Ce n'est pas sans une certaine appréhension que je viens poster mon premier message sur ce forum. D'autant que le sujet a été abordé maintes fois mais on se dit toujours que notre histoire est différente de celles des autres. Pourtant, au fond, je crois que ce sont les mêmes mécanismes qui sont à l’œuvre dans ce genre de mélo foireux...
I/ Les faits :
A) Il était une fois…
Allez, let's start ! Une très bonne amie à moi vient une semaine par mois sur Paris pour suivre ses cours. Elle m'a parlé au début d'un certain garçon hétéro et en couple avec un(e) "bull-dog" (apparemment, pas ouverte la nana) dont elle n'a eu cesse de me vanter la beauté physique. En février, je le vois pour la première fois et j'avoue l'avoir trouvé particulièrement charmant. Ce que, avec l'innocence d'un pauvre enfant, je lui ai fait remarquer. Il me répond qu'il me trouve également beau, que je suis son "type d'homme" contrairement aux deux autres garçons de la tablée et qu'il trouve toujours ça étrange que les hétéros ne soient pas capables de définir la beauté quand il la voit chez un autre. Je me suis poliment intéressé à lui et il m'a parlé du coup de sa copine qu'il a rencontré il y a trois ans. Plus tard, il me dit qu'il ne comprend pas pourquoi je suis célibataire alors que je suis "plutôt beau-gosse", que j'assume ma part de féminité (comme lui) sans être un cliché. Je commande un shot de Tequila et il me propose en rigolant devant tout le monde de le boire sur son torse afin de pouvoir lui lécher le téton... Un peu sur le cul, je ne réponds rien et engloutis le breuvage. Au cours de cette soirée, un peu sous l'effet de l'alcool, je lui demande : « Pourquoi tu es hétéro ? », l'air un peu désespéré (
B) Les premiers gargouillis
Deux mois plus tard, on se revoit dans un bar avec trois autres filles. Il me voit et me demande un bisou sur la joue puis me redit "T'es vraiment un beau mec !"... On évoque un de mes exs qu'il a rencontré et je lui dis que ça n'a rien donné parce que nous étions trop différents. Ce qu'il confirme en insistant sur le fait qu'il n'était pas du tout pour moi. Je lui touche les fesses, le téton, rien de bien glorieux. L'alcool coulant à flots, je lui demande si je peux l'embrasser et il me répond : « Non, attends que j'ai encore davantage bu », pour se rattraper en finissant sa bière et me dire : « Oh, et puis viens ». Le bisou ne me laisse, hélas, pas indifférent. Plus tard, il propose à tout le monde de s'embrasser afin que l’on soit quitte. Je l'embrasse de nouveau une deuxième fois. Au cours de la soirée, on aborde le thème de la bisexualité et il annonce : « Je pense que je suis les deux mais je ne passerais jamais le cap ». Sur le ton de la rigolade je rétorque : « Mais ça c'est parce que tu ne m'avais pas rencontré ». Je crois avoir demandé un autre bisou plus tard dans la soirée qu'il m'a donné mais je l'ai senti moins dedans
Bon, plaçons quand même les choses dans leur contexte : il a été ultra dragueur dans cette soirée avec les filles de notre groupe mais également avec deux autres filles qui n'étaient pas avec nous. Il n'a eu de cesse de coller mon amie qui vient chez moi une fois par semaine à Paris, ils allaient aux toilettes ensemble, ils allaient fumer ensemble, etc. Donc à ce stade, je me dis juste qu'il est ultra joueur et j'étais genre : « No BIG DEAL, get over it, dude ! ».
C'est mal connaître mon inconscient qu'il est venu titiller (le sal** !).
C) A l’ouest, rien de nouveau
Rendez-vous donc un mois plus tard, où je l'ai vu au total deux fois.
