Prof homo...et alors ?
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Diogène
Re: Prof homo...et alors ?
Bien que pas prof, même si j'ai autrefois été enseignant en dehors de l'EN mais on s'en fout, ça ne change rien, je réponds.
D'abord, il faut se poser la question de savoir en quoi il est nécessaire de dévoiler sa sexualité à ses collègues. On peut être collègues sans savoir qui fait quoi dans son lit respectif.
Après s'il faut participer à des pots de départ avec les collègues et leurs compagnons/compagnes respectifs/ives, alors se montrer n'a rien d'un coming-out ou d'un auto-outing ou que je sais-je encore.
Il faudra un jour remettre en cause ce terme, non seulement parce qu'il est anglais et qu'on pourrait en trouver un dans la langue de Molière mais aussi parce qu'il suppose depuis longtemps une forme de culpabilité, de secret inavouable comme on entend encore des jeunes dire "je l'ai avoué à mes potes".
Avouer ? Mais de quel crime parle t-on ?
C'est très différent de l'intime ! Parce que quoiqu'on dise, la sexualité ça relève de l'intime. On peut certes avoir envie d'en faire part aux autres mais alors on assume fièrement.
Quant aux élèves c'est autre chose encore, à mon sens. Car si un prof transmet des savoirs et initie à la réflexion et pourquoi pas sur ce sujet, il se doit d'être pour les élèves un être asexué, lointain, mystérieux.
Il faut encore plus avec eux qu'avec ses semblables (les adultes...) garder une distance sur sa vie privée, l'intime...
On peut aussi disserter et s'inquiéter grandement d'un retour à un ordre moral très pieux (j'allais dire catho mais ce n'est plus suffisant) qui suppose, selon moi, qu'il faille raison garder quant au rapport "copain/copain/on s'dit tout" qu'on instaure avec les élèves...
D'abord, il faut se poser la question de savoir en quoi il est nécessaire de dévoiler sa sexualité à ses collègues. On peut être collègues sans savoir qui fait quoi dans son lit respectif.
Après s'il faut participer à des pots de départ avec les collègues et leurs compagnons/compagnes respectifs/ives, alors se montrer n'a rien d'un coming-out ou d'un auto-outing ou que je sais-je encore.
Il faudra un jour remettre en cause ce terme, non seulement parce qu'il est anglais et qu'on pourrait en trouver un dans la langue de Molière mais aussi parce qu'il suppose depuis longtemps une forme de culpabilité, de secret inavouable comme on entend encore des jeunes dire "je l'ai avoué à mes potes".
Avouer ? Mais de quel crime parle t-on ?
C'est très différent de l'intime ! Parce que quoiqu'on dise, la sexualité ça relève de l'intime. On peut certes avoir envie d'en faire part aux autres mais alors on assume fièrement.
Quant aux élèves c'est autre chose encore, à mon sens. Car si un prof transmet des savoirs et initie à la réflexion et pourquoi pas sur ce sujet, il se doit d'être pour les élèves un être asexué, lointain, mystérieux.
Il faut encore plus avec eux qu'avec ses semblables (les adultes...) garder une distance sur sa vie privée, l'intime...
On peut aussi disserter et s'inquiéter grandement d'un retour à un ordre moral très pieux (j'allais dire catho mais ce n'est plus suffisant) qui suppose, selon moi, qu'il faille raison garder quant au rapport "copain/copain/on s'dit tout" qu'on instaure avec les élèves...
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Daisy.Adair
- Messages : 3567
- Inscription : dim. mars 01, 2009 1:10 am
Re: Prof homo...et alors ?
Avant de le remettre en cause, il faudrait déjà savoir à quoi cet "anglicisme" renvoie, ce qui de toute évidence n'est pas le cas. Je dois l'avouer pourtant, se contredire au bout de cinq lignes, ça me fait rire. La condescendance paternaliste par contre, moins.Diogène a écrit :Il faudra un jour remettre en cause ce terme, non seulement parce qu'il est anglais et qu'on pourrait en trouver un dans la langue de Molière mais aussi parce qu'il suppose depuis longtemps une forme de culpabilité, de secret inavouable comme on entend encore des jeunes dire "je l'ai avoué à mes potes".
Avouer ? Mais de quel crime parle t-on ?
