Comment devenir VRAIMENT une féministe ?

[Norma]

Coucou toutes - et tous.

Cette question que je me pose est liée à une anecdote vécue hier, et que je vais vous raconter en guise d'introduction, pour contextualiser.

J'attendais tranquillement l'arrivée d'une amie avec qui j'avais rendez vous assise sur une place, en fumant une cigarette. sortant du bureau, j'étais vêtue d'un pantalon de ville long noir, d'une veste de tailleur noire également, et d'un t-shirt beige. Follement sexy, comme vous pouvez imaginer.
Sur le plot long où j'étais assise, était également assis un homme de la quarantaine discutant avec ses amis assis sur le plot d'en face. Je lui tournait le dos.
Or, l'homme commence à me parler. Au début, je ne comprend pas bien ses propos, juste la fin de sa phrase "là bas", et je pensais qu'il était gêné par ma cigarette et voulait que je m'éloigne. Je lui dit gentilement de pas faire chier, on est à l'air libre quand même, merde.
Et là, il m'explique mieux ce qu'il disait et que je n'avais pas compris :

- "vous voulez pas baiser là bas ?"

J'étais abasourdie.
le seul truc m'étant venu à l'esprit était un "pardon ?" illustrant mon envie desepéré d'avoir mal compris.
mais le voilà répetant plusieurs fois sa phrase, que j'avais donc très bien compris.
Au fond de moi, j'avais une violente envie de lui écraser les couilles en lui gueulant d'aller se faire foutre par sa père.
Le seul truc qui est sortit de ma bouche, pourtant, fût "Non, là j'ai pas envie. Je vais rejoindre mes amis". Je me suis levée, et je suis partie.
J'en ai rie avec mon amie.

Mais cette nuit, j'ai fait un cauchemar, impliquant des hommes déguellasses, que j'allumais, qui me traitaient de pute, et me violaient.
Si j'ai fais ce cauchemar, c'est par ce que je me sens coupable. J'ai pas réagis. J'ai eu peur de l'esclandre, ou de lui dire un truc lui déplaisant et de me prendre un pain. Je me suis sentie souillée, alors que c'était que des mots, et pas les pires. Mais même. J'ai pas réagis, j'ai été gentille, docile, alors que ce bâtard méritait de se faire castagner pour me manquer de respect comme ça. et là, je suis toujours en colère contre moi même.

Alors, les filles, une vraie féministe, comme je pensais l'être, ça aurait réagit comment ?

[Miss Hada]

non parce que c'était inutile : son but était de te provoquer pas même de te brancher, tu as eu la réaction la plus appropriée. Son objectif étant de se victimiser en se faisant incendier.

Le seul truc qu'il faudrait travailler c'est de faire en sorte que cela glisse sur toi au lieu de pénétrer et de te faire passer une mauvaise nuit.

[Cactus moribond]

Je pense que, selon mon humeur, soit j'aurais réagi pareillement à toi, soit j'aurais fait comme souvent (enfin, à chaque fois qu'un balourd/connard/emmerdeur/bourré se manifeste, c'est à dire, ça arrive), lui rire au nez avec mépris en lui disant un truc genre "nan merci, t'es pas mon genre". Et en m'éloignant aussi, parce que, l'énervement vient vite dans ces cas là, et ça pourrait dégénérer.

Plus j'avance, plus je suis féministe, révoltée contre tant de "logique" hétéro, de "normalité" à être "inférieure" (que de guillemets !), mais je ne sais toujours pas convaincre du bien fondé, de la légitimité de cette révolte !
Face à cette impossibilité à convaincre, je me sens un tantinet nulle en argumentation, et admire celles qui savent.

[popy]

Je ne sais pas ce qu est une féministe.
Je suis triste pour toi que tu ai croisé le chemin de cette sale merde enquiquineur.

Il m arrive de tomber sur des mecs qui mobservent, l air vicelard.
Alors, je crache par terre près d eux pour les énerver et les dégoûter.
Ils détournent l oeil et je ne me suis jamais embrouillee plus.

Je répond lorsque je me fais " ennuyer".
J insulte même.

Et le mec qui t a proposé une passe a bien fait de ne pas être tomber sur moi.
Je ne sais pas trop quelles remarques je lui aurais sortie.
Mais quelque chose à la hauteur de mon énervement.

