Black-out d'internet contre la loi HADOPI
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ExMembreW
De toute facon le gros problème de la licence globale c'est : comment on répartit après le montant ? Comment calculer quels artistes sont plus téléchargés que d'autres ? Comment déterminer si Johnny a été plus téléchargé que Charlie Winston en 2009 et surtout en quelle quantité ? Pour l'instant, les taxes globales comme la taxe sur la copiée privée sont réparties entre les artistes par les organismes comme la SACEM et la SPPF en fonction des ventes d'albums ! Ce qui est, à mon sens, totalement absurde. Du coup, la licence globale favoriserait les artistes déjà établis alors qu'elles permetrrait la découvert de nouveaux talents facilement...
En rélalité, j'ai peur que, si le dispositif technique requis par la loi HADOPI est surréaliste, celui de la licence globale le soit encore plus : il faudrait pouvoir vérifier auprès de chaque internaute les films, musiques, jeux vidéos qu'il a téléchargés (et donc que ce dernier ait installé un mouchard qui soit capable de deviner que les 75 fichiers bclc.rar à bclc.r73 que monsieur vient de télécharger puis d'extraire sont en fait le film "Bienvenue chez les Ch'tis" - on nage en pleine science-fiction !).
Sinon je rejoint Fadoute sur les formats loseless : a terme, avec le développementde la fibre optique et l'augmentation des capacités des disques durs, nous pourrons avoir toute notre discothèque en formats de ce type. Cela pourrait d'ailleurs être un excellent argument de vente pour les plateformes légales... (parce que trouver en version pirate des fichiers loseless est encore plutôt difficile).
En rélalité, j'ai peur que, si le dispositif technique requis par la loi HADOPI est surréaliste, celui de la licence globale le soit encore plus : il faudrait pouvoir vérifier auprès de chaque internaute les films, musiques, jeux vidéos qu'il a téléchargés (et donc que ce dernier ait installé un mouchard qui soit capable de deviner que les 75 fichiers bclc.rar à bclc.r73 que monsieur vient de télécharger puis d'extraire sont en fait le film "Bienvenue chez les Ch'tis" - on nage en pleine science-fiction !).
Sinon je rejoint Fadoute sur les formats loseless : a terme, avec le développementde la fibre optique et l'augmentation des capacités des disques durs, nous pourrons avoir toute notre discothèque en formats de ce type. Cela pourrait d'ailleurs être un excellent argument de vente pour les plateformes légales... (parce que trouver en version pirate des fichiers loseless est encore plutôt difficile).
Pour la licence globale, j'imagine qu'ils vont faire comme pour la redistribution des droits de photocopies. C'est à dire une grosse blague, ils se fondent sur les sondages, ce sont toujours les mêmes auteurs qui touchent quelque chose. Parce que faire du cas par cas c'est trop compliqué. Du coup la solution est complètement injuste, et défavorise les petits ou nouveaux artistes.
Bah il me semble qu'on connait déjà précisément qui est téléchargé ... il suffit d'aller sur eMule !disto a écrit :De toute facon le gros problème de la licence globale c'est : comment on répartit après le montant ? Comment calculer quels artistes sont plus téléchargés que d'autres ? Comment déterminer si Johnny a été plus téléchargé que Charlie Winston en 2009 et surtout en quelle quantité ? Pour l'instant, les taxes globales comme la taxe sur la copiée privée sont réparties entre les artistes par les organismes comme la SACEM et la SPPF en fonction des ventes d'albums ! Ce qui est, à mon sens, totalement absurde. Du coup, la licence globale favoriserait les artistes déjà établis alors qu'elles permetrrait la découvert de nouveaux talents facilement...
D'ailleurs les partisans de l'HADOPI utilisent déjà ces chiffres.
Si on veut savoir ce que téléchargent les internautes français, toujours dans le cadre de la licence globale, les fournisseurs d'accès pourraient monter des serveurs, qui seraient utilisés car ils auraient les meilleurs temps d'accès.
Et pour les quotas, je pensais à une limitation globale de téléchargement par internaute, faite par le fournisseur d'accès. Certes c'est un peu brutal.
Enfin de toutes façons il y a un quota naturel : on ne peut pas écouter plus de 24h de musique par jour, donc quel intérêt d'en télécharger plus ?
