponse, avec le chemin que j'ai emprunté pour y arriver (mon dieu j'écris un roman, là), mais rien ne dit que ce soit la tienne. Alors écoute-toi un peu.

Ah, attends, j'ai oublié le tralala de comptoir à rajouter : sois toi-même. Putain que c'est bateau comme expression, mais dieu que c'est vrai. J'ai commencé à cesser de me préoccuper des autres, j'ai laissé de côté la paranoïa, et mystère, il m'arrive des garçons de tous les côtés, les gens me courent après pour être amis avec moi, et le seul qui me résiste, c'est mon foutu cynique (sacrebleu, que vais-je en faire !). Bref, message très prétentieux dans la forme, mais le fond se veut sympathique, donc essaie d'en tenir compte et ne me déteste pas tout de suite...

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 1:36 am
par Crown Prinz
Bonsoir,

A te lire surtout je vois les ravages dramatiques que peuvent apporter le fait de rentrer trop profondément et trop précocement dans le crâne d'un gamin le fait qu'il soit "doué". Je lis en gros "133 de Q.I. : estampillé intellectuel" et ça me révolte un peu. Combien de pauvres gosses se sont vus infligés cette notation rigide, métrique et limitée de leurs capacités (aujourd'hui critiquée de toute part par les cogniticiens, soit dit en passant) à un âge trop précoce, se voyant ainsi consacrés "surdoués", garanti pur porc, avec d'autant plus de Grandeur qu'on leur servait en même temps le mythe que l'intelligence est acquise, une fois pour toute ?

Je pense être très loin d'être demeuré moi aussi, mais je remercie le Ciel que personne ne se soit amusé à m'en fournir une estampille chiffrée trop jeune, je ne sais pas si j'aurais eu le recul et la maturité nécessaire pour recevoir une information de ce type sans prendre la grosse tête, ne plus me sentir pisser, et au final envisager mon avenir à peu près n'importe comment.


A te lire on a le sentiment que la grande chose que tu accuses pour justifier tes actuels échec, ce sont tes "dons" et ton envie de te perfectionner. Je ne pourrais davantage disconvenir. Prétendre que l'intelligence isole est un énorme mensonge, une fois atteint l'adolescence et l'âge adulte. Au lycée très réputé où j'ai effectué mes classes préparatoires, j'ai été entouré d'élèves de filières littéraires et scientifiques extrêmement brillants, dont plusieurs notamment visaient et ont obtenu d'intégrer l'école normale supérieure de la rue d'Ulm dans le concours de leur discipline. Parmi ces gens, je n'ai pu établir aucune corrélation entre leur intelligence formelle pure (exceptionnellement élevée) et leurs aptitudes sociales, ou encore la maturité de leur parcours académique : j'ai rencontré aussi bien des personnes asociales et relativement peu au courant de ce qu'elles feraient après leurs concours, que des gens extrêmement à l'aise dans le jeu social, s'entourant avec aisance de 10 000 amis de qualité, cultivant une vraie richesse relationnelle, et ayant déjà des vues sur ce qu'ils voudraient faire ensuite. Et il est inutile d'ajouter que le fait de cultiver des liens amicaux sincères et multiples n'était en aucun cas un antagonisme à leur soif personnelle de culture académique (là encore, exceptionnelle).

Prétendre que la soif personnelle de se perfectionner intellectuellement est antagoniste au lien social est d'une archi mauvaise foi : l'un n'a à peu près rien à voir avec l'autre, si ce n'est qu'il faut être spécialement imature pour ne pas réaliser ce qu'on perd à ne pas cultiver un échange de qualité avec les autres. Faire de son "133 de QI" et de son goût pour la culture un motif pour sa propre désolation affective est donc grossièrement faux : être intelligent et cultivé n'a jamais désavantagé personne pour se faire des amis sincères, ceux qui prétendent le contraire trouvent une bien piètre excuse à leurs propres difficultés et leurs propres échecs.


Enfin, si tu as une aspiration forte à des études multi-disciplinaires, une solution simple serait de tenter de te réorienter vers une classe préparatoire littéraire, type HK AL ou bien HK BL. Ca te donnera 2 ans (voire 3 très fréquemment) pour mieux sonder les disciplines qui t'intéressent le plus, et mieux choisir par la suite. En plus après les classes prépa littéraires maintenant tu peux intégrer certaines écoles de commerce, donc les choix d'orientation après sont plutôt larges !


Enfin voilà, c'est un peu froid mais j'avoue que je trouve ça de plus en plus déplacé ce portrait caricatural du "oulala mais je suis tellement intelligent et j'ai tellement soif de connaissance que mon Dieu je me retrouve sans amis et je ne sais pas ce que je veux faire plus tard !". J'ai connu plus intelligent et plus curieux que toi encore, qui avait 10 000 potes et qui avait pu trouver ce qu'il voulait à force de persévérance.
Tu réalises seulement l'incroyable vanité qui réside dans une phrase du type "je n'ai plus d'intellectuels autour pour avoir encore l'impression d'exister", de la part d'un gamin de 17 ans qui a à peine commencé ses études supérieures ?? Je crains hélas qu'un peu trop de gens complaisants t'aient dit "tu iras loin" comme tu dis, et qu'au final les ravages dans l'égo sont terribles ; le soucis étant qu'un égo boursouflé ne mène pas à grand chose de très bon pour soi. Peut-être que ce qui te manque c'est une grosse grosse dose de maturité et d'humilité...

Je conclurai sans complaisance et avec sérieux en disant que ça ne sert sans doute pas à grand chose de venir nous expliquer tout ça à nous : tu as besoin d'un psychiatre et d'un bon conseiller d'orientation. Eux auront les compétences et l'aura nécessaires pour te faire réaliser les défauts de tes raisonnements et t'aider à cerner mieux ce qui sera possible de t'épanouir, aussi bien sur le plan personnel qu'intellectuel. C'est d'une aide professionnalisée de ce genre dont tu es susceptible d'avoir besoin. Allez, bon courage.

Re: Sacrifier tout pour un futur incertain, ça paye ?

Publié : jeu. déc. 23, 2010 7:05 am
par floridjan
Joker a écrit : Aujourd'hui, mes amis se comptent sur le doigt de la main.
Je crois que les amis finissent tôt ou tard, un jour, par se compter sur les doigt d'une main. A ton âge, j'avais quasiment pas d'amis non plus, et je passais mon temps libre enfermé dans ma chanbre (ce qui agaçait mes parents)
Joker a écrit : Aujourd'hui ma vie est un vide vacant, total, sur tous les plans.
Ben non, tu te cultives, c'est cool. Y a des gens qui restent cloitré devant tf1 toute la journée.

Joker a écrit :en plus étant un pessimiste, j'entrevois la mort de l'art, ma propre mort si je ne trouve pas un métier intellectuel (bah oui, la crise tout ça, besoin de fric :mrgreen: ) etc etc

je me vois finir derrière une caisse ou une machine, à bosser 50 ans jusqu'à en crever
Hum... j'ai plutôt l'impression que ce sont ces boulots là les plus touchés par la crise et qui tendent à disparaitre. Nan, le risque, c'est de devenir un gratte papier dans une grande maison remplie de gratte papier... :mrgreen: