Pour moi, il y a deux parties dans ce film :
Une première partie centrée sur l'homosexualité, où Adèle découvre qu'elle n'est pas attirée par les mecs mais par les filles, sa difficulté pour assumer puis la découverte de sa sexualité avec une autre femme.
Une deuxième partie plus universelle, sur la vie de couple, et l'impossibilité de faire cohabiter deux mondes différents, où là on peut se reconnaitre qu'on soit mec ou nana, homo ou hétéro.
Pas d'accord avec Blue quand elle écrit :
Sarablue a écrit :
Et au premier truc qui part en sucette, elle trompe sa copine
Je dirai pas que c'est le premier truc qui part en sucette, y a pas mal d'ellipses dans ce film, et pour moi y a deux scènes marquantes qui montrent que leur relation va foirer : la scène de la fête où Adèle est clairement décalée, on découvre le monde d'Emma, et on voit que ce n'est pas celui d'Adèle, qu'elle n'y trouve pas sa place et qu'on ne lui la fera pas forcément, à condition qu'elle change et qu'elle s'adapte pour rentrer dans ce moule là. D'emblée, je me suis dit : c'est mort, leur couple ne va pas durer.
Et avant ça, les deux scènes chez les parents sont emblématiques : chez Emma, les parents sont ouverts sur l'homosexualité, on boit de grands crus, on fait de la grande cuisine, on parle littérature et peinture; chez Adèle, on mange des spaghettis, on pense qu'artiste c'est pas une vie, que le commerce c'est mieux, à moins d'avoir un mec qui gagne bien sa vie et là, la femme peut se faire plaisir avec sa peinture.
Ok, tout ça est un peu stéréotypé mais ça dit : ces filles viennent de deux mondes différents et sans doute de niveaux sociaux différents et dans un couple, la différence de niveau social est souvent bien plus fatal que la différence d'âge, par exemple.
Cette partie du film m'a plu : le fait de ne pas se trouver à sa place dans l'univers de sa copine.
Après,
la Vie d'Adèle n'est pas un film que j'ai beaucoup aimé : beaucoup de longueur j'ai trouvé (vers la fin, je regardai ma montre), la caméra s'attarde sur des moments où y a pas nécessité de passer tant de temps, y a des scènes inutiles et les scènes de sexe, aucune subtilité, t'as pas besoin de demander aux actrices de se lécher la chatte pour faire comprendre aux spectateurs qu'elles font l'amour et qu'elles prennent leur pied. Franchement, Kechiche a fait un mini film porno à l'intérieur de son film et les spectateurs se retrouvent en position de voyeurisme sans avoir payé pour ça. C'était pas utile, ça apporte rien au film ni au propos (et pendant la scène, je me rappelais de la remarque de Blinded sur Kechiche qui devait se palucher grave en la tournant, mais carrément quoi : il s'est fait du bien le mec !)
Sinon pas d'accord non plus avec Blue quand elle écrit :
Sarablue a écrit :
Déjà, j'ai trouvé que c'était très prétentieux. En fait, la manière de tourner, la multiplication des plans genre "feuillage", "discours pseudo-intellectualo-philosophiques" qui veulent donner (à mon sens) une dimension profonde voire même "cinéma d'auteur" au film ne font que le rendre lourd, pesant, long et presque ridicule (à mes yeux toujours).
J'ai pas ressenti ça, cet attrait pour la littérature et l'explication de texte par un prof, on retrouve ça dans tous les films de Kechiche et je ne pense pas qu'il cherche à faire cinéma d'auteur, pour moi il est sincère. Quand Adèle dit qu'elle veut être prof pour transmettre le savoir qu'elle a reçu de l'école qui lui a fait découvrir et connaitre des choses qu'elles n'auraient pas connu au sein de sa famille, je pense que Kechiche parle de lui. Dans chacun de ses films, il montre que l'école peut réellement inculquer un savoir et développer un intérêt pour une matière, si on a la chance de tomber sur un enseignant motivé et investi. Il fait partie de ces gens pour qui le système scolaire à joué son rôle à 100%, pour qui ça a complètement fonctionné, et dans chaque film, il lui dit merci. On va pas lui reprocher ça.