Le défaut de ce système serait que tout le monde devrait passer à la licence globale, ce serait difficile de faire des options avec ou sans.
Un autre système serait de faire, pour chaque fournisseur d'accès, un gros site de téléchargement avec un bon moteur de recherche, qui se chargerait aussi de compter les téléchargement. Les musiciens auraient la possibilité d'uploader, et ils seraient rémunérés au nombre de téléchargements (s'ils sont bien les auteurs originaux, bien sûr). Les nouveaux artistes pourraient se passer complètement de maison de disque, on pourrait même rémunérer les amateurs.
Les internautes adopteraient ce système car il serait super simple et ils n'auraient pas à payer pour chaque téléchargement.
Enfin bon il y aurait plein de systèmes possibles à mon avis. Mais ils incluent tous la mort de la FNAC et d'EMI donc ils n'arriveront pas tout de suite.
Oui enfin sur eMule y'a pas que des français...il faut savoir combien de fois tel artiste a été téléchargé par quelqu'un ayant payé la licence globale, donc un Français dans notre cas.Bah il me semble qu'on connait déjà précisément qui est téléchargé ... il suffit d'aller sur eMule ! Les serveurs connaissent le nombre de sources de chaque fichier. Pas besoin de tracer chaque internaute.
De plus, certains utilisent eMule, certains utilisent Bittorent (plus dur déjà de contrôler tous les flux, je crois...), certains utilisent encore d'autres outils du même genre ou un peu différents (les newsgroup par exemple, ou même IRC, tiens (Bon ok, y'a ptet que moi qui le faisait à une époque...) )
Donc non c'est pas aussi simple de savoir qui est téléchargé combien de fois...
Et pour les quotas, je pensais à une limitation globale de téléchargement par internaute, faite par le fournisseur d'accès. Certes c'est un peu brutal.
Euh oui brutal...Limiter le Nombre de Mo/Go qui passent dans notre tuyau c'est un peu revenir en arrière en fait...ça ne se fait plus en France, et heureusement.
En plus, imaginons qu'un jour Mme Michu (la fameuse) doive formater son ordinateur pour X raison, elle doit réinstaller touuuut plein de programmes. Du coup ça va lui bouffer sa limite de dl "licence global" pour son antivirus, son navigateur, sa suite bureautique, et tous les autres logiciels qu'elle voulait utiliser.
Ou imaginons moi, joueur de Wow maladroit, qui aurait malencontreusement balancé mes cd/DVD d'installation de wow par la fenêtre, ou qui les aurait bêtement perdus. Ouf on peut télécharger le jeu depuis le site de l'éditeur, chance!
Ah bah non! la licence globale va pas me laisser télécharger 9Go d'un coup...
Tout ça pour dire que limiter la quantité de données téléchargeables, c'est vraiment pourri comme idée
Mais Fadoute, ton système ne tient que si les pirates utilisent encore eMule ! :p. Aujourd'hui ce support est quand même grandement en perte de vitesse, par rapport aux fichiers bittorrent et au grand retour des serveurs de newsgroups... Les chiffres donnés par C. Albanel sur le nombre de téléchargements du film Bienvenue Chez les Ch'tis se basait sur une extrapolation du nombre de seeders et de leechers d'un fichier torrent à un moment donné... (soit une aberration certes, mais en effet plus personne n'utilise emule sauf pour les trucs pas à la mode - ce qui doit représenter une fraction infime des téléchargements totaux).
En outre, même si on utilisait eMule, plus personne n'utilise non plus les serveurs qui ont été progressivement remplacés par le réseau Kadmelia, plus fiable, sécurisé, et qui ne garde aucune trace des transferts effectués !
Et quand à monter des serveurs spécifiques auprès de chaque FAI pour le téléchargement, c'est oublier que la plupart des artistes dans le monde ne sont pas français ! Tu penses vraiment que le groupe de post-rock-destructuré débutant à Prague va aller uploader son CD sur la plate-forme française ? Et si tous les pays font la même chose ?..
Quand au système de quotas, il est totalement inacceptable : cela signifie que tu payerais la licence globale en téléchargeant une ISO linux autant qu'en téléchargant six albums en MP3 ? Et quid de la télévision par internet, de la radio numérique, de tous les services gratuits d'internet qui ne coûtent "que" de la bande passante ?
