Marguerite Duras. (La mal aimée?)

[Avital.Ronell]

J'ai pu remarquer que cette auteur n'avait pas beaucoup de succès. Souvent raillée par les littérateurs et meme parfois comparée à Nothomb (sacrilège!). Pourtant je trouve qu'elle écrit de façon remarquable et que son parcours de vie est absolument fascinant.
Elle me fait un peu l'effet d'une Virginia Woolf: chacune de ses phrases me parlent. Phrases qui sont d'ailleurs toujours courtes et concises, ce qui permet une lecture fluide sans en rendre le contenu superficiel pour autant. Elle a fait de la philosophie et ça se ressent, elle a un talent géniale pour la description des lieux et des personnages qu'elle sait rendre attachants et familiers.
Elle sait exprimer la souffrance humaine de façon poétique et la sublimer.
Ses écrits sont un vrai trésor pour un esprit trop torturé pour se lancer dans des lectures ardues mais qui veut voir sa souffrance couchée sur le papier.

Tout ça pour dire que c'est une auteure qui me plait.

Pour l'instant j'ai lu : La douleur, Un barrage contre le pacifique, Hiroshima mon amour et je suis en train de finir Le ravissement de Lol V. Stein.

Et vous, vous l'appréciez?

[amélie-sens]

énormément
j'ai commencé par Moderato cantabile (pas facile, j'étais au lycée)
sinon, l'amant, j'ai adoréla vie tranquille
etc, d'ailleurs tu me donnes envie de relire car je ne me rappelle bien que des 2 premiers et j'en ai 4 ou 5 sur mes étagères...

lequel t'a le plus plu?

[Avital.Ronell]

Ah oui, moi aussi j'ai lu moderato cantabile et l'amant en fait.

Je les aime tous mais bizarrement celui que je crois préférer c'est Le ravissement de Lol.V Stein, qui n'est pourtant pas le plus connu.
J'aime cette confusion dans l'esprit du narrateur-voyeur, les relations ambigues entre les personnages féminins, notamment entre Lola et Tatiana, la description que Duras en fait, quelques expressions m'ont marquée comme celle ci par exemple "sa grace ployante d'oiseau mort"
les longs dialogues, morcelés, toujours percutants...le besoin d'échanger, de mentir, l'envie d'en finir... "rien ne pouvait plus arriver à cette femme, rien, que sa fin."

[amélie-sens]

y a aussi des trucs (théâtre) comme le consul du gange(titre?), ds trucs qui se passent en Inde, chez des colonialistes,ambassadeurs ou autres, ça te dit qqe chose?

chez Duras, le TEMPS dure, dure, mais ça en fait sa force....(mais y en a qui s'endorment, lol)
je vais essayer de trouver "le ravissement etc" alors... 8)

[zphyr]

Un petit chef d'oeuvre en 30 pages : L'homme assis dans le couloir.
Sinon, j'adooore !

[Avital.Ronell]

Oui Amelie, c'est Le Vice-Consul dont tu parles, je ne l'ai pas lu par contre. L'homme assis dans le couloir à l'air magnifique,j'ai lu quelques extraits.
J'ai raté une adaptation au théatre de La maladie de la mort, en 2008, trop déçue.

Le colonialisme est un theme de predilection chez Marguerite Duras (Un barrage contre le pacifique, l'Amant...) qui a eu une enfance coloniale, née à Saigon, ses parents s'étaient portés volontaire pour travailler dans les colonies de cochinchine.
Elle a quitté la colonie à 18 ans après avoir obtenue son baccalauréat de philosophie pour poursuivre des études de sciences politiques en France.

[Manchette]

J'ai un pote qui est fan. J'ai donc lu Le ravissement de Lol V. Stein, épouvantable. Seuls Robbe-Grillet, Houellebecq ou Nathalie Sarraute ont pu faire pire à mes yeux : c'est dire !
J'ai donc continué sur L'amant, L'amant de la Chine du nord, Ecrire et La douleur. Epouvantables souvenirs de lecture.
Par contre, j'ai adoré Mururoa mon amour de Marguerite Duraille (alias Patrick Rambaud, l'auteur des sublimes Chroniques du règne de Nicolas Ier).

J'ai donc vraiment essayé, et franchement non, je ne peux pas l'encadrer.
Et je ne parle même pas de ses films. Je garde un cuisant souvenir du Camion.

Je crois que dans les femmes de lettre, rien ne vaut Yourcenar, la très prometteuse Mélanie Fazi, la très déstabilisante Lisa Tuttle, la sublime Ursula Le Guin et les très gay-friendly Christiane Rochefort et Joëlle Wintrebert.

[Adyton]

Je ne voulais pas être le premier à dire mon manque d'intérêt pour l'œuvre durassienne

Je crois que c'est Desproges qui a le mieux résumé mon point de vue sur la question :

Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries... Elle en a aussi filmées !

Elle représente tout ce que je n'apprécie pas dans la littérature contemporaine, et une bonne partie de l'art contemporain en général : le vide qui veut se faire croire plein et signifiant. Si certains aiment, tant mieux pour eux mais moi, ça ne me touche pas.

[Moilux]

Elle représente tout ce que je n'apprécie pas dans la littérature contemporaine, et une bonne partie de l'art contemporain en général : le vide qui veut se faire croire plein et signifiant. Si certains aiment, tant mieux pour eux mais moi, ça ne me touche pas.

Je suis tout-à-fait d'accord. Sa soit-disant concision simpliste est paradoxalement toute pompeuse et désagréable. Elle a réussi à me donner un incroyable mal de crâne en trente pages à peine. Je ne me force pas trop à finir un livre que je trouve nul, je n'ai jamais fini un de ses livres. Au début, ça m'a un peu touchée de ne pas réussir à trouver le génie d'un "auteur". Finalement, je m'en fiche, je laisse la grande littérature et le soin de débusquer le talent à d'autres. Je trouve ses phrases à la limite du gogole.

OFF-Topic :

En ce qui concerne la "série des pires" d'Olivierz, j'ai pas pu supporter le Robbe-Grillet, j'ai fini enfance, un essai chiant et quelques mini-pièces de Sarraute mais j'ai pas vraiment été émoustillée, ça reste simpliste et vide aussi. Dans l'idée, le "nouveau roman" avait l'air sympa mais dans les faits, je trouve ça assez fade et pompeux. Et je commence à lire Houellebecq parce que je suis dans mon délire des sectes (mais il me soûle déjà aussi).

Je suis vraiment pas une bonne cliente, en ce moment... je dois être une grosse frustrée ^^

[Zünisch]

Et bien, je ne peux que plussoyer Olivierz. Même si je n'ai pas poussé le masochisme à lire autant de ses livres. Un barrage contre le pacifique m'a suffi.

Et je ferais comme pygargue, je citerais Desproges. Mais en entier cette fois, car c'est bien plus drôle.

Hiroshima, mon amour... Quel étrange cri, disait Marguerite Yourcenar, à propos de ce titre de Marguerite Duras. Oui, Marguerite Duras, vous savez, l'apologiste sénile des infanticides ruraux... Marguerite Duras, qui n'a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé. Mais c'est vrai, quel étrange cri : Hiroshima, mon amour. Et pourquoi pas "Auschwitz mon loulou" ?

En fait, je la critique alors que je n'ai quasiment rien lu d'elle. C'est très mal. Mais je le vis bien.