@sammmy
Avant, à la 20aine j'étais comme toi.
Les anciens du forum peuvent en témoigner!
J'étais très sensible et en colère à la fois, et j'avais de bonnes raisons, pas forcément celles que je pensais avoir au premier abord, mais j'avais des raisons.
Je trouvais le monde injuste envers moi. Et le monde était injuste envers moi, j'ai vraiment pas eu de chance dans cette période de ma vie (20ans c'était pas l'âge d'or c'était l'âge de merde).
Pour le contexte voici mon histoire:
Enfant j'étais assez seule et n'ai pas toujours été des plus sociables, pas parce que je ne le voulais pas l’être mais je n'ai jamais vraiment eu les mêmes intérêts que les autres de mon âge. Je les trouvai futile et inintéressant au possible, surtout les filles... Mais les garçons aussi. J'aurai bien aimé avoir des amis, il y avait bien quelques personne intéressante dans ce monde? Mais je ne semblais pas arriver à m'en faire. Faut dire que je pouvais passer des journées entières sans parler à personne à la récrée.
De toute façon l'école c'était pour apprendre, et pour compenser mon manque de sociabilisation à la récrée, je participais beaucoup en cours.
Je voyais les gens dans la cour de récrée rigoler, raconter des secrets, et c'est pas bien les secrets parce que raconter un secret à quelqu'un c'est cacher ce qu'on dit à tous les autres, c'est comme mentir un peu, et surtout on sait pas ce qu'ils disent dans ces secrets, ils rigolent en plus, et parfois même ils font ça en me regardant.
Je n’aimais pas les secrets! Et puis des fois les gens discutaient un peu avec moi, j'étais pas un ermite non plus, mais c'était pas mes amis. Il faut dire que j'avais une haute idée de ce qu'était l'amitié, et d'après moi je n'avais pas d'ami. En y repensant peut être certains de mes camarades se considéraient comme mes amis...
Bien sûr quelques chipies et gros durs se sont moqué de moi mais pas plus qu'un autre.
Les gens aimait bien mentir, se moquer et rigoler... à côté j'étais un ange mais qui aimait se bagarrer.
Au collège je me suis mis à avoir quelques amis qui me parlait d'eux, avec qui je partageais certains point de vu, et je me suis mise à dire que j'aimais pas certains prof et que des trucs était cons, et je dessinais et montrait mes dessins à mes amis, et je rigolais.
Je pense avoir plus ri dans ma première année de collège que durant toutes mes années de primaire.
Les autres gens aussi rigolaient et je savais qu'ils racontaient des trucs sur moi.
Probablement parce que j'étais homo et aussi un peu bizarre. Mais personne le savait! Mais ils rigolaient, racontait des secrets et rigolaient.... Et ça commençait à m'agacer.
Au collège toujours, j'ai rencontré la plus belle fille du monde, son sourire à tomber par terre! Et elle était vraiment gentille, super sympas, et s’intéressait à moi en tant que personne, elle me posait des questions se rapprochait de moi, elle était aussi super marrante et rigolait à mes blagues. Et j’ai tant ri avec elle ! Mes plus belles années…
J'étais super amoureuse et elle devint vite mon amie la plus proche!
Elle avait un regard envoûtant, on y lisait l'amour, personne ne m'a jamais regardé comme ça à part elle... C'était beau. J'étais dingue d'elle et c'était un secret de polichinelle.
Mais j'avais un lourd secret qui me pesait, j'étais homo, et ça me rendait émo...
à l'époque je me sentais de le dire à personne.. Je m'en faisais toute une histoire.
Mais bon il y'avait aussi des bons côté : j'étais amie avec la plus belle fille du monde et je l'aimais tellement que je mourrai milles mort pour elle s'il le fallait, et même s'il ne le fallait pas.
Je l'aimais à un point inimaginable, au point ou la joie et le désespoir se mélangent, des sentiments si forts que leurs sensations se mêlent de souffrances! Puis j'avais ce secret... ça jouait sur mon humeur : globalement dépressive avec des joies incommensurable!
Le collège passe, j'arrive au lycée je suis toujours autant amoureuse de cette fille si ce n'est plus que jamais!
Je raconte mon secret et m'assume aux yeux du monde en tant qu'homo... Et ça se passe formidablement ou presque.