Bref, pour moi, la licence globale est une belle utopie qui ne verra jamais le jour, où alors dans une version tellement attentatoire aux libertés fondamentales qu'on aurait tous préféré qu'elle n'apparaisse pas ^^.
En outre, même si on utilisait eMule, plus personne n'utilise non plus les serveurs qui ont été progressivement remplacés par le réseau Kadmelia, plus fiable, sécurisé, et qui ne garde aucune trace des transferts effectués !
Et quand à monter des serveurs spécifiques auprès de chaque FAI pour le téléchargement, c'est oublier que la plupart des artistes dans le monde ne sont pas français ! Tu penses vraiment que le groupe de post-rock-destructuré débutant à Prague va aller uploader son CD sur la plate-forme française ? Et si tous les pays font la même chose ?..
Quand au système de quotas, il est totalement inacceptable : cela signifie que tu payerais la licence globale en téléchargeant une ISO linux autant qu'en téléchargant six albums en MP3 ? Et quid de la télévision par internet, de la radio numérique, de tous les services gratuits d'internet qui ne coûtent "que" de la bande passante ?
Bref, pour moi, la licence globale est une belle utopie qui ne verra jamais le jour, où alors dans une version tellement attentatoire aux libertés fondamentales qu'on aurait tous préféré qu'elle n'apparaisse pas ^^.
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Moooooog
Je pense sincèrement que le débat d'une éventuelle taxation du téléchargement sur Internet est beaucoup trop étriqué pour répondre à la vraie question de la rétribution des artistes, mais aussi de la chaine de production et promotion...
Regardons déjà ce qu'il se passait avant la numérisation (dématérialisation) des titres, à l'époque des cassettes, vynils et plus tard des CDs. Pourquoi achetions nous des albums ? Et comment faisions nous avant ?
Le pourquoi était très simple: on entend à la radio, télévision, ou par un ami un album qui nous plaisait. Si nos ressources financières nous le permettaient, on achetait l'album. Jusque là tout est normal.
Mais que se passait-il quand une personne voulait écouter un album et qu'elle n'avait pas les moyens de l'acheter, ou pas suffisamment l'envie de l'acheter. Très simple, on récupère le vynil ou la cassette chez le voisin, l'ami, ou à la médiathèque de la ville, pour copier l'album sur cassette. Affaire classée. Parenthèse en passant, je n'ai pas entendu à cette époque qu'il soit question de taxer l'accès à la médiathèque sous prétexte que les personnes n'achetaient pas les œuvres... Par contre à l'époque où la cassette est apparue, l'inquiétude des majors s'est fait sentir de la même façon, et pourtant cela n'a rien changé à l'époque sur leurs chiffres d'affaire bien au contraire.
Avant de revenir sur ce dernier point, j'aimerais avant tout rappeler ce qui fait qu'on achète un album. L'équation est simple: on aime vraiment l'album, au point de vouloir avoir "l'original" chez soi, avec la boite, le livret, tout ce qui fait un plus à la seule œuvre musicale. Notre nature nous pousse à vouloir posséder ce que nous aimons, l'idée n'est pas très nouvelle... L'autre partie de l'équation est tout simplement le budget disponible pour acheter l'album. C'est une question subjective "est-ce que je suis prêt à dépenser telle somme pour un album", mêlée d'une réalité des plus basiques "ai-je les moyens de l'acheter". Et de ce côté là, on ne peut pas dire que la marge budgétaire des ménages Français aille dans le bon sens depuis plus d'une décennie...
Sur l'envie d'acheter, a-t-on vraiment envie d'acheter à un prix non négligeable une musique qu'on consomme, et qu'on va jeter aussi rapidement ? La réponse est évidemment non, d'autant plus quand on a des finances déjà limites pour subvenir à ses besoins de base. Quand j'étais étudiant, j'empruntais les albums à la médiathèque, dans mon entourage, pour les mettre sur cassette. Et j'achetais peut-être un album ou deux maximum par an, avec mes moyens limités. Et je peux vous dire que j'étais dégouté quand je réalisais que j'avais un acheté un album décevant, ou dont je me laissais finalement très vite... Donc la tendance était de mettre d'abord l'album sur cassette pour prendre le temps de l'écouter, et si je l'aimais vraiment d'acheter le CD. Bien sûr pour faire cette démarche il faut aimer la musique.
