Polpinette et la Traviata faustienne
Publié : lun. août 04, 2008 1:26 pm
Chapitre Un : Commencer par un meurtre, c'est toujours bien.
Un léger bourdonnement brisait le silence aérien de la pièce qu'aucun souffle d'air ne perturbait. Il faisait penser à un grésillement électrique d'un appareil mal isolé, susceptible d'offrir au malheureux qui poserait la main dessus un aller simple vers le monde d'Hadès, avec en prime une coiffure dans le plus pur style punk.
Polpinette ouvrit les yeux, agacée par ce bruit. Elle découvrit son plafond, très élégamment orné de voiles de taffetas rose et turquoise. Surprise, elle se redressa à demi. Elle était bel et bien dans sa chambre. Par quel miracle ? Elle n'en savait rien. Elle ne parvenait pas à réfléchir à cause du bourdonnement. Elle tourna la tête dans sa direction.
Elle se rendit compte qu'il ne provenait finalement pas d'un bricolage douteux à la Mac Gyver : une mouche luttait contre les affres de la mort, bien déterminée à faire chier le monde jusqu'au bout. Polpinette saisit le premier bouquin venu et le lança sur l'insecte pour achever leur calvaire à toutes deux.
Le livre retomba lourdement sur le sol après avoir accompli sa macabre tâche (avec ou sans accent, d'ailleurs) et s'ouvrit à la page de garde, révélant le titre : "Comment percer les mystères féminins ?" et le sous-titre : "Matériel, trucs et astuces".
En dessous, un numéro de téléphone avait été griffoné : 08 36 65 65 65. Polpinette ne parvint pas à se souvenir de quoi il s'agissait.
Elle lança ses jambes fines, qui auraient pu être douces si elles avaient été élaguées, hors des couvertures, et s'assit plus ou moins gracieusement sur le bord du lit, prise d'un mauvais pressentiment.
- Réfléchis, s'ordonna-t-elle.
L'effort qu'impliquait ce simple ordre la laissa pantelante. Mais elle repousa la vague de nausée qui l'assaillit, et ses neurones se réveillèrent un à un.
- Tu es une journaliste. Une enquêtrice. Tu dois pouvoir te souvenir. Interroge-toi.
Elle alla se planter face à son miroir. Elle retint un hurlement en voyant son reflet : rivières de rimmel, coulées de fonds de teint, innondation de rouge à lèvres, son visage ressemblait à un paysage indien après la mousson : ravagé. Mais le pire, c'était encore sa coiffure. Jamais la jeune femme n'avait eu les cheveux aussi courts. Karen mourrait de rire si elle la voyait à ce moment-là.
- Qui est Karen ? demanda Polpinette à son reflet, prenant celui-ci en traître.
L'interrogatoire commença. Polpinette retrouva peu à peu son identité et son passé. Dans son dernier souvenir, elle était nue dans le maëlstrom géant d'un Rubikscube de l'Enfer, avec ses amis et partenaires sexuels.
Que s'était-il passé ? Comment était-elle revenue dans le monde normal ? Avait-elle réellement enfanté après son orgie avec le Diable ? Le monde avait-il été détruit, cette fois-ci encore ?
Les questions se bousculaient sous le crâne étroit de la jeune femme. Elle décida de répondre à la plus simple : c'était quoi, le numéro sur le bouquin ?
Elle s'approcha du téléphone, saisit le combiné et composa le 08 36 65 65 65.
- Allô ?
- Pom pom pom, c'est le Père Noël ! Alors, dis-moi ton n...
Polpinette raccrocha aussitôt, une boule se formant dans son ventre. Elle regarda dehors... On était probablement au mois d'août. Elle se souvint de la publicité de Noël qui donnait ce numéro de téléphone à la télé. Mais ça datait de plusieurs années. Etait-elle donc revenue dans le passé ?
Prise d'angoise, elle décida d'imiter une technique d'apaisement de Karen : elle se précipita dans son frigo et avala tout ce qu'elle trouva, sans même regarder les dates de péremption. Quand elle fut enfin remplie, elle se vautra dans les toilettes et vomit.
- Merci, Karen, murmura Polpinette, reconnaissante. Tu es une grognasse, mais géniale malgré tout.
Polpinette était de nouveau zen.
Karen. Seb. Miranda. Sydney. Mirlinda.
Elle devait les retrouver.
Elle mit la main sur son carnet d'adresses en peau de tatou tannée par des Bédouins malgaches le Jour de la Pluie de l'année où l'éclipse lunaire avait eu lieu exactement au Pôle Sud.
- Ah, suis-je bête ! Les numéros de mes amis sont dans l'autre carnet d'adresses, celui en poils d'annesse Burburry customisé par un moine Shaolin installé en Namibie !
Elle trouva celui-ci dans un autre roman "Pourquoi j'ai décidé de ne pas rester vierge ?" par Britney Spearce.