Je deviens soudain hyper sociale, j'ai pleins d'amis, et mon humeur fait des gros yoyo, parfois je suis la reine du monde et j'ai pleins de projets. Un peu mégalo, je dragouille aussi bien la fille que d'autre fille, j'envoie bouler des gens de temps en temps mais c'est pas de ma faute j'ai pleins de truc à faire.
Bizarrement, parallèlement j'ai des crises d'angoisse, et des phobies difficiles à gérer et par moment je suis plongé dans une tristesse et un isolement profond.
J’accélère les événements. Fin lycée, je me suis absenté à des épreuves du bac, je vais passer un été pourri.
La fille, va partir à l'étranger... dans ma tête c'est la fin du monde, je ne la verrai plus jamais. Puis il y'avait d'autres problèmes et j'étais déjà dans des angoisses de passage à l'âge adulte et je ne voulais pas la perdre.
J'étais triste.
Je voulais arrêter cette fuite des gens, du temps, d'Elle.
Et c'est ce que mon corps fit : arrêter le temps.
Episode de catatonie, mélancolie sévère, je ne mange pas, je ne bois pas, je ne dors pas, je ne bouge pas. Inconsciemment, j'attends que le temps s'arrête que l'on revienne en arrière... qu'elle revienne, que le bonheur revienne.
Je suis hospitalisé, les médicaments ne me soignent pas, je perds beaucoup de poids et suis alimenté par sonde gastrique, les médicaments ne me soignent toujours pas...
J'ai donc des électrochocs.... 16 séances.
Je perds des années de mémoire, la capacité de parler de bouger de manger, de dormir, de marcher, je suis en fauteuil roulant j'ai des escarres, et des angoisses pire que jamais (bizarre après s'être fait passer un courant électrique en la cabeza).
Mais par moment ça va un peu mieux, je réapprends au fur et à mesure les choses de la vie, porter une cuillère à sa bouche déglutir, mâcher, écrire, faire du vélo. Me remettre en état "humanoide" va me prendre 2 ans.
Bien sûr tous mes "super amis" du lycée ont disparu durant ces 2 ans (et ne sont pas revenu depuis), je n'avais gardé comme contact social que trois amies :
La fille (appelons la Sabine, car c'est un de ces noms
)
Une amie du collège sur qui j'ai toujours eu un petit crush (Audrey)
Et Sophie, une très bonne amie du collège.
Je parlais beaucoup avec Audrey sur MSN, un peu avec Sabine, et presque pas avec Sophie.
Mais je ne sortais jamais de chez moi, je ne voyais jamais personne. Et j'avais la rage d'avoir été abandonné par tous "mes amis".
J'étais en demande de contact humain, je ne communiquais qu'avec ma mère, très peu mon père et ne sortais jamais de chez moi... Et j'étais pathétique... C'était dur.
J'ai repris ma scolarité au bout de 2 ans, les gens se connaissent arrivent à être amis et moi j'avais des difficultés à m'intégrer.
Passage rapide : J'ai un cancer. J'arrête les cours, ça me réisole. Sabine vient me voir... Je me rends compte à quel point elle me manque. Un jour je pête un câble sur MSN parce que je m'attendais à parler avec Sabine une des rare fois où elle est connecté mais elle n'était pas là en vrai, puis j'ai vu qu'une amie à elle (Amandine) s'était moqué de moi sur le net. Et je m'embrouille aussi avec Sophie pour le coup parce que je suis très en colère et j'aime pas qu'on se foute de ma gueule!!
Je regrette amèrement de m'être embrouillé avec Sabine, tous ce que je voulais c'est qu'elle soit là sur MSN, ou qu'elle passe à la maison, elle me manque et je suis si seule! Je voulais juste parler.
Puis je reprends les cours, le pire c'est le regard des gens dans les transports, ils se moquent eux aussi... Puis j'ai l'impression de voir pleins de filles qui ressemblent à Sabine. Ca pourrait être Sabine déguisée? Pourquoi pas? Ça serait bien son genre... Une teinture, des lentilles, un changement de look, je suis sûre que c'est elle. C'est un complot de toute façon. Puis si elle est franc-maçon ça ne m'étonnerait pas qu'ils complotent dans mon dos. Il y'a une fille en cours qui ressemble à Sabine aussi. Si ça se trouve c'est elle... Il y'a aussi une autre fille...