Mais une major qui aura tendance à valoriser la musique de consommation pourra-t-elle vraiment prétendre faire aimer la musique ? Je pense que la question peut vraiment se poser, quand on voit le nombre de produits innommables avec lesquels on peut nous bassiner. La musique produite doit donner l'envie d'acheter, et pour ça elle doit être un minimum sincère, bien produite, et apporter quelque chose de fort, voire de nouveau. Hors la tendance des majors est bel et bien à produire de la musique de masse, qui va rester dans un espace marketing restreint, et ne prendra pas beaucoup de risques. Problème: ce public n'est pas forcément celui qui aime la musique, mais celui qui la consomme, et ne sera pas forcément le plus motivé à dépenser pour acheter l'album.
Le MP3 pose effectivement un problème nouveau puisque sa duplication est instantanée, ou prend au pire quelques minutes à partir d'un support comme le CD pour être créé. A l'époque de la cassette, il fallait avoir une cassette à disposition, et passer deux fois 30 minutes pour dupliquer sur chaque face, sans compter les quelques réglages préliminaires. Mais tout cela ne changeait pas grand chose à la motivation d'acheter un album. Pas d'envie forte d'acheter l'album, pas d'achat... La question est peut-être tout simplement de créer l'envie... Et ce n'est certainement pas l'offre légale de téléchargement de mp3 qui va donner envie: qualité dégradée (même si imperceptible par beaucoup), pas de livret, pas de coffret, et surtout un prix au titre qui est équivalent à celui d'un album, qui lui à des coûts supplémentaires non négligeables de fabrication et de distribution.
Plutôt que de taper aveuglément sur le téléchargement et ceux qui le pratiquent, il serait peut-être intéressant de réfléchir à des moyens de redonner l'envie d'acheter des albums. Paradoxalement, et on ne le dit pas assez, le téléchargement ou l'écoute gratuite sur Internet permet de découvrir bon nombre d'artistes jusque là inconnus à travers les média classiques, et donc créer de l'envie d'acheter. Bon nombre de personnes autour de moi, qui aiment la musique, ont constaté une équation assez linéaire entre nombre d'albums téléchargés et nombre d'albums achetés.
La vraie réponse n'est certainement pas dans la limitation du nombre d'albums écoutés ou téléchargés illégalement, qui tendra à réduire l'accès à la culture, et diminuera d'autant l'envie d'acheter une œuvre. La réponse fondamentale est probablement plus dans les moyens mis en œuvre pour transformer la découverte musicale en envie d'acheter le support, l'album. Avec ce qui existe aujourd'hui, le prix est un critère déterminant. J'achète un album parce que j'aime l'œuvre, dans la durée, que j'ai envie de posséder le support matériel (moins sujet à disparition que les supports virtuels), et à partir du moment où il est vendu en dessous d'un prix psychologique. Et pourtant, finalement j'écoute ces albums le plus souvent convertis en mp3 (certes par mes soins) pour des raisons d'accessibilité, que ce soit chez moi, dans ma voiture, ou ailleurs...
Dans cette perspective, Hadopi n'a aucun sens, et pose beaucoup trop de problèmes de légitimité (pas de passage devant un tribunal), et de fondement de l'accusation (bloquer l'accès Internet à une personne dont on ne peut garantir qu'elle est l'auteur du téléchargement, en particulier dans le cas d'un accès internet familial). Je ne pense pas non plus que la licence globale soit une solution, ou alors diluée à moindre coût pour chacun, avec cette question fondamentale et insoluble de la rétribution. En revanche pourquoi ne pas proposer des offres et services pour faire découvrir et aimer la musique, avec un coût très faible au volume téléchargé. L'industrie devrait peut-être faire preuve de plus d'imagination pour recréer l'envie d'acheter. Mais cela demande un investissement initial, avec un risque sur le retour de cet investissement... Peut-être est-elle tout simplement victime de son propre conservatisme...
PS: Je n'ai pas évoqué la myriade de petits labels, petit producteurs et productions (en home studio ou petit studio), qui constitue une espace bouillonnant de création, mais qui a trop rarement la possibilité de se faire connaître par les média classiques faute de moyens, et pour qui le téléchargement ou l'écoute gratuite sur Internet est une aubaine. Au risque effectivement de prendre des parts de marché aux dinosaures de cette industrie, qui ne sauront pas intégrer ces artistes à temps faute de prise de risque et de rentabilité immédiate. La chute de leurs revenus n'est imputable qu'à leurs mauvaises décisions.