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Diogène
Re: Prof homo...et alors ?
Daisy.Adair a écrit :Avant de le remettre en cause, il faudrait déjà savoir à quoi cet "anglicisme" renvoie, ce qui de toute évidence n'est pas le cas. Je dois l'avouer pourtant, se contredire au bout de cinq lignes, ça me fait rire. La condescendance paternaliste par contre, moins.Diogène a écrit :Il faudra un jour remettre en cause ce terme, non seulement parce qu'il est anglais et qu'on pourrait en trouver un dans la langue de Molière mais aussi parce qu'il suppose depuis longtemps une forme de culpabilité, de secret inavouable comme on entend encore des jeunes dire "je l'ai avoué à mes potes".
Avouer ? Mais de quel crime parle t-on ?
In wikipedia, pour ce que vaut wikipedia.Le coming-out a été imaginé, comme un moyen d’émancipation, en 1869 par l’Allemand Karl Heinrich Ulrichs, défenseur des droits des homosexuels. Réalisant que l’invisibilité était un obstacle majeur pour changer l’opinion publique, il recommanda aux homosexuels de faire leur coming-out.
Bon, très bien.
Et ?
Émancipation ? Envers l'opinion publique ?
Mais là on parle de cercle privé, du moins restreint. Et là-dessus je pense que le meilleur moyen de faire changer la société c'est d'abord de faire changer son entourage, plutôt que la société, ce bloc protéiforme qui par définition se braquera quelque part dans sa non-uniformité, on l'a assez vu lors des débats infectes sur le mariage pour tous.
Ensuite et de là c'est bien joli mais de quelle émancipation parle t-on si l'entourage se fout comme de l'an 40 de notre homosexualité ?
Et pour finir, c'est bien joli mais depuis la définition de l'expression, elle a pris pour tout le monde un sens simple comme sortir du placard, par exemple.
Sauf que ce placard, je regrette mais je pense sincèrement qu'on y est rentré de bon gré.
Plus vulgairement, je dis juste qu'on peut aussi juste envoyer chier les cons et s'assumer au grand jour (ou pas si l'on considère que ça relève de l'intime et que ça ne regarde donc personne) en se foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes comme dit la chanson, et donc là y'a plus de coming-out qui tienne.
Re: Prof homo...et alors ?
Moi c'est ça qui me fait bondir :
Désolé mais je fais tout le contraire ! Et tu sais quoi ? Ça me permet de discuter avec mes élèves de sexualité, d'amour, de santé et de rapports humains. Pire que tout ils en redemandent. On dirait même qu'ils sont heureux, les cons, d'avoir comme prof un être humain !Diogène a écrit : Quant aux élèves c'est autre chose encore, à mon sens. Car si un prof transmet des savoirs et initie à la réflexion et pourquoi pas sur ce sujet, il se doit d'être pour les élèves un être asexué, lointain, mystérieux.
Il faut encore plus avec eux qu'avec ses semblables (les adultes...) garder une distance sur sa vie privée, l'intime...
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Diogène
Re: Prof homo...et alors ?
Et bien si tu arrives à le faire sans que ça te pose de problèmes personnels, alors bravo, parce que ce n'est pas simple.zphyr a écrit :Moi c'est ça qui me fait bondir :
Désolé mais je fais tout le contraire ! Et tu sais quoi ? Ça me permet de discuter avec mes élèves de sexualité, d'amour, de santé et de rapports humains. Pire que tout ils en redemandent. On dirait même qu'ils sont heureux, les cons, d'avoir comme prof un être humain !Diogène a écrit : Quant aux élèves c'est autre chose encore, à mon sens. Car si un prof transmet des savoirs et initie à la réflexion et pourquoi pas sur ce sujet, il se doit d'être pour les élèves un être asexué, lointain, mystérieux.
Il faut encore plus avec eux qu'avec ses semblables (les adultes...) garder une distance sur sa vie privée, l'intime...
Ceci étant, faut-il exposer sa propre homosexualité pour aborder le sujet ? Les profs hétéros ont-ils besoin de le faire, eux ?
Je pose la question parce que mes élèves du temps où... ils avaient eux aussi ce gaydar (j'avais la chance de les avoir en individuel, ça permet un autre contact, parfois plus simple, pas toujours ceci dit) et des fois ils me demandaient si moi aussi.... Quoi moi aussi ? Quel rapport et qu'est ce que ça change ?
