J'ai 18 ans et je suis étudiant. Après avoir été attiré par les filles, j'ai découvert mon homosexualité progressivement à partir de la 3e. Au départ, je ne l'ai pas accepté, puis au cours des années lycées, il a fallu se rendre à l'évidence...
Même si je l'accepte au fond de moi, je le vis de plus en plus mal au fur et à mesure que je deviens adulte. Je n'ai osé le dire à personne, pas même à mes plus proches amis.
Très gai dans la vie (au sens propre cette fois-ci

Aujourd'hui, je suis arrivé dans une nouvelle ville pour y faire mes études. Et étant majeur, je me pose de plus en plus de question sur ce que va devenir ma vie. Je me suis fait de nombreux amis, la plupart sont déjà en couple, les autres momentanément célibataires. Aussi, je n'ose absolument pas aborder mon cas avec eux, et je ne sais pas pourquoi, ils n'osent pas l'aborder avec moi. Je dois dégager une certaine gène, même si ils me croient hétéro. Je le sais car ils n'hésitent pas à pratiquer devant moi une homophobie quotidienne, celle que l'on retrouve dans les discussions entre hétéros : je ris jaune.
Pour compliquer le tout, je suis très amoureux d'un des gars de mon groupe. Petit problème, il sort avec une fille. D'habitude, j'arrivais à m'y résoudre et à zapper le gars en question de mes pensées, mais là je n'y arrive pas. Pourtant, il y a de quoi me décourager car en plus d'être "maqué", croyant me faire rire, il m'a sorti une blague homophobe un jour. Là encore géné, j'ai souri en déviant le sujet. Quelques jours plus tard, une rumeur sur son homosexualité a courru à la Fac, car il traine beaucoup avec des filles. Il faut dire qu'elles sont très majoritaires. Moi qui ait toujours trainé plutôt avec des garçons, mon cercle d'amis sur place est également très féminisé. Une fille remet cette rumeur sur le tapis en amphi, si bien que pour se justifier, il se retourne vers moi (j'étais assis entre deux filles) et me pose la question. Paralysé (il faut que ce soit lui qui me pose cette question !), j'hésite l'espace d'un quart de seconde. Je déteste mentir, mais j'ai aussi très peur de la réaction du groupe, surtout qu'une réponse positive n'irait pas dans son sens. Alors comme un réflexe d'autodéfense, je lève les bras et lui répond de manière très ambigue que moi aussi je suis entouré de fille. Réponse à double sens qu'il interprete comme le fait de mon hétérosexualité, répondant à la fille que moi aussi j'étais dans son cas.
Voila où j'en suis niveau amis. Je n'ose pas le dire, je n'ai jamais osé, ce serait trop de bouleversements, trop de gêne dans ma relation avec eux. Ce gars ne me regarderait plus pareil, m'éviterait sûrement pour ne pas corroborer ces rumeurs infondées...
Du côté de ma famille, c'est pire : ils sont très conservateurs, du moins sur ces questions. Ainsi, une nièce vit avec un directeur de banque qui a 20 ans de plus qu'elle, c'est un scandale. Ma mère a dit que c'était toujours mieux que d'épouser un noir. Vous voyez le genre de famille : rural du coté de mon père, à citadins de droite du côté de mon père. Lorsque je regarde ruquier, ma mère me répond : "tu peux baisser stp, je ne supporte pas sa voix de taffiole." Mes parents me croient hétéros et commencent à se demander pourquoi je n'ai toujours pas ramené une fille à la maison. Mais ils évitent le sujet, étant très attachés au respect de l'intimité. Je connais très bien mes parents, et l'apprendre serait une grande désillusion pour eux. Je pense que mon père n'en dormirait plus et que ma mère si attachée à l'éducation s'en voudrait à mort. Déjà qu'elle se stresse pour un rien. Bref, le bel équilibre, le fleuve tranquille, serait rompu et je n'ai franchement pas besoin de ça.
Je pourrais en rester au statut quo, c'est ce que je compte faire encore un peu, mais je me rend compte que tout cela m'empêche de vivre. Faire un CO m'apparait comme surhumain, même à mon meilleur pote, et je ne me sens vraiment pas prêt. Je me pose de plus en plus de question sur mon avenir, j'ai l'impression de faire face à un mur. J'en suis arrivé à la conclusion que seul le fait de partager la vie avec un garçon, de vivre enfin heureux avec mon orientation sexuelle, peut me donner la force d'assumer mes préfèrences. Mais comment ? Celui que j'aime ne sera jamais celui-là et sans m'assumer je ne peux compter sur la chance ou le destin.
Voila mon témoignage est un peu bordelique. Mais rien que de l'écrire fut une épreuve pour moi. Je n'ai pas vraiment de questions, ça fait du bien de mettre des mots sur sa réalité.
Peut-être avez-vous un avis...