Regardons déjà ce qu'il se passait avant la numérisation (dématérialisation) des titres, à l'époque des cassettes, vynils et plus tard des CDs. Pourquoi achetions nous des albums ? Et comment faisions nous avant ?
Le pourquoi était très simple: on entend à la radio, télévision, ou par un ami un album qui nous plaisait. Si nos ressources financières nous le permettaient, on achetait l'album. Jusque là tout est normal.
Mais que se passait-il quand une personne voulait écouter un album et qu'elle n'avait pas les moyens de l'acheter, ou pas suffisamment l'envie de l'acheter. Très simple, on récupère le vynil ou la cassette chez le voisin, l'ami, ou à la médiathèque de la ville, pour copier l'album sur cassette. Affaire classée. Parenthèse en passant, je n'ai pas entendu à cette époque qu'il soit question de taxer l'accès à la médiathèque sous prétexte que les personnes n'achetaient pas les œuvres... Par contre à l'époque où la cassette est apparue, l'inquiétude des majors s'est fait sentir de la même façon, et pourtant cela n'a rien changé à l'époque sur leurs chiffres d'affaire bien au contraire.
Avant de revenir sur ce dernier point, j'aimerais avant tout rappeler ce qui fait qu'on achète un album. L'équation est simple: on aime vraiment l'album, au point de vouloir avoir "l'original" chez soi, avec la boite, le livret, tout ce qui fait un plus à la seule œuvre musicale. Notre nature nous pousse à vouloir posséder ce que nous aimons, l'idée n'est pas très nouvelle... L'autre partie de l'équation est tout simplement le budget disponible pour acheter l'album. C'est une question subjective "est-ce que je suis prêt à dépenser telle somme pour un album", mêlée d'une réalité des plus basiques "ai-je les moyens de l'acheter". Et de ce côté là, on ne peut pas dire que la marge budgétaire des ménages Français aille dans le bon sens depuis plus d'une décennie...
Sur l'envie d'acheter, a-t-on vraiment envie d'acheter à un prix non négligeable une musique qu'on consomme, et qu'on va jeter aussi rapidement ? La réponse est évidemment non, d'autant plus quand on a des finances déjà limites pour subvenir à ses besoins de base. Quand j'étais étudiant, j'empruntais les albums à la médiathèque, dans mon entourage, pour les mettre sur cassette. Et j'achetais peut-être un album ou deux maximum par an, avec mes moyens limités. Et je peux vous dire que j'étais dégouté quand je réalisais que j'avais un acheté un album décevant, ou dont je me laissais finalement très vite... Donc la tendance était de mettre d'abord l'album sur cassette pour prendre le temps de l'écouter, et si je l'aimais vraiment d'acheter le CD. Bien sûr pour faire cette démarche il faut aimer la musique.
Mais une major qui aura tendance à valoriser la musique de consommation pourra-t-elle vraiment prétendre faire aimer la musique ? Je pense que la question peut vraiment se poser, quand on voit le nombre de produits innommables avec lesquels on peut nous bassiner. La musique produite doit donner l'envie d'acheter, et pour ça elle doit être un minimum sincère, bien produite, et apporter quelque chose de fort, voire de nouveau. Hors la tendance des majors est bel et bien à produire de la musique de masse, qui va rester dans un espace marketing restreint, et ne prendra pas beaucoup de risques. Problème: ce public n'est pas forcément celui qui aime la musique, mais celui qui la consomme, et ne sera pas forcément le plus motivé à dépenser pour acheter l'album.
Le MP3 pose effectivement un problème nouveau puisque sa duplication est instantanée, ou prend au pire quelques minutes à partir d'un support comme le CD pour être créé. A l'époque de la cassette, il fallait avoir une cassette à disposition, et passer deux fois 30 minutes pour dupliquer sur chaque face, sans compter les quelques réglages préliminaires. Mais tout cela ne changeait pas grand chose à la motivation d'acheter un album. Pas d'envie forte d'acheter l'album, pas d'achat... La question est peut-être tout simplement de créer l'envie... Et ce n'est certainement pas l'offre légale de téléchargement de mp3 qui va donner envie: qualité dégradée (même si imperceptible par beaucoup), pas de livret, pas de coffret, et surtout un prix au titre qui est équivalent à celui d'un album, qui lui à des coûts supplémentaires non négligeables de fabrication et de distribution.
