Kaghan a écrit :je comprends pas pourquoi les gens me demandent ça mais ne se demande pas à eux même qu'es ce que ça fait d'être dans leur corps à eux ?
Tiens, j'aime bien ta façon de poser les choses. ^^
(Bloue : je m'suis bien marrée au passage "vu que quand je me balade seule dans la rue je fais la gueule..."
)
(je m'autorise un grand petit pavé).
Aimez vous votre corps ? Alors pour moi vaste question.
Pour faire chronologique... le moment où j'ai le plus détesté, je dirais même eu honte, carrément refusé mon corps fut aussi le moment où j'ai le plus détesté être moi avec mes "racines" : petite fille qui croyait (excessivement peut-être) en de fortes et belles valeurs, et surtout en la transparence totale de sa mère, venait d'apprendre qu'elle n'était pas le fruit d'une liaison légitime, du jour au lendemain. Aussi, mon père venait de se faire larguer par ma mère, et de criser hystériquement comme à son habitude, quand il m'a assénée droit dans les yeux qu'il "ne reviendrait jamais". De mon côté : aucune légitimité à être là finalement, car plus aucune légitimité des valeurs et idéaux que je m'étais construits, et donc de ma propre valeur. J'avais 7 ans et demi quand ça a commencé et le complexe (la honte) était telle que je ne voulais pas que l'on me regarde, je ne voulais plus participer à l'oral à l'école, je n'acceptais même plus ma voix. Bref. Ma petite taille (je faisais deux têtes de moins que les autres) accentuait le tout me renvoyant à l'anomalie générale que je m'imaginais être. J'ai dû abandonner le théâtre, après avoir pour la première fois eu un trou lors d'une pièce que je jouais en ville vers mes 10 ans. Le regard du public avait soudainement pris le dessus sur tout le reste. Le fait que j'étais inscrite au conservatoire et passait beaucoup d'auditions ou d'examens me facilitait pas la vie non plus... et finalement tout ça s'est décanté au collège, notamment vers mes 13 ans (sexualité bonjour).
Avez vous des complexes avec une ou plusieurs parties de votre corps ? Et si oui pourquoi ? A partir de mes 15/16, au lycée et lors de ma première dépression, j'en ai développés. J'avais pris à peine trop de poids, or ça faisait sacré contraste par rapport à ce à quoi je m'étais toujours identifiée (petite, menue). les complexes étaient multiples ("trop" petits seins, fesses "trop" rebondies, visage "trop" indéfini, physique trop "jeune", blabla) et m'ont accompagnée de manière alternative tout le long du lycée (jusqu'à mes 20), suivant les périodes dépressives. Cela dit, ça ne m'empêchait pas d'afficher une attitude ouvertement désagréable ou indifférente (entre autres), histoire de pallier, à ce que je considérais comme une tare : ne pas avoir plus de "dignité", de fierté d'être soi, pas plus de constance dans le travail personnel fourni alors que parallèlement je me passionnais pour plein de disciplines (tant que ça n'impliquait aucun projet de réussite

)(oui me concernant, tout a été ultra-généralisé et lié), et de rester si peu à l'aise avec un corps que je devais subir. (autant le dire : j'étais une vraie peste complètement ingrate

) c'est pourquoi aussi, paradoxalement, sans me préoccuper de si j'éprouvais un réel désir, je sur-investissais sexuellement. et...me retrouvais dans des situations qui auraient pu tourner très mal ou des rapports qui ne me plaisaient absolument pas. même qui me révulsaient à posteriori.
Mais finalement, tout ça s'est tassé avec le temps et surtout l'acceptation de ma famille, l'histoire familiale, deux-trois aléas, etc.
- happy ending sur le coup, pfffiou

(du moins ce qui semblait en être un)
Car il y a toujours de vieux réflexes qu'on a de la peine à supprimer.
pour synthétiser : c'est là que j'ai troqué les rapports sexuels contre les substances (benzos en masse pour la plupart).
Nouvelle dynamique, mais au final pas si différente que ça : excès, dans ce qui paraît sur le coup nécessaire ou émancipateur.
Bref. mon corps était tellement ravagé après sevrage qu'il m'a dégoûtée. Les complexes en soi, plus là. Mais le dégoût, si (fonte musculaire, maigreur morbide, brûlures apparues sur le visage, etc). C'est là que je me suis rendue compte pour la première fois que mon corps avait ses limites, et ça a été un gros coup dur. j'ai mis plusieurs mois à m'en remettre psychologiquement.
'fin toute cette dernière partie était pas mal insidieuse quand même. j'ai eu beaucoup l'impression de m'être faite avoir.
Et c'est un peu près la dernière parenthèse négative du comment monwen a vécu son corps jusqu'à présent.
Avez vous modifié votre corps pour vous plaire ? un tatouage, je dirais pas pour que mon corps me plaise. je tenais beaucoup (et tiens toujours) à la symbolique que j'ai mise dans ce tatouage. Mais oui, c'est bien une modification "esthétique" aussi pour moi.
A quel point votre corps à t'il un impact sur votre façon d'être, votre moral ? ben mon moral a eu plus d'impact sur la vision que j'avais de mon corps que l'inverse, même si mon corps également a su BIEN impacter le reste en retour. (c'est donnant-donnant hein, uhuh.) Les deux sont étroitement liés, et ça paraît logique.
Pour certaines raisons et par la tournure des choses dans ma vie je dirais que c'est seulement aujourd'hui que j'ai appris à foutre la paix à mon corps, et même à aimer avoir du respect pour lui; j'espère que ce n'est qu'un début.