Est on un bon prof homo parce qu'on a dit qu'on est homo ou simplement un bon prof, comme tous les bons profs ?
Re: Prof homo...et alors ?
Comme si le "cercle restreint" ne faisait pas partie de l'opinion publique. Et tu sembles avoir une définition assez extensible du mot restreint, on ne parle pas là d'un cercle choisi, mais du champ professionnel, de collègues et d'élèves, et des conséquences que peut avoir un coming-out sur une carrière et une vie professionnelle.Diogène a écrit :Daisy.Adair a écrit :Avant de le remettre en cause, il faudrait déjà savoir à quoi cet "anglicisme" renvoie, ce qui de toute évidence n'est pas le cas. Je dois l'avouer pourtant, se contredire au bout de cinq lignes, ça me fait rire. La condescendance paternaliste par contre, moins.Diogène a écrit :Il faudra un jour remettre en cause ce terme, non seulement parce qu'il est anglais et qu'on pourrait en trouver un dans la langue de Molière mais aussi parce qu'il suppose depuis longtemps une forme de culpabilité, de secret inavouable comme on entend encore des jeunes dire "je l'ai avoué à mes potes".
Avouer ? Mais de quel crime parle t-on ?In wikipedia, pour ce que vaut wikipedia.Le coming-out a été imaginé, comme un moyen d’émancipation, en 1869 par l’Allemand Karl Heinrich Ulrichs, défenseur des droits des homosexuels. Réalisant que l’invisibilité était un obstacle majeur pour changer l’opinion publique, il recommanda aux homosexuels de faire leur coming-out.
Bon, très bien.
Et ?
Émancipation ? Envers l'opinion publique ?
Mais là on parle de cercle privé, du moins restreint.
Cool, tu as très bien compris le message de Karl Heinrich Ulrichs, qui ne dit pas autre chose. Par contre, la seconde partie de ta phrase laisse perplexe : le moyen de changer la société sans changer la loi ?Et là-dessus je pense que le meilleur moyen de faire changer la société c'est d'abord de faire changer son entourage, plutôt que la société, ce bloc protéiforme qui par définition se braquera quelque part dans sa non-uniformité, on l'a assez vu lors des débats infectes sur le mariage pour tous.
Je sais pas pour toi, mais moi je me limite pas à mon entourage. Si je peux inviter mon copain aux réunions de famille, mais que je me fais insulter dans la rue ou au Parlement parce que nous sommes en couple, je me dis que l'émancipation a encore de beaux jours devant elle. Tu saisis ?Ensuite et de là c'est bien joli mais de quelle émancipation parle t-on si l'entourage se fout comme de l'an 40 de notre homosexualité ?
100 ans de sociologie et des millénaires d'histoire pour en arriver là... Donc non, le placard on l'a bâti pour toi, le placard c'est l'identité qu'on t'assigne par défaut, celle de l'homme ou de la femme hétéro, avec les rôles sociaux qui y sont attachés, et à laquelle on se plie parce qu'on ne dispose pas de modèle alternatif, et que la pression et la répression sociale sont suffisamment fortes pour faire préférer la clandestinité pendant un certain temps, voire pendant toute une vie.Et pour finir, c'est bien joli mais depuis la définition de l'expression, elle a pris pour tout le monde un sens simple comme sortir du placard, par exemple.
Sauf que ce placard, je regrette mais je pense sincèrement qu'on y est rentré de bon gré.
C'est un monde merveilleux que tu nous décris là, mais dans la vraie vie, ce n'est pas toujours facile "d'envoyer chier les cons", ne serait-ce que parce qu'ils sont nombreux, et ont des capacités de nuisance non-négligeables. Et je ne vois vraiment, mais alors vraiment pas, en quoi le coming-out ne tient pas. Quant au petit couplet sur l'homosexualité-qui-relève-de-l'intime, j'ai envie de te dire que les couples hétéros se posent pas la question quand ils se roulent des pelles sur les bancs publics.Plus vulgairement, je dis juste qu'on peut aussi juste envoyer chier les cons et s'assumer au grand jour (ou pas si l'on considère que ça relève de l'intime et que ça ne regarde donc personne) en se foutant pas mal du regard oblique des passants honnêtes comme dit la chanson, et donc là y'a plus de coming-out qui tienne.
