Je reviens tout juste d'une semaine de vacances sur une île de l'archipel des glénan (au large de la Bretagne) à faire de la planche à voile (c'est sympa le bronzage : seulement la moitié des bras, c'est moche, mais c'est moche, vive la combi !). Sur le trajet, j'avais une idée en tête, presque même un plan : je partais faire de la planche mais je voulais surtout voir, en petit planqué du fond du placard qui va se faire pousser dehors à coups de pieds au cul par un petit con sans morale de ma classe l'année prochaine, quelle pouvait être la réaction d'un groupe face à un CO payable au tarif de groupe. C'était l'occasion rêvée : que des gens que je ne reverrais jamais, tous à peine plus jeunes (15/17 ans) que ma future classe. Comme avec tout plan (minuté, localisation des protagonistes au cm près sur GoogleMap, toutes les réponses envisagées et riposte adapté prévue pour chacune d'entre elles, suppression des dernières poches de résistance par largage sur zone de napalm à l'heure H+30min si le code de réussite n'était pas transmit (Comment-ça? *air étonné* J'en ai fait trop? Hein?)), l'improvisation s'est imposée dès la première seconde de la phase "repérage"...
C'est donc la tête ailleurs que je rejoins mon dortoir le premier soir, une fois les 8 jeunes hommes que nous sommes installés dans nos duvets, la discussion commence rapidement, sur tout, sur rien : "c'est ta première fois ici?", "oui/non/50-50/l'avis du public" (euh, non, y a pas l'avis du public) puis ça enchaîne facilement sur des choses plus légères quand un certain N nous fait :
-N : "Je vais dire une connerie... mais non je vais pas..."
-Les 7 autres (dont moi) : "Mais vas-y ! Dis-la ta connerie !"
-N : "Dortoirs non mixes, dortoirs non mixes... Il y en a qui sont contents... les pédés"
Alors-là, je me suis réjouis qu'on l'ait poussé à s'exprimer, je me passe en vitesse les différentes options en répondant, au milieu des rires des autres, et le plus distinctement possible, histoire que ça puisse faire TILT, je sors : "En effet !"
Tout en train de me demander si j'attends encore une perche au cas où ça a pu tilter dans une de ces petites têtes ou si je dois sortir une phrase du genre : "C'est vrai que je suis super bien lotit" si ça vient pas...
J'ai pas eu à réfléchir, même pas 2 secondes plus tard voilà la raison du titre de ce post :
-N : "Il y a des pédés dans la salle ??"
Je m'offre une petite seconde pour tartiner sur les petits toast fournis avec... Puis je croque à pleines dents.
-Moi : "OUI !!" La vache, que c'est bon ces petits oeufs noirs...
-N : "Qui ??" Alors-là, je me demande s'il n'a pas laissé son cerveau sur le continent, ou s'il l'a laissé tombé à la mer lors du trajet...*
-Moi : "Moi !" Bon, ça c'est fait, on passe à la suite du repas ? Ah... Non, il en reste un peu, ce serait dommage d'en laisser...
-N : "C'est des conneries ??"
-Moi : "Non !" Eh mec ! Tu me trouves UNE raison valable de mentir dans ce sens ? (oui, je sais qu'il y en a UN qui fait ça à la TV...)
N s'est directement excusé avant de préciser : "Juste un truc mec, moi je suis hétéro..."
Bon, après, j'ai pu passer au plat de résistance : m'amuser à détruire les préjugés de certains : "Mais tu triques sur les mecs ???", l'air super étonné qui allait avec... Je lui ai juste répondu que je triquais sur les mecs autant que lui trique sur les filles, je regrette et j'ai mieux désormais : je répondrai que je suis gay, pas moine... J'ai eu aussi droit à celui qui redemande 2-3 fois si je ne rigolais pas... Là je lui ai demandé une raison pour le faire...
Je nourrissais aussi un espoir fou que ça se sache le plus vite possible dans le groupe de 80, histoire que l'(es) autre(s) LGBT sortent aussi du placard, ou du moins viennent me voir, même pas, z'ont pas voulu répandre la nouvelle ces cons.
J'ai donc continué à m'outer de temps en temps quand l'occasion se présentait : "Ah non, ça c'est pas un truc de PD", "Euh... Si tu avais la gentillesse d'éviter..." Ou encore : "Ben quoi, t'es jaloux?" sortit par un de mes monos, "Ah non, si tu veux tout savoir, je suis pédé donc, non... je suis pas jaloux" et là une super réponse bien marante : "Tu pourrais être jaloux de la fille alors !!" Et vu que le mec du couple dont on parlait était en effet vachement cro mignon : "Oué ! Plutôt oui"
Tout ça pour dire que vivre ce stage fut bien plus instructif sur les choses de la vie que sur la planche à voile : j'essaye d'analyser tout ce qui a pu se passer et te le partager...
Le CO groupé est, en comparaison avec ceux fait un-à-un :
- Plus rapide (par définition du tarif de groupe)
- Plus risqué : c'est vrai que si UN membre du groupe est vraiment homophobe, il peut facilement entraîner le groupe dans la violence facile et le rejet et s'ils sont 10, c'est plus dur de se défendre...
- Mais aussi plus sécurisant : les LGBT sont "mieux" acceptés désormais et l'homophobie est plus facilement taboue, donc chaque membre a peur d'afficher que ça le dérange si c'est le cas et se retrouve forcé de l'accepter et d'ouvrir son esprit...
Ainsi, je souhaite à tout le monde de vivre l'expérience que j'ai eu la chance de vivre, qui fut un aperçu miniature de ce que sera mon futur et même en partie du tiens, j'ai fait de nombreuses erreurs et je me dis qu'il faut mieux les faire dans une petite colo perdue, que les faire quand ce sera des personnes que tu connais et qui peuvent avoir une vraie répercussion sur ta vie...
Voilà, réagit qui veut...