NE LISEZ PAS CE QUI SUIT, SI VOUS N'AVEZ PAS ENCORE VU LE FILM
ratatouille a écrit :J'ai vu un reportage sur ce film dans le 13h (donc TF1) il y a quelques jour et le scénariste disait qu'il n'y avait aucune volonté de sa part de faire passer un message écolo...
AH BON
Alors que le deuxième sujet du film, c'est précisément cela. Si le scénariste n'a rien voulu faire passer, les réalisateurs s'y sont mis à deux, à trois, à dix pour faire passer le message. ça, c'est sûr !
Le traveling aérien du début nous montre quand même une planète déserte, brune, polluée, dans l'atmosphère comme sur la terre. Lorsqu'on découvre la terre, on découvre d'abord les silhouettes de cheminées d'usines et de cheminées de centrales nucléaires (références par excellence, de l'imaginaire écologiste depuis les années 1970). Je vois encore une référence assez explicite à Soylent Green (mal traduit en "Soleil Vert"): les machines pelleteuses, l'aspect général de la planète, etc .
L'idée de préserver la planète, voire de la reconstruire, l'idée toute simple qu'"il faut faire quelquechose avant qu'il ne soit trop tard" est donc plus que latente !
Il y a ensuite un deuxième mythe, celui que l'on appelle millénariste (si je ne me trompe), et qui prévoit une amitié possible et bienveillante entre robots et humains, voire un dépassement de l'humain par la cybernétique. Personnellement, je trouve cette vision de l'humanité quelque peu dépréciative. L'humanité nous apparaît moins diversifiée que la multitude de robots qui agissent pour elle. Les humains ressemblent à un troupeau presque anéanti d'oisiveté et l'aseptisme (gros, gras, proprets, leur perception du monde étant anihilée par des conversations sans fins et des jeux).
Je comprends la critique, je comprends que ce n'était qu'un point mais je suis quelque peu dubitatif face à une telle image.
Si elle peut encourager les uns à faire plus d'efforts, d'un autre côté, je pense à la littérature pessimiste de Barjavel : quoi que l'homme fasse, il ne peut que se détruire lui-même. L'aspect prédateur de l'homme est d'ailleurs incarné par la pulsion de destruction (et le potentiel destructif) du robot envoyé précisément pour quérir une forme potentielle de vie. L'aspect prédateur étant corrélatif d'une certain instinct de survie (puisque Véra ne tire que pour se protéger d'un potentiel agresseur).
Par ailleurs, on nous décrit une planète qui en dépit de sa technologie n'aurait pas réussi à se débarrasser des masses de déchets. Or aujourd'hui nous recyclons, nous utilisons des énergies renouvelables. Certes le parc immobilier et l'ensemble des voitures utilisant un moteur à explostion devraient être remplacés. Quoiqu'il en soit, nos techniques permettent d'augurer présentement une amélioration du traitement de toutes les formes de déchets. Wall-e reste donc une fable (qui a dit le contraire ?), une anticipaition du pire, en espérant que le meilleur arrive !
aesoper a écrit :C'est dommage de vouloir sexuer ce qui n'a pas de sexe, ils auraient pu profiter de la non sexualisation des robots pour en faire qql chose d'ambigu.
Euh, là je ne suis pas tout à fait d'accord.
Wall-E semble en effet être l'homme du couple. Mais il est présenté comme un être hypersensible, très attaché à toutes les formes de vie, à la musique et à toutes les beautés que peuvent lui offrir ce monde d'abondance désuète.
Vera, la femme, est beaucoup plus froide, beaucoup plus analytique. Elle n'hésite pas à tirer, elle est beaucoup plus forte "physiquement" (plus performante, c'est un modèle de robot apparemment récent).
On a donc, ce me semble, une inversion des clichés attitrés à l'homme et à la femme. Du moins pour les robots. Car pour les hommes, le cliché persiste. Les robots semblent aussi beaucoup plus résistants que les hommes, puisqu'ils peuvent voyager sans atmosphère, se mouvoir seuls (sans l'aide d'un fauteuil volant), se recharger et vivre 700 années durant, presque sans défaut de mémoire.
Les robots paraîtraient presque plus évolués que les hommes, rabaissés au rang de légumes sous perfusion (les pailles) et assistés (les robots). Il semble pourtant que les hommes soient prêts et puissent reprendre le dessus. Un peu comme à la fin de I-Robot, il suffit que l'unité centrale prenne le pouvoir pour que les hommes prennent conscience de leur vulnérabilité et recouvre toute leur conscience d'être humains particuliers.
Ainsi, en dépit du divertissement, je ne saurais trop vous conseiller d'être attentifs à la manière et aux moyens utilisés pour faire passer tel ou tel message.
A bons observateurs, salut !