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Diogène
Re: Prof homo...et alors ?
Bien sûr que le cercle restreint est "politique" mais entre vouloir faire changer d'avis 12 personnes et 30 millions, il faut s'attaquer d'abord à ce qui est à notre portée. Sinon c'est Don Quichotte sur son char à la gay pride...Tsar a écrit :Comme si le "cercle restreint" ne faisait pas partie de l'opinion publique. Et tu sembles avoir une définition assez extensible du mot restreint, on ne parle pas là d'un cercle choisi, mais du champ professionnel, de collègues et d'élèves, et des conséquences que peut avoir un coming-out sur une carrière et une vie professionnelle.
Quant aux élèves, j'ai juste émis mon avis qui est que la pédago ne nécessite pas de dévoiler son intimité.
La loi organise la vie en société et on peut trouver tout un tas de preuves qui font que la loi n'est pas la mentalité de la société... Elle en est le reflet à un moment donné (voire pas toujours dans l'exemple que je vais donner) et reste à surveiller quand elle est remise en cause comme on le voit avec les fervents défenseurs du retour de la peine de mort...Tsar a écrit : le moyen de changer la société sans changer la loi ?
Mais ton entourage, c'est pas toute la société...
Oui, je saisis. Et je l'ai vécu comme toi. Comme tous les homos.Tsar a écrit :Je sais pas pour toi, mais moi je me limite pas à mon entourage. Si je peux inviter mon copain aux réunions de famille, mais que je me fais insulter dans la rue ou au Parlement parce que nous sommes en couple, je me dis que l'émancipation a encore de beaux jours devant elle. Tu saisis ?
Il suffit juste de remettre la société à la place qu'elle occupe : le domaine public.
Dans lequel la liberté d'expression qui comprend celle de se rouler une pelle entre mecs a droit de... cité.
Si les couples hétéros n'ont pas à se poser de questions, il faut chercher du côté de la société patriarcale, catholique (la France n'est-elle pas encore selon l'église sa fille ainée ?) et un poil xénophobe.Tsar a écrit :C'est un monde merveilleux que tu nous décris là, mais dans la vraie vie, ce n'est pas toujours facile "d'envoyer chier les cons", ne serait-ce que parce qu'ils sont nombreux, et ont des capacités de nuisance non-négligeables. Et je ne vois vraiment, mais alors vraiment pas, en quoi le coming-out ne tient pas. Quant au petit couplet sur l'homosexualité-qui-relève-de-l'intime, j'ai envie de te dire que les couples hétéros se posent pas la question quand ils se roulent des pelles sur les bancs publics.
Alors oui, je t'accorde que les cons sont légion, c'est peu de le dire, mais tu restes libre de t'en foutre.
C'est pas un monde merveilleux et bien au contraire, le mépris et le poing levé ne sont qu'une forme de militantisme a contrario du coming-out qui est une soumission à un dogme, celui de cette société qui exige qu'on rentre dans le rang ou qu'au moins on dise ce qu'on est, limite en faisant amende honorable, tiens la voilà la traduction française du coming-out... Non ?
Dernière modification par Diogène le lun. févr. 02, 2015 10:44 pm, modifié 2 fois.
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Diogène
Re: Prof homo...et alors ?
J'ai le défaut de ne pas être complet quand je quote plusieurs messages alors je développe un peu plus là ce qui me tient à coeur, ce coming-out qui plus les années passent me sort par les narines, bien que j'ai fait le mien, auparavant.
Combien voit-on de jeunes empêtrés dans leur sexualité et leurs désirs "coupables" ne pas savoir comment prendre leur courage à deux mains pour faire ce coming-out, passage obligé pour être accepté (ou pas, malheureusement...) en société parce qu'ils auront dit ce qu'ils sont ?
Mais quand ils font ça, combien les résument à ça ? Trop. Un seul est de trop.
On ne définit pas son prochain et l'approche qu'on doit avoir de lui à ce qu'il aime faire dans son lit !
Alors à l'opposé, on n'a pas à dire, par une forme d'aveu, d'excuse, fut-elle enjolivée, ce qu'on aime faire dans son lit.