1) Une soirée en demi-teinte
La première fois, on était toujours dans le même bar et il m'a sorti des petits trucs cons genre : « Attention, ne me regarde pas comme ça ou … ». Puis une amie me dit : « Regarde c'est pour toi qu'il fait ça », alors qu'il était en train de faire je ne sais plus quoi. J'ai hurlé : « Oh, de toute façon, il est hétéro ». Là, il répète ce que je viens de dire en riant l'air un peu déçu que je ne lui donne pas d'attention. Ensuite, j'ai proposé qu'on finisse la soirée chez moi avec des amis. Quelqu'un a proposé un autre plan qui me faisait plus envie. Mais il a insisté pour venir chez moi en me narguant : « Oui, mais si je ne viens pas chez toi, moi je rentre à ma maison ». Bon, j'accepte. Chez moi, il me redemande si j'ai rencontré quelqu'un d'autre parce qu'il était resté sur le dernier en date. Je réponds que non ou alors rien de bien sérieux. Durant cette soirée, il nous a avoué que sa copine n'aimait pas trop les gens (il faut le faire) et les soirées (no comment !) mais qu'il l’aimait et que ça faisait trois ans quand même. Il a même viré un ami de chez eux qu'il hébergeait pour elle. Sa réaction me fait parfois penser à celle d'un petit toutou. M'enfin bon, hein... J'ai fait parfois genre que je l'approchais et il a tout de suite répondu : « Non, mais je suis hétéro hein... », en se retournant vers une amie l'air d'avoir peur. Sa copine l'appelle, il rentre. Quand j’ai dit toutou, je n’exagérais pas.
2) Celui qui ne savait pas jouer
La deuxième fois, c'était chez une amie à lui. Et là, y a eu un peu de bobo. A un moment, je suis allé m'assoir à côté de lui dans le canapé en faisant genre : « Oh, voilà qu'on se retrouve, ça faisait longtemps ». Je demande à une pote de venir à côté de nous, ce qu'elle fait et il me demande d'être à côté d'elle, je réponds non.
D) L’anniversaire de tous les excès
Pendant cette pause, il s’est confié à une amie en lui disant qu’il était super heureux avec sa copine alors que c'était la première de toute sa vie, qu'il s'estimait super chanceux et il aurait même parlé de gamins.
Du coup, un certain jeudi soir du mois de juin, on se revoit à l'occasion de mon anniversaire et de celle d'une copine. Là, il ne nous calcule pas du tout. Je le surprends juste à me regarder pendant que je parlais alors qu'il était dans une autre conversation. D'ailleurs, il a déjà écouté ce que je racontais alors que je ne voulais pas du tout qu'il entende et je lui ai d’ailleurs fait remarquer. Mais quoi de plus banal ? J'ai juste remarqué qu'il avait un ton ultra sec avec moi quand il me parlait. Il se déplace loin de nous, avec d'autres gens et il m'appelle avec d'autres filles, sans rien me dire, j'ai juste fait des bisous de loin et ils ont rigolé. Moi, je décide d'aller voir un autre mec, je le dragouille, on boit, il est hétéro lui aussi mais je l'embrasse plusieurs fois dans la soirée. Je décide de me lancer le défi d’embrasser les mecs de la soirée dont le fameux garçon alors que dix minutes avant il se cachait de mes lèvres charnues. Il m'a dit un truc du genre : « Toi et moi, de toute façon, on en est plus là... ». Une demi-heure environ après, il est parti rejoindre son "bull-dog".
E) Epilogue
Deux jours après, je lui envoie un texto en lui disant que ce serait cool de se revoir même si mon amie n'est plus sur Paris et que s'il a insisté pour venir chez moi, j'ai le droit aussi de venir chez lui... Il me dit qu'il n'y voit aucun problème, seulement quand il est en entreprise, il finit tard et que c'est difficile pour lui de sortir. J'ai envoyé un dernier sms avec une question auquel il n'a pas répondu et ensuite, plus rien.
II/ L’analyse
A) Théorie 1 : Hétérosexuel à 100% (probable à 90%)
Malgré tous les faits qui peuvent laisser un néophyte (comme moi) dans la confusion la plus totale, ce garçon n’est qu’un simple hétérosexuel, un peu joueur sur les bords et qui bien installé dans son couple aime malgré tout tester ses aptitudes de séduction. Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, cela lui importe peu pourvu que le premier soit gay/bi et la deuxième hétérosexuelle.
Rappelons aussi qu’à son âge (la vingtaine) il y a une envie de tout vivre, tout essayer, sans que cela n’implique un engagement moral.