- Décidément, j'ai une de ces bibliothèques ! rit Polpinette, honnêtement fière de l'étendue de sa culture.
Le carnet d'adresses servait de marque-pages et était resté au chapitre "De l'intérêt de se raser les cheveux quand on prend de la coke". Polpinette se promit de terminer ce livre qui avait l'air éminemment instructif.
Le premier numéro qu'elle trouva fut celui de Seb, puisque, dans l'ordre alphabétique des mâles de son coeur, il figurait en première place. Avant Tatayet. Elle composa le numéro. Elle n'eut pas de réponse. Rien.
Fébrile, elle composa tous les autres numéros de son répertoire. Aucun ne répondit.
Polpinette laissa tomber le carnet et ses larmes se mirent à couler, modelant son visage façon Mékong après la mousson, donc. Après une heure, quand le bleu du mascara eut totalement rejoint le rouge des lèvres, Polpinette se reprit. Il devait y avoir une explication. Elle la trouverait. Son sort en dépendait. Le sort du monde en dépendait,. Elle en était persuadée.
Avant d'aller prendre une douche, elle ramassa la mouche tuée par les mystères féminins et le moyen de les percer.
- Toi et moi, nous sommes semblables... Ecrasées par des choses que nous ne comprenons pas, nous essayons de lutter pour survivre. Tu as perdu. J'espère ne pas connaître le même sort...
La mouche a-t-elle entendu l'oraison funèbre de Polpinette ? Va-t-elle ressusciter et se venger ? Où sont Seb, Miranda, Mirlinda et tous les autres ? Polpinio est-il réel, au fait, ou Polpinette a-t-elle rêvé toute la saison précédente ? Pourquoi le numéro de téléphone du Père Noël figurait-il sur la page de garde de "Comment percer les mystères féminins ?" ? Pourquoi Polpinette dort-elle maquillée ? Et son plafond, était-il en taffetas rose et turquoise lors de la dernière saison ? Qu'y a-t-il sur le carnet d'adresses en peau de tatou tannée par des Bédouins malgaches le Jour de la Pluie de l'année où l'éclipse lunaire avait eu lieu exactement au Pôle Sud ? Pourquoi cette saison s'intitule "Et la Traviata faustienne ?" ? Vous le saurez peut-être en lisant les éventuels (pitié, prenez la suite, ne tuez pas ma saison dans l'oeuf !) prochains épisodes de... Polpinette et la Traviata faustienne !
Un léger bourdonnement brisait le silence aérien de la pièce qu'aucun souffle d'air ne perturbait. Il faisait penser à un grésillement électrique d'un appareil mal isolé, susceptible d'offrir au malheureux qui poserait la main dessus un aller simple vers le monde d'Hadès, avec en prime une coiffure dans le plus pur style punk.
Polpinette ouvrit les yeux, agacée par ce bruit. Elle découvrit son plafond, très élégamment orné de voiles de taffetas rose et turquoise. Surprise, elle se redressa à demi. Elle était bel et bien dans sa chambre. Par quel miracle ? Elle n'en savait rien. Elle ne parvenait pas à réfléchir à cause du bourdonnement. Elle tourna la tête dans sa direction.
Elle se rendit compte qu'il ne provenait finalement pas d'un bricolage douteux à la Mac Gyver : une mouche luttait contre les affres de la mort, bien déterminée à faire chier le monde jusqu'au bout. Polpinette saisit le premier bouquin venu et le lança sur l'insecte pour achever leur calvaire à toutes deux.
Le livre retomba lourdement sur le sol après avoir accompli sa macabre tâche (avec ou sans accent, d'ailleurs) et s'ouvrit à la page de garde, révélant le titre : "Comment percer les mystères féminins ?" et le sous-titre : "Matériel, trucs et astuces".
En dessous, un numéro de téléphone avait été griffoné : 08 36 65 65 65. Polpinette ne parvint pas à se souvenir de quoi il s'agissait.
Elle lança ses jambes fines, qui auraient pu être douces si elles avaient été élaguées, hors des couvertures, et s'assit plus ou moins gracieusement sur le bord du lit, prise d'un mauvais pressentiment.
- Réfléchis, s'ordonna-t-elle.
L'effort qu'impliquait ce simple ordre la laissa pantelante. Mais elle repousa la vague de nausée qui l'assaillit, et ses neurones se réveillèrent un à un.
- Tu es une journaliste. Une enquêtrice. Tu dois pouvoir te souvenir. Interroge-toi.
Elle alla se planter face à son miroir. Elle retint un hurlement en voyant son reflet : rivières de rimmel, coulées de fonds de teint, innondation de rouge à lèvres, son visage ressemblait à un paysage indien après la mousson : ravagé. Mais le pire, c'était encore sa coiffure. Jamais la jeune femme n'avait eu les cheveux aussi courts. Karen mourrait de rire si elle la voyait à ce moment-là.