On le montre et si ça déplait à ceux à qui on le montre, on sait qu'on n'a rien à partager avec ces gens-là. Pour les plus courageux, on peut toujours convaincre, discuter, pourquoi pas si ça fait avancer les choses... Mais on ne commence pas par emprunter avec consentement le schéma qu'ils imposent; le terme "coming-out", nous homos avons fini par l'accepter pour ce qu'il représente... pour les autres.
Par contre, juste sur le plan pédago, je persiste et signe : les élèves ont besoin de comprendre mais ça ne veut pas dire qu'il faut leur dire qu'on en est. Il est des quartiers, on le sait très bien, où la chose vaut rejet définitif et je ne stigmatise personne tant la connerie ne connait pas la barrière du périph...
Après, je ne critique personne et respecte beaucoup ceux des profs qui choisissent et réussissent par ce moyen mais il me semble simplement qu'il n'est pas utile.
Combien voit-on de jeunes empêtrés dans leur sexualité et leurs désirs "coupables" ne pas savoir comment prendre leur courage à deux mains pour faire ce coming-out, passage obligé pour être accepté (ou pas, malheureusement...) en société parce qu'ils auront dit ce qu'ils sont ?
Mais quand ils font ça, combien les résument à ça ? Trop. Un seul est de trop.
On ne définit pas son prochain et l'approche qu'on doit avoir de lui à ce qu'il aime faire dans son lit !
Alors à l'opposé, on n'a pas à dire, par une forme d'aveu, d'excuse, fut-elle enjolivée, ce qu'on aime faire dans son lit.
On le montre et si ça déplait à ceux à qui on le montre, on sait qu'on n'a rien à partager avec ces gens-là. Pour les plus courageux, on peut toujours convaincre, discuter, pourquoi pas si ça fait avancer les choses... Mais on ne commence pas par emprunter avec consentement le schéma qu'ils imposent; le terme "coming-out", nous homos avons fini par l'accepter pour ce qu'il représente... pour les autres.
Par contre, juste sur le plan pédago, je persiste et signe : les élèves ont besoin de comprendre mais ça ne veut pas dire qu'il faut leur dire qu'on en est. Il est des quartiers, on le sait très bien, où la chose vaut rejet définitif et je ne stigmatise personne tant la connerie ne connait pas la barrière du périph...
Après, je ne critique personne et respecte beaucoup ceux des profs qui choisissent et réussissent par ce moyen mais il me semble simplement qu'il n'est pas utile.
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Daisy.Adair
- Messages : 3567
- Inscription : dim. mars 01, 2009 1:10 am
Re: Prof homo...et alors ?
Oui, on a bien compris que ta portée se limitait aux gens qui s'en foutent, autrement dit le degré zéro du militantisme pour les droits LGBT. Quoter et approuver une personne quand elle cite "un odieux connard" sur un forum où l'on garde plus ou moins son anonymat, effectivement, c'est plus simple, ça n'engage à rien.Bien sûr que le cercle restreint est "politique" mais entre vouloir faire changer d'avis 12 personnes et 30 millions, il faut s'attaquer d'abord à ce qui est à notre portée. Sinon c'est Don Quichotte sur son char à la gay pride…
Il y a une différence entre ne pas raconter à ses élèves si tu es pour ou contre telle ou telle position sexuelle et affirmer son soutien de manière significative envers des personnes qui de fait sont discriminées, harcelées, lynchées, en proie au suicide. On ne devrait pas uniquement compter sur les interventions en milieux scolaires d'associations LGBT pour ça.Quant aux élèves, j'ai juste émis mon avis qui est que la pédago ne nécessite pas de dévoiler son intimité.
La question ne se résume pas à dire ce que l'on est, encore moins à se dévoiler ou non. La question est de savoir comment prendre les moyens à notre portée pour faire valoir des droits qui de fait ne sont pas les mêmes pour tous. Et à mi-chemin entre la femen enragée et un poteau, il y a nous. L'homosexualité assumée volontairement ou non n'est ni une question de choix, ni de soumission. Nous ne contrôlons pas obligatoirement ce que nous sommes, nos faits et gestes, et le gaydar de certains est suffisamment développé pour effectuer le constat sans même que la personne ne le dise, ne le sache elle-même. On tourne en rond : ne rien faire et laisser les uns dans leurs misères et les autres décider pour soi.C'est pas un monde merveilleux et bien au contraire, le mépris et le poing levé ne sont qu'une forme de militantisme a contrario du coming-out qui est une soumission à un dogme, celui de cette société qui exige qu'on rentre dans le rang ou qu'au moins on dise ce qu'on est, limite en faisant amende honorable, tiens la voilà la traduction française du coming-out... Non ?
