Oh, le bon gros pavé que voilà !… et vous êtes bien courageux si ça ne vous rebute pas à lire
Juuune a écrit :Que s'est-il passé ensuite ? Es-tu fixée sur elle à présent ? Sais-tu si elle s'intéresse aux filles ?
En résumé : quelques occasions de lui parler, surtout ces derniers temps, où mon activité m’amène à être plus présente dans sa zone de travail. Elle doit commencer à s’habituer à me voir circuler et bosser dans cette zone de l’usine, donc je devrais lui devenir de plus en plus familière. Mais ça reste compliqué d’engager des discussions avec elle. Pour les 2 autres questions : Non et, bien évidemment, non je ne sais pas.
Et là, j’ai envie de vous livrer mes pensées. J’en reviens toujours aux mêmes questionnements, aux mêmes raisonnements, aux mêmes interprétations
(oui, j’ai tort d’essayer d’interpréter), depuis des mois et des mois.
Pas mal d’entre vous pensaient que le plus dur avait été fait avec sa réponse positive à mon mail de prise de contact et avec la brève rencontre que j’avais réussi à obtenir à la cafét' de l’usine. Eh bien non, le reste est tout aussi difficile. C’est pas si simple d’établir un lien avec elle. Parce que j’ai l’impression qu’elle a autant de pudeur et de réserve que moi. Mais peut-être que je me dis ça parce que cette hypothèse m’arrange bien pour continuer à espérer : ça me permet d’expliquer pourquoi elle ne me pose jamais de questions, ne vient jamais me parler... autrement que de l'expliquer par l'évident " elle ne s'intéresse pas
encore à moi ".
Enfin, je dis jamais, c’est pas tout-à-fait vrai, par 2 fois elle a pris l’initiative de m’adresser la parole, c’était pas grand-chose en soi mais ça m’a juste fait plaisir! Notamment, tout récemment, dans un couloir, me voyant clopiner, elle me dit : «
ça n’a pas l’air d’être la grande forme ?! » Je réponds : «
Non…Je me suis blessée. » et franchement, j’avais pas envie d’en parler, donc pas un mot de plus de ma part. Ce à quoi, elle répond : «
Ah… ». L’échange s’est arrêté là. Elle ne m’a pas demandé ce qui m’est arrivé, comment, où, quand, et je pense que c’est par pudeur, elle ne voulait pas être indiscrète.
On a semble-t-il la même logique de communication : moins on en dit sur soi, mieux on se porte. Alors forcément, on est pas sorti de l’auberge, va en falloir du temps pour apprendre à se connaître ! Je crois qu’elle n’aime pas trop répondre à des questions d’ordre personnel, qu’elle n’aime pas parler d’elle, qu’elle préfère écouter ce que les autres ont à dire.
(Eh ben moi c’est pareil ! Dans certaines de ses réponses aux questions que je lui pose, j’ai l’impression de m’entendre : tout à fait le genre de phrases que je pourrais dire si on me posait ces mêmes questions !). Les questions d’ordre personnel, j’ai l’impression qu’elle s’arrange pour les contourner ou bien elle fait une réponse si courte, que je le prends comme « je ne souhaite pas en dire plus ». Exemple : un jour, j’ai tenté «
t’as passé un bon week-end ? » sa réponse, brève, 2 mots : «
trop court. », sur un ton peu enjoué, surtout. ça m’a dissuadé d’enchaîner avec un «
t’as fait quoi ? » et j’ai préféré clore l’échange sur un «
ah ça, toujours ! ». J’ai pensé qu’elle n’avait pas envie de parler de son week-end ou peut-être tout simplement que je la dérangeais dans son travail à ce moment-là, qu’elle avait besoin de rester concentrée sur sa tâche mais qu’elle n’osait pas me le dire franchement. Autrement, je la sens plus à l’aise, plus réceptive et coopérative quand la discussion porte sur le travail à l’usine ou tout simplement la météo.
Parfois aussi, je me demande si elle m’a grillée depuis le début sans en être tout-à-fait certaine et qu’elle guette le moindre faux pas ou débordement dans mes paroles pour me recadrer.
Parfois je me dis que peut-être elle est un tout petit peu gênée ou touchée par l’attention que je lui porte, sans vouloir me le montrer, et qu’elle observe comment je me comporte avec elle, et elle attend de savoir si elle peut me faire confiance, pour petit-à-petit s’ouvrir un peu plus à moi.
Je ne peux m’empêcher également de donner du sens à certains gestes (on se fait parfois des 'coucou' de la main quand on s’aperçoit de loin), quelques regards souriants (qui ne décrochent pas l’un de l’autre quand on se croise sans se dire un mot), ses paroles d’encouragements (à propos de mon travail). Je me raccroche à ces petites choses-là
(et j’ai sans doute tort) pour nourrir mes espoirs de me rapprocher d’elle pour mieux la connaître et finir enfin par savoir si elle me plaît réellement, et si éventuellement y aurait de la place pour moi dans son cœur.
