Ça fait maintenant 4 ans que j'ai fais mon CO à moi-même en tant que pan. J'ai commencé à le faire auprès de mes amis proches puis de moins en moins proches (au début je n'y arrivais que fortement alcoolisé avec des trémolos dans la voix et maintenant j'arrive à en parler naturellement dans la conversation, genre "Ça me rappelle ce que disait mon ex Thomas") et j'ai fini par en parler à ma petite sœur avec qui ça s'est bien passé.
Mais mis-à-part elle, personne dans ma famille n'est au courant et le fait est que j'ai de plus en plus envie de leur en parler, surtout à mes parents, même si je suis assez incertain de leur réaction. Ma grande demi-sœur (on a le même père mais pas la même mère) à fait son CO auprès de toute la famille en tant que lesbienne il y a 2 ans. Mon père, après une réaction d'étonnement, l'a assez bien pris, malgré le fait qu'il soit catholique pratiquant. Après 2 ans, j'ai l'impression que ça ne lui pose pas plus de question que ça et il s'entend très bien avec sa fille et sa copine.
Du côté de ma mère par contre, ça a été plus étrange. Malgré son passé de militante féministe très engagée dans les années 70 et ses liens avec le militantismes LGBT de cette époque (le sigle LGBT existait déjà ?) et aussi le fait qu'elle ne soit pas réellement directement concernée vu qu'il ne s'agit pas de sa fille (et qu'elle ne l'ais jamais même partiellement élevée, vu que ma grande sœur n'as jamais vécu avec nous), sa formation de psychanalyste est de suite re-surgie et elle passe son temps à essayer d'analyser l'enfance de ma sœur et d'y trouver des raisons/explications à son homosexualité (des trucs comme "Le fait qu'elle n'est pas vu son père pendant sa petite enfance a surement un peu joué" par exemple), à lancer des petites critiques sur son couple un peu comme si elle voulait montrer que "au fond, elles ne forment pas vraiment un couple normal"... Et quand j'essaie d'en parler avec elle, elle se braque tout de suite en m'expliquant que pas du tout, elle n'a aucun problème avec ça et pourquoi on lui en parle etc...
Du coup, même si je ne pense pas que ça va mal se passer, je sais que ma mère risque de se mettre à chercher des explications dans mon passé et ça m'énerve par avance... Mais malgré tout ça, j'ai quand même envie de leur en parler, parce que ça fait 4 ans que je leur cache une partie de qui je suis et que ça me pèse et aussi parce que j'ai le sentiment que cette réflexion a assez mûrie en moi pour que je sois assez à l'aise, assez sûr de ce que je raconte pour confronter ma famille à ça, même si j'appréhende par avance la discussion et les questions qui vont s'en suivre...
Mais là où ça se complique, c'est que depuis quelques mois, j'ai fais mon CO à moi-même à propose de mon identité. J'ai toujours ressentis un décalage vis-à-vis de mon genre assigné d'homme mais j'ai toujours réprimé cette sensation pour ne pas trop y penser. Quand j'ai accepté mon orientation sexuelle, ces émotions se sont atténuées, surement grâce au soulagement que ça m'a apporté. Mais ça n'a pas duré, c'est revenu et c'est même devenu encore plus fort. A force de me documenter sur le sujet des orientations sexuelles, je tombais de plus en plus sur des témoignages de personnes trans et à chaque fois ce sujet me donnait envie de pleurer; et quand je me demandais "Mais pourquoi je pleure ?" et qu'une petite voix dans ma tête essayait de glisser un "Peut-être que c'est parce que...", il y avait tout le temps une deuxième voix qui lui coupait la parole avec un "TA GUEULE TA GUEULE TA GUEULE FERME TA GUEULE PARLE PAS FERME TA GUEULE !".
Donc il y a 6 semaines, j'ai réussi à mettre un poing métaphorique dans la face de cette deuxième voix et à m'avouer que non, je ne suis pas un homme.
Ça fait un bien fou, même si je suis encore loin d'être aussi serein à ce sujet qu'à propos de mon orientation. Je continue à me chercher précisément, je ne sais pas encore vraiment comment me définir et c'est en partie pour ça que je garde pour le moment l'étiquette Genderqueer, qui chez moi veut simplement dire Pas homme cis. Du coup, étant donné que je ne suis pas encore à l'aise avec ça vis-à-vis de moi-même, je le suis encore moins vis-à-vis de mon entourage et faire mon CO à ce sujet n'est pas du tout à l'ordre du jour.
Une seule amie est au courant et la prochaine étape est d'en parler à ma copine, que je n'ai pas vu depuis presque 2 mois, donc avant que je me l'avoue. Mais je la connais assez bien pour savoir que ça passera bien donc je ne me fais pas de soucis à ce niveau.
En résumé, alors que je me sens prête à faire mon CO vis-à-vis de mon orientation à mes parents, je ne le suis absolument pas vis-à-vis de mon identité.
Du coup, je me pose la question suivante : est-ce que c'est mieux de leur parler maintenant (enfin prochainement) de ma pansexualité et de revenir les voir dans quelques temps pour leur dire "Au fait, j'ai autre chose à vous dire ?" ou bien d'attendre ces quelques temps pour leur déballer les deux trucs en une fois ?
Je sais que j'ai envie, voir même besoin de leur parler maintenant de mon orientation mais je ne suis absolument pas prête à leur parler du reste. Mais en même temps, faire mon CO reste un truc que j'appréhende et un seul me suffit, je n'ai pas envie de m'en infliger un autre plus tard. Et puis forcément, s'ils me posent des questions vis-à-vis de mon orientation, ça risque de glisser sur des sujets menant à mon identité et je ne me sens pas capable de leur en parler maintenant.
Bref, à votre avis, quelle serait la meilleure façon de procéder ?
Merci à vous