Le Bilan des Coming Out
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ExMembre L
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Invité
Hm.
A vrai dire, je n'ai jamais fait que trois Coming Out dans ma vie.
C'est que je sors pas.
(Ah, mais quel humour, allons donc !)
Le tout premier, c'était à ma mère.
J'en voyais la nécessité pour qu'elle ne caresse pas avec trop de sérieux des espoirs concernant la descendance. La situation a été complexe non en raison de sa réaction, qui fut somme toute assez neutre, mais en raison de mon orientation sexuelle. Il est toujours difficile aujourd'hui de faire admettre aux gens, qu'ils soient hétérosexuels ou homosexuels, que la bisexualité est une véritable orientation sexuelle et ne constitue pas une sorte d'état transitoire dont il est possible de revenir.
Or, il me semble que c'est à peu près l'idée qu'a eu d'abord ma mère et dont j'ai essayé de la détourner. Comme à l'époque je n'avais eu aucune relation, ni sentimentale ni physique, elle croyait qu'il ne m'était pas possible de me déterminer (ou du moins l'affirmait-elle : l'absurdité de cette observation tend à me faire croire qu'il s'agissait d'une parade). La vérité a eu un peu de mal à s'installer dans son esprit.
Cependant, elle ne l'a pas mal pris. Nous dînions (seuls, car depuis le départ de ma soeur, mes parents étant divorcés, nous ne vivons que tous les deux). Je lui ai demandé si cela la dérangerait si l'un de ses enfants n'était pas hétérosexuel. Elle m'a demandé pourquoi je l'interrogeais comme celui et je lui ai répondu que c'était mon cas. Elle m'a prié de préciser et j'ai expliqué que j'étais bisexuel. Comme elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire exactement, j'ai rendu le terme plus clair.
Nous n'en avons jamais reparlé. A vrai dire, je n'y tiens pas : ma vie personnelle ne la concerne pas outre mesure, en dehors de considérations purement pratiques. J'estime avoir rempli ce que la piété filiale m'imposait comme devoir de transparence en son endroit. Comme je fréquente actuellement une jeune fille et que je n'ai jamais fréquenté d'hommes, elle estime sans doute que tout cela n'était qu'une passade.
Je ne vois pas l'intérêt de la détourner de cet avis. J'ai fait mon possible pour lui faire comprendre la situation une fois, et avec assez de clarté pour que son erreur présente ne relève pas d'une volonté inconsciente de ne pas affronter la vérité. Sans doute ne veut-elle pas entrer un conflit avec son fils, que l'éloignement de sa fille rend presque son seul enfant et qui constitue, pour des raisons familiales complexes, presque sa seule fréquentation.
Je me refuse à faire naître en elle une inquiétude en rappelant fréquemment ce que je suis. Ce n'est pas un sujet que nous abordons naturellement : nous sommes discrets sur nos impressions et nos sentiments. Une insistance de ma part entraînerait chez elle une angoisse : elle s'en demanderait la raison et s'inquiéterait par mon santé.
Je lui ai dit ce qu'il en était, elle le sait, un point c'est tout.
Le deuxième, c'était à ma soeur.
Par courriel. Moyen de communication qui n'a rien à voir avec une quelconque crainte : simplement, elle était en Ecosse pour plusieurs mois et il n'y avait pas d'autres moyens économiques de la joindre. Elle a répondu qu'elle s'en doutait et que cela ne lui posait pas de problèmes, comme je l'avais de toute façon supposé. Je le lui ai dit afin qu'elle ne l'apprenne pas de ma mère, qui aurait pu déformer les propos.
Le troisième, c'était à ma compagne.
Je l'ai fait au tout début de notre relation. L'orientation sexuelle est un élément fondateur de notre identité personnelle et il me semblait que lui laissait supposer que j'étais hétérosexuel (ce qu'elle était, avouons le, plutôt en droit de faire) aurait été un mensonge de conséquence, par omission. Elle a pris la nouvelle avec perplexité et j'ai dû lui expliquer beaucoup de choses et la rassurer sur plusieurs points (notamment sur sa féminité).
Vous noterez de grands absents, au premier rang duquel mon père. Je n'ai jamais vécu avec lui et ne l'ai fréquenté qu'un mois tous les deux ou trois ans. D'ailleurs, cela fait cinq années que je ne l'ai pas vu et que nos contacts se limitent à un coup de téléphone le jour de mon anniversaire, parfois. Il eût donc été plus justifié de faire mon Coming Out à la boulangère que je ne vois qu'une fois par semaine.
Ensuite, mes amis, mes relations, mes connaissances. J'estime qu'il est parfaitement injustifié de leur part de supposer que je sois hétérosexuel. Je refuse de faire un Coming Out avec eux (mais pas de répondre à une question sur mon orientation sexuelle, naturellement) car cela reviendrait à entériner la conception d'une société dans laquelle la norme a priori serait l'hétérosexualité. De toute façon, s'ils ne se rendent pas compte de mon orientation sexuelle, c'est qu'ils le choisissent : je n'ai jamais caché mes jugements physiques sur tel ou tel garçon, ni sur telle ou telle fille. La somme est aisée à faire, et certains ne s'y sont pas trompés.
A vrai dire, je n'ai jamais fait que trois Coming Out dans ma vie.
C'est que je sors pas.
(Ah, mais quel humour, allons donc !)