Ce n'est pas parce que des [noms d'oiseaux] définissent après coup selon leurs critères la personne que tu es et qu'ils apprécient ou non qu'il faut se renfermer pour autant advitam eternam. Des [rouges-gorges] n'auraient même pas besoin de savoir que tu es LGBT qu'ils pourraient procéder de même sur d'autres sujets. C'est navrant, certes, mais doit-on en arriver au point de ne plus rien dire ou faire jusqu'à s'oublier soi-même et ne plus vivre que dans une sphère hautement privée ? C'est ça le message à véhiculer ? Et ça, ce n'est pas de la soumission ? Doit-on se contenter de survivre discrètement ?Combien voit-on de jeunes empêtrés dans leur sexualité et leurs désirs "coupables" ne pas savoir comment prendre leur courage à deux mains pour faire ce coming-out, passage obligé pour être accepté (ou pas, malheureusement...) en société parce qu'ils auront dit ce qu'ils sont ?
Mais quand ils font ça, combien les résument à ça ? Trop. Un seul est de trop.
On ne définit pas son prochain et l'approche qu'on doit avoir de lui à ce qu'il aime faire dans son lit !
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Re: Prof homo...et alors ?
Alors moi, je voulais rebondir *boing* là dessus.Diogène a écrit :Combien voit-on de jeunes empêtrés dans leur sexualité et leurs désirs "coupables" ne pas savoir comment prendre leur courage à deux mains pour faire ce coming-out, passage obligé pour être accepté (ou pas, malheureusement...) en société parce qu'ils auront dit ce qu'ils sont ?
Mais quand ils font ça, combien les résument à ça ? Trop. Un seul est de trop.
On ne définit pas son prochain et l'approche qu'on doit avoir de lui à ce qu'il aime faire dans son lit !
Alors à l'opposé, on n'a pas à dire, par une forme d'aveu, d'excuse, fut-elle enjolivée, ce qu'on aime faire dans son lit.
Tu penses que le coming out ou peu importe le nom que tu donnes à cet "aveu" devrait rester privé.
Certes. Mais tu es au courant que les heteros, eux, assument que tu l'es aussi? Pour peu que tu ne réponde pas aux critères de la folle qui leur plaît tant, tu es invisible. Ça peut plaire, ça peut convenir à certains. Par peur, par conventions, par envie, parce que.
Mais eh. Reste que presque 90% des personnes ou élèves que tu croises vont t'imaginer a priori avec une femme. Surtout les élèves, parce que généralement c'est une passion connue que de fantasmer la vie cachée de ses profs. Les humaniser, en sorte. Bref. Dans ce lot d'élèves, tu vas en avoir trois quatre, peut être plus, peut être moins, qui vont se poser des questions, pas sur toi mais sur eux-mêmes. Eh ouais. "Je suis différent, est-ce vraiment important, dois je le dire, à QUI pourrais-je en parler, est-ce que c'est normal... Etc" je vais pas faire un dessin, tu as dû passer par là aussi.
Je n'ai pas eu de prof homo. J'ai eu des profs humains. Certains auraient pu être de bons pédés ou des grosses gouinasses, je me serais dit "ah, donc je ne suis pas seule".
J'ai l'impression qu'en faisant l'apologie de l'invisibilité don't ask don't tell à tous les niveaux, tu t'asseois joyeusement sur tous les progrès, toutes les avancées de la cause homo. Y'a pas si longtemps en Europe on était castrés, humiliés, cachés, aux states lynchés, aujourd'hui en Afrique ou ailleurs les viols collectifs, les pendaisons etc sont monnaie courante.
Alors si aujourd'hui j'ai fait mon coming out, c'est pour eux. Pour ceux qui se sont battus, pour ceux qui se posent des questions et parce que c'est quand même plus simple d'être honnête avec soi et les autres plutôt que d'essayer d'esquiver toute question sentimentale ou attirance physique de la part de mes potes ou ma famille.