Plutôt que de taper aveuglément sur le téléchargement et ceux qui le pratiquent, il serait peut-être intéressant de réfléchir à des moyens de redonner l'envie d'acheter des albums. Paradoxalement, et on ne le dit pas assez, le téléchargement ou l'écoute gratuite sur Internet permet de découvrir bon nombre d'artistes jusque là inconnus à travers les média classiques, et donc créer de l'envie d'acheter. Bon nombre de personnes autour de moi, qui aiment la musique, ont constaté une équation assez linéaire entre nombre d'albums téléchargés et nombre d'albums achetés.
La vraie réponse n'est certainement pas dans la limitation du nombre d'albums écoutés ou téléchargés illégalement, qui tendra à réduire l'accès à la culture, et diminuera d'autant l'envie d'acheter une œuvre. La réponse fondamentale est probablement plus dans les moyens mis en œuvre pour transformer la découverte musicale en envie d'acheter le support, l'album. Avec ce qui existe aujourd'hui, le prix est un critère déterminant. J'achète un album parce que j'aime l'œuvre, dans la durée, que j'ai envie de posséder le support matériel (moins sujet à disparition que les supports virtuels), et à partir du moment où il est vendu en dessous d'un prix psychologique. Et pourtant, finalement j'écoute ces albums le plus souvent convertis en mp3 (certes par mes soins) pour des raisons d'accessibilité, que ce soit chez moi, dans ma voiture, ou ailleurs...
Dans cette perspective, Hadopi n'a aucun sens, et pose beaucoup trop de problèmes de légitimité (pas de passage devant un tribunal), et de fondement de l'accusation (bloquer l'accès Internet à une personne dont on ne peut garantir qu'elle est l'auteur du téléchargement, en particulier dans le cas d'un accès internet familial). Je ne pense pas non plus que la licence globale soit une solution, ou alors diluée à moindre coût pour chacun, avec cette question fondamentale et insoluble de la rétribution. En revanche pourquoi ne pas proposer des offres et services pour faire découvrir et aimer la musique, avec un coût très faible au volume téléchargé. L'industrie devrait peut-être faire preuve de plus d'imagination pour recréer l'envie d'acheter. Mais cela demande un investissement initial, avec un risque sur le retour de cet investissement... Peut-être est-elle tout simplement victime de son propre conservatisme...
PS: Je n'ai pas évoqué la myriade de petits labels, petit producteurs et productions (en home studio ou petit studio), qui constitue une espace bouillonnant de création, mais qui a trop rarement la possibilité de se faire connaître par les média classiques faute de moyens, et pour qui le téléchargement ou l'écoute gratuite sur Internet est une aubaine. Au risque effectivement de prendre des parts de marché aux dinosaures de cette industrie, qui ne sauront pas intégrer ces artistes à temps faute de prise de risque et de rentabilité immédiate. La chute de leurs revenus n'est imputable qu'à leurs mauvaises décisions.
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rbsnowtrance4
- Messages : 573
- Inscription : mer. avr. 25, 2007 8:32 pm
Gros +1 (pour faire plus court :p). Mon post ne va faire que répéter tes idées.Moooooog a écrit :Je pense sincèrement que le débat d'une éventuelle taxation du téléchargement sur Internet est beaucoup trop étriqué pour répondre à la vraie question de la rétribution des artistes, mais aussi de la chaine de production et promotion...
Regardons déjà ce qu'il se passait avant la numérisation (dématérialisation) des titres, à l'époque des cassettes, vynils et plus tard des CDs. Pourquoi achetions nous des albums ? Et comment faisions nous avant ?
Le pourquoi était très simple: on entend à la radio, télévision, ou par un ami un album qui nous plaisait. Si nos ressources financières nous le permettaient, on achetait l'album. Jusque là tout est normal.