Après tout, il m’arrive moi aussi alors que je suis gay, de trouver des femmes particulièrement belles et de les qualifier de « mon genre ». J’ai embrassé certaines filles également pour le délire, mais sans éprouver aucun désir palpable. Peut-être existe-t-il une bisexualité latente chez moi qui s’est endormie il y a déjà bien longtemps, mais j’en doute… Ceci étant, je ne crois pas que la sexualité se cristallise pour la vie et je ne suis pas adepte du « on est né comme ça ». Non, je suis très freudien de ce côté-là et j’admets volontiers qu’elle découle de notre histoire œdipienne puis ensuite qu’elle se nourrit de nos rencontres amoureuses.
B) Théorie 2 : Gay/Bi Refoulé (probable à 10%)
La barrière de la censure de ce garçon vacille au gré de son taux d’alcoolémie. Des désirs inconscients viennent se heurter à elle et prennent vie dans ses comportements. Les accepter impliquerait un effondrement du Moi beaucoup trop intense alors il y a prise de distance vis-à-vis de ses affects et de leur cause (moi). Ceci expliquerait aussi sa fuite dans le couple socialement normé. La prise de conscience véritable ne peut en général pas avoir lieu sans qu’un événement particulièrement violent voir traumatisant n’ait lieu. Il peut aussi s’agir de correspondre au désir (même ressenti) de ses parents de le voir marié et avec des enfants.
Cette théorie est celle qui convient le plus aux gens qui comme moi sont en proie au doute. Mais je vous l’accorde, elle est très peu probable. Et quand bien même elle se vérifiait, il faudrait attendre quelques années. Donc en somme, la meilleure solution serait de fuir ! Je ne suis pas dupe, ce qui se cache derrière toutes ces histoires, c’est une envie d’être aimé, une envie d’être réparé narcissiquement car il y a des millions de gays/bi (beaux/belles) avec qui nous pourrions tout à fait être heureux sans avoir à nous déchirer intérieurement et à nous imposer une si lourde peine. Néanmoins, je pense qu’il faut toujours apprendre quelque chose sur nous à partir de ces expériences, de ces « obsessions malsaines ». Il y a un vide, un manque qu’il faut aller trouver en nous-mêmes et apprendre à combler avec nos propres outils. Et nous en disposons toujours d’exceptionnels parfois même d’inattendus.
C) A vous d’écrire…
Donc voilà, ma question est "A quoi jouent ces nouveaux hétéros ?". Vous, qui avez vécu des choses similaires, j'aimerais vos témoignages (« I WANT YOU ! »). Non pas que j'espère quoi ce soit comme je viens de vous l’expliquer, mais tout de même, quelle est la finalité d'un tel jeu de séduction ? Gonfler son égo, tester son pouvoir de séduction sans prendre de risque ?
J'espère aussi que ce témoignage peut également servir à des gens qui vivent ou vont vivre ce genre de piège-narcissique. Car à la lecture de ce forum, c’est susceptible d’arriver à tout le monde, même aux plus cyniques et avertis.
J’aimerais tout de même leur dire ceci : il est tout à fait possible que cette « fixette adolescente » débouche sur quelque chose. Cependant, au prix de quels sacrifices et souffrances ? Vous serez toujours le premier/la première à en pâtir et il n’en saurait en être autrement. Mais vous avez le pouvoir d’agir non pas sur vos émotions mais sur la manière dont vous les vivez. Revenez sur vous et demandez-vous toujours si vous êtes prêts à accepter des miettes de pain comme réconfort pour tant d’efforts (la rime, c’est gratuit !). Et même si vous finissez par vivre une histoire avec l’objet de votre désir, êtes-vous sûrs que l’entente sera bien là ? L’expérience tend à montrer que souvent ce n’est pas le cas. Vous êtes uniques pour vous-mêmes, relevez la tête, il y a un tas de gens biens pour vous dehors, prêts aussi à des efforts pour partager un bout de vie avec vous. Et n’oubliez jamais : certaines personnes nous paraissent grandes que parce que nous les regardons à genoux. Une relation authentique implique TOUJOURS une équité, on est l’égal de l’autre, nul n’a l’ascendant.
Bref, j'attends vos réponses avec impatience !
Buyuko