Norma, je l'ai pris comme ça en la lisant : peut-être parce que la parole délivrée dans le rap est tellement décomplexée, moins revue sur le plan sémantique qu'elle n'est travaillée sur le plan sonore et le lâcher-prise, laisser-aller expressif. "Du haut" de certains privilèges peut peut-être faire référence au processus d'intérioriser ce qui est émis (intérioriser avec notre conscience et donc considération de toute la panoplie des stigmates, stéréotypes et injures véhiculés), plutôt que le besoin d'extérioriser plus ou moins crûment, se décharger plus ou moins rapidement - des injonctions comme "faggot", "calm yourself bitch, please", etc. lorsque je les écoute volontiers ne sont pas prises au premier degré, plutôt sur un mode secondaire où on est libre de projeter ce qu'on souhaite. Ce qui différencie l'homophobie de la simple parole cathartique, c'est lorsque clairement un jugement de valeurs est prononcé (le genre que je n'écoute pas).Norma a écrit :En quoi relever que traiter des gens de pédés ou de dire que ce serait dégradant d'être enculé ou de sucer est homophobe serait un truc "du haut de nos privilèges" ?Helbe a écrit : Par contre je pense pas que le fait de parler de "fags" ou de "pédés" ce soit de l'homophobie comme on pourrait l'entendre du haut de nos privilèges. Je crois qu'on est plus dans le combat de couilles et la démonstration de virilité (comme tu le dis) qu'autre chose, avec une vision définie du bonhomme. C'est à la rigueur plus sexiste qu'autre chose (bon tu me diras peut-être que l'homophobie c'est du sexisme et je serais d'accord).
Pour preuve ça dérange pas les rappeurs concernés de dire aux pédés en question de les sucer ou d'affirmer qu'ils les enculent... Du coup c'est pas la pratique en soi qui est condamnée, c'est la pseudo-passivité masculine.
Je ne te suis pas.
(Après il ne s'agit pas pour moi d'un privilège, ni dans un sens ni dans l'autre. Plutôt d'un "mode".)