Bonjour Paolina,
Ton sujet me touche car j'ai vécu la même situation que toi.
Mon petit frère a un copain et je suis en couple avec une fille.
paolina99 a écrit :Mon petit frère est gay.
Comme je le suis.
C'est pas possible une chose pareille.
On peut pas faire ça à nos parents.
Leurs deux seuls enfants ne peuvent pas être tous les deux gays.
C'est déjà dur pour des parents d'avoir un enfant homo alors les deux c'est catastrophique.
Ils vont se dire qu'ils ont forcément foiré quelque chose dans notre éducation.
Je ne veux pas qu'ils pensent une chose pareille parce que c'est faux, ce sont des parents formidables.
Si si, c'est possible d'avoir deux enfants homosexuels ! Cela arrive plus rarement que d'avoir deux enfants hétérosexuels pour des raisons statistiques, mais c'est tout à fait possible. Et ce n'est pas la fin du monde.
"C'est déjà dur pour des parents d'avoir un enfant homo" : il ne faut pas que tu le vois comme ça. Je suis tout à fait d'accord avec Norma. Avoir un enfant homo, pour la plupart des parents, c'est sûr que ça peut chambouler. Cela peut être perturbant, inattendu, ils peuvent avoir besoin de temps pour l'accepter, mais au bout du bout, ce n'est pas dur, ce n'est pas un souffrance. Si ton enfant est heureux, c'est ce qui compte. Et ce ne sont pas des paroles en l'air ce que je te dis, c'est du vécu ! On nous fait croire que c'est atroce pour les parents, que l'homosexualité est un tare à la marge, mais non. Avoir un enfant heureux et épanoui, c'est ça qui compte.
La seule souffrance qui peut être causée, c'est à cause de l'homophobie, et non pas de l'homosexualité de quelqu'un.
paolina99 a écrit :Mon frère a un copain, je n'ai pas de copine.
Mes parents se doutent que mon frère est gay, ils ne me pensent pas lesbienne.
Alors c'est moi qui vais devoir faire l'effort d'être l'hétéro des deux.
Pour un temps au moins.
Je le dois à mes parents et à mon frère.
Tu ne dois rien à personne, ni à tes parents, ni à ton frère. Tu ne dois pas jouer à l'hétéro. Tu n'as pas à être dans la norme pour faire plaisir à qui que ce soit. Ton histoire et celle de ton frère sont différentes. Vous êtes deux individus à part entière. Si tu joues à l'hétéro pour un temps, c'est toi qui va souffrir bien inutilement, car la vérité devra sortir à un moment donné. Tu ne vas pas te gacher ta jeunesse pour essayer de faire rentrer ta famille dans une soit-disant norme. Ta famille sera un petit peu différente des autres, et alors ? En quoi est-ce grave ?
Tu ne rendras service à personne en mentant et prétendant être une personne que tu n'es pas. Ton frère est ce qu'il est, il a un copain, c'est un fait. Il ne l'a pas choisit, et d'ailleurs il ne te demande rien. Il ne voudrait sûrement pas que tu te mettes dans cette situation. Tes parents non plus ne te demandent rien. C'est ta vie à toi qui est en jeu. Tu dois la vivre comme tu l'entends.
paolina99 a écrit :Sauf que je ne suis pas sure de pouvoir, d'avoir la force nécessaire pour ça, est ce que certains d'entres vous son des enfants dans la même situation que moi, ou des parents ? Ça m'aiderais vraiment d'avoir des témoignages je pense, merci
Dans ma fratrie de deux, je suis l'ainée. J'ai senti assez jeune que mon petit frère était gay. C'est quelque chose que j'ai intégré sans vraiment me le formuler clairement. Mes parents aussi l'avaient senti, j'en suis sûre. Mon frère a fait son coming-out à mes parents avant moi, quand il devait avoir 17 ans. Sur le coup, j'étais un peu effondrée. Je lui en voulais d'avoir parlé le premier. Cela me paraissait insurmontable d'imposer à mes parents un deuxième coming-out. Je me disais que c'était déjà assez difficile pour eux, surtout que nous avions une situation familiale compliquée à l'époque (divorce, vente de la maison de famille).
Et petit à petit, je me suis rendu compte que ce silence dans lequel je m'emmurais ne servait absolument à rien. Cela ne changeait rien pour mon petit frère, qui suivait sa vie et son petit bonhomme de chemin (et il avait bien raison !). On ne parlait jamais de mon homosexualité, car ce double coming-out l'effrayait autant que moi. Je ne partageais pas grand chose de personnel avec mes parents, nous avions donc à l'époque une relation assez distante, à cause de mon attitude effacée et des sujets que je m'obligeais à éviter. Et moi, je souffrais de tout ça, de ce silence, de ce sacrifice qui finalement ne faisait rien avancer.
J'ai fini par comprendre que mon frère et moi avions deux vies distinctes, que nous n'étions pas seulement "les enfants" et que nous avions le droit à mener notre existence comme bon nous semblait, sans chercher à maintenir un quelconque équilibre familial. J'ai fini par trouver la force de dire à mes parents que j'avais une copine. Ma mère a été très étonnée mais m'a tout de suite dit que ce qui comptait, c'était mon bonheur. Mon père a mis plus de temps à le digérer, mais c'est dans son caractère, c'est quelqu'un d'assez pudique et discret.
Et maintenant ? Maintenant tout va bien, le copain de mon frère a été complètement adopté dans la famille, tout comme ma copine. Nous nous retrouvons tous les six pour les anniversaires. Mes parents les invitent et demandent de leurs nouvelles. Je ne vois aucune différence avec les familles de mes amis hétéros.
Je veux t'envoyer un message résolument positif ! Même si en ce moment cela doit te sembler insurmontable, ça va s'arranger, tu vas y arriver ! Courage poulette ! Débarrasse-toi de ce schéma de "famille parfaite", débarrasse-toi des normes et des barrières. Ton existence est aussi importante que celle de ton frère, tu as le droit de vivre pleinement
N'hésite pas à m'écrire en MP si besoin
