Que lisez-vous ?

[Harmodius]

Là je suis en train de lire un livre assez original, qui s'appelle Voyage de Turquie. C'est un dialogue humaniste castillan, écrit en 1557, publié pour la première fois en 1905 sur la base de manuscrits retrouvés et traduit en français récemment. C'est un type qui raconte sa captivité chez les Ottomans, son passage dans les galères, son travail en tant que médecin d'un seigneur local, puis sa fuite jusqu'en Espagne via la Grèce et l'Italie. La seconde partie est consacrée à une description systématique des moeurs et coutumes des Turcs.
Je fais ça pour valider un séminaire de master à la fac. Mais ce n'est pas du tout déplaisant à lire.



Une critique du Figaro :
http://www.lefigaro.fr/livres/2006/04/2 ... inople.php

[Paulette]

[Olivier]

Je viens de finir les Chroniques australiennes, Nos voisins du dessous de Bill Bryson.
J'ai beaucoup aimé le style, j'ai bien ri, et maintenant j'ai terriblement envie de retourner dans ce pays! (Mais j'attends que ça sèche un peu ^^)

[Sapho]

[Humph]

J'entame "Dalva" de Jim Harrison, après "Into the Wild" et "La consolation des grands espaces", je découvre peu à peu l'Ouest sauvage.

[Manchette]

Je n'ai jamais pu terminer la lecture de cet essai, que j'ai trouvé vraiment très très dur d'une part et ça me désole parce qu'il soulève un voile sur pas mal de tabous, mais aussi parce que j'avais l'impression que le but était plus de provoquer que de réfléchir et ça m'a profondément gênée.

Je l'ai fini, et non sans difficultés.
Comme tu le soulignes, il y a des passages vraiment atroces, qu'il s'agisse des abattoirs ou des chambres à gaz de la Shoah, qui étaient l'un comme l'autre rigoureusement tayloristes. Les parallèles sont effectivement saisissants, et ne sont pas un simple coup d'éclat, mais interrogent effectivement bel et bien notre société. L'auteur aurait pu appuyer également cette thèse sur les Khmers rouges, qui assassinaient les humains exactement comme ils tuaient les bêtes et comme on les tue aujourd'hui encore (assommer puis égorger). Cela m'a rappelé la phrase de McCartney qui ne cesse de me hanter : Si les murs des abattoirs étaient transparents, tout le monde serait végétarien.
Mais heureusement, le livre ne se limite pas à ces horreurs dont les végéta*iens refusent d'être complices. On trouve notamment un chapitre absolument magnifique sur Isaac Bashevis Singer, qui réconcilie malgré tout avec le genre humain. Et il a également le mérite de remettre les pendules à l'heure en mettant définitivement au mensonge d'un Hitler végétarien.
C'est assurément un livre à lire, car il a bel et bien le mérite de poser des questions que l'on cherche trop souvent à éluder.
Le seul petit reproche que l'on puisse lui faire, c'est peut-être de ne pas placer le développement de l'abattage de masse et de la division du travail avec l'industrialisation, qui a effectivement crée des situations de travail particulièrement horribles (il suffit de lire les divers témoignages sur les manufactures britanniques par exemple) : on pourrait faire d'intéressants recoupements avec la thèse de George Mosse sur la brutalisation des sociétés européennes.
J'ai aussi acheté le dernier Jonathan Safran Foer, mais je vais attendre un peu : j'ai eu bien assez d'horreurs pour un sacré bout de temps.

[Rusalka]

A Noël, j'ai eu la Chute des géants... mais le sujet ne m'emballe pas et j'hésite à le commencer.

Je viens à peine de le commencer mais il a l'air pas mal.

Ça y est, commencé aussi. Je rentre doucement dans l'univers et ça a effectivement l'air d'être pas mal !

Sapho, le titre de ce que tu lis me faisait penser à un truc surréaliste, mais après avoir lu une description sur le net, ça m'a refroidie. Qu'en dis-tu, toi ?

[Zünisch]

A Noël, j'ai eu la Chute des géants... mais le sujet ne m'emballe pas et j'hésite à le commencer.

Je viens à peine de le commencer mais il a l'air pas mal.

Ça y est, commencé aussi. Je rentre doucement dans l'univers et ça a effectivement l'air d'être pas mal !

Ouais, bah je l'ai quasi fini mais je révise un peu mon jugement. Il n'est pas mauvais. Mais je trouve tout cela un peu poussif d'un part et superficiel de l'autre. Il aborde beaucoup de choses mais approfondie peu. Et puis je trouve les personnages peu attachants. Évidemment, c'est peut être du au format "saga" qui fait qu'il en garde sous le pied. Mais ça reste moyen. :s

[Daisy.Adair]

Ken suivi de Martyre, Yukio Mishima

La première nouvelle nous plonge dans le quotidien d'une équipe de kendô sur un campus universitaire japonais. Tout tient en trois personnages : Jirô le marginal et capitaine replié dans sa pratique du sabre, Mibu le « bleu » bassinant son entourage avec son exacerbation pour Jirô, et enfin Kagawa le jaloux et « adversaire » de Jirô.

Comme d'habitude chez Mishima, on a le souci du détail déployé ici au service du kendô et de l'esprit de compétition, avec tout ce que cela entraîne bien sûr en rivalité et ambition.

La deuxième nouvelle, plus courte, nous entraîne dans la relation ambiguë du bel Hatakeyama et, pourrait-on dire, du « mouton noir » Watari. Cruauté de l'adolescence, haine et désir sexuel, en à peine un trajet de bus, Mishima prouve une fois de plus qu'il maîtrise l'ellipse et ce que l'on appelle grossièrement chez nous l'art minimal. Inquiétant et étrange.

[Manchette]

Un petit recueil de texte d'Otto Rühle, qui incarna l'aile gauche de la Révolution allemande, et qui fut l'un des plus remarquables pourfendeurs du bolchevisme, en qui il voyait la matrice du fascisme.
Puis un recueil de deux articles : Lénine ou l'utopie au pouvoir de Kostas Papaioannou et Staline : pourquoi et comment ? de Boris Souvarine (dont le livre sur Staline reste un indispensable).
Outre les qualités de chaque auteur (une érudition qui s'accompagne d'une vigueur pamphlétaire chez Papaioannou ; le goût de l'anecdote chez Souvarine, qui nous apprend qu'à certaines élections, Staline obtenait plus de 100% des votes...), ces deux textes sont vraiment passionnants, en ce qu'ils montrent comment Staline reste finalement le fils illégitime de Lénine, et en quoi finalement Staline n'a finalement rien inventé, mais tout hérité de Lénine.

Je vais probablement relire Dash Hammett dans la nouvelle trad de Quarto, qui avait déjà fait un boulot remarquable sur Himes.