Pardon, je viens de finir de t'écrire pour aujourd'hui, mais j'avais pas mal de choses sur lesquelles rebondir, et je n'ai toujours pas fini. Je n'ai pas encore abordé le quotidien ni la spécificité d'être parent isolé.
Mais mettre tout ça à plat me paraissait important. J'ai eu beaucoup de gens bienveillants et pas cons autour de moi et ce n'est pas le cas de tout monde.
First, sur les réactions que tu as déjà entendues :
- T'es sûre que tu veux un gosse ?
C'est une fausse question. On ne peut pas répondre à cette question en étant à la fois non rationnel (désir), et conscient (raison). Ce qui devrait être le cas de tout futur parent, sinon il y a un problème. De désir, ou de conscience.
- Toi avec un gamin, ça va être le bordel. (sur le ton de l'humour, mais tout de même)
on on me disait "Oulala toi je t'imagine avec un môme, tu seras autoritaire", et aussi "ça va être rock'n roll", ou bien pour rire carrément d'une telle perspective, incongrue, quand j'avais même pas 20 ans, mon frère "LOL" (...).
Bon ben les deux premiers sont vrais et faux en même temps, et pas là où on l'aurait cru.
Et le LOL méga-sincère de mon frère est devenu une espèce de confiance à distance sans bornes pour mon fils et moi. (valable pour le reste de ma famille)
- Oui mais regarde, là tu en ferais quoi par exemple ? (quand je suis dans un bar avec des amis sans enfants)
1/ La question ne se pose pas tant qu'on ne l'a pas encore. Question typique des gens qui n'ont pas eu d'enfants.
2/ le gamin tu privilégieras les terrasses des bars dès la fin de sieste ou fin d'aprem, pendant la première année et demi, tu pourras flâner avec ta bière, ton verre de vin et avec lui dans la poussette, et ça aura une durée limitée, mais d'autant plus jouissive. (masse d'anecdotes et d'astuces que je pourrais te dire, mais en fait, on les trouve tout seul
). Quand ils grandissent tout devient + simple, ils peuvent gambader.
3/ tu seras de toute façon trop crevée toi-même pour traîner dans un bar passé 21h
- Chacun fait ce qu'il veut mais je pense qu'avoir deux parents c'est mieux pour l'équilibre de l'enfant. Regarde mon père, il a été élevé par sa mère et ça a donné un névrosé. (moi aussi j'ai mes névroses, c'est pas faute d'avoir eu des parents hétéros non divorcés et aimants)
L'équilibre des enfants n'existe pas, il est unique à chaque enfant, et chaque enfant a une unique manière de s'adapter à son monde spécifique.
Si on veut aller par là, côté névrose, vaut mieux 1 parent avec ses désirs que 2 avec leurS désirS dissonnantS qui péteront un jour dans 75% des cas.
- Avec un seul salaire ça va être compliqué, tu vas avoir besoin d'aides, c'est pas à la société d'assumer ton choix de vie. (merci pour la culpabilité)
pourquoi pas ?
Je préfère l'idée de payer pour des gens dans le besoin quelle qu'en soit l'origine que d'assumer ta connerie ?
(C'est pas le même genre de gens qui disent des sans-abris qu'ils auraient pu faire autrement et que les patients toxicos comme leur neveu à l'hôpital psy c'est pas pareil ? que là c'est un choix et là non ? de la merde. Du capitalisme et beaucoup d'hypocrisie)
(tu as vraiment des gens qui te disent ça dans ton entourage ou c'est toi sur le siège de l'accusée qui simule ton procès ? x) )
- Tu sais, un enfant, ce n'est pas un caprice. (oui merci je sais, et je trouve ce terme abject)
Les gens ils projettent pas un petit peu sur toi les peurs qu'ils ont vis-à-vis de toi (te perdre comme tu es pour eux), ou vis-à-vis d'eux-mêmes, par envie et ignorance ?
Dans tous les cas, il y a toujours cette part d'idéalisme, de fantasme tant que le môme tu ne l'as pas dans tes bras... surtout que si l'idée de fécondation ou de grossesse (de créer) ça peut envoyer du lourd en termes de sublimation mentale, la grossesse elle-même c'est bien plus encore. En gros, tout ce que tu as pu imaginer de beau au préalable ne s'appliquera pas exactement à toutes les mêmes choses dans la réalité, de même qu'en anticipant tout dans le pire ou dans le meilleur, tu fais fausse route puisque les vraies peurs tu ne les connais pas encore, les vraies situations tu ne les connais pas non plus, les complications imprévisibles, ce que la grossesse remue en toi, ce que l'accouchement fait, ce que "devenir parent" remue, il n'y a absolument aucun moyen de les prévoir. Ta vision de tout ça ne peut être qu'à mille lieues de toutes les variations de la réalité, à la fois tout en restant proche dans la globalité si tu te projettes comme parent.
Tu peux tout anticiper, et à coup sûr ça ne se passera pas comme ça.
- Je comprends pas pourquoi tu veux faire une PMA alors qu'il y a des gens stériles, t'as qu'à aller en boîte...
The best argument ever, je crois même pas l'avoir bien compris intellectuellement
c'est comme de recréer une échelle du malheur selon des paliers bien absurdes et cartésiens, avec ce fake esprit pseudo-militant à défaut d'autre chose**
(euh puis c'est pas comme la greffe d'organes avec liste d'attente selon la date d'arrivée et le degré du besoin, me semble qu'on n'est pas en rade
)
*venant souvent, on le notera, de la part des non concerné.e.s
*Et des victimes imaginaires de la vie qui compatissent pour une cause imaginaire