"Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s'apprend pas : la solitude indifférence, la patience, le silence. Tu dois te déshabituer de tout : d'aller à la rencontre de ceux que si longtemps tu as côtoyés, de prendre tes repas, tes cafés à la place que chaque jour d'autres ont retenue pour toi, ont parfois défendue pour toi, de traîner dans la complicité fade des amitiés qui n'en finissent pas de se survivre, dans la rancœur opportuniste et lâche des liaisons qui s'effilochent.
Tu es seul, et parce que tu es seul, il faut que tu ne regardes jamais l'heure, il faut que tu ne comptes jamais les minutes. Tu ne dois plus ouvrir ton courrier avec fébrilité, tu ne dois plus être déçu si tu n'y trouves qu'un prospectus t'invitant à acquérir pour la modique somme de soixante-dix-sept francs un service à gâteaux gravé à ton chiffre, ou les trésors de l'art occidental.
Tu dois oublier d'espérer, d'entreprendre, de réussir, de persévérer."
Cette œuvre est sublime. Ça fait long à citer, mais c'est le passage qui m'avait le plus marqué