Du genre bien basique : et fermer ta gueules ça te dis pas?

Après je.sais.pas, j innove sans.arrêt.

Pourquoi personne vient me faire chier comme caaaaaaaaaa??????

( oui ma vie est d une tristesse, je ne prends du plaisir que dans ce genre de confrontations barbares)

Édit: ah oui. Pourquoi as tu sentie le besoin d expliquer ta tenue?

[Norma]

@miss hada : pourquoi tu dis que j'ai eu la bonne réaction ? peut être qu'il cherchait à se victimiser en me provoquant, cependant, j'en ai rien à faire de ce qu'il cherchait. je voulais trouver une solution qui me permette d'avoir la tête haute et de moi, me sentir bien. Contrarier ou non ses aspirations, ça ne me regarde pas.

@cactus : tout pareil pour l'incapacité de convaincre. dieux que c'est frustrant. Y'a pas des assos féministes qui font des cours intensifs de "convaincre sans passer pour une cruche et trouver ses mots" ?

@ popy : Bin voilà, c'est comme toi que j'ai envie d'agir. j'admire cette manière de les envoyer se faire foutre par de simples gestes comme le crachat, de briser cette image de la femme gentille et douce pas contrariante, de pas hésiter à être vulgaire pour les remettre à leur place.
et le pire, c'est que j'hésite pas à le faire pour d'autre choses !!! quand des non-fumeurs me gonflent, quand on me passe devant à la caisse, quand une vieille me bouscule, je me fais respecter. Mais quand c'est des remarques déplacées sexuelles, j'y arrive plus. Comment tu fais ? t'as toujours été comme ça ? t'as développé ça à un moment de ta vie ? ca sort tout seul ?


Edit popy : bin tu vois, je l'ai fait en regrettant de le faire. j'ai toujours ce vieux reflexe qui m'ennerve moi même de me dire "que si j'avais provoqué par mes fringues ou mes attitudes je l'aurais bien mérité". Et autant je réussis à savoir que ça, c'est de la connerie, et que j'aurais pas plus mérité qu'on me manque de respect en minijupe qu'en baggy, quand il s'agit des autres, mais, comme l'indique mon rêve, je culpabilise quand c'est moi, j'ai toujours l'impression d'être responsable des trucs sexuels que je me prend dans la gueule.

[Billy]

Sans avoir besoin d'être féministe, toute femme aurait été choquée par les propos de ce trou du cul.

Ayant le sang chaud, j'aurais joué avec le feu en lui rentrant dans le lard verbalement. Je pense même être assez pétée du casque pour en venir aux mains. Un jour, ça tournera mal pour mon matricule. Le souci, c'est que comme toi, Norma, je n'ai pas toujours la réplique ou le geste (celui de Popy, cracher par terre est parfait, je trouve) cinglant qui pourrait lui clouer le bec. Comme l'a dit Miss Hada, la solution la moins douloureuse est de prendre du recul et de laisser glisser. Mais c'est finalement tellement violent que, comme toi, j'aurais eu envie de me faire entendre et respecter, et limite, de voir souffrir ce type. Ca ne résout peut-être pas grand chose, mais ça soulage.

Toute ma compassion.

[Miss Hada]

pourquoi tu dis que j'ai eu la bonne réaction ? peut être qu'il cherchait à se victimiser en me provoquant, cependant, j'en ai rien à faire de ce qu'il cherchait. je voulais trouver une solution qui me permette d'avoir la tête haute et de moi, me sentir bien. Contrarier ou non ses aspirations, ça ne me regarde pas.

C'est pourtant ce qui se passe : il a atteint son objectif de te faire du mal (et certainement à toute personne qu'il estime en situation de faiblesse) ce qui lui donne une existence alors que si tu étais indifférente à lui, tu te sentirais mieux et il aurait raté son objectif.

Je ne pense pas que répondre par l'agressivité aurait bien fonctionné, cela aurait eu le même effet de lui donner une existence et de te pourrir tes ondes intérieures...

Un truc sympa c'est l'humour : il te propose une passe ? répond lui en riant que ce n'est pas étonnant qu'il ai besoin de payer, mais en riant vraiment !

Ou encore : "quel homme élégant qui sait parler aux femmes et qui connait son seul argument pour avoir une chance de faire des galipettes"...

