Ces derniers temps, je vivais de plus en plus mal les conflits internes à la boite. Je me sentais très déprimé, très mal à l'aise en allant travailler, je ne me voyais aucune perspective d'avenir, j'étais repris par de vieilles idées suicidaires que je croyais évacuées pour de bon. Il faut dire que je m'étais beaucoup isolé, de plus en plus, surtout pendant mon dernier couple et après. Je me suis installé à proximité de mon travail, dans une petite ville que je n'aime pas beaucoup et où je ne connais personne à part mes collègues de travail, et finalement ma vie s'est rapidement résumée à manger des pâtes, regarder la télé, dormir, et, tout le reste du temps, à bosser en explosant le temps de travail. Plus de sorties ou presque, il n'y a pas de trains le soir, je n'ai pas de voiture, ne sais pas conduire, et rien à faire sur place. Pas vraiment de culture, le cinéma local ne passe que des bouses, difficile de rencontrer de nouvelles personnes, je n'accroche pas vraiment avec les centres d'intérêt des gens du coin, et eux se connaissent tous depuis le lycée, difficile de faire partie du groupe. Célibataire, seul, j'ai tout investi sur le boulot, mais j'ai un rôle qui n'est pas très agréable, en sommes celui d'un contremaître, et ce n'est pas un rôle où l'on est aimé. Je me suis senti extrêmement triste, vraiment étranger à moi-même, je ne me reconnaissais plus, j'étais très mal dans ma peau.
Donc voilà, j'ai commencé à négocier mon départ, pour dans quelques mois. Des amis parisiens me proposent de m'héberger quelques temps, j'ai accepté, quand mon contrat se terminera je quitterai la côte d'azur pour m'installer chez eux près de Paris et tenter une nouvelle carrière là-bas. Je me dis qu'à Paris je ne serai pas comme ici en permanence handicapé par le fait de ne pas conduire de voiture, que j'aurais une liberté de mouvement bien plus grande, la possibilité de reconstruire une vie sociale plus riche et plus intéressante, que j'aurai accès à plein de spectacles et d'événements culturels. Que je ressemble plus aux parisiens névrosés qu'aux kékés niçois, et qu'en somme, je serai plus à ma place. Si tout va bien, ce sera donc très positif pour moi.
En même temps, évidemment, j'ai un peu peur, et si je me plantais complètement ? Est-ce que ce n'est pas ça, ce qu'on appelle la crise de la quarantaine ?

Maintenant, c'est lancé, je ne changerai pas de trajectoire, je dois l'assumer jusqu'au bout, alors bon, si c'était une erreur il faudra que je fasse avec, mais vos avis, conseils et témoignages m'intéressent. A votre avis, j'ai fait un connerie, ou était-ce une bonne idée ?