Les lesbiennes, çà n'existent pas
Non, c'est vrai que les sources disponibles sont insatisfaisantes. Je viens de retrouver ce matin sur le net le rapport sur les discriminations donné à notre ministre en septembre dernier (y'a eut aucun buzz sur le sujet cette fois-ci, contrairement à l'article du Monde en août). Quelle déception lorsque j'ai vu que le rapport ne comportait aucune enquête de terrain réelle spécialement effectuée pour l'occasion, mais plutôt des travaux et témoignages des associations (donc en gros, pour la partie homophobie, ils ont repris le sondage de SOS Homophobie de 2006 que j'ai aussi utilisé). Ils ne se sont pas foulés. Mais en même temps, leurs conclusions a pu remonter au ministère, ce qui est probablement la première fois, ce qui est finalement une bonne chose.
Il est clair que l'on manque de sources pour la lesbophobie. Et c'est grandement la faute à un manque de sous et de volonté politique que de faire un bilan plus précis et représentatif de l'homophobie et de la lesbophobie en milieu scolaire.
Faute de moyens d'abord, car un sondage coute cher : 1000 € pour une question posée à un échantillon représentatif de 1000 personnes par un institut de sondage. Vu qu'il faudrait poser plusieurs questions (lesquelles, cela serait un sujet à débattre peut-être ici), cela ferait augmenter les tarifs. Mais surtout, se pose le problème de la taille de l'échantillon. Si on souhaite interroger uniquement des LGBT pour l'enquête, il faudrait interroger plus de personnes. En effet, sur 1000 personnes interrogées selon un échantillon représentatif de la population, on pourrait estimer, selon les travaux de l’allemand Michael Bochow (2001, cela date un peu), seuls 3 à 4 % se déclareraient LGB (dont 1,5 % à 2 % dans le placard). Il parait déjà peut réaliste pour des enfants et adolescents de tenir compte des 3 % de personnes qui déclarent avoir des rapports homosexuels sans pour autant s’identifier comme LGB. Et c’est sans compter les 3 à 4 % qui se cacheront à l’enquête en se déclarant hétéros (et encore, pour des ados, cette catégorie devrait être probablement plus importante). Bref, sur un échantillon de 1000 personnes, on n’aurait que 30 à 40 personnes qui se déclareraient LGB ! Guère représentatif, ni fiable. Il faudrait donc interroger 25000 personnes pour avoir 1000 LGB ! Peut-être un peu trop cher en termes de coût pour des associations… On comprend que SOS Homophobie s’est surtout basée sur les témoignages collectés.
Faute de volonté politique ensuite. Du moins jusqu’à récemment. Car mine de rien ce genre d’étude peut se faire à moindre coût au sein de l’éducation nationale, en allant interroger directement les élèves dans les établissements scolaires (le tout étant de choisir des établissements représentatifs). C’est ce que fait la Direction de l'Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP), cité dans l’article. Elles posent des questions aux élèves, notamment sur les valeurs des élèves et sur les discriminations (même si les questions ne sont pas toujours bien posées à mon goût). Et puis pour la première fois une question concernant l’homophobie a été posée « est-ce normal que des personnes insultent des homosexuels » (faut être assez simple car la question est aussi posée à des primaires).
Bref, si le ministère en fait la demande, la DEPP peut mener une étude sur les discriminations sur un très gros échantillon d’élèves de France et de tous niveaux. Bref, faut convaincre le ministère de commander une étude détaillée.
Mais en posant de bonnes questions (et çà ce n’est pas facile).
Toutefois, il y a un bémol en termes de représentativité. Ces questionnaires se remplissent en classe entière : pas sûr que beaucoup osent se déclarer LBG s’ils sont dans le placard et risque d’être découvert facilement rien qu’en cochant une case. Bref, les risques de bidonnage sont importants, surtout si l’on pense que l’on s’adresse à des adolescents qui ne s’acceptent pas encore forcément, ou qui n’y ont même pas encore pensé.
Mais bon, cela dépend aussi de la façon dont les questions sont posées. Dans l’étude de la DEPP, il ya des questions concernant les violences verbales ou physiques, demandant si les élèves en sont victimes. Puisque l’homophobie ne concerne pas que les LGB, d’autres pouvant aussi en être victimes, on pourrait creuser par de bonnes questions les origines de ces violences, genre : quels types d’insultes as-tu reçu, pourquoi t’as t-on frappé, etc… avec un QCM pour choix de réponses.
Faudrait vraiment réfléchir à çà. Cela serait probablement plus fiable… Ouais, cela serait à nous de définir un questionnaire exploitable au ministère à mon avis. Après, tout dépend de la volonté politique du pouvoir en place.
En attendant que de telles études voient éventuellement le jour, les lesbiennes resteront invisibles dans les études…
Zphyr a écrit :
à propos il existe en lycée le cadre de la Commission d'Éducation à la Santé et à la Citoyenneté qui traite aussi de ce sujet
oui, il en existe aussi en collège. Le mien ne s’est réuni qu’une fois en cinq ou six ans.