- Qui est Karen ? demanda Polpinette à son reflet, prenant celui-ci en traître.
L'interrogatoire commença. Polpinette retrouva peu à peu son identité et son passé. Dans son dernier souvenir, elle était nue dans le maëlstrom géant d'un Rubikscube de l'Enfer, avec ses amis et partenaires sexuels.
Que s'était-il passé ? Comment était-elle revenue dans le monde normal ? Avait-elle réellement enfanté après son orgie avec le Diable ? Le monde avait-il été détruit, cette fois-ci encore ?
Les questions se bousculaient sous le crâne étroit de la jeune femme. Elle décida de répondre à la plus simple : c'était quoi, le numéro sur le bouquin ?
Elle s'approcha du téléphone, saisit le combiné et composa le 08 36 65 65 65.
- Allô ?
- Pom pom pom, c'est le Père Noël ! Alors, dis-moi ton n...
Polpinette raccrocha aussitôt, une boule se formant dans son ventre. Elle regarda dehors... On était probablement au mois d'août. Elle se souvint de la publicité de Noël qui donnait ce numéro de téléphone à la télé. Mais ça datait de plusieurs années. Etait-elle donc revenue dans le passé ?
Prise d'angoise, elle décida d'imiter une technique d'apaisement de Karen : elle se précipita dans son frigo et avala tout ce qu'elle trouva, sans même regarder les dates de péremption. Quand elle fut enfin remplie, elle se vautra dans les toilettes et vomit.
- Merci, Karen, murmura Polpinette, reconnaissante. Tu es une grognasse, mais géniale malgré tout.
Polpinette était de nouveau zen.
Karen. Seb. Miranda. Sydney. Mirlinda.
Elle devait les retrouver.
Elle mit la main sur son carnet d'adresses en peau de tatou tannée par des Bédouins malgaches le Jour de la Pluie de l'année où l'éclipse lunaire avait eu lieu exactement au Pôle Sud.
- Ah, suis-je bête ! Les numéros de mes amis sont dans l'autre carnet d'adresses, celui en poils d'annesse Burburry customisé par un moine Shaolin installé en Namibie !
Elle trouva celui-ci dans un autre roman "Pourquoi j'ai décidé de ne pas rester vierge ?" par Britney Spearce.
- Décidément, j'ai une de ces bibliothèques ! rit Polpinette, honnêtement fière de l'étendue de sa culture.
Le carnet d'adresses servait de marque-pages et était resté au chapitre "De l'intérêt de se raser les cheveux quand on prend de la coke". Polpinette se promit de terminer ce livre qui avait l'air éminemment instructif.
Le premier numéro qu'elle trouva fut celui de Seb, puisque, dans l'ordre alphabétique des mâles de son coeur, il figurait en première place. Avant Tatayet. Elle composa le numéro. Elle n'eut pas de réponse. Rien.
Fébrile, elle composa tous les autres numéros de son répertoire. Aucun ne répondit.
Polpinette laissa tomber le carnet et ses larmes se mirent à couler, modelant son visage façon Mékong après la mousson, donc. Après une heure, quand le bleu du mascara eut totalement rejoint le rouge des lèvres, Polpinette se reprit. Il devait y avoir une explication. Elle la trouverait. Son sort en dépendait. Le sort du monde en dépendait,. Elle en était persuadée.
Avant d'aller prendre une douche, elle ramassa la mouche tuée par les mystères féminins et le moyen de les percer.
- Toi et moi, nous sommes semblables... Ecrasées par des choses que nous ne comprenons pas, nous essayons de lutter pour survivre. Tu as perdu. J'espère ne pas connaître le même sort...
La mouche a-t-elle entendu l'oraison funèbre de Polpinette ? Va-t-elle ressusciter et se venger ? Où sont Seb, Miranda, Mirlinda et tous les autres ? Polpinio est-il réel, au fait, ou Polpinette a-t-elle rêvé toute la saison précédente ? Pourquoi le numéro de téléphone du Père Noël figurait-il sur la page de garde de "Comment percer les mystères féminins ?" ? Pourquoi Polpinette dort-elle maquillée ? Et son plafond, était-il en taffetas rose et turquoise lors de la dernière saison ? Qu'y a-t-il sur le carnet d'adresses en peau de tatou tannée par des Bédouins malgaches le Jour de la Pluie de l'année où l'éclipse lunaire avait eu lieu exactement au Pôle Sud ? Pourquoi cette saison s'intitule "Et la Traviata faustienne ?" ? Vous le saurez peut-être en lisant les éventuels (pitié, prenez la suite, ne tuez pas ma saison dans l'oeuf !) prochains épisodes de... Polpinette et la Traviata faustienne !


