Alors alors...
Qu'est-ce que vous recherchez lorsque vous écoutez ces musiques ?
Déjà, tout dépend du style. J’ai envie de dire qu’il y autant de choses à "rechercher" que de styles ( noise, doom, brutal death / black, indus, tek... ).
Dans les grandes lignes, ce que je cherche en écoutant du metal ( surtout du death et du thrash ) c’est la puissance, l’agressivité et la violence dégagée. Il y a un côté cathartique dans cette musique qui fait que j’y reviens toujours. J’aime pouvoir beugler, headbanguer et me défouler sur ce genre de sonorités. J’écoute également ce style de zic pour le côté technique ( le riffing, les lignes de basse, le blast ou encore les vocaux super gutturaux ). Quand j’entends les performances d’un Flo Mounier ou d’un Bill Taylor, ben je reste émerveillé. Je trouve ça beau.
Pour le black – que j’écoute beaucoup moins – c’est aussi pour la puissance mais surtout pour les ambiances dégagées. J’aime ce côté "dépaysant" au milieu des rafales et riffs assassins. J’apprécie également la production volontairement pourrie de certains albums / groupes. Le côté crade donne à l’ensemble un certain caché.
Pour le doom ( a fortiori le
funeral et le
drone ), c’est différent. Le doom est une musique généralement lente, pesante, massive ( mais qui sait aussi blaster, cf.
Dusk ou
Disembowelment ) et triste / dépressive. J’y recherche donc de quoi exacerber mon spleen et de quoi me foutre dans des états pas possibles. Le drone est quand à lui plus axé sur la distorsion, la répétition, la limite entre musique et bruit. Quand j’en écoute, c’est pour ressentir quelque chose de plus physique : je fous
Earth ou
Sunn O))) à fond – ce qui fait trembler les vitres – je m’approche des enceintes et je
ressens littéralement la musique ( miam ! ).
A ce propos, je ne résiste pas au plaisir de vous narrer l’expérience faite lors d’un concert de
Sunn O))) il y a un ou deux ans. Le combo jouait aux
Instants Chavirés, une toute petite salle parisienne mal aérée et assez mal conçue. Bref. C’était en pleine vague de chaleur, la salle était bondée et pas ventilée. On était vingt au mètre carré, il faisait au moins trente cinq degrés, tout le monde suait et suffoquait. Là-dessus arrive le groupe qui nous assène ses infra-basses pendant près de deux heures. Trip total, évasion absolue. A la fin du set, toute la foule s’est précipitée dehors et s’est effondrée sur les trottoirs et la chaussée. On était tous épuisés, vidés de toute force physique ( et mentale ). Fallait voir la scène : une ruelle étroite jonchés de corps moites et suffocants. Et pourtant on avait tous un sourire de béatitude collé aux lèvres. Sans nul doute l’un de mes meilleurs concerts.
A côté de ça, je recherche dans la zic électronique ( indus/ tek ) la violence que ne peut pas fournir un gars avec son instrument. Si on prend des blasteurs comme Hellhammer ou John Longstreth, on ne peut que rester admiratif devant leur maîtrise et leur puissance de frappe. Néanmoins, ils ne seront jamais aussi bourrins qu’une boite à rythme réglée pour jouer comme un M-60. Et c’est là que la zic électro extrême est vraiment appréciable : elle permet de repousser les limites de la musique "organique". Avec elle, tout devient possible - sans compter qu’elle peut être totalement froide, totalement déshumanisée.
Quel(s) effet(s) vous font ces musiques ?
Je pense avoir développé au dessus mais si vous voulez plus de précisions ou que ça ne semble pas clair, n’hésitez pas à demander.
Y a-t-il surenchère au bout d'un moment (du style constamment rechercher un disque qui va plus loin que l'autre) ?
Oui, tout à fait. Au début de mon parcours musical, j’écoutais, comme beaucoup, de la pop et de la variétoche de radio. De la musique soft en somme. Et puis j’ai commencé à m’intéresser à des choses plus "couillues" : du rock, du punk, du hard-rock, puis ensuite du thrash et enfin du metal extrême. Mon parcours a été une sorte de recherche de la brutalité ( mais le réduire uniquement à ça reviendrait à ne pas tenir compte de ce que j’ai écrit plus haut ). Chaque fois que je tombai sur un album plus violent que le précédent, je m’en félicitai et je me mettais en chasse de quelque chose de plus extrême encore.
Pouvez-vous écouter ce type de musique à tout moment ?
Hummm... oui et non. De même qu’il est évident que je n’écoute pas de la pop mielleuse dans le metro, je n’écoute pas de bourrinage quand je suis sur le point de m’endormir ( même s’il m’arrive de me coucher en écoutant du metal ). En général c’est selon l’humeur : un coup de déprime et je mets du doom ; une envie de meurtre après avoir supporté l’incompétence de cette connasse de caissière au supermarché et hop, du brutal death. Une subite pulsion masochiste et je balance du drone. Ceci dit, il m'arrive aussi de mettre de la musique depressive quand je suis de bonne humeur ou du bourrin quand tout va bien.
Quoiqu’il en soit, il n’y a pas une journée ou je n’écoute pas un minimum de musique extrême.
Quels sont pour vous les pics de votre collection de disques ? Pourquoi ?
Aujourd’hui je pense être arrivé au summum de la brutalité et du malsain avec des groupes comme
Brodequin,
Origin,
Liturgy ou encore
Khanate et
Teeth of Lions Rule the Divine. Ceci dit, on peut toujours faire plus donc... Et j’ajouterais que suite au topic sur la musique qui se fume, je vais commencer à sérieusement m’intéresser à ce que toi et itadakimas écoutez – ta présentation de
Peter Brötzmann m’a donné envie

!
Voila. J’espère avoir répondu à tes questions. Si tu en as d’autres, n’hésite pas.