Personnellement, j'en ai jamais rien eu à cirer de l'ortho gramm. C'est terriblement pénible d'avoir à y faire attention. Il y a cependant quelque chose de terrible dans le fait de ne pas savoir écrire correctement et je l'ai compris très récemment.
lors d'un cours de première année de philo la première dissert, dont le sujet n'à été que prononcé et non écrit au tableau était : "Se peut-il que rien n'arrive?"
or, le sujet ayant été donné uniquement à l'oral, la moitié des élèves a écrit : "Se peut il que rien arrive?" vous vous rendez compte immédiatement que fatalement, il ne s'agit pas là d'une stupide faute d'orthographe, mais que c'est le sens total qui est transformé. Il est impossible de traiter cette dissertation, évidemment, et ce simplement parceque les élèves ont oublié d'intègrer que la différence d'écriture implique une différence de sens.
Si on écrit pas correctement, la plupart du temps, le sens n'existe plus, il n'est plus perçu. Et si nous cessons de perçevoir le sens des mots, c'est une partie de l'univers et de la vision que nous en avons qui s'effondre. C'est pour la même raison qu'il est tragique qu'au quotidien, des langues disparaissent avec leurs tribus. Imaginons qu'une tribu inuit qui possède 50 mots pour désigner les types de neige disparaisse. Nous n'en possédons qu'un : "neige". Hé bien, ce sont autant de particularités du monde qui s'anéantissent. Cet exemple est infime, il n'en reste pas moins que c'est un savoir qui se perd, qui ne peut plus être transmis. Admettons que ce même savoir concerne par exemple certaines plantes médicinales... c'est un savoir médical qui se perd. tout une part de l'humanité qui est détruite. C'est donc très grave.
maintenant je ne peux m'empêcher de me souvenir d'un texte de Barthes (Barthes était Gay pour ceux qui ne le savaient pas, et si ça peut vous motiver à le découvrir!

qui m'avait révolutionné en me permettant soudain de commettre légalement sous l'égide d'un intellectuel respecté toutes les bêtises qu'on me reprochait depuis des années et qui souvent avaient compromis sévèrement mon avenir... il disait ceci :
«[…] Ce n’est pas le caractère arbitraire de notre orthographe qui est choquant, c’est que cet arbitraire soit légal. Depuis 1835, l’orthographe officielle de l’Académie a valeur de loi aux yeux mêmes de l’Etat ; dès les premières études du jeune Français, la « faute d’orthographe » est sanctionnée : combien de vies ratées pour quelques fautes d’orthographe !
[…] Si l’orthographe était libre – libre d’être simplifiée ou non, selon l’envie du sujet -, elle pourrait constituer une pratique très positive d’expression ; la physionomie écrite du mot pourrait acquérir une valeur proprement poétique, dans la mesure où elle surgirait de la fantasmatique du scripteur, et non d’une loi uniforme et réductrice […] L’orthographe légalisée empêche le scripteur de jouir de l’écriture […] »
p. 57-59.
et voilà. et j'ai profondément joui le jour là alors qu'on m'avait fait recopier 100 fois le mot "opinion" un jour au lycée, d'avoir enfin le droit de l'écrire comme champignon et en plus avec deux "p" : oppignon, parceque ça pousse et que c'est beaucoup plus mignon.
en gros où va donc ce topic? me demanderez-vous? hé bien il vise à savoir ce que vous en pensez bien sûr, et que pouvez-vous apporter à l'appui d'une orthographe réglementée ...ou non?