Le tout premier, c'était à ma mère.
J'en voyais la nécessité pour qu'elle ne caresse pas avec trop de sérieux des espoirs concernant la descendance. La situation a été complexe non en raison de sa réaction, qui fut somme toute assez neutre, mais en raison de mon orientation sexuelle. Il est toujours difficile aujourd'hui de faire admettre aux gens, qu'ils soient hétérosexuels ou homosexuels, que la bisexualité est une véritable orientation sexuelle et ne constitue pas une sorte d'état transitoire dont il est possible de revenir.
Or, il me semble que c'est à peu près l'idée qu'a eu d'abord ma mère et dont j'ai essayé de la détourner. Comme à l'époque je n'avais eu aucune relation, ni sentimentale ni physique, elle croyait qu'il ne m'était pas possible de me déterminer (ou du moins l'affirmait-elle : l'absurdité de cette observation tend à me faire croire qu'il s'agissait d'une parade). La vérité a eu un peu de mal à s'installer dans son esprit.
Cependant, elle ne l'a pas mal pris. Nous dînions (seuls, car depuis le départ de ma soeur, mes parents étant divorcés, nous ne vivons que tous les deux). Je lui ai demandé si cela la dérangerait si l'un de ses enfants n'était pas hétérosexuel. Elle m'a demandé pourquoi je l'interrogeais comme celui et je lui ai répondu que c'était mon cas. Elle m'a prié de préciser et j'ai expliqué que j'étais bisexuel. Comme elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire exactement, j'ai rendu le terme plus clair.
Nous n'en avons jamais reparlé. A vrai dire, je n'y tiens pas : ma vie personnelle ne la concerne pas outre mesure, en dehors de considérations purement pratiques. J'estime avoir rempli ce que la piété filiale m'imposait comme devoir de transparence en son endroit. Comme je fréquente actuellement une jeune fille et que je n'ai jamais fréquenté d'hommes, elle estime sans doute que tout cela n'était qu'une passade.
Je ne vois pas l'intérêt de la détourner de cet avis. J'ai fait mon possible pour lui faire comprendre la situation une fois, et avec assez de clarté pour que son erreur présente ne relève pas d'une volonté inconsciente de ne pas affronter la vérité. Sans doute ne veut-elle pas entrer un conflit avec son fils, que l'éloignement de sa fille rend presque son seul enfant et qui constitue, pour des raisons familiales complexes, presque sa seule fréquentation.
Je me refuse à faire naître en elle une inquiétude en rappelant fréquemment ce que je suis. Ce n'est pas un sujet que nous abordons naturellement : nous sommes discrets sur nos impressions et nos sentiments. Une insistance de ma part entraînerait chez elle une angoisse : elle s'en demanderait la raison et s'inquiéterait par mon santé.
Je lui ai dit ce qu'il en était, elle le sait, un point c'est tout.
Le deuxième, c'était à ma soeur.
Par courriel. Moyen de communication qui n'a rien à voir avec une quelconque crainte : simplement, elle était en Ecosse pour plusieurs mois et il n'y avait pas d'autres moyens économiques de la joindre. Elle a répondu qu'elle s'en doutait et que cela ne lui posait pas de problèmes, comme je l'avais de toute façon supposé. Je le lui ai dit afin qu'elle ne l'apprenne pas de ma mère, qui aurait pu déformer les propos.
Le troisième, c'était à ma compagne.
Je l'ai fait au tout début de notre relation. L'orientation sexuelle est un élément fondateur de notre identité personnelle et il me semblait que lui laissait supposer que j'étais hétérosexuel (ce qu'elle était, avouons le, plutôt en droit de faire) aurait été un mensonge de conséquence, par omission. Elle a pris la nouvelle avec perplexité et j'ai dû lui expliquer beaucoup de choses et la rassurer sur plusieurs points (notamment sur sa féminité).
Vous noterez de grands absents, au premier rang duquel mon père. Je n'ai jamais vécu avec lui et ne l'ai fréquenté qu'un mois tous les deux ou trois ans. D'ailleurs, cela fait cinq années que je ne l'ai pas vu et que nos contacts se limitent à un coup de téléphone le jour de mon anniversaire, parfois. Il eût donc été plus justifié de faire mon Coming Out à la boulangère que je ne vois qu'une fois par semaine.
Ensuite, mes amis, mes relations, mes connaissances. J'estime qu'il est parfaitement injustifié de leur part de supposer que je sois hétérosexuel. Je refuse de faire un Coming Out avec eux (mais pas de répondre à une question sur mon orientation sexuelle, naturellement) car cela reviendrait à entériner la conception d'une société dans laquelle la norme a priori serait l'hétérosexualité. De toute façon, s'ils ne se rendent pas compte de mon orientation sexuelle, c'est qu'ils le choisissent : je n'ai jamais caché mes jugements physiques sur tel ou tel garçon, ni sur telle ou telle fille. La somme est aisée à faire, et certains ne s'y sont pas trompés.
Hormis 1 CO à un pote que je ne fréquentez plus, je n'ai eu que des retour positif. Mes parents m'ont juste dit "tu pense à te protéger hein" (même phrase pour mon frère (hétéro) lors de son premier rapport sexuel. Pour les amis, c'est beaucoup d'étonnement souvent et puis sa passe nickel.
Donc 64 positifs pour 2 négatifs
Donc 64 positifs pour 2 négatifs