Merci pour vos réponses, elles m'aident beaucoup. (Et merci pour le pseudo ! Le tiens est également très joli et surtout intriguant, Marquise d'O !)
Pour vous répondre, je crois en effet que ça va plus loin qu'une simple appréhension de faire mon CO, d'autant plus que je crois devoir le faire d'abord à moi-même. J'ai déjà été en couple avec deux filles, et j'ai passé les plus beaux moment de ma vie auprès d'elles. Je me sentais libre, j'étais heureuse, je ne me souciait pas des regards ni des jugements, je vivais mon couple sans complexes, et ce malgré les positions très tranchées de mes parents sur l'homosexualité (un père homophobe et une mère qui, en réponse à une discrète tentative de CO à Noël, m'a répondu " beurk " avant de passer à autre chose).
À vrai dire, l'opinion de mes parents ne conditionne pas ma vie et n'est pas encore source d'appréhension puisque je vis seule à Lyon depuis un an pour mes études. Je vois ma mère assez peu, 3/4 fois dans l'année, donc je vis ma vie à Lyon sans me soucier, pour l'instant, de devoir annoncer mon homosexualité à mes parents.
Non ce qui me pose soucis c'est que je suis très réservée et que je ne parle pas de moi, ou très peu. À la fac par exemple, lorsque j'ai avoué à des filles de ma classe que j'étais terrorisée de devoir prendre la parole en classe, elles ont été très surprises car elles me perçoivent comme quelqu'un de très confiant. Je crois que je donne une image de moi en décalage par rapport à ce que je suis, et je n'ose pas du tout m'ouvrir aux autres sur qui je suis.
Si je me caches derrière des mensonges et que je reste muette lorsque les conversations tournent autour de la sexualité, c'est, je crois, que j'ai été assez déçue par certaines réactions, notamment venues d'hommes pour qui une fille féminine ne pouvait pas être lesbienne, et que je n'avais tout simplement pas trouvé " le bon ". Je crains tellement ces réactions ou les jugements que du coup, je suis très maladroite pour nouer des relations, même amicales. Dans ma classe par exemple, je discute un peu avec certaines filles mais je crains d'en dire plus sur moi ou de créer une amitié car j'ai peur d'être rejetée ou mise dans une case. Cela vaut aussi, je crois, pour mon affirmation de manière générale. Depuis que j'ai déménagé à l'adolescence, j'ai perdu mes repères amicaux et je n'ai jamais réussi à créer de nouvelles amitiés stables, surtout parce que je crains que mes goûts, mes passions où ma façon d'être ne me mettent à l'écart comme ça à longtemps été le cas.
Et pourtant, être moi-même est ce à quoi j'aspire le plus au monde. J'ai même décidé de prendre des résolutions pour l'année à venir afin de prendre confiance en moi et d'oser être qui je suis en société, mais ce n'est pas facile car j'ai encore du mal à prendre la parole et à partager sur ce que j'aime. Du coup, en société, même quand je suis invitée, je me retrouve à ne pas décrocher un mot où à m'insérer maladroitement dans une discussion. Je dois passer pour quelqu'un de terriblement ennuyeux alors que je passionnée par énormément de choses dont j'adore parler durant des heures !
Ce qui me rend triste c'est, au fond, que malgré mes timides tentatives de créer un lien, les personnes que je rencontre ne perçoivent de moi qu'un échange éphémère et superficiel sans chercher à découvrir qui je suis au delà de ma timidité et de ma réserve car lorsque quelqu'un s'assied à côté de moi en cours, je parle sans aucun problème !

Je crois que j'ai vraiment du mal à faire le premiers pas et à parler de moi aux autres pour qu'ils me voient différemment : comme un être humain plutôt qu'une camarade de classe ou une collègue. Mais malheureusement je suis enfermée dans ces rôles distants et ça me rend très triste parce que j'aimerais vraiment arriver à être moi-même sans avoir peur d'être rejetée ou mise à l'écart.
Pourtant, et même si je suis timide, je ne suis pas méfiante à l'égard des autres. Je ne me mets pas seule à une table, je parle aux gens que je croise, j'échange, mais malgré tout je reste la fille avec qui l'on échange quelques mots de temps en temps mais dont on ignore tout, et je ne sais pas pourquoi.
J'ai une sortie de terrain demain, je vais essayer de prendre mon courage à deux mains en discutant dans le car avec au moins une personne.
J'ai longtemps cru que rentrer dans un moule et jouer un rôle qui n'est pas le mien mais qui convient à la majorité des gens était une forme de sécurité pour moi et mon hypersensibilité, mais je me retrouves aujourd'hui coincée dans ce schéma d'appréhensions alors que je ne rêve que de pouvoir être moi-même en tous points. Mais passer du songe à la réalité n'est pas si simple après des années passées à jouer un rôle ou à s'effacer pour ne rien laisser transparaitre de soi au risque d'être jugée, et blessée.