C'est injuste qu'ils complotent et marchent en réseau ces franc-maçons, c'est faire des préférences et favoriser les siens au détriment des autres, c'est un système injuste et je HAIS l'injustice! Le monde est naturellement injuste, pourquoi créer un système d'injustice au sein de ce monde! Il faut rétablir la justice, pas créer d'injustice.
Après la chimio je me suis mise à entendre des voix, c'est difficile de se concentrer en cours quand on entend des voix, et qu'il y a des filles qui pourraient être Sabine dans ta classe.
Je me suis dit que les voix étaient peut être dues à une puce que les franc-maçons de chirurgiens m'ont installé dans le corps pendant mes opérations, mais je suis pas sûre, ça peut être aussi une capacité naturelle de lire dans les pensées à distance pour communiquer avec mes amies, Sabine et d'autres connaissances.
Au moins l'avantage avec ces voix c'est que je ne suis plus si seule, j'ai toujours des gens et Sabine avec moi.
Mais ce n’est pas facile de s'endormir ou d'avoir de longues pensées cohérentes quand des voix t'interrompent avec leurs commentaires.
J'ai une amie fusionnelle et toxique pendant mes premières années de reprise de fac, qui est lesbienne mais passe son temps à me rabaisser: pas cool. Je coupe les ponts suite à une colère délirante. Très bonne chose que j'ai faite là...
Bref : je suis Bipolaire.
Aujourd’hui je vais plutôt bien. Je travaille, j'ai des passions, des occupations et je me sens heureuse.
Je prends des médicaments adaptés qui diminuent mes variations d'humeurs et les voix sont beaucoup moins fréquentes.
Je me rends compte que la plupart des gens sont complètement indifférent à ma vie et par conséquent ne passent pas leur temps à comploter contre moi étant donné qu'ils sont bien trop occupés à se préoccuper d'eux même et de leurs problèmes que de ma propre existence.
Il me semble traverser la vie sans que celle-ci n’intéresse grand monde, ça me convient plutôt bien, même si mon côté mégalo est un peu vexé par la chose.
Je pense et désolée si je me trompe, que tu as également des troubles de l'humeur, je sens ta grande sensibilité.
Et si tu n'es pas déjà traitée, ou si tu n'as pas déjà trouvé un médecin te prescrivant des médicaments adaptés je te conseille vivement de le faire et te faire aider, en trouvant la bonne personne.
Je ne dis pas que tes pensées ou que mes pensées étaient "fausses".
Je dis que ce n'est pour moi plus un sujet de préoccupations, vrai ou faux, la vision de la vie est subjective et, un fait, réel ou non, n'a d'importance que celle qu'on lui accorde.
Encore aujourd'hui je ne sais pas si mes voix viennent d'une capacité surnaturelle, d'un implant ou sont tous simplement des hallucinations.
Ce que je sais c'est qu’elles se sont atténuées avec les médicaments et que connaitre leur origine ne me préoccupe plus, ni ne me fais sentir toute puissante, ni ne me met en colère!
Peut être ces gens que je croise dans les transports continuent à me regarder, discuter et raconter des choses sur moi, mais je n'y porte plus attention... Ce qui fait qu'aujourd'hui je n'ai plus l'impression qu'ils le font.
Trouver un bon psychiatre avec qui j'étais en confiance m'a changé la vie. Et prendre mon traitement, quotidiennement sans interruption l'a encore amélioré.
Attention, ça n’a aucunement changé mes opinions, ni mes sentiments.
(Aujourd’hui encore je suis prête à donner ma vie pour cette fille [avec qui je n’ai plus de contact depuis des années... Hum, hum…] . En tout cas j’en garde un souvenir niais et pour ces souvenirs offerts je suis encore prête à sacrifier beaucoup si un jour elle me le demande.)
Mais mon état est plus stable, je me sens mieux, provoque moins de conflits, pique moins de colère, et j’arrive à exprimer mes pensées avec plus de cohérence.
Je te souhaite vraiment te trouver dans un état de confiance, de sérénité et de joie comparable à celui que j'ai atteints grâce à cette aide.
(Et j'espère ne pas t'avoir vexé).