Qu'est-ce que ce que j'en sais au fond ?
À l'époque, le site s'appelait Monchoix.net. Que de souvenirs, que de temps passé à lire les autres, voir les souffrances, les questions, les évolutions, les passages, les succès, les rires et les joies.
J'étais un jeune lycéen, mal dans ma peau, le teint blafard et les cernes sous les yeux. Sur mon cas, je n'apportais pas de mots, je n'apportais pas de peine. Je vivais... simplement.
C'est dans ce lieu étrange, au croisement des idées et aux lumières de la connaissance et du rire que je vous ai vu. Vous. Au début une petite bande d'inconnu que mes yeux côtoyaient à longueur de pixels lorsque je me retrouvais face à mon écran. Je vous voyais agir, interagir.
Monchoix.net était là, et il grouillait de vie.
Et à force d'observer, j'ai remarqué, j'ai vu cette petite armée lever ses boucliers contre les idées préconçues, contre les faux jugements. Contre l'homophobie.
Comme la mère que je n'avais jamais vraiment eu, j'y ai trouvé du soutien, une oreille attentive, un ami. Je savais. J'étais gay. J'étais différent. Mais j'étais comme vous.
Et le site s'est transformé, à muté. Il est devenu plus grand, plus fort, plus beau. Je voyais Monchoix.net devenir le bel Adonis sculptural qui se nomme désormais Et-alors.net. Les membres évoluaient, changeaient, allaient et venaient.
En 2005, j’ai participé au transfert, à la transformation. J'ai vu Et-alors grandir à ses débuts. Faire ses premiers pas comme un enfant fier. Poser un pied devant l'autre devant les difficultés, comme nous le faisons tous.
Je ne me souviens plus des noms, ni des pseudos, mais mon coeur ressent encore au fond de lui cette petite braise qui ne s'est jamais éteinte.
J'étais jeune lycéen, j'apprenais la vie, j'apprenais l'amour et la douleur. Les joies, les rires et les larmes. Et j'ai dû partir, j'ai dû quitter cette épaule contre laquelle j'aimais tant me blottir. Je vous ai quitté. Je me suis forcé, je devais grandir, apprendre, commencer à marcher seul, faire mon propre chemin.
Rien n'a été simple, rien ne l'a jamais été et ne le sera jamais. J'ai appris à vivre en tant qu'homo. J'ai épousé la vie et tout ce qu'elle m'a apporté, que ce soit en bien ou en mal.
Je suis parfois revenu brièvement, mais comme un tel fantôme que je n'en ai même plus le souvenir.
Et ce soir, la lune est belle à travers la fenêtre. J'observais l'astre intime qui me regardait de son grand oeil laiteux et les souvenirs me sont revenus. Je me suis rappelé tout ce que nous avons vécu. Ou du moins, tout ce que je vous ai vu vivre. Je ne postais que très rarement et il est normal que vous ne vous souveniez pas de moi.
Au travers de la fumée marbrée de ma cigarette, j'ai pris ma souris à la main et je suis revenu. Je n'avais rien oublié. Ni mon pseudo, ni mon mot de passe. Tout était encore là, tout frais, mon cerveau avait bien gardé l'information.
Six ans ont passé. Six ans. Je n'en reviens toujours pas du chemin parcouru. Mais je préfère ne pas me retourner sur le passé. J'ai une confiance aveugle en l'avenir. Cela me jouera peut-être des tours, mais je ne m'en fais pas. Simplement parce que c'est la première fois en six ans que je vous retrouve, et que j'ai le plaisir de vous lire. J'en ai presque les larmes aux yeux.
La vie m'a traversée et c'est en partie grâce à vous qu'elle a continué. J'aurai pu y mettre fin il y a bien longtemps, comme beaucoup de jeunes homos qui vivent des situations critiques. Mais j'ai tenu. Le genou à terre, le souffle court, j'ai fermé les yeux et j'ai traversé les flammes qui voulaient tant me faire souffrir. J'ai couru sans m'arrêter, soulevant à chacun de mes pas un faible nuage de poussière. Je ne voulais plus m'arrêter. Je voulais vivre. Je voulais connaître le monde, connaître l'amour, me connaître moi-même. Alors j'ai traversé les flammes, et elles ne m'ont pas touché. Elles se sont simplement écartées de mon chemin, car j'avais mûri, j'avais compris. La vie, parfois,c'est difficile. Pour tout le monde d'ailleurs. Mais derrière les manteaux de pluies et d'orages que nous portons sur le dos se trouve un soleil éclatant qui ne souhaite que nous lécher le visage de ses chaleureux rayons.
Merci à Monchoix.net, merci à Et-alors.net.
Merci à vous tous.
Après six ans d'une longue absence, je souhaite revenir vous voir. Je souhaite vous revoir et discuter de nouveau. Je veux vous voir rire et pleurer. Et je veux participer à la fête. Je veux vivre...tout simplement.
et ton avatar est classe.
Présentation très intéressante et appréciée.