Chapitre antipénultième : le pacte des lapins-garous maudits seigneurs de l'anneau (une œuvre magnifique avec du suspense, des retournements de situation et des effets spéciaux)
Extrait du Petit Manuel des Maîtres des Ténèbres Destiné aux Grands Débutants à Poil Long, page quarante-seizième.
Exercice n°666 : Comment réaliser la fin du monde.
Soit X la Porte de l'Enfer, située dans un espace de Hilbert, en 03°50'56'' sur 45°19'55''.
On suppose que X possède une base hilbertienne dénombrable (en)n>1.
Soit Satan = ?n>1 (1/n)en., qui s’incarne dans (S>x>B) / 7 Supplices Sâles (remarquer que cette série converge dans X).
Soit Polpinette le sous-espace vectoriel de X engendré par a et les en pour n > 2.
Soit Démonte-Pneu Pailleté le sous espace vectoriel de Polpinette engendré par les Satann pour n > 2.
La fin du monde se produit :
_ si l’adhérence de Polpinette dans X est X.
_ si l’orthogonale de Démonte_Pneu Pailleté est dans Polpinette.
_ si Satan = ?n>1 (1/n)en. = (S>x>B) / 7 Supplices Sâles.
Albert-Vincent Elbaz, après avoir regardé subrepticement cet exercice écrit en gros à la vue de tous sur un mur blanc du repaire mais que personne n’avait remarqué jusque là allez savoir pourquoi, soupira :
« J’aurais mieux fait de faire une maîtrise de maths… Et en plus… »
A cette inattendue reprise des lamentations du grand méchant qui explique pourquoi il est méchant, Polpinette et Miranda sursautèrent tout en essayant de mémoriser les paroles de l’ancien grand couturier. Ce qui leur donnait à leur maintien à peu près autant d’harmonie qu’une girafe à cinq pattes souffrant d’une scoliose. Si elles se débrouillaient bien, elles pourraient rédiger un article sensationnel. C’était peut-être même l’occasion de gagner le Pulitzer ! Chacune regardait l’autre d’un œil soupçonneux, espérant être la seule à avoir eu l’idée…
« Peu de temps après ma grand-maman s’est brûlé les mains au troisième degré en essayant de se faire des frites pour se consoler… On a dû lui couper les doigts, c’était horrible… Depuis je suis devenu manophobe, et ça m’en a causé des problèmes dans ma vie, quand je suis entré dans l’adolescence et que mes amis adolescents refusaient d’être amis avec moi parce que je voulais qu’ils m’embrassent au lieu de me serrer la main et que je n’aimais pas Manowar… »
« Ah oui, je comprends, sussura Miranda. Après un aussi horrible accident, n’importe qui serait devenu manophobe… »
« Ah, mais ce n’est pas ça ! En fait, deux mois après, j’avais huit ans vous comprenez et j’ai voulu lui faire une blague, comme ça, pour voir, alors je lui ai dit « Pas de bras, pas de chocolat »… Elle s’est jetée sur moi ! Et puis elle a tapé, tapé… Du coup après ça lui a donné une idée pour gagner un peu sa vie… Elle a fait du tapping-moignon dans des concerts de guitare folk… »
Polpinette et Miranda, ne comprenant absolument rien, compatirent.
C’est à cet instant précis qu’Albert-Vincent émit un ricanement sardonique :
« Hah hah hah ! J’ai réussi à détourner votre attention en vous racontant n’importe quoi ! Et maintenant j’ai récupéré l’anneau magique qui dans était dans ma poche ! Je vais enfin bénéficier des trois pouvoirs maléfiques qu’il me confère ! »
« Comment ça, vous avez menti ? Et mon Pulitzer, alors ? »
« Je vois pas le rapport... Vous voulez pas savoir quels pouvoirs je vais récupérer, plutôt ? »
« Mais si, bien sûr ! » glapit Miranda d’une voix qui se voulait compatissante, tandis que Polpinette se mordait intérieurement les lèvres (et ça fait mal en plus) d’avoir encore une fois raté l’occasion d’être une jeune fille polie et bien élevée. Elle s’efforça, pour se rattraper, de prendre l’attitude de gentille fille sage qu’on lui avait appris à avoir, jadis, lors des cours de séance-photo-femme-potiche qu’elle suivait régulièrement autrefois, au couvent de Sainte chlroroplaste… Soupir…
« Alors, je vais obtenir la voix de Jeanne Moreau,
l’épée-fouet-squelette élastique de Vincent Cassel
et les poils aux pieds de Bilbo le Hobbit.
« Et Msieur, Msieur ! le dernier pouvoir, il sert à quoi ? » demanda Polpinette, brandissant son bras gauche inerte à l’aide de son bras droit.
« A rien. C’est juste pour harmoniser avec le reste du corps. »
Pendant ce temps, Karen s’était enfin décidée à creuser. Elle avait tout de même obtenu que l’assurance de Rémi joue si jamais elle se cassait un ongle. A peine effleura-t-elle la terre qu’elle déclencha, par inadvertance, un bouton caché qui ouvrit un tunnel caché qui les conduisit automatiquement, comme ça, hop, au repaire caché d’Albert-Vincent Elbaz le grand méchant.
« SEB ! » hurla Rémi, dont le visage avait soudainement pris une teinte rouge brique.
« LE STRING ! » hurlèrent en retour les quatre musculeuses lesbiennes, qui avaient quand même bien pris leur temps pour revenir à elles. Les feignasses.
« Aaaah, parfait ! nous allons pouvoir accomplir le Deuxième Supplice Sâle… Enfin on avance un peu ! »
« Une seconde… »
C’était Rémi. « SEB ! Tu n’aurais pas quelque chose à nous dire ? » fit-il dans un subtil mélange entre le sussurement et le hurlement.
Personne ne comprenait absolument rien à ce qu’il se passait. Albert-Vincent encore moins :
« Et merde… Font chier à la fin à ralentir ma fin du monde ! Allez, je passe à l’action… »
« ANNEAU MAGIQUE ! dit-il avec la voix de Jeanne Moreau : JE T’ORDONNE DE FAIRE TOMBERT UNE GOUTTE ! »
Et aussitôt, comme par magie, une goutte se mit à tomber du plafond (si profond sous terre, tout de même, c’est étonnant) mais avec une lenteur et un bruit tels que tous nos amis, subjugués par un effet aussi aquatechnique, la regardèrent stupidement pendant au moins une heure.
Pendant ce temps, les quatre musculeuses lesbiennes se saisirent de Tatayet et le mirent en place sur la tête de Tatayet, et cela pendant une heure.
Rémi fut le premier à sortir de sa torpeur. Comprenant soudain son erreur, il se mit à courir vers Seb, plus vite encore quand il aperçut Tatayet attaché autour de la tête à Seb, pas la sienne, suivez donc un peu merde à la fin.
« SEB ! » Il se remit à hurler. « Je vais te taper ! Je vais t’asperger de petit suisse dans les yeux avec des oignons, je vais te faire manger de l’aligot lyophilisé, je vais t’obliger à danser avec un tutu, je vais t’obliger à lire du Marguerite Duras ! »
« OUI ! OUI ! Faites-le ! s’écria Albert-Vincent, toujours avec voix de Jeanne Moreau. Et faites-le dans l’ordre, surtout ! »
Sans plus réfléchir, profitant de l’acquiescement d’au moins une personne, Rémi se jeta sur Seb avec une fureur vengeresse.
Mais pourquoi donc Albert-Vincent voulait-il que Rémi fasse tout ça ? on se le demande, hein… Eh bin si vous voulez savoir pourquoi, lisez le prochain épisode !!!