
Elles pointent leur nez à l’horizon, les voilà, toutes en rose, en drapeaux, en paillettes et en fanfreluches ! Comme certains étaloriens ont ouvert joyeusement la série, voici venu le moment de rappeler quelques principes simples du pourquoi du comment participer à une Gay Pride ?
On le sait, leurs détracteurs vous diront : « ils ont l’air ridicules ! », « qu’ils sont énervants avec leur look pétasse ! », « Et puis quoi ? Les gays sont bien contents aujourd’hui, ils vivent tranquilles, alors se rassembler pour demander toujours plus, c’est agaçant », « et en plus ! Ça fait ghetto ! » « Et puis zut à la fin ! Que cherchent-ils en s’exposant ainsi ? Ils dévalorisent leur image ! »….et on le sait également, même certains gay sont mitigés à l’idée d’aller monter sur échasses montrer leur string en chamois tacheté à de beaux mâles vêtus de ceintures en cuir clouté, ou encore à d’autres travestis outrageusement maquillés sous leur perruque blonde…
Alors donc ? Et nous qui la faisons ? Mais que répondre à cette avalanche de critiques, ou seul un profond désir de dépravation affichée semble surnager ?
Mais tout simplement plein, plein de choses ! D’abord, nous avons un devoir de mémoire, et nous rappeler que tout n’a pas toujours été rose, ça au moins il le faut, pour que ça n’arrive jamais plus. Ensuite, même si en rose, tout en rose, nous pouvons vivre chez nous, il faut se souvenir que dans tant d’autres pays, l’homosexualité est encore interdite, menacée, se vit cachée, comme chez nous… il n’y a pas si longtemps. Il faut se souvenir qu’une simple frontière nous sépare peut-être d’un pays dans lequel le rassemblement a été interdit, cette année la Russie, plus loin l’Ukraine, et ailleurs ? Et Ailleurs ? Il y a tant et tant d’ailleurs au nom desquels nous rassembler…
Et n’avons-nous plus rien, vraiment, à demander ? J’ai entendu dire, quelquefois que les grandes batailles avaient été gagnées, et que, aujourd’hui, le cheval de bataille, peut-être boitait un peu, ou qu’enfin, il fallait savoir se contenter de ce qu’on avait, parfois, et baisser la hache de guerre. A ceux là je dirais, oui, sûrement, et pourtant, même si les choses se font de façon plus paisible, en sous main, qu’il y a jurisprudence à gauche et à droite, doucement, nous rognons le droit d’être parents, ce qui était impensable il y a encore quelques années devient possible aujourd’hui…c’est fabuleux ! Sans revendiquer à tout crin, c’est certains, nous nos épanouissons, et en voyant poindre par ci par là des associations « parents et futurs parents gays et lesbien », nous pouvons être fiers d’eux de ces précurseurs qui au nom de tous se lancent dans des aventures merveilleuses encore trop peu comprises.
Que reste-il ensuite ? Pour tous ceux qui pensent moins, et que les folles agacent ? Hé bien je répondrais, mais quel hétéro un peu bien dans sa peau qui a envie de s’amuser refuserait décemment d’aller s’éclater avec plein de potes derrière un Char techno déguisé n’importe comment juste pour le fun ? Parce que ces défilés ne sont pas typiquement homos, n’oublions pas que comme n’importe qui d’autre, nous aimons danser, nous aimons chanter, nous aimons crier, nous aimons être heureux, et nous aimons le faire en paix avec nous même et en paix avec les autres.
Car enfin, ne l’oublions pas, la Gay Pride n’est pas un privilège gay, elle est la plus grande manifestation annuelle contre toutes les formes de discriminations, qu’elles soient sexuelles, de genre, familiales, professionnelles, raciales, culturelles, religieuses et j’en passe. On peut dire qu’on voit de tout à la Gay Pride, de plus en plus de tout, et affirmer qu’il n’y a que des extravagants est faux, on les voit plus que les autres, mais ils représentent le courage des couleurs, le courage de la différence, le courage d’afficher ce que la société cherche à cacher, ou a brider, le courage d’être eux, et d’être eux explosivement pour que nous aussi, les plus discrets, nous ayons le droit d’être. Finalement ce que la Gay Pride fait avancer, plus que les chars de confettis, ce sont les gens, tous les gens, et pas que sur la sexualité, la marche des fiertés rassemble et porte tout haut ce panneau : « notre seule arme c’est l’amour » que les premiers marcheurs auront pu voir passer ! Notre seule arme… celle qui devrait être universelle…
par Lulu galipette