Bonjour à tour, je viens de m'apercevoir que vous aviez répondu à ma présentation... je découvre et.alors petit à petit, et j'aime beaucoup le concept. Merci pour votre accueil chaleureux (et même chat-l'heuresque pour Norma).
looping a écrit :ancien prof ? et maintenant ?
chômeur de longue durée, sdf à mes heures perdues, papa par intermittence, voyageur au long cours, bénévole en attente d'un point d'attache pour les LGBT en rupture sociale, adorateur de bidouilles à poils, oracle et sphinx selon humeur sur et.alors...
Banaman a écrit :Tu es passionné d'anthropologie ? C'est terriblement intéressant ça, est-ce que tu pourrais nous en dire plus à ce sujet ?
Banaman a écrit :Tu es passionné d'anthropologie ? C'est terriblement intéressant ça, est-ce que tu pourrais nous en dire plus à ce sujet ? Je partage l’enthousiasme de Banaman. Moi-même, j'ai un peu fait d'anthropologie sociale au cours de mes études.
Alors, Bananaman et Benjyy, en dire plus sur l'anthropo... je risque de m'étendre...
Disons que c'est un apprentissage de la pensée contre toute forme de déterminisme dont le but est de produire une "description épaisse" de l'expérience humaine... Tout propos étant nécessairement politique, l'anthropo qui m'intéresse propose de déconstruire ce que l'on perçoit comme une réalité, de la décrire, l'expliquer et surtout d'utiliser cet exercice pour faire avancer les choses sur le plan social en rendant le processus de recherche inhérent à celui d'intervention sociale.
L'anthropo se divise en 4 sous-disciplines: l'anthropobiologie, l'archéologie, la linguistique, l'anthropologie sociale (ou "ethnologie", "culturelle", "politique", "économique"). Au niveau master's, tous les anthropologues sont formés dans ces 4 disciplines. Dans la famille de l'anthropologie sociale, je m'intéresse à l'anthropologie de l'action (sociale), dont le but est de produire de la connaissance "émancipatrice" tout en collaborant activement à la satisfaction des besoins de communautés cibles.
La méthode de recherche est l'ethnographie (montages statistiques, entretiens, recherche documentaire) mais aussi, selon les besoins, de méthodologies s'inspirant de l'antiracisme, du féminisme radical, de l'anarco-syndicalisme, des études sur le développement économique international, de l'épidémiologie, action en santé communautaire, etc...
La formation d'anthropologue est une formation proposée à des gens déjà spécialisés (économie politique / sciences de l'éducation / intervention sociale / sociologie / médecine / médecine légiste / psychologie cognitive / Droit). Un anthropologue se définira donc selon au moins 3 axes d'intervention et au moins un endroit géographique dont il devra connaitre parfaitement l'histoire en plus de sa zone d'origine.
Dans le chemin qui était le mien, on trouvait ce type de profils: critique de l'économie politique, politique publique (santé et éducation) et développement international, Afrique et Amérique latine. Ce chemin mène à des interventions sur l'auto-détermination et la politique éducative plurilingue, l'apprentissage et la politique de prévention sida d'un pays spécifique ou d'une communauté de pays (sensibilisation en amont dans les écoles primaires, etc...). D'autres s'identifient comme anthropologues légistes, archéologues et historiographes et travailleront sur les fosses communes. Encore d'autres s'identifient comme experts en critique de l'économie politique, politique identitaire et droit foncier et appuieront les demandes d'accès à la terre de communautés qui ont été privées de leurs terres par des accords internationaux. Ces deux dernières catégories participent régulièrement aux sessions de tribunaux internationaux sur les génocides et les droits à la terre.
L'identité sexuelle suscite un intérêt croissant, surtout depuis que les acteurs de la lutte anti-sida s'inspirent du féminisme épistémologique et radical. Ils ont compris qu'on ne naît pas gay, mais qu'on le devient (Simone de Beauvoir disait à juste titre "on ne naît pas femme, on le devient"), et donc, que l'approche préventive doit se focaliser plus sur des cas concrets de formation identitaire que sur des "comportements" qui resteront inexpliqués et qui serviront à nous stigmatiser. Au lieu de seulement "soigner un symptôme", il vaut mieux aussi rechercher la cause de la transmission maladie dans son contexte social, sanitaire et culturel.
Depuis le succès de l'utilisation des trithérapies génériques au Canada, des médecins anthropologues gays spécialistes des traitement génériques du SIDA s'intéressaient à la production de programmes de développement pour établir des traitements équivalents en Afrique ou ailleurs. Un médecin sans expertise culturelle ne peut diriger de programmes de santé publique, ni les exporter, par exemple. Un médecin sans accès à un réseau interface global-local ne peut faire bénéficier les communautés pauvres de ses découvertes. Ces médecins pensent qu'étant donné que nous ne vivons pas en autarcie et que les maladies n'ont pas de frontières raciales, les programmes de santé publique doivent s'appuyer sur l'usage exclusif de génériques et être généralisés à tous sans discrimination. Un parti politique a proposé d'appliquer cette stratégie en France en 2012. Tout est politique.
La violence morale (famille, entreprise, état) est de plus en plus prises en compte par l'anthropologie du travail. Beaucoup de coach en entreprises ont des formations parallèles en anthropologie du travail, ce qui leur permet de considérer les problématiques du travail dans un contexte plus large que l'entreprise ou le système économique, et donc d'avoir une meilleur capacité d'action, et de résolution des problèmes collectifs ou individuels. D'autres anthropologues du travail se concentreront sur les aspects sanitaires et économiques des migrations internationales, le travail des enfants, les enfants soldats, l'esclavage, etc...
Les communautés cibles sont diverses et variées: : associations, communautés isolées, LGBTs, sans-terres, femmes battues, sdf, élèves polyglottes, "immigrés pakistanais transsexuels prostitués à Dubai", "pêcheuses bisexuelles de langoustes trisexuelles à Sumatra", "lesbiennes transexuelles cow-boys du sud Texas cherchant à créer une république autonome", etc...