Mais que se passait-il quand une personne voulait écouter un album et qu'elle n'avait pas les moyens de l'acheter, ou pas suffisamment l'envie de l'acheter. Très simple, on récupère le vynil ou la cassette chez le voisin, l'ami, ou à la médiathèque de la ville, pour copier l'album sur cassette. Affaire classée. Parenthèse en passant, je n'ai pas entendu à cette époque qu'il soit question de taxer l'accès à la médiathèque sous prétexte que les personnes n'achetaient pas les œuvres... Par contre à l'époque où la cassette est apparue, l'inquiétude des majors s'est fait sentir de la même façon, et pourtant cela n'a rien changé à l'époque sur leurs chiffres d'affaire bien au contraire.
Avant de revenir sur ce dernier point, j'aimerais avant tout rappeler ce qui fait qu'on achète un album. L'équation est simple: on aime vraiment l'album, au point de vouloir avoir "l'original" chez soi, avec la boite, le livret, tout ce qui fait un plus à la seule œuvre musicale. Notre nature nous pousse à vouloir posséder ce que nous aimons, l'idée n'est pas très nouvelle... L'autre partie de l'équation est tout simplement le budget disponible pour acheter l'album. C'est une question subjective "est-ce que je suis prêt à dépenser telle somme pour un album", mêlée d'une réalité des plus basiques "ai-je les moyens de l'acheter". Et de ce côté là, on ne peut pas dire que la marge budgétaire des ménages Français aille dans le bon sens depuis plus d'une décennie...
Sur l'envie d'acheter, a-t-on vraiment envie d'acheter à un prix non négligeable une musique qu'on consomme, et qu'on va jeter aussi rapidement ? La réponse est évidemment non, d'autant plus quand on a des finances déjà limites pour subvenir à ses besoins de base. Quand j'étais étudiant, j'empruntais les albums à la médiathèque, dans mon entourage, pour les mettre sur cassette. Et j'achetais peut-être un album ou deux maximum par an, avec mes moyens limités. Et je peux vous dire que j'étais dégouté quand je réalisais que j'avais un acheté un album décevant, ou dont je me laissais finalement très vite... Donc la tendance était de mettre d'abord l'album sur cassette pour prendre le temps de l'écouter, et si je l'aimais vraiment d'acheter le CD. Bien sûr pour faire cette démarche il faut aimer la musique.
Mais une major qui aura tendance à valoriser la musique de consommation pourra-t-elle vraiment prétendre faire aimer la musique ? Je pense que la question peut vraiment se poser, quand on voit le nombre de produits innommables avec lesquels on peut nous bassiner. La musique produite doit donner l'envie d'acheter, et pour ça elle doit être un minimum sincère, bien produite, et apporter quelque chose de fort, voire de nouveau. Hors la tendance des majors est bel et bien à produire de la musique de masse, qui va rester dans un espace marketing restreint, et ne prendra pas beaucoup de risques. Problème: ce public n'est pas forcément celui qui aime la musique, mais celui qui la consomme, et ne sera pas forcément le plus motivé à dépenser pour acheter l'album.
Le MP3 pose effectivement un problème nouveau puisque sa duplication est instantanée, ou prend au pire quelques minutes à partir d'un support comme le CD pour être créé. A l'époque de la cassette, il fallait avoir une cassette à disposition, et passer deux fois 30 minutes pour dupliquer sur chaque face, sans compter les quelques réglages préliminaires. Mais tout cela ne changeait pas grand chose à la motivation d'acheter un album. Pas d'envie forte d'acheter l'album, pas d'achat... La question est peut-être tout simplement de créer l'envie... Et ce n'est certainement pas l'offre légale de téléchargement de mp3 qui va donner envie: qualité dégradée (même si imperceptible par beaucoup), pas de livret, pas de coffret, et surtout un prix au titre qui est équivalent à celui d'un album, qui lui à des coûts supplémentaires non négligeables de fabrication et de distribution.
Plutôt que de taper aveuglément sur le téléchargement et ceux qui le pratiquent, il serait peut-être intéressant de réfléchir à des moyens de redonner l'envie d'acheter des albums. Paradoxalement, et on ne le dit pas assez, le téléchargement ou l'écoute gratuite sur Internet permet de découvrir bon nombre d'artistes jusque là inconnus à travers les média classiques, et donc créer de l'envie d'acheter. Bon nombre de personnes autour de moi, qui aiment la musique, ont constaté une équation assez linéaire entre nombre d'albums téléchargés et nombre d'albums achetés.
