
Dans son antre blotti au fond des arbres, il regarde la nature, observe les feuilles de cet hiver qui s’avance. Comme chaque année, les journées s’estompent et la mélancolie grandie dans ce monde qui part à l’agonie.
Le capricorne, loin de son âge natal, vit ses dernières heures. Ephémère du temps, éphémère d’une vie, vil insecte cornu, il recherche à se prémunir de ses derniers instants de l’aube. Qu’est-il devenu depuis ces mois ? Un autre, métamorphose de l’être, paraître de la carapace, pour un exil volontaire de la vie. Morsure de l’âge, fin d’un dieu phytophage. Coléoptère des Lunes d’été, il n’est plus lui-même et ne peut retrouver sa jeunesse perdue. Déjà le froid grandi, dehors, les nuages obscurcissent le ciel, limitant ses envies de liberté et ses voyages. Peine perdue que de vouloir retrouver cette joie estivale.
Le grondement capricieux de la bête rugit dans les fibres végétales de son tronc pourri. Que peut-il espérer ? Seul, isolé, son besoin de liberté s’en trouve limité dans cette souche du vide.
Est-il seulement responsable de cet isolement. Le besoin irraisonné de l’accouplement a eu fois de lui en un temps. Jouant des Cornes, corné des jours et des jours pour les papilles et fanons de sa belle. Diffusant mille parfums et odeurs profanes, il eu en son temps une heure de gloire. Cri d’un dieu rebelle à l’agonie. Comment a présent peut-il espérer rebondir, vivre ?
Coléoptère éphémère, qu’es tu devenu ? La vie ne t’a t-elle rien enseignée ?
Vil crapaud des profondeurs, ton orgueil, ta vanité, ne sont que de vagues souvenir d’une vie trop courte d’une année. Déjà, septembre et les feuilles qui s’amoncèlent sur le lit de la rivière pourpre. Est-ce la fin ? Le crépuscule n’est plus loin et le capricorne cherche encore la vie. Terré, enseveli, comme pour résister à ce froid fatal, il s’apprête à quitter ce monde sans le moindre désir.
Est-ce peut être un sursaut de vie ? Dehors, soudain, le ciel s’est éclaircit, comme pour montrer la beauté d’un été indien. Contre toute attente, la vie est pour lui encore possible. Carpé diem, il sort soudain de sa réserve comme pour prouver qu’il s’agit bien plus que d’un caprice, d’une humeur éphémère. Le capricorne ne peut se laisser ainsi voguer vers l’obscurité sans réagir. L’année est bien trop courte, le prix bien trop élevé pour une vie de misère. Vite, animal, il ne reste qu’une semaine ou un mois. Le temps passe si vite, Joue de la Corne pour apprécier les beautés de la vie. Profites de ces derniers instants d’existence et tu pourras enfin reposer heureux et sans remord dans ta tanière. On ne peut espérer finir heureux sans avoir un jour connu les joies de la vie.