Pense à tous les trucs marrants que tu aurais pu dire.

Et puis tu en ris...

[popy]

Miss hada, on est pas dans un jeu de rôle. Ces gens là sont juste des atrophié du neurones.
Plus tu ira dans leur sens, plus tu t enfoncera.
Ce que tu dis là, Cest de là théorie où bien?

De toutz façon, tout ça. Cest du quitte où double. Soit répondre avec colere peut soit l énerver ou le calmer. Soit répondre par une pirouette, le renforcer où lui donner honte.
Cest tjs un risque à prendre. Au moins. On n en devient pas malade plus tard.

Norma: si comme moi tu ne t est jamais fais frapper par des inconnus, alors ce sera déjà un bon début. Choisi pour commencer des proies faciles.
Un petit maigre et vieux lubrique dans un endroit remplie de monde par exemple.
Et au fur et à mesure des expériences , tu gagnera en confiance.
Et Cest ce qui Cest passée pour moi.
jai pris là confiance.

Tu ne dois pas t en vouloir. Tu réagis comme les femmes victimes de viols et violence. Elles croit que Cest De leur faute.... Tellement le travail de là domination masculine à porté ses fruits.
Mais le penser Cest bien, là contrer Cest une autre.affaire.

[Norma]

C'est rare, mais pour une fois je ne suis pas d'accord avec toi miss hada.

Déjà, c'est pas une passe qu'il m'a proposé, juste d'aller baiser là bas, je crois pas qu'il ait eu les moyens de payer.

Ensuite, j'ai fais genre j'en rie avec mes amis après. mais j'en riais pas au fond de moi. C'est un pauvre type, mais je ne trouve pas sa pauvretypitude drôle. Tu dis qu'être agressive aurait été rentrer dans son jeu, mais rire, se moquer de lui, c'est être agressif aussi. Il a été agressif dans ses paroles même si le ton n'était pas violent, si je m'étais moquée de lui, ça aurait été la même chose que de lui foutre un pain mais en plus couard. Et puis une moquerie, l'aurait il seulement comprise ?

Ensuite, si je lui avais donné de l'importance et m'étais énervée ça m'aurait pourrie tu dis. Mais là, ça m'a déjà pourrie, puisque j'en ai fait un cauchemar.

Et répondre aux attaques par l'indifférence, c'est ce que mes parents me recommandaient quand je me faisais agresser à l'école primaire. résultat, on a continué à m'agresser. Alors que ceux qui ont rendu les coups on vite été tranquille. mon indifférence m'avait enchainée à ma position de victime, alors que ceux devenus à leur tour agresseur en étaient libérés. (sans avoir besoin de tabasser des gens tous les jours pour autant)

J'en ai marre de pas avoir le courage d'agir quand on me traite comme de la viande, forcement open, maniable et consentante. Laisser couler, c'est leur donner raison puisque rien ne vient leur dire qu'ils on tord. C'est lâche. Je veux agir.
`

EDIT : plussoiement à popy.
Je vais tenter l'exercice

[La marquise d'O]

Je pense que ma difficulté à réagir de façon adéquate à ce genre de "rencontre" vient d'une difficulté à l'analyser la situation.
Plus précisément, ce genre de situation crée chez moi un conflit intérieur :
- émotionnellement, je suis révoltée par la violence machiste qui consiste à prendre des femmes pour des trous ambulants => mon ressenti suggère donc de déployer face à la violence toute une panoplie de réactions d'autodéfense.
- rationnellement, je me dis que nous sommes dans un pays libre où chacun, fût-ce une pauvre loque, et fût-ce de façon malpolie, peut proposer un rapport sexuel à qui il veut, et chacun est libre de l'envoyer balader => ma tête réprime la réaction d'autodéfense, et me suggère de me contenter d'un simple "non merci", dans le meilleur des cas pimenté d'une bonne dose de sarcasme et de mépris.
Résultat : réaction de petite fille sage, la révolte intérieure ne peut s'exprimer, sentiment de culpabilité.
Etre vraiment féministe, ce serait accorder ces deux voix contradictoire pour être au clair avec cette question : y a-t-il violence ou non, et en quoi consiste-t-elle exactement, et puis réagir en conséquence.
J'attends d'être éclairée