Allez je propose quelques petits portaits que je tacherai de compléter de temps en temps (que ceux qui souhaitent proposer des groupes/artistes ne se gênent surtout pas).
Alan Vega et Martin Rev, passionnés d'art contemporain, se rencontrent, en 1970, dans une galerie, à New York. Ils écoutent les mêmes groupes : Velvet Underground, Stooges, et décident à leur tour de produire leur propre musique. Fauchés comme les blés, ils n'ont pas les moyens de s'acheter des instruments, alors ils vont bidouiller : Martin Rev dégotte quelque synthé pourri et les voilà parés pour changer le futur (c'est simple, parfois, non ?). Mais il leur faudra attendre. Sept ans.
Au milieu des années 70, une nouvelle scène musicale émerge à New York, le temps est aux guitares primitives, aux habits déchirés et aux épingles à nourrice : le punk vient de naître. Les groupes/artistes new yorkais du moment (Television, Ramones, Patti Smith, Richard Hell, Talking Heads, Blondie) sont tous signés, sauf un : Suicide, formé de Martin Rev et Alan Vega, pourtant premier de ces groupes en activité. Mais ça vient, au final. En 1977 donc. Suicide entre en studio pour en sortir l'un des albums les plus radicaux et détestés de l'histoire du rock : "Suicide". Oui l'album s'appelle "Suicide", tout simplement, et sur la pochette figure le nom du groupe en lettrage de sang. L'album contient sept titres seulement (tiens c'est une histoire de sept, ce groupe) mais c'est une bombe : une boîte à rythmes métronimique, quelques sons de synthés mimalistes bien flippants et Alan Vega qui hurle par-dessus d'une voix artificielle remplie de réverbérations. "Frankie Teardrop", long morceau qui raconte l'histoire d'un vétéran du Vietnam revenant de la guerre, incapable de se réinsérer dans la société et tuant femme et enfants (avec cris glaçants de Vega pour la cerise sur le gâteau), est l'une des choses les plus extrêmes jamais publiées sur disque. Le public (de punks), la presse haïssent instantanément le duo, l'album n'a aucun succès. Certains concerts se terminent en émeutes. A cet égard, il faut écouter le témoignage "23 Minutes Over Brussels", concert donné à Bruxelles donc, mais qui n'a, comme son titre l'indique, duré que 23 minutes, pour cause de bagarre généralisée. Alan Vega aurait évité de justesse une hache lancée sur lui lors d'un des multiples concerts donnés par le groupe en cette fin de décennie.
Par la suite, le groupe sortira quelques autres albums (le dernier dans les années 2000) mais jamais ils ne seront capables de reproduire quelque chose d'aussi frais et novateur que ce premier album si controversé en son temps. Suicide est une influence capitale sur la musique électronique actuelle et sur quelques petits groupes plus anciens et bien sympathiques comme Depeche Mode, New Order, Soft Cell.
Alan Vega a sorti quelques albums solo, il a même obtenu un tube ou deux durant sa carrière. Avec Martin Rev, il forme un duo de freaks peut-être inégalé jusqu'à ce jour.
Alan Vega :

Martin Rev :

Suicide :

A suivre...