La vraie réponse n'est certainement pas dans la limitation du nombre d'albums écoutés ou téléchargés illégalement, qui tendra à réduire l'accès à la culture, et diminuera d'autant l'envie d'acheter une œuvre. La réponse fondamentale est probablement plus dans les moyens mis en œuvre pour transformer la découverte musicale en envie d'acheter le support, l'album. Avec ce qui existe aujourd'hui, le prix est un critère déterminant. J'achète un album parce que j'aime l'œuvre, dans la durée, que j'ai envie de posséder le support matériel (moins sujet à disparition que les supports virtuels), et à partir du moment où il est vendu en dessous d'un prix psychologique. Et pourtant, finalement j'écoute ces albums le plus souvent convertis en mp3 (certes par mes soins) pour des raisons d'accessibilité, que ce soit chez moi, dans ma voiture, ou ailleurs...
Dans cette perspective, Hadopi n'a aucun sens, et pose beaucoup trop de problèmes de légitimité (pas de passage devant un tribunal), et de fondement de l'accusation (bloquer l'accès Internet à une personne dont on ne peut garantir qu'elle est l'auteur du téléchargement, en particulier dans le cas d'un accès internet familial). Je ne pense pas non plus que la licence globale soit une solution, ou alors diluée à moindre coût pour chacun, avec cette question fondamentale et insoluble de la rétribution. En revanche pourquoi ne pas proposer des offres et services pour faire découvrir et aimer la musique, avec un coût très faible au volume téléchargé. L'industrie devrait peut-être faire preuve de plus d'imagination pour recréer l'envie d'acheter. Mais cela demande un investissement initial, avec un risque sur le retour de cet investissement... Peut-être est-elle tout simplement victime de son propre conservatisme...
PS: Je n'ai pas évoqué la myriade de petits labels, petit producteurs et productions (en home studio ou petit studio), qui constitue une espace bouillonnant de création, mais qui a trop rarement la possibilité de se faire connaître par les média classiques faute de moyens, et pour qui le téléchargement ou l'écoute gratuite sur Internet est une aubaine. Au risque effectivement de prendre des parts de marché aux dinosaures de cette industrie, qui ne sauront pas intégrer ces artistes à temps faute de prise de risque et de rentabilité immédiate. La chute de leurs revenus n'est imputable qu'à leurs mauvaises décisions.
Je suis tout à fait d'accord avec le fait qu'on ai envie d'acheter quelque chose qu'on aime... avoir une copie matérielle, en faire un collection. Ou au pire, on l'achètera pour offrir à ses amis, sa famille. On ira voir au ciné, pour l'expérience, ou le groupe en concert.
Le consommateur moyen ne pourra jamais acheter tout ce qu'il télécharge - déjà il n'en a pas envie, et deuxièmement, il ne peut pas se le permettre. C'est se tromper que de penser que téléchargement=ventes perdus (et pire plus de téléchargement = ventes gagnées)
Le téléchargement a seulement démocratisé l'accès à la culture... des deux côtés, puisque les artistes jugés non rentables pas les majors peuvent y trouver leur audience.
Je pense pas que c'est la mort de la FNAC. Les magasins sont pas vides que je sache. La mort de EMI, Universal.... oui et non - il faudra toujours quelqu'un pour produire les artistes et faire des disques - puisque on en voudra toujours. Mais s'ils continuent à crier haro sur le téléchargement, il disparaîtront sûrement.
L'évolution technologique a mis le secteur en crise, mais au lieu de prendre sur soi et d'innover, les majors ont décidé de s'acharner sur les consommateurs... qui au final n'y sont pour pas grand chose.
Ouais, bon. C'est un peu triste de se dire que l'accès à la culture musicale est encore une question de moyens, ton pote richou à une belle étagère d'albums et toi tu as trois pauvres cédés qui se battent en duel Et encore à cette époque on gravait les disques, ou alors on se jettait sur son radio cassette pour enregistrer la chanson qu'on voulait. Maintenant qu'on est habitué à avoir accès à une source illimitée de musique ça va être dur de revenir en arrière. Je n'achète pas d'albums par contre je mets le prix dans les concerts et ça ne me dérangerait pas de payer un forfait global.