Cette pudeur et cette réserve
(si c’est bien la raison pour laquelle il est difficile de l’amener à me parler davantage) brouillent tout: je ne suis pas capable de deviner s’il y a un petit début d’attachement amical ou si je l’indiffère ou si je la gonfle carrément. Pendant ce temps, j’ai encore l’illusion que c’est quelqu’un de bien, et qu’elle a une espèce de carapace de réserve et de pudeur qui m’empêche de savoir qui elle est. Et j’aimerais tant sortir de ce flou permanent : je ne sais pas pourquoi elle me plaît a priori, comme ça, sans rien savoir d’elle. Et j’aimerais tant parvenir à savoir si je me trompe lourdement sur ce que j’imagine d’elle pour sortir de ce brouillard. Parvenir à savoir si mon feeling se confirme ou disparaît complètement au fur et à mesure que je la découvre. Honnêtement, étant donné mon tempérament, je ne sais pas comment m’y prendre, à part attendre, attendre une succession d’événements, un concours de circonstances, un malentendu (
façon "Jean-Claude Dusse" 
), l’habitude de se croiser, qui tous cumulés, j’espère, la laisseront s’ouvrir à moi petit-à-petit pour enfin savoir à quoi m’en tenir avec elle. Accélérer les choses, en demandant une rencontre hors boulot (boire un verre ou autre sortie) me paraît totalement déplacé, au stade où on en est. Et je ne veux plus aller contre ma nature pour tenter ce genre d’initiatives : ce n’est pas dans mon caractère, je suis pas à l’aise pour faire ça, alors j’ai tendance à bafouiller et ça ne peut pas passer comme quelque chose d’innocent et purement amical
(déjà, j’avais frôlé la catastrophe lorsque je lui avais proposé un rdv à la cafet’ de l’usine pour notre premier contact. J’en reviens pas d’avoir fait ça !
). Non, accélérer les choses de cette manière ne sert à rien, et en plus cela ne réduira pas le décalage entre son ressenti et le mien en l’état actuel des choses. Actuellement, le plus vraisemblable est que je ne suis pour elle qu’une simple collègue, plutôt sympa, qu’elle croise de temps en temps.
J’attends, mais pas de manière passive : je continue un peu à engager la conversation, mais seulement quand ça me vient spontanément. Je ne cherche plus à me forcer à trouver absolument quelque chose à lui dire coûte que coûte chaque fois qu’elle est postée à côté de moi, parce que ça me stresse plus qu’autre chose. Si je n'ai rien à lui dire, ben tant pis, je dis rien. Et comme de toute façon, elle ne dit rien elle non plus, ben j’ai parfois quand même bien les boules de me trouver pendant 5 min à côté d'elle, chacune de nous bossant sur sa machine, sans rien pouvoir tirer de la situation.

Mais globalement, je trouve que je gère pas trop mal ce genre de frustration, je n’en souffre pas tant que ça car j’ai compris qu’il va falloir beaucoup de temps pour « s’apprivoiser » l’une l’autre
(parce que, moi non plus, c’est pas toujours facile de me faire parler, faut pas me bousculer).
Donc, je ne lutte plus vraiment pour l’aborder, mais je n’abandonne pas totalement non plus. J’espère encore puisque je ne sais toujours rien sur elle, et en même temps j’y crois pas tant que ça. Je savais bien que ça semblait irréaliste de penser qu’on arriverait à créer un lien familier, malgré la difficulté de se voir au boulot. Et pourtant je me suis lancée là-dedans. Pour une fois, je voulais y croire, pour une fois je voulais agir, pour une fois j’avais pas envie de renoncer avant même d'avoir tenté quelque chose. Je rêve sans doute de quelque chose qui n’arrivera jamais, je me suis engagée dans une impasse, ça je l’ai bien en tête par périodes... et puis, BAM!, il suffit parfois simplement que je l’aperçoive au loin, d’un petit coucou de la main, d’un sourire dans ses yeux pour que tous mes espoirs soient réactivés. C’est pas plus mal que j'oscille entre ces 2 états espoir/résignation, autrement ça serait intenable de supporter ce décalage entre mon ressenti et le sien si elle était pour moi une obsession permanente.
Du coup, je persévère dans la patience, tant que je n’obtiens pas d’éléments concrets qui me fassent irrémédiablement renoncer, tels que : elle est en couple, elle est hétéro, ou encore, ben non en fait nos caractères ne sont pas compatibles, ça le fait pas, on ne peut rester que dans de simples relations de courtoisie entre collègues.
Et pendant que tout ce temps passe, peut-être aussi que je vais rencontrer quelqu’un d’autre, plus « accessible », qui saura me la faire oublier